Rôles et Légendes
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 La razzia des boeufs de Cooley

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Rhadamante

Rhadamante


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MessageSujet: La razzia des boeufs de Cooley   La razzia des boeufs de Cooley Icon_minitime28/6/2007, 09:28

Cette histoire commença par une scène de ménage. Pour n’importe quel autre couple, la dispute se serait certainement terminée par un peu de vaisselle brisée, mais il ne s’agissait pas de n’importe quel couple. La querelle était entre Ailill et Medb, le roi et la reine du Connaught.
Ailill avait maladroitement fait remarqué à son épouse qu’elle était encore meilleure femme qu’elle ne l’avait été au temps de leur mariage, et celle-ci avait mal prise la remarque. Ils avaient alors égrainés la liste de leurs mérites respectifs, mais aucun des deux ne parvint à avoir le dernier mot. A cours d’arguments sur leur noblesse et leurs vertus, ils abordèrent le coté matériels des choses, et allèrent jusqu’à faire la liste de tout ce qui appartenait à Ailill, puis à Medb, et à comparer le résultat. Et il se trouva que les comptes étaient serrés, chacun ayant apporté des choses de même valeur… sauf en ce qui concernait les troupeaux du royaume. Ailill possédait en effet un magnifique taureau, le Blanches-Cornes, et si Medb possédait autant de tête de bétail que lui, aucune de ses bêtes ne pouvaient être comparée, et de loin, au Blanches-Cornes.

Elle en conçu un vif ressentiment. Elle ne pouvait absolument pas supporter que les biens de son mari aient plus de valeurs que les siens, et elle réfléchit à un moyen de retourner la situation. Elle rassembla ses conseillers, et leur demanda où est ce qu’elle pourrait trouver une bête capable de rivaliser avec le Blanches-Cornes. Ils lui répondirent qu’à leur connaissance, il n’y avait qu’un seul taureau capable de soutenir la comparaison, et qu’il s’agissait du fameux bœuf brun de Daire Mac Fachta, qui habitait la région de Cooley.

Medb décida aussitôt qu’il lui fallait ce bœuf. Elle envoya à Cooley Fergus Mac Roth. Celui-ci n’était autre que l’ancien roi d’Ulster, et ancien guerrier de la Branche Rouge. Il avait quitté le service du roi Conchobar, son beau fils, après que celui-ci l’ai fait manqué à sa parole pour récupérer contre son grés la belle Deirdre, et surtout causé la mort par traîtrise de Naoise, Aille et Ardan, trois compagnons de longue date, et également parmi les douze meilleurs de la Branche Rouge. Fergus avait pour tâche de convaincre Daire de prêter son bœuf à Medb pour une année entière, contre répartie évidemment.

Fergus se rendit donc en Ulster, où se trouvait la région de Cooley, et s’entretint avec le seigneur Daire. Celui-ci, assez fier de l’intérêt porté à son bœuf, accepta de le confier à Medb pour un an, ainsi qu’elle le désirait. Fergus et les quelques hommes qui l’accompagnaient furent invités à passer la nuit dans la demeure de Daire. L’un des serviteurs de celui-ci, cependant, entendit la conversion de deux guerriers de Fergus, qui assuraient que si le bœuf ne leur avait pas été remit de bonne volonté, ils se serraient battus pour l’obtenir. Le serviteur rapporta aussitôt ces propos à son maître, qui s’en offusqua grandement, et refusa de remettre le bœuf à Fergus le lendemain. Fergus tenta de le faire changer d’avis, mais Daire resta intraitable et la petite délégation retourna à Cruachan les mains vides.

Quand Fergus rapporta toute l’histoire à Medb, celle-ci entra dans une colère noire. Elle résolut de s’emparer du bœuf par la force, et envoya chercher des troupes. Ses six fils, qui s’appelaient tous Maine, répondirent à son appels avec leurs hommes, de même que les fils de son allié Magach qui amenèrent trois mille guerriers. Fergus, et Cormac Conloingeas, l’un des fils de Conchobar, lui en apportèrent trois mille autres. Ils formaient ainsi une armée conséquente, dont la vue replissait la reine Medb de joie.

Avant de partir, elle alla demander l’avis d’un druide. Elle voulut savoir si son armée allait revenir des combats, ce à quoi il répondit : qu’importe qui reviendra ou ne reviendra pas, toi Medb, tu seras bientôt de retour. Medb jugea que c’était plutôt de bon augure et reprit le chemin de Cruachan. Sur la route, elle aperçut une jeune fille pâle, d’allure fragile, qui fixait la lame d’une épée de bronze. Interrogée par la reine, elle se présenta comme Fedelm des Sidhes, qui pouvait voir des bribes de l’avenir.
« - Que vois tu de nos armées ? lui demanda Medb.
- Je vois de l’écarlate sur elles, souffla la jeune fille à l’épée, je vois du rouge.
- C’est impossible, grogna la reine, regarde mieux !
- Je vois de l’écarlate, je vois du rouge, et je vois un homme grand et svelte accomplir maints faits d’armes. Il porte de nombreuses blessures, mais une lumière brille au dessus de sa tête, et il est jeune, et beau. Il est comme un dragon dans la bataille, et c’est lui qui ensanglante votre armée ! Il provoquera la mort, le souvenir du sang qu’il fera couler perdurera, et les femmes tomberont à genoux devant les corps abattus par le Chien de la forge ! Je l’ai vu ! »
Cependant, l’oracle de la Sidhe ne fit pas changer la reine d’avis, car elle avait un plan. Elle comptait bien profiter d’une ancienne malédiction qui, chaque année, affaiblissait les hommes d’Ulster pendant neuf jours, pour attaquer la province.



Cette malédiction avait été lancée des années plus tôt par une femme appelée Macha, et le palais de Conchobar avait été nommé d’après elle, Emain Macha signifiant le Palais de Macha. Elle était la seconde épouse de l’Ulate Cruden, et une femme exemplaire, quoiqu’aux origines mystérieuses, sachant tenir une maison et élever des enfants comme personne. Un jour que son mari s’apprêtait à partir pour la grande foire qui réunissait presque tous les hommes d’Ulster, elle essaya de le dissuader d’y aller, et, n’y parvenant pas, lui fit promettre de ne pas y parler d’elle.

La foire était le théâtre de nombreuses compétitions, dont des courses de chevaux, qui furent toutes remportées par les bêtes de Conchobar.
« - Rien ne peut courir plus vite que ces chevaux ! s’extasia un homme près de Cruden.
- Ma femme le pourrait, affirma celui-ci en haussant les épaules. »
Ses propos furent rapportés au roi, qui fit arrêter l’homme et envoyer des messagers à sa femme. Ceux-ci furent surpris de la trouver enceinte et manifestement proche de son terme, mais les paroles du roi étaient claires : si elle ne prouvait pas qu’elle pouvait vaincre ses chevaux à la course, son époux serait mis à mort. Elle se rendit donc à la foire, pour montrer au roi qu’elle n’était pas en état de disputer une course, mais celui-ci ne voulu rien savoir. Quand elle proposa de courir une fois qu’elle aurait récupéré de ses couches, Conchobar ordonna qu’on mette Cruden à mort. Comme elle ne trouvait pas grand support parmi la foule autour réunie aux alentours, elle grommela qu’elle allait faire cette course, bien que ce soit une honte pour tous ceux nés d’une mère.

Et la course eut bien lieu, et Macha, malgré son état, l’emporta sur les meilleurs chevaux du roi. Cependant, presque aussitôt franchie la ligne d’arrivée, elle entra en travail. L’accouchement fut difficile, mais elle donna naissance à des jumeaux, un garçon et une fille, avec un grand cri. Et tout ceux qui avaient entendu ce cri ressentirent les mêmes douleurs qu’elle. Elle n’avait plus aucune force, tout juste parvint-elle à murmurer : à partir d’aujourd’hui, et jusqu’à la neuvième génération, la honte de ce que vous m’avez infligé retombera sur vous, et chaque année pendant neufs jours les hommes d’Ulster ressentiront la faiblesse et la douleur d’une femme en couche, quels besoins ils aient de leur force à ce moment là. Elle mourut juste après, mais la malédiction demeura, et pas un homme né après cet épisode n’y échappa, si ce n’est Cuchulain, épargné de par son ascendance divine.
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MessageSujet: Re: La razzia des boeufs de Cooley   La razzia des boeufs de Cooley Icon_minitime28/6/2007, 09:28

C’était pendant que les guerriers d’Ulster étaient plongés dans cet état que Medb attaqua. Elle avait confié le commandement de son armée à Fergus, et celui-ci, en revenant dans la province d’Ulster qu’il avait gouverné pendant dix-sept ans, se sentit quelques remords à ce qu’il était en train de faire. Il envoya alors un message d’avertissement à Cuchulain, et s’arrangea pour faire passer les troupes par des chemins qui les retardaient. Mais Medb, qui chevauchait avec son armée, ne tarda pas à s’en apercevoir, et sermonna fortement le guerrier renégat. Celui-ci conserva le commandement, mais il était désormais étroitement surveillé et ne pouvait plus se permettre ce genre de manœuvre.

Son message d’alerte, cependant, atteignit son destinataire. Cuchulain était avec son père adoptif Sualtim quand il le reçut, et il prit la nouvelle très calmement. Il chargea son père de prévenir les guerriers d’Ulster, afin qu’ils se préparent au combat dés que la malédiction cesserait. Puis il partit à la rencontre de l’armée de Medb.

Parce qu’il fit un détour pour voir une jeune fille de la suite de Fedelm au Cœur Pur, l’épouse de Laegaire, avec qui il avait rendez-vous, il arriva trop tard à la frontière. Il trouva néanmoins les traces des chars, dont il compta dix huit divisions pleines, et ne tarda pas à les rattraper. Une fois l’armée localisée, il la contourna, rattrapa les éclaireurs, les tua et plaça leurs corps décapités dans leurs chars. Effrayés, les chevaux retournèrent vers l’armée, et passèrent en trombe avec leur funeste fardeau devant Medb et ses hommes.

Cuchulain les précéda ensuite dans un passage étroit, un canyon que l’armée était obligée d’emprunter. Il inscrivit une mise en garde à l’entrée, et quand Medb y envoya des éclaireurs, ce fut la rivière qui ramena vers elle leurs cadavres. Elle envoya alors des troupes plus importantes, mais il n’y avait plus de trace de Cuchulain dans le passage. Cependant Medb commençait à s’inquiéter, et elle fit venir Fergus pour lui demander qui pouvait bien être celui qui les assaillait de cette façon. Celui-ci avait tout compris, et il répondit que c’était le neveu du roi Conchobar, Cuchulain Mac Sualtim. Medb le connaissait à travers les premiers épisodes de la dispute pour le titre de champion des Ulates, ce qui n’était peut être pas le plus flatteur pour le jeune homme, et Fergus entreprit alors de raconter au roi et à la reine du Connaught tous les exploits de Cuchulain. Cela lui prit une nuit entière, après quoi Medb décida qu’ils devaient tuer ce guerrier trop doué.

Celui-ci continuait de bouger autour de l’armée. Il rencontra ainsi un jeune garçon, manifestement conducteur de char, qui tentait de réparer le sien. Le garçon, sans se douter un instant de qui était le nouveau venu, lui demanda s’il ne pouvait pas l’aider, et Cuchulain accepta gentiment.

« - Que faites vous ici ? demanda-t-il néanmoins.

- Nous chassons un cerf remarquable, répondit le garçon, du nom de Cuchulain. »

Le guerrier se contenta de sourire et termina de remettre le char en état. Impressionné par sa dextérité, le garçon lui demanda son nom. Quand il le lui dit, le garçon pâlit affreusement, se croyant déjà mort, mais Cuchulain le rassura, disant qu’il n’attaquait ni les messagers ni les conducteurs désarmés, et qu’il voulait juste qu’il avertisse son maître de sa présence, et le prévienne que ceux qu’il croiserait ne recevrait que la mort de lui.

Le garçon se dépêcha de retourner vers les siens, et Cuchulain le suivit discrètement. Il tua le guerrier d’un seul coup, et tous ceux qui se précipitèrent alors sur lui, même les conducteurs car ceux là étaient armés. Il parvint ainsi à s’approcher assez prés de Medb pour tuer avec une pierre l’oiseau apprivoisé qui se tenait sur son épaule, et repartir dans la forêt sans être blessé.

Cependant l’armée avançait, et elle arriva bientôt à Muirthemne, pillant et détruisant les villages par lesquels elle passait. Voyant cela, un jeune guerrier du nom de Lugaid se mit à regretter d’avoir rallié Medb en même temps que Fergus, et partit à la recherche de Cuchulain, qui était son ami avant que les fils d’Uisnach ne soient tués sur ordre du roi qui leur avait promis la vie. Il le trouva et lui décrivit en détail l’armée, ses forces, ses faiblesses et ses déplacements.

Pendant ce temps, à Cooley, apparut la Corneille des Batailles, la Déesse de la Guerre, Morrigu en personne, et s’approcha du bœuf brun. Prends garde, mon pauvre taureau, murmura-t-elle, car des guerriers de toute l’Irlande sont en route pour te capturer et t’emmener. Et le taureau s’empressa alors de rassembler le troupeau qu’il menait, et l’emmena dans une vallée plus éloignée, Slieve Cuilin.

Chaque nuit cependant, Cuchulain faisait un petit carnage dans les rangs de Medb, et personne n’arrivait à l’attraper, il était comme un fantôme, surgissant de l’obscurité là où on l’attendait le moins, frappant et disparaissant avec que les guerriers aient eu le temps de réagir. Cela contribua au développement d’une ambiance tendue et inquiète dans le camp de Medb, et elle-même se disputait fréquemment avec Ailill, qui la soupçonnait de s’entendre secrètement avec Fergus. Finalement elle décida d’essayer d’acheter le guerrier qui leur causait tant de tord, et lui envoya un messager. Celui-ci fut bien reçu, et Cuchulain accepta même de se rendre au camp pour discuter avec Medb. Celle-ci fut stupéfaite en constatant combien le fléau de son armée était jeune, mais elle ne parvint pas à le convaincre de se joindre à elle, malgré ses propositions de plus en plus alléchantes.

« - Il n’y a donc rien que tu voudrais accepter de moi ? lui cria-t-elle comme il partait.

- Peut être bien, rétorqua-t-il, mais c’est à toi de trouver quoi ! »

Elle fit aussitôt appeler Fergus, qui connaissait bien le garçon, et ils discutèrent longtemps, jusqu’à ce rendre compte qu’il lui plairait sans doute davantage de se battre en duel avec les meilleurs guerriers de Medb plutôt que de continuer ses assauts nocturnes. Fergus fut donc dépêché en messager, et effectivement, Cuchulain accepta l’idée des duels, s’engageant à affronter un homme chaque jour.

Le jour suivant, les guerriers de Medb désignèrent l’un des leurs, Natchrantal, qui était un grand combattant. Natchrantal ne tint pas longtemps contre Cuchulain, et s’effondra bientôt, la tête fracassée. Mais pendant ce temps Medb avait envoyé une trentaine d’hommes de confiance à la recherche du bœuf de Cooley. Ceux-ci arrivèrent bientôt à Slieve Cuilin, et il ne leur fallut pas longtemps pour trouver le fameux taureau.

Cuchulain n’en avait pourtant pas oublié son devoir, et après le combat il se rendit à son tour à Slieve Cuilin, où il vit les hommes de Medb qui emmenait le bœuf récalcitrant, et même quelques autres bêtes du troupeau. Cuchulain se dressa devant eux, et ordonna à leur chef, qui s’appelait Buac, de lui remettre les animaux. Mais celui-ci refusa, et ils combattirent. Buac était loin d’être mauvais, et il fallut un moment avant que le Chien de Garde de l’Ulster ne parvienne à le transpercer de sa lance. Assez longtemps pour que les autres guerriers en profitent et emmènent le boeuf avec eux. Ce fut le pire affront fait à Cuchulain pendant la guerre du Bœuf Brun de Cooley.

Pendant les jours qui suivirent, Cuchulain affronta les champions envoyés par Medb, et il les tua tous, sauf Larine, car c’était le frère de Lugaid, et s’il l’avait tué son ami aurait été obligé de l’affronter à son tour. Medb avait de plus en plus de mal à convaincre ses hommes de se rendre au duel, et elle du en enivrer certains, et puis promettre sa fille Findabair à celui qui tuerai Cuchulain.

Le soir après le combat contre Larine, Cuchulain fut réveillé par un cri strident. Il se redressa pour voir approcher un char rouge, tiré par un cheval rouge. Une femme s’y tenait, une belle femme en rouge, et ses cheveux étaient rouges, de même que ses sourcils, mais sa lance était grise.

« - Qui es tu ? cria le jeune homme, Qu’est ce que tu veux ?

- Je suis la fille du roi Buan, dit-elle, et je suis venue pour te trouver, et t’offrir mon amour, car tu es le plus grand des guerriers.

- Tu tombes mal, grogna-t-il, la guerre occupe mon temps et je n’ai pas l’esprit à parler des femmes.

- Je peux t’aider, assura-t-elle, je peux te protéger de tout ce qui te menace.

- Je ne vais certainement pas m’en remettre à la protection d’une femme, renifla-t-il.

- Si tu n’acceptes pas mon aide, je tournerais mes pouvoirs contre toi, et quand tu te battras, je surgirais de la terre et des eaux, sous des formes multiples, pour t’assaillir et te conduire vers ta mort, grogna-t-elle. »

Furieux, Cuchulain s’avança pour la frapper, mais il ne toucha que de l’air, car elle avait disparu, et le char avec elle. Il vit alors un corbeau sur une branche, et comprit que c’était Morrigu qu’il avait repoussé.
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MessageSujet: Re: La razzia des boeufs de Cooley   La razzia des boeufs de Cooley Icon_minitime28/6/2007, 09:28

Le jour suivant, son adversaire était Loch, et pendant le combat un troupeau de vaches furieuses se rua sur les deux hommes. L’animal de tête était une grande génisse blanche aux oreilles rouges, et Cuchulain était sa cible. Il parvint à l’éviter, et avec son épée il l’a blessa à l’œil. Les deux guerriers se réfugièrent dans un cours d’eau et continuèrent de se battre, mais Morrigu se changea en anguille et s’enroula autour de la jambe de Cuchulain. Il parvint à s’en débarrasser en la cognant contre une pierre, mais Loch en profita pour le blesser, et Morrigu devint un grand loup gris et plongea ses crocs dans le bras droit de jeune homme. Loch frappa encore, et Cuchulain se mit vraiment en colère. Il frappa avec la lance offerte par Aoifa, la Gae Bulg, tua Loch et blessa le loup qui finit par lâcher prise et s’enfuir.

Cuchulain l’avait emporté une fois de plus, mais il était blessé, fatigué, et les renforts n’arrivaient toujours pas. Medb voulut en profiter, et le lendemain, à la place d’un guerrier, elle lui envoya trois hommes et trois femmes versés dans l’art des enchantements. Il les tua un par un, et considéra l’entente qu’il avait avec la reine du Connaught rompue, puisqu’elle avait manqué à sa parole. Le soir, il s’avança vers son armée, et il la vit unie alors que d’habitude les divisions restaient dans des camps séparés. Il y avait là les troupes des quatre provinces, et de les voir si nombreux quand les troupes de Conchobar ne bougeaient toujours pas le remplit d’une colère sourde. Il frappa ses armes contre son bouclier, et se mit à hurler, tellement fort que tous les sidhes, les sorcières et les banshees de la vallée se mirent à crier avec lui. Le son était tellement effrayant qu’un branle-bas se fit dans le camp, tous les soldats persuadés qu’on les attaquait, dans l’obscurité certains frappèrent sans comprendre, et l’on déplora ainsi plus d’une centaine de morts.

Morrigu, de son coté, avait tenté de soigner ses blessures, mais celles-ci restaient ouvertes, et elle comprit finalement que seule la bénédiction de celui qui les lui avait infligées autoriserait leur cicatrisation. Elle prit la forme d’une vieille femme et s’arrangea pour être sur le chemin de Cuchulain au matin, avec une vache. Elle offrit au guerrier le lait frais de la vache, et la bénédiction qu’il prononça en guise de remerciement suffit à permettre la guérison des blessures.

Cuchulain reçut également une aide magique, de la part de son père, Lugh. Il lui proposa de monter la garde pendant qu’il dormait, et comme le jeune homme n’avait pas prit de vrai repos depuis plusieurs jours, il accepta volontiers. Comme il était endormi, son père utilisa des herbes magiques et se science pour soigner ses blessures, et aussi le faire dormir jusqu’à ce qu’il soit vraiment reposé. Quand Cuchulain se réveilla, il avait entièrement récupéré, mais il sentait aussi qu’il avait dormi plus qu’il ne l’escomptait.

« - Depuis combien de temps suis-je ici ? demanda-t-il à son père.

- Trois jours, et trois nuits.

- Trois jours ? C’est un mauvais tour que tu m’as joué, car les homes d’Irlande ont du beaucoup avancé pendant que je dormais !

- Ils n’ont pas progressé, assura Lugh. La troupe des jeunes guerriers d’Emain, cent cinquante garçons menés par Follaman, le fils de Conchobar, sont arrivés par le nord pour les affronter.

- Et que s’est il passé ?

- Il y a eu trois batailles, et ils ont tué trois fois leur nombre avant de succomber. Malheureusement, même Follaman a perdu la vie.

- Et je n’étais pas là ! gémit Cuchulain en serrant les poings. »

Le jeune homme, rejoint pas Laeg qui conduisait un char de guerre pourvus de nombreuses lames tournantes et pointes acérées, fit le lendemain de nombreuses attaques éclairs sur les troupe de Medb, pour venger la troupe des jeunes. Medb ordonna alors à Fergus d’aller l’affronter, et malgré ses protestations, celui-ci du obéir. Il alla à la rencontre de son ancien élève sans son épée, et le pria de faire mine de fuir devant lui, sans combattre. Il s’engageait à faire de même quand Cuchulain le voudrait, même pendant une bataille, et en entraînant les renégats avec lui. Le jeune homme jugea qu’un tel avantage valait la peine de laisser croire qu’il craignait Fergus, et il se retira. Le combat entre le maître et l’élève fut ainsi évité.



Cuchulain n’alla pas bien loin, cependant, et les escarmouches continuèrent. Il affronta des hors la lois auxquels Medb avait promis son pardon s’ils l’emportaient, et la redoutable famille de Calatin, dont tous les homes combattaient avec des armes empoisonnées. Il les vainquit tous, et renvoya leurs têtes à Medb.

Celle-ci s’employa alors à convaincre l’un des guerriers de son armée, Ferdiad, d’aller affronter l’ulate. Ferdiad était un ancien compagnon de Cuchulain, ensemble, ils avaient été les élèves de Scatach puis d’Aoifa, et le jeune homme n’avait aucune envie de se battre contre son ami. Mais la reine était rusée, elle le moqua, le fit boire, et lui arracha la promesse de mener un combat à mort contre le Chien d’Ulster. Le lendemain, il en fut désolé, mais il avait donné sa parole et ne pouvait revenir dessus. Il maudit longuement le nom de Medb, mais se résolut au combat, car après tous, leurs deux nations étaient en guerre.

Fergus sortit discrètement du camp de Medb et alla prévenir Cuchulain de ce qui se préparait. Cuchulain se désola d’avoir à combattre son ami, mais Fergus s’attacha surtout à le mettre en garde, car Ferdiad était un combattant redoutable, qui possédait une armure particulièrement résistante, et surtout il connaissait toutes les techniques de Cuchulain, puisqu’ils les avaient apprises ensemble.

La rencontre eut lieu le lendemain matin. Ferdiad avait mal dormi, et son conducteur de char craignait pour sa vie, car personne jusque là n’avait été capable de tenir contre Cuchulain. Les deux se rencontrèrent au milieu d’une plaine, chacun sur son char, et se fut d’étranges retrouvailles, en vérité.

« - Je suis content que tu sois venu, Cuchulain, murmura Ferdiad.

- En d’autres conditions, j’aurais été très content de te revoir, Ferdiad, mais aujourd’hui je ne peux te considérer comme un ami, fit remarquer amèrement le jeune homme. Ca devrait être à moi de te saluer, car c’est toi qui es venu chez moi. Je voudrais ne pas me battre contre toi, mais je vais le faire, car vous êtes venus attaquer les hommes et les femmes d’Ulster pour leur dérober leurs biens et leur bétail !

- Pourquoi se battre ? soupira Ferdiad. Chez Scathach, j’étais ton aîné et tu préparais mes armes et mon lit…

- C’est vrai, mais je n’ai plus l’âge de le faire, et après ce jour ça n’est pas ça que l’on dira de nous, parce que c’est ce combat qui restera dans les mémoires !

- Ceux d’Ulster se souviendront longtemps de la fin de leur champion, acquiesça Ferdiad. Ils doivent prier pour ta victoire, mais ils ne pourront que se désoler quand ton fantôme leur passera à travers.

- C’est ta vie qui va prendre fin, par les armes ! Ce sera ton dernier combat !

- Je sais bien que tu n’ais pas un guerrier, Cuchulain, cœur d’oiseau en cage. Tu te ventes, tu n’as ni courage ni force !»

Cuchulain se contenta de hausser les épaules.

« - Chez Scathach, nous nous sommes entraînés ensemble, nous avons participé à chaque bataille cote à cote, et notre bravoure était identique. Tu étais mon compagnon de cœur, ma seule famille là bas, et je n’ai pas trouvé d’ami qui me soit plus cher. Ta mort me désolera.

- Ne raconte pas de bêtises ! C’est toi qui seras mort avant le coucher du soleil !

- Pourquoi est ce que tu veux tant me combattre ? Pour les richesses et les terres promises par Medb ? Pour cette fille, Findabair ? Tu ne les auras pas, parce qu’ils ont été promis à beaucoup avant toi, et tous sont morts aujourd’hui ! Morts de ma main ! »

Il se rendait compte que Ferdiad l’écoutait, malgré ses insultes, et tenta de le convaincre.

« - Nous avions convenu il y a bien longtemps de ne jamais nous affronter, Ferdiad, ne brise pas notre amitié. Findabair a été promise à une cinquantaine d’autres avant toi, et ça leur a été un beau cadeau, car ça les a mené à la mort. Ca n’en vaut pas la peine ! Moi, je ne me battrais jamais contre toi pour des richesses ou une femme !

- Ca n’est pas pour ça que je vais me battre, soupira Ferdiad. Nous étions ami, mais souviens toi que j’ai été le premier à pouvoir te blesser. Nous avons déjà trop tardé. Quelle arme veux tu que nous utilisions ?

- Tu étais le premier arrivé, je te laisse le choix.

- Alors la lance, comme celle que nous utilisions avec Scathach. »

Et du matin jusqu’au milieu du jour, ils s’affrontèrent avec leurs lances, mais si chacun était habile à les lancer, ils l’étaient tout autant à esquiver et à placer leur bouclier, si bien qu’aucun ne parvenait à toucher l’autre. Ils passèrent alors au combat rapproché, mais là encore attaques et défenses se valaient, et quand l’un parvenait à toucher l’autre, c’était au prix d’une ouverture qui lui valait un coup en retour.

Le soir tomba sans qu’il y ait de vainqueur, et d’un commun accord ils baissèrent leurs armes.

« - Arrêtons nous là pour le moment, proposa Ferdiad.

- Nous continuerons demain, acquiesça Cuchulain. »

Et les deux, éreintés, se donnèrent l’accolade et s’embrassèrent, avant de retourner à leurs camp respectif se faire soigner. Dans la soirée, Cuchulain fit envoyer des plantes médicinales à Ferdiad, et Ferdiad des provisions à Cuchulain.

Le combat reprit le lendemain, acharné, et pendant des heures ils tentèrent de prendre l’avantage sur l’autre, en vain. Ils se séparèrent à nouveau à la tombée de la nuit. Cette fois leurs blessures étaient si nombreuses et profondes que les guérisseurs ne purent pas grand-chose pour eux, même ceux qui connaissaient des charmes magiques, mais ils ne purent néanmoins les empêcher de retourner au combat le lendemain.

Cuchulain fut le premier arrivé, et quand il vit Ferdiad, il lui trouva mauvaise mine.

« - Tu n’as pas l’air d’aller bien, fit-il remarquer.

- Ce n’est pas la peur de toi qui me donne cette apparence, parce qu’il n’y a pas de champion en Irlande que je ne puisse mettre à terre !

- Ferdiad, je te l’ai déjà dit, il n’y a pas de femme qui vaille la peine de se battre contre un compagnon ! »

Ferdiad rit doucement.

« - Tout homme doit mourir un jour, tu sais.

- Pas pour Findabair, toute belle et princesse qu’elle soit ! Ce n’est même pas par amour qu’elle te reviendrait, seulement pour acheter ta force !

- Cuchulain, gentil Chien, je n’ai jamais rencontré de combattant aussi brave et fort que toi.

- Ce qui arrive est de ta faute. Tu brandis les armes contre un ami pour une femme…

- Ca n’a rien à voir avec une femme ! avoua enfin Ferdiad. Si je n’ai pas renoncé, c’est parce que je ne le pouvais pas, parce que j’avais donné ma parole à Ailill et Medb ! Je n’ai rien contre toi, mais contre la reine qui m’a trahi. N’hésite pas à prendre la victoire aujourd’hui, car ce n’est pas toi qui es à blâmer. »

Cuchulain sourit à son tour.

« - Mon cœur n’a plus de sang à faire circuler, ma vie s’écoule par mes blessures, je n’ai plus de force pour me battre contre toi, Ferdiad.

- Ce n’est pas le moment de se plaindre, mon ami. Prenons les armes et finissons en. »

Mais ils ne purent en finirent. Toute la journée ils se mesurèrent à l’épée, et malgré leur état aucun ne céda le pas à l’autre. Quand la nuit tomba, ils étaient dans un tel état qu’aucun des deux ne pu regagner son camp, et ils restèrent là, dans la plaine, pour une triste nuit.

Le lendemain, il était évident qu’ils ne pourraient pas tenir une journée de plus, et beaucoup pensaient que, quoi qu’il se passe, les deux allaient mourir de toute façon. Au matin, Ferdiad revêtit son armure si résistante puis son casque incrusté de gemmes étincelantes, de cristaux et d’émeraudes, et prit ses meilleures armes. Quant à Cuchulain, il prit parmi les siennes la Gae Bulg, la lance taillée dans un os de monstre marin offerte par la guerrière Aoifa, et la confia à Laeg. Ils commencèrent avec les lances, les lançant, les arrêtant ou esquivant, puis passèrent au combat rapproché. Cuchulain bondit sur le bouclier de Ferdiad pour atteindre sa tête, mais avant qu’il ait pu frapper Ferdiad pesa de toutes ses forces contre le bouclier, et Cuchulain fut projeté à terre. Il se releva et tenta la même manœuvre, mais cette fois Ferdiad écarta le bouclier et lui envoya son genou au niveau de l’estomac. Cuchulain mordit à nouveau la poussière.

Laeg avait bien entendu assisté à toute la scène. Il mit ses mains en porte voix et cria :

« - Ma foi, Cuchulain, il te soulève comme une jeune femme soulève son bébé, il te bat comme on bat le grain, sa hache te fend comme elle fendrait un arbre ! C’est un faucon et toi un oisillon, après un pareil combat, on ne fera pas de chanson sur ta fin, gentil petit guerrier ! »

En entendant ça, Cuchulain se redressa, et attaque de nouveau. Ferdiad le repoussa, et alors une lumière commença à briller au dessus de sa tête. A l’assaut suivant, les boucliers se rompirent, et le vent commença d’apporter les cris des sorcières et des banshees de la vallée. Les chevaux présents, paniqués, se mirent à hennir et à ruer, et même les plus redoutables guerriers se surprirent à frissonner. Les deux anciens amis se frappaient de leurs épées, cherchaient la faille, et ce fut Ferdiad qui la trouva. La lame s’enfonça dans la chair de Cuchulain. Il cria alors quelque chose à Laeg, et celui ci lui lança la Gae Bulg. Ferdiad eut un mouvement de recul en reconnaissant l’arme. Il essaya d’interposer ce qui restait de son bouclier, mais Cuchulain donna un coup particulier, et la pointe de la lance se sépara en une vingtaine de dards qui s’enfoncèrent dans le corps de Ferdiad. Celui-ci s’effondra, transpercé et vaincu. Cuchulain se précipita, mais son ami mourut dans ses bras.
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