Némès (Novembre 2006)

Némès regardait son empire du haut de la falaise bordant la capitale : Helheim. Son peuple, les satanistes connues sous le nom de Démonistes de Darshiva, grouillait sous ses yeux, s’activant pour satisfaire les moindres désirs de leur maîtresse. Elle pivota d’un coup, faisant tournoyer ses longs cheveux d’albâtre dans le vent chaud, sa robe rouge vermeille suivant sous mouvement. Son conseiller personnel, qui plus est son mari, Rhadamante, lui rendit son sourire et vint la prendre dans ses bras. Il portait son costume noir de commandant de l’armée impérial, le blason de sa famille brodé en or sur son dos : Un pentagramme devant une rose. Il lui chuchota à l’oreille :
« Bientôt, oui, se sera pour bientôt. »
Il soupira de satisfaction. Ils regardèrent la ville, les yeux flamboyant de malice. Le soleil monta doucement dans le ciel désertique. Le temps passa et il continua sa longue route avant de sombrer derrière la falaise. Le couple ne quitta pas Helheim des yeux, envoyant de temps à autre des messagers pour peaufiner le départ. La ville tomba peu à peu en ruine, se transformant en machines de guerre ou en projectiles. La population devient armée et la ville devint armes.
Le soleil disparut pour de bon, mais une lumière éblouissante persistée sur l’horizon. Une lumière bleuté, pure, divine. Des rumeurs montèrent dans les rangs darshiviens. Certains soldats se détachèrent de leur rang pour courir vers la lumière, le regard emplit de jouissance, le fanatisme qui les habitait réduit à néant devant tant de splendeur. Némès marmonna quelques mots dans la langue des démons. En gigantesque tourbillon éleva le sable fin dans le ciel, cachant presque entièrement la lumière derrière un voile opaque. Des ombres se déplacèrent, aussi rapidement qu’un faucon dans la pénombre. Des ombres plus grandes qu’un éléphant, aux formes canines. Elles se déplacèrent rapidement vers la lumière, d’immense explosion fit rougeoyer le banc de poussière, créant des tourbillons de flammes dévastateurs. Des cris de douleur s’ensuivirent d’une brusque recrudescence du halo lumineux. Des chants célestes s’élevèrent sur l’horizon. Le sable en suspension fut balayé en quelques instants. Némès regarda le deux gigantesques armées marcher l’une vers l’autre. Des dragons s’envolèrent près d’elle, secouant sa chevelure dans encore saturé de sable. Une multitude de harpies suivirent le mouvement, tenant en leurs serres des roches grosses comme un poing.
A mi parcourt, des anges et griffons fondirent sur eux, traversant la masse nuageuse créée par la tempête de sable. La nuée ne prit pas peur de cette attaque foudroyante et continua son vol, les dragons s’occupèrent des assaillants. Ils dévorèrent les anges et blessèrent à mort les griffons tandis que leurs pertes furent aussi effroyables de leur côté. La pluie de pierre s’abattit sur l’armée blanche, brisant leur crâne, fracassant leur côté et les blessant mortellement. Les archers mirent vite fin aux massacres, tuant les harpies descendant en piquer sur eux avant qu’elles ne puissent repartirent haut dans le ciel. Les chevaliers blancs ne laissèrent aucun répit dans la bataille et chargèrent aussitôt sur l’armée adverse. Le galop ébranla le sol, souleva les pierres du sol dans un rythme guerrier. Les darshiviens se réorganisèrent. Des hommes encapuchonnés dans un lin rouge s’avancèrent devant tous. Les mains jointes, chantant les louanges des seigneurs démons, invoquant leur aide. Ils s’enflammèrent, laissant place à des démons mineurs, des Efreets. Leur taille imposante et leur bras tombant jusqu’au sol les faisant ressembler à de grands singes, peut-être cinq fois plus grand qu’un homme, à la crinière de feux.
Ils coururent en direction de la charge, la rage déformant leur visage monstrueux. Les griffes dehors et la gueule béante, ils rencontrèrent les chevaliers dans une effusion de sang. Les chevaux furent décapités ou éventré, les chevaliers furent balayés d’un coup de bras. Les lances et les épieux rencontrèrent les Efreets dans un flot de sang, les envoyant au sol dans de terribles cris bestiaux. Les soldats pédestres n’attendirent pas la fin du massacre pour venir se joindre aux festivités. Le monde fut alors ouvert à toutes sortes de tueries, aussi ignobles que sanglantes.
Némès et Rhadamante prirent leur épée et disparurent, réapparaissant au beau milieu des armées.