Une vie meilleure
5h du mat’, je me réveille en sursaut. Mon cœur de mon cou me brûle. Elle m’a mordue, cette vampire m’a mordue…
Je me lève et me sert un verre d’eau, j’ai l’impression que mes nerfs vont lâcher et que je vais tomber inerte sur le sol. Je sens le fluide tiède couler dans ma gorge jusqu’à l’estomac comme un iceberg. Il me brûle, des épines perforent mon estomac et mon foie de part en part. Je retourne au lit, je suis exténué, je tombe de fatigue, renversant ma lampe au passage. Je n’ai pas dormi bien longtemps, je ne sais même pas si je me suis assoupi. Elle hante mes rêves, je sens encore son souffle sur mon cou, son doux parfum d’argile, son corps souple et apaisant se coller à moi. Elle m’a mordue, je suis marqué à jamais…
La douleur me tord de douleur, comme si une épée transperçait mon cœur, l’acier glacial me déchirant les tripes dans son passage. Je m’effondre au sol, je ne sens même pas les morceaux de verre de la lampe me rentrer dans la chair, me perforant la peau. Du sang goutte sur la moquette. Je me déshabille et part prendre une douche, l’eau chaude apaise toujours les douleurs. Le liquide coule sur le corps, emportant mon sang dans sa course. Le froid ambiant me calme, me rythme cardiaque cesse de s’affoler. Je tombe à genoux dans la douche, ma peau est blanche malgré le sang coulant sur moi. Je vois mes veines perdre du volume, violette, sans trace d’oxygène en elle. Je me rends compte que j’ai arrêté de respirer, j’ai son visage en tête. Je m’enfonce deux doigts dans la gorge. Mon estomac se retourne et je déverse tout mon repas dans le bac. Je vomis du sang et parviens enfin à retrouver mon souffle. Je sors de la douche une traînée de sang me suis à la trace. Je prend un tournevis dans le placard et le pointe sur ma gorge, en dessous de la pomme d’Aden, comme dans les bons vieux films urgentistes. Je n’ose pas passer à l’action, ma respiration devient difficile, l’air siffle dans mes poumons. Et si cela allait me tuer. Un sursaut de douleur me fait passer à l’acte. Je sens l’acier s’enfoncer dans ma chair, puis un flot d’air envahir les poumons. Mon rythme cardiaque s’affole et ma vue se trouble. Je vacille sous la douleur et tombe sur la moquette. Je ne sens plus mes mains ni mes orteils. Je sombre… son visage s’atténue pour ne laisser place qu’au vide. Mon cœur s’allège et plonge dans un profond sommeil, sans rêves ni cauchemar.