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 L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)

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Rhadamante

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MessageSujet: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:02

Chapitre I : La clé : le mot et l'image


De l'hiéroglyphe...

L'écriture égyptienne est-elle apparue progressivement ou a-t-elle été inventée au début des temps historiques, vers -3000 ?

Toujours est-il que son usage sera très limité jusqu'au début de l'Ancien Empire. Dans le meilleur des cas, des mots clés sont alignés, sans qu'on ne forme de phrase complète. Aussi la littérature ne put-elle se développer avant l'Ancien Empire. Les Égyptiens eux-mêmes attribuent la première "doctrine de vie" - un écrit qui n'est pas parvenu jusqu'à nous - au sage Imhotep, l'architecte de Djéser.

Les Égyptiens s'efforçaient toujours de trouver les pictogrammes les plus simples mais aussi les plus reconnaissables, un peu comme lorsque nous essayons de concevoir des panneaux de circulation.
Ainsi, dans le choix du symbole ("dent" est représentée par une défense d'éléphant, plus frappante qu'une dent humaine), dans l'utilisation d'une ou plusieurs perspectives (l'œil et la bouche sont montrés de face, les oiseaux de profil, les reptiles en vue plongeante...), mais aussi - et c'est une particularité unique de l'écriture égyptienne, par l'utilisation de couleurs conventionnelles.

Ce dernier moyen met en évidence la filiation du système hiéroglyphique et de l'art : à chaque signe correspond en principe, non seulement une forme mais une couleur. Cette couleur exprime quelque aspect de l'essence des choses, et dans bien des cas, il faut la comprendre de façon symbolique (ainsi le moineau, "l'oiseau mauvais" sera-t-il peint en rouge, de même que les couteaux, qui évoquent le sang).
En outre, la coloration permet souvent de distinguer les signes entre eux (le moineau et l'alouette, par exemple). Dans ces pictogrammes, ce n'est donc pas la représentation fidèle de la nature qui importe, mais la manière la plus facile de les reconnaître. Ainsi, fleurs et fruits n'offraient pas de différences suffisamment nettes pour être utilisées dans l'écriture, de sorte que le jardin égyptien est peu représenté parmi les hiéroglyphes, contrairement aux mammifères et surtout aux oiseaux.

Le système d'écriture égyptien ne fut cependant jamais fermé et sut toujours adopter comme signes des formes nouvelles, comme le char au Nouvel Empire.
... au symbole.

Au cours des époques ptolémaïque et romaine, les hiéroglyphes seront de plus en plus considérés comme des "signes sacrés" dont l'interprétation symbolique prit de plus en plus d'importance.
Cette tardive philosophie de l'écriture s'efforça de surcharger le graphisme purement phonétique de références symboliques et de l'utiliser comme langage codé pour des formulations théologiques.

Au IIIe siècle de notre ère, la signification des hiéroglyphes comme signes phonétiques passa tellement à l'arrière plan qu'elle finit par être totalement oubliée et peu après, avec la victoire du christianisme, la connaissance de cette écriture se perdit tout à fait.

À la Renaissance, la signification purement symbolique des hiéroglyphes était devenue à ce point évidente qu'elle empêcha Kircher et ses nombreux successeurs de parvenir à un déchiffrement véritable de l'écriture égyptienne.
Pour y parvenir en 1822, J-F. Champollion eut l'idée judicieuse que la plupart des signes de la pierre de Rosette étaient des phonogrammes. Avec une incroyable rapidité, il bâtit les fondements essentiels de l'écriture égyptienne, ne laissant pratiquement à son successeur Lepsius que la découverte des signes consonantiques bi- ou trilittères.

Mais pour dévoiler l'univers spirituel de l'Égypte il ne suffit pas de comprendre les textes, il faut aussi décrypter et interpréter les images.
Déjà l'écriture égyptienne comporte toute une série de signes dont la signification ne se réduit pas à la valeur phonétique, mais qui sont utilisés en dehors de l'écriture comme amulettes (pilier djed, œil oudjat, signe ankh).

Alors qu'un signe de l'écriture est en principe sans ambiguïté, le symbole est, par nature, riche d'un sens polyvalent, car il représente des concepts qu'un terme isolé de la langue peut au mieux désigner, mais jamais véritablement circonscrire.
Si l'écriture fut au départ inventée pour représenter des informations qui ne pouvaient être données par des images, à dater du Nouvel Empire, les textes sont souvent complétés par des vignettes qui ne se limitent pas à condenser le texte, mais le complètent.
La frontière entre l'image et l'écriture est floue : ne représente-t-on pas des objets comme des pots, des couteaux, etc. avec des jambes ? Ne mutile-t-on pas, à proximité des tombes, des signes en forme d'êtres vivants afin qu'ils ne puissent ni nuire, ni dérober de nourriture ?

Parallèlement à cette évolution vers une écriture de plus en plus imagée, la représentation divine se modifie.
Les représentations des divinités doivent être comprises comme des signes précisant leur essence, et non comme des représentations de leur apparence extérieure.
La nécessité d'enrichir la représentation pour informer davantage conduisit par exemple, à l'époque perse, à représenter Thot, "Seigneur de l'Ogdoade", avec huit têtes, le but étant de faire tenir dans une unique composition plastique un maximum de traits d'essence divine, de même qu'auparavant on cherchait à circonscrire l'essence divine par le plus grand nombre possible de surnoms.
Ainsi, les multiples représentations de la Bataille de Kadesh sont moins des images triomphales du Pharaon que des symboles d'une politique qui apporta la paix, mais qui ne s'imposa qu'en surmontant bien des résistances.

Des images du langage sont transformées ultérieurement en images artistiques et, par là, sont chargées d'un nouveau contenu qui n'existait pas dans leur formulation littéraire : l'image devient une formulation à part entière, pouvant même se passer de texte.


Dernière édition par le 18/5/2007, 05:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:03

Chapitre II : De l'origine des choses

Il nous faut attendre la période grecque ou romaine pour disposer d'une cosmogonie complète.

À l'origine était le chaos, les eaux primordiales ("Noun") et les ténèbres primordiales ("Kemu semau") mêlées. C'est l'époque de l'Unique, celle où "il n'y avait pas encore deux choses" et où les dieux, les hommes, le ciel, la terre, le jour, la nuit etc. n'existent pas encore. Le créateur flotte dans cette "soupe primitive" sans y trouver de base solide pour son œuvre créatrice. Mais les boues de l'océan primordiales finissent par s'accumuler pour former un tertre semblable à celui que voyaient les Égyptiens lorsque les eaux de la crue du Nil se retiraient.

Les Égyptiens ont imaginé diverses images pour tenter de décrire le processus de création, tant il fallait, à leurs yeux, sans cesse rechercher de nouveaux symboles pour mieux appréhender ce phénomène complexe.
Les cosmogonies.
L'OGDOADE D'HERMOPOLIS.

À la place de l'unique on a imaginé quatre couples (illustrés plus tard par des grenouilles et des serpents) dont les noms évoquent l'incréé : les eaux primordiales, l'infini, les ténèbres et le caché (ou le vide). À leur centre naquit le soleil, qui détermina, par son premier lever, la création du monde.
LA VACHE CÉLESTE.

Les "Textes des pyramides" nous apprennent que "Mehet-weret", la "Grande nageuse", sortit de l'océan primordial, portant le soleil entre ses cornes. Celle qu'on appela plus tard "Ihet" ou "Ahet" apparaît ainsi comme la mère de Rê, qu'elle engendre chaque jour.
LA FLEUR DE LOTUS.

L'image de cette fleur, éclose à partir des profondeurs fangeuses et dans le calice de laquelle apparut le soleil, est plus tardive.
L'ŒUF.

Cet œuf dont sortit le soleil se trouvait dans le ventre de l'oiseau primordial, le "Grand Caqueteur", dont le cri déchira pour la première fois le silence. Cet oiseau est figuré par le héron "Benou", le premier oiseau à se poser sur la bute primitive et dont la tradition classique fit le Phénix.
L'ENNÉADE HÉLIOPOLITAINE.

Atoum créa le premier couple, Shou et Tefnout, par masturbation ou par crachat. D'eux naquirent Geb et Nout, puis Osiris, Isis, Seth et Nephthys. Ce nombre neuf représente l'universalité, car il est le pluriel à la puissance trois.
LE VERBE.

On oppose souvent les traditions héliopolitaine et memphite. Selon cette dernière, Ptah ou Ptah-Tatenen conçut le monde dans son cœur, puis l'appela à l'existence per la parole. Mais la création par le Verbe remonte, indépendamment de la cosmogonie memphite, aux "Textes des Pyramides". Le dieu-soleil agit par l'intuition organisatrice ("Sia"), la parole créatrice ("Hou") et la magie opérante ("Heka").
NEITH.

Neith appela le monde à la vie par sept sentences. À noter qu'un démiurge féminin n'est, en Égypte, ni inhabituel, ni tardif, ni local.
KHNOUM.

Khnoum, le dieu-potier est également considéré comme ayant façonné le monde de ses mains.
AMON.

Le nom d'Amon, qui le désigne comme "le caché" convient bien à un dieu primordial.
L'un et le Multiple.

Nout et Geb séparés par ShouLe "monothéisme originel" des Égyptiens se forme ainsi par l'idée du divin qui, à l'origine, est Un et qui devient multiple par sa propre opération cosmogonique. Comme le montre le nom de "Atoum", qui signifie à la fois "ne pas être" et "être achevé", le créateur se trouve dans le non-être lorsqu'il appelle le monde à la vie. Ce déploiement qui résulte de la création apparaît aussi dans l'image de Shou séparant la terre ("Geb") du ciel ("Nout"), délimitant le monde des formes de ce qui est encore informe et créant l'espace.

La création des hommes et des dieux est peu différenciée. Les premiers naquirent des larmes de Rê, les seconds de sa sueur.

Au commencement, dieux et hommes cohabitent sur terre sous la domination d'une dynastie divine. Comme le soleil est présent en permanence, il n'y a, durant cet âge d'or, ni nuit, ni mort, ni au-delà. Mais le "Livre de la Vache céleste" (qui date de l'époque amarnienne) raconte que le soleil se mit à vieillir (alors que l'obscurité ne peut vieillir), que son pouvoir se relâcha et que les hommes se révoltèrent. Rê quitta alors la terre sur le dos de la Vache céleste et Osiris obtint la domination du monde d'en bas. Dès lors, la guerre et la violence prévalurent dans la vie des hommes. La fin des temps est conçue comme symétrique de la création : le ciel et la terre se réuniront à nouveau, la course du soleil prendra fin, et le créateur retournera au chaos dont il est issu.
"Sep tepi".

La création porte donc en elle les germes de son déclin, mais c'est ainsi seulement qu'elle peut se régénérer et rajeunir. En appelant la création "sep tepi", "la première fois", les Égyptiens impliquaient des répétitions. Ils imaginaient l'univers comme cerné de toutes parts par le chaos, ainsi que le représente "l'Ouroboros", le serpent qui se mord la queue. La réalité divine est entourée par le non-être qui forme l'horizon de l'univers, où il se régénère et se dissoudra à la fin des temps.

La doctrine d'Akhénaton était vouée à l'échec, car elle ne voulait pas reconnaître qu'à côté de la lumière, les ténèbres aussi devaient être louées, parce que c'est là que la lumière retrouve sa jeunesse.

Les Égyptiens avaient de multiples occasions de renouveler cette "première fois" :
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"à chaque nouvelle année (année se dit en égyptien "ce qui se rajeunit" : "Renpet"); le premier jour de l'an est l'anniversaire du Rê et du commencement des temps;
#

"à chaque accession au trône d'un nouveau Pharaon ;
#

"à chaque fête sed du Pharaon où il était régénéré après 30 ans de règne (une génération) ;
#

"à chaque fondation d'un temple.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:05

Chapitre III : Le pouvoir de la magie

Qu'est-ce que la magie pour les Égyptiens ?

L'Égypte a toujours été considérée comme le pays de la magie ("Heka") depuis Moïse et Aaron, qui n'étaient pas peu fiers d'avoir battu les magiciens égyptiens, jusqu'à nos modernes légendes de malédiction des Pharaons.

Héka sur la barque solaireNous possédons beaucoup de documents et d'amulettes relatifs à la magie, sans oublier les textes, qui, sans en parler explicitement, décrivent néanmoins des procédés magiques.

Dans les textes les plus anciens, la magie est une énergie dont sont chargés les rois et les défunts.
Mais la magie peut également être mangée ("wnm"), donnée, reprise ou dérobée. Les Égyptiens lui associent les images de la lumière et du feu.

Dans les Textes des sarcophages, Heka apparaît comme un dieu primordial. Elle accompagne le soleil dans son périple nocturne et aide Seth ou Isis à vaincre Apophis.
Paroles, écrits, images et objets magiques

Même si ce sont surtout les paroles prononcées qui libèrent les énergies magiques, une formule magique pouvait agir sans être récitée, par le seul fait d'être mise par écrit. Ceux qui la portaient étaient ainsi protégés, même s'ils ne savaient pas la lire.
Les formules magiques peuvent être gravées sur des rouleaux de papyrus, des stèles, des sarcophages, des ostraca, des statuettes d'envoûtement que l'on brisait ensuite rituellement, etc.
La magie peut être présente dans des objets, comme des bâtonnets et des amulettes ; elle imprègne également l'eau qui a coulé sur les textes des stèles magiques.
Notons que, si les amulettes sont rares à l'apogée de l'Ancien Empire, l'époque tardive ne craindra pas de concentrer la puissance divine dans des figures panthéistes.

Le nom du roi possède une efficacité magique, de même que des représentations comme celle du massacre des ennemis (qui protège l'espace sacré des temples) ou celle du jugement des morts.

Même si les juges des morts sont incorruptibles, la magie conjuguée de l'image et du verbe peut s'avérer utile (voir le chapitre 30 du Livre des Morts qui conjure le cœur de ne pas s'opposer au défunt).
À noter que ceci ne remplaçait pas la nécessité d'un comportement juste ; la magie lui confère seulement une sécurité supplémentaire, une efficacité renforcée.
Magie et médecine

Le médecin égyptien n'agit pas autrement lorsqu'il associe thérapie rationnelle et magie : il s'agit de combiner tous les remèdes possibles. D'ailleurs, lorsqu'il savait le malade condamné, il n'utilisait pas la magie seule.
À remarquer aussi que les formules magiques sont généralement rares dans les textes médicaux.
Magie et religion

Alors que la prière et l'offrande visent à se concilier les puissances supérieures, la magie vise à les contraindre à obéir au thaumaturge. (La contrainte est surtout employée dans les filtres d'amour).
Magie et éthique

Bien sûr, comme nos techniques actuelles, la magie peut être la meilleure ou la pire des choses, et tomber entre les mains de personnes sans scrupules. Isis a d'ailleurs montré le mauvais exemple en contraignant par la magie Rê à lui révéler son nom secret !

De même, des conjurés utilisèrent la magie contre Ramsès III.

Mais, fondamentalement, les dieux ont donné la magie aux hommes pour leur venir en aide dans des situations qu'il n'est plus possible de dominer par des moyens normaux.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:05

Chapitre IV : Le temps et l'éternité

L'héritage égyptien

L'année solaire des anciens Égyptiens, avec ses 360 jours auxquels s'ajoutent 5 jours "épagomènes", est encore celle que nous utilisons actuellement.
Même la réforme julienne, qui introduisit les années bissextiles, se basait sur le calendrier alexandrin de l'époque ptolémaïque. (En fait, nous avons inutilement compliqué ce calendrier en y introduisant les mois romains d'une durée variable, et la semaine juive de sept jours). Même la division du jour en deux fois douze heures nous vient d'Égypte (encore que là, la longueur des heures dépendît de la saison).

Les Égyptiens, par contre, ignoraient les minutes et les secondes. Le temps le plus bref ("at") n'était pas défini avec précision et pourrait se traduire par "instant".

Depuis les temps les plus anciens, les Égyptiens utilisaient aussi un calendrier lunaire qui servait au calcul des fêtes religieuses. Les représentations les plus fréquentes du temps sont le serpent et la corde sans fin.
Un surplus de vie

La durée de vie d'un homme ("âhâou") était en moyenne de 25 à 33 ans, à cause d'une mortalité infantile élevée. Mais des cas de septuagénaires, d'octogénaires etc. sont nombreux, Ramsès II constituant le plus célèbre exemple avéré.
Mais en fait, les Égyptiens souhaitaient une rallonge au temps de vie maximum estimé de 100 ans. Ce fut d'abord 10 ans. Ce supplément permettait au patriarche de terminer sa vie dans la sagesse et libéré de toutes les afflictions terrestres. Puis on demanda 20 ans, voire 50 ans supplémentaires !

Dans son "De Iside", Plutarque nous apprend que même Thot dut ruser pour obtenir du temps supplémentaire (en fait, les 5 jours "épagomènes" qui permirent à Nout d'accoucher).
Il les obtint en gagnant au jeu, et ce n'est pas un hasard si de nombreuses scènes de jeu se retrouvent dans les tombes.
Le temps dans l'au-delà

Car le temps de vie ("âhâou") n'est pas uniquement terrestre. Les dieux et les morts sont également soumis au temps.

Les dieux égyptiens ne sont en effet pas immortels : leur durée de vie prendra fin un jour, dans des lointains insondables, et le monde retournera au chaos.

Quant aux morts, ils demeurent dans le temps et parcourent des cycles de vie toujours nouveaux, mais situés dans l'au-delà.
Les "Livres de l'au-delà" du Nouvel Empire nous apprennent qu'ils sont réveillés chaque nuit pendant une heure, lorsque le soleil, qui remonte le temps de la vieillesse à la naissance, arrive dans leur secteur. Mais cette heure équivaut pour eux à une vie terrestre complète.
Les réprouvés, les "ennemis" du dieu soleil sont anéantis par le fait même qu'ils ne reçoivent aucune partie de ce temps.
"Neheh" et "Djed"

La durée de l'existence dans l'au-delà, à côté de laquelle la vie terrestre est de peu de poids, est "Neheh" et "Djed".
Osiris est en effet souvent désigné comme "Maître de Neheh et Souverain de Djed". À la différence des ténèbres et des eaux primordiales, "Neheh" et "Djed" ne se situent pas en dehors de la création et ne sont donc pas l'éternité au sens absolu, puisque cette "éternité" a un commencement et une fin, mais qui se situent à des distances de "millions d'années".

La question de la différence éventuelle entre "Neheh" et "Djed" est très controversée. Cela fait partie de la manière de penser égyptienne que de différencier en deux concepts ce qui est unité. "Neheh" et "Djed" sont des piliers temporels de la voûte céleste, comme Shou et Tefnout la soutiennent dans l'espace.
La qualité du temps

Mais les Égyptiens avaient bien compris que, plus que la quantité de temps allouée, c'était la qualité de son emploi qui comptait. C'est pourquoi les (re)commencements éteint si importants pour eux, puisqu'ils offraient une occasion d'utiliser à nouveau et mieux le temps.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:06

Chapitre V : Limites et symétries

"Djer" et "Tash"

Pour désigner les limites du monde, la pensée égyptienne se servait de deux concepts : "Djer" et "Tash".
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"Djer" désignait la limite immuable, qui fait partie de la structure du cosmos;
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"Tash" désignait les limites extensibles et franchissables, établies par les dieux ou les hommes : par exemple, la limite d'un champ, d'une propriété, d'un district ou d'un État. Dans le domaine éthique, les limites accessibles sont définies par le concept de Mâat.
Les frontières politiques

Par des expéditions soigneusement planifiées et organisées, les Égyptiens n'ont cessé, dès l'Ancien Empire, de reculer les frontières naturelles de leur pays en direction de la Libye, du Sinaï, de la Nubie ou du Pount.
Les buts visés étaient au début commerciaux, puis devinrent, au Moyen et surtout au Nouvel Empire, politiques.

Les rois marquent les frontières de leur empire au moyen de stèles et de statues, et exhortent leurs successeurs à maintenir et, si possible, à étendre ces limites.
Ainsi Akhénaton marqua de 14 stèles-bornes les limites de sa nouvelle capitale, Akhetaton, s'engageant "à ne pas aller au-delà d'elles". Contrairement à ce qu'on a pensé naguère, il ne s'engageait pas par là à demeurer cloîtré dans sa capitale, mais il voulait indiquer que les frontières d'Akhetaton étaient définies une fois pour toutes et non modifiables.

Au début d'une campagne, on annonce généralement que l'ennemi a violé les frontières de l'Égypte. La nécessité de répondre à cette agression évite au Pharaon de passer pour l'agresseur.

Si les frontières de l'Égypte sont parfois désignées concrètement ("Karoi", le "Naharina") on préfère le plus souvent des représentations mythiques : "jusqu'au bout de la mer" dans le Nord, "jusqu'au vent" (c'est à dire aussi loin que souffle le vent du nord), dans le Sud, bref, "tout ce que le soleil encercle".
La symétrie, ou, mieux, l'asymétrie

On retrouve partout dans la pensée égyptienne, une symétrie entre Haute et Basse Égypte, entre le monde d'en haut et celui d'en bas (qui en est le reflet exact).

À première vue cette symétrie imprègne aussi l'art égyptien. Mais, à y regarder de plus près, on s'aperçoit que cette "symétrie" est en fait rompue sciemment pour rechercher un équilibre plus vivant.
La symétrie répétitive et rigide n'a existé, semble-t-il, dans l'art égyptien que pendant les périodes de déclin. Les Égyptiens, qui se refusent à toute règle fixe, se gardent également de la liberté totale : ils recherchent une manière vivante mais prudente de moduler ce qu'apporte la tradition.

Cela est vrai dans l'écriture (où on connaît des conventions, mais aucune orthographe obligatoire), dans la métrique des hymnes, et dans les arts plastiques.
Le principe de l'extension de ce qui existe

La conservation et la modification de ce qui existe doivent s'équilibrer pour obtenir un progrès digne de ce nom.
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Ainsi, dans le domaine politique, Pharaon est-il "celui qui élargit les frontières". Le père de Merikarê (Xe dynastie) souhaite un successeur qui le dépasse, et même le jeune Toutankhamon prétend avoir fait mieux que ses ancêtres (dans un domaine religieux restreint, il est vrai).
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Il en va de même dans l'extension des temples ...
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...et dans celle des tombes royales du Nouvel Empire. Elles deviennent de plus en plus grandes et il s'établit un canon de proportions et d'éléments décoratifs qui ne peuvent être utilisé ailleurs, même dans les tombes des reines. Par exemple, un pilier d'une tombe royale doit avoir une section carrée de 2 coudées.
Le cas de la tombe de la reine Taousret (vers -1190) est exemplatif : commencée comme la sépulture d'une simple reine, elle s'enrichit d'une décoration royale, mais reste de dimensions modestes lorsqu'elle devient régente de Séthi II. Une seconde chambre funéraire, plus grande, sera mise en chantier lorsque Taousret deviendra pharaon.
Mais, avec Ramsès III (vers -1150), les limites de la croissance sont atteintes.
Ramsès IV va réduire les dimensions de sa tombe, mis tentera de progresser dans un autre domaine, en augmentant la largeur et la hauteur des corridors, de sorte que sa tombe paraît plus spacieuse et plus claire.
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Même dans le domaine sportif on tenta de surpasser "ce qui avait été fait depuis le temps de la création".
"Djer", les limites ultimes

Le "Livre de Nout" nous dit que les frontières ultimes du monde sont inconnues, même des dieux et des morts. L'univers créé est encerclé par le non-monde. Mais les eaux et les ténèbres primordiales ne sont pas des horizons lointains. L'eau sombre des crues du Nil en provient, tout comme l'obscurité nocturne, et le dormeur plonge dans ces profondeurs où il rencontre dieux et défunts. Le monde créé ne se détache pas de manière claire et limpide sur le fond de l'incréé.

Mais chez les Égyptiens demeure toujours vivante la conscience que le monde peut être changé par une intervention créatrice, que tout état négatif et imparfait peut être amélioré dans le sens de la perfection originelle de la création.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:06

Chapitre VI : Regard sur les mondes de l'au-delà

La géographie de l'au-delà

Le soleil, qui disparaît chaque soir, traverse l'empire des morts et réapparaît rajeuni le lendemain, donnait aux Égyptiens la certitude que la mort ne représente qu'un passage vers une vie nouvelle et rajeunie.

Les profondeurs dans lesquelles le soleil sombre le soir apparaissent sous trois aspects, non pas contradictoires, mais complémentaires.

1. Les profondeurs des eaux de l'océan primordial ;

2. celles de la terre du monde d'en bas, le royaume des dieux de la terre Geb, Aker - le dieu bicéphale - et Tatenen ;

3. et celles du ciel, Nout, dont le soleil parcourt le corps jusqu'à sa nouvelle naissance.

Les "Livres de l'au-delà" ou "Livres de ce qui est dans la Douat" du Nouvel Empire nous permettent de suivre le parcours nocturne du soleil en remontant l'espace et le temps, ce qui permet de stopper et même d'inverser le processus du vieillissement.
Initialement destinés aux rois seuls, les "Livres de l'au-delà" furent usurpés par les grands prêtres d'Amon de la XXIe dynastie.

L'au-delà y est divisé en douze secteurs correspondant aux douze heures de la nuit et répartis en trois espaces.

1. Le premier de ces espaces correspond à la période suivant immédiatement le coucher du soleil (un espace parallèle lui correspond juste avant l'aube).

2. Le second constitue la "Douat" proprement dite. Le soleil la traverse sur le Nil souterrain, qui forme une partie de l'océan primordial, le Noun. Il est protégé par un serpent, acclamé par les bienheureux défunts et accompagné d'une foule de dieux : Oupouaout - l'ouvreur de chemins -, Hathor, Horus, Sia - la connaissance -, Heka - la magie - et Mâat.

3. La troisième strate est le lieu de l'anéantissement ("hetemit") qu'aucun rayon n'éclaire jamais et où ceux qui ont "fait le mal" sont anéantis par des serpents cracheurs de feu, dans des chaudrons bouillants, ou, à partir de l'époque amarnienne, par la "Dévorante", gueule visible de l'enfer. Nous sommes placés là en face de l'abîme où le monde se dissoudra à la fin des temps.
Dissolution et renaissance

Mais dissolution et destruction sont en même temps une condition préalable à toute nouvelle création. Le monde de l'au-delà offre donc un double visage. Il est le royaume d'infinies promesses, une source de régénération permanente et en même temps un abîme de terreur. Osiris, tué brutalement mais surmontant la mort en engendrant Horus en est le parfait exemple.

Si les Égyptiens inventèrent dès le début de l'Ancien Empire la momification pour assurer leur survie corporelle, ils plaçaient cependant plus d'espoir dans un "corps glorieux", semblable au corps terrestre, mais plus grand et surtout délivré des insuffisances d'ici-bas.
L'édification précoce d'un tombeau et le fait de confier son cadavre aux embaumeurs relevaient de la prévoyance, car, pour les Égyptiens, les dépenses engagées pour les funérailles ne représentaient pas une condition sine qua non d'une survie bienheureuse.
Ainsi, les noyés parvenaient directement dans le monde d'en bas, par le Nil et les eaux primordiales. De même ceux qui, sans avoir été momifiés sont confiés aux sables du désert, cette autre matière originelle.

Bien entendu, on trouve dans la longue histoire de l'eschatologie égyptienne des représentations plus sombres et plus sceptiques de l'au-delà et dont les "Chants des harpistes" se sont faits l'écho.
Rê, Ba d'Osiris

L'âme humaine, le Ba est attiré vers le ciel, tandis que le corps et l'ombre sont attachés à la terre. Pourtant un nouvel éveil à la vie implique que soient à nouveau réunis ces éléments de la personnalité que la mort a séparés.
Heureusement, le soleil descend dans les profondeurs sous forme de Ba et entraîne avec lui tous les Ba de tous les dieux et des bienheureux défunts afin que ceux-ci animent à nouveau leur enveloppe matérielle.
Pour les théologiens du Nouvel Empire, Rê est le Ba d'Osiris et s'unit chaque jour au corps du dieu. Il en va de même pour tous les bienheureux défunts, qui sont eux aussi devenus des Osiris.
C'est ce qu'illustrent les représentations de la course solaire dans les décorations tombales du Nouvel Empire.

La lune et ses cycles jouent aussi un rôle important dans les croyances eschatologiques de l'ancienne Égypte, même si ce motif tend à décroître dans les "Textes sur l'au-delà" du Nouvel Empire.
La rencontre des dieux

Mêlé aux dieux, partageant leur nourriture et devenu dieu lui-même, le défunt peut rencontrer face à face les divinités. Une scène de la onzième heure du "Livre des portes" fixe cet instant : le visage de Rê est représenté de face, ce qui est exceptionnel dans l'art égyptien.

Rappelons en passant que les dormeurs peuvent également rencontrer en rêve les dieux et les défunts.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:07

Chapitre VII : Le temple, un cosmos

La signification du temple égyptien

L'horizon (en égyptien Achet, "clairière") est le lieu où le soleil se lève et se couche, l'endroit où se rejoignent l'au-delà et le monde des vivants. Mais le soleil n'est pas le seul à posséder un horizon : tous les dieux en ont un et c'est leur temple.

L'eau qu'on atteint en creusant les fondations fait partie du Noun. Les tuiles qui recouvrent le mur d'enceinte ne sont pas disposées de façon rectiligne, mais évoquent des vagues. C'est que le temple sort du Noun et a son fondement en lui. Celui qui franchit ce mur se baigne dans les eaux primordiales avant de pénétrer, purifié et rajeuni, dans la demeure des dieux.

La fondation d'un temple est vue comme une répétition de la création. Le rituel de fondation est représenté dans plusieurs temples. À l'époque tardive, on procédera sur les objets du culte au rituel de l'ouverture de la bouche afin de les rendre opérants.

La signification de ce qui est physique et matériel se manifeste avant tout dans l'habitude de réutiliser des éléments d'anciennes constructions dans les nouvelles : même dans un matériau de pierre ordinaire agissent des énergies divines qui peuvent aider et guérir.

Non seulement la statue du culte, mais le temple tout entier est un corps physique auquel le Ba psychique du dieu pouvait s'unir de la même manière qu'il s'unit la nuit avec son corps "véritable".

À noter qu'il n'existe en Égypte aucun temple qui soit à proprement parler dédié à une seule divinité : à côté de la divinité principale dans son sanctuaire, on trouve une pléiade de dieux ayant leurs châsses, leurs oratoires (voir la représentation des triades divines, fort en faveur au Nouvel Empire).
L'architecture

Nous possédons des représentations de sanctuaires dès les époques les plus reculées.
Sous l'Ancien Empire, les sanctuaires divins sont très modestes et non décorés, tandis que les temples royaux se développent.
Au Moyen Empire, la signification des temples divins gagne en importance et on voit grands prêtres et haut fonctionnaires se faire ériger dans le temple, avec l'assentiment royal, des statues d'eux-mêmes pour ainsi profiter des offrandes et des prières.
Au Nouvel Empire, le temple prend sa forme axiale (pylône, cour ouverte au peuple, salle hypostyle, salle des offrandes, salle de la barque sacrée, saint des saints). L'ensemble, édifié en pierre et entouré d'un mur de briques comporte également des habitations, des magasins et un lac sacré.
Ce qui caractérise une architecture axiale, c'est que tout élément peut en être répété à l'infini, de sorte que les grands temples sont en perpétuelle extension.
À l'époque tardive, on agrandit aussi le temple vers le haut (en ajoutant des petits sanctuaires sur le toit) et vers le bas (crypte) ; c'est une application du principe de l'extension de ce qui existe. Les dimensions et l'orientation des temples sont très précises.

Les pylônes sont interprétés comme figurant Isis et Nephthys soulevant le ciel.
Leur décoration représente souvent le massacre des ennemis : elle est donc apotropaïque, c'est-à-dire éloignant le mal.
Les statues royales qui précèdent les pylônes ont elles aussi un rôle de protection.
Des mâts de drapeaux "qui atteignent le ciel" sont plantés dans des niches des pylônes. On en compte généralement quatre, mais ils sont huit à Karnak et dix devant le grand temple d'Aton à Akhetaton.
Les obélisques se rencontrent par paires devant les temples divins, mais sont absents des temples funéraires royaux de la rive ouest de Thèbes.
Depuis Hatchepsout, une allée de sphinx précède souvent l'entrée des temples et la "cour de la foule" où le peuple était admis lors des grandes fêtes et où la statue du dieu, menée en procession, pouvait répondre à ses requêtes et rendre ses oracles. Après cette cour finit tout caractère public du culte, le reste n'étant plus que l'affaire du dieu et des prêtres.
Dans la lumière crépusculaire de la salle hypostyle, les scènes de la vie extérieure sont remplacées par des représentations du culte ordonnées avec soin. La salle hypostyle figure le marécage primitif. À partir de là commence la montée vers le saint des saints ; les plafonds s'abaissent et la lumière se raréfie.
Le culte et les fonctions profanes du temple

La décoration de la base du temple est constituée de divinités du Nil.
Au-dessus s'élève l'univers ordonné et structuré du culte où le Pharaon, seul à pouvoir entrer en contact avec la divinité, l'adore et lui présente des offrandes. Aux dons matériels et aux paroles de reconnaissance de Pharaon, le dieu répond par des promesses (signe de vie etc.) pour le roi et son peuple. L'allégresse pour les bienfaits reçus s'exprime non seulement par des paroles, mais aussi par la musique, les danses et les couleurs lumineuses dont les scènes étaient revêtues.

Mais les dieux peuvent également être en colère et le culte devient alors un moyen de les apaiser. Des textes de l'époque amarnienne nous apprennent que, si on négligeait le culte, les dieux quitteraient l'Égypte.

Si le culte en Égypte est toujours étatique, le temple égyptien est aussi une entreprise économique, à la tête de propriétés foncières, un centre artistique, littéraire et scientifique.
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Chapitre VIII : Mâat, un concept universel

La déesse Mâat"Mâat est le principe éthique le plus universel et le plus juste établi par les hommes".

Mâat est liée à la musique, à la poésie, à l'art en général, mais surtout à l'idée de justice et de protection des défavorisés ("un pauvre ne parle pas selon Mâat" : un minimum de bien-être est nécessaire à sa pratique, disent les "Instructions pour Merikarê").
Elle conserve cette exigence lors du jugement des morts. D'ailleurs le vizir a parmi ses titres celui de "prêtre de Mâat" et son chef de cabinet est le "scribe de Mâat".

Ce concept de Mâat et sa personnification en déesse remontent au début de l'histoire égyptienne. Représentant l'agencement ordonné, Mâat constitue le fondement de l'univers créé. D'ailleurs, pour les Égyptiens, créer signifie "établir Mâat".
Les dieux, mais aussi les hommes et les bienheureux défunts vivent d'elle. Enfant chéri du créateur, qu'elle remplit de joie, ainsi que l'univers entier. Aussi ancienne que la création, elle vit depuis lors parmi les hommes.
Cependant, pour que Mâat demeure ici-bas, il ne suffit pas de s'insérer passivement dans un ordre préexistant ; on doit plutôt le rétablir, le recréer de manière active. Les effondrements de l'Ancien et du Nouvel Empire sont dus à une insuffisance de Mâat.
Offrande de MâatMais cela n'entraîna pas la résignation des Égyptiens, mais au contraire leur conviction que Mâat, même chassée, peut revenir à tout moment, suite à l'effort du souverain ou des particuliers. La déception, l'injustice et la méchanceté peuvent triompher momentanément, mais, en fin de compte, ne peuvent pas "finir bien". Mâat n'est pourtant pas une utopie : les Égyptiens sont trop pragmatiques pour cela. Si on constate en général un déficit de Mâat, celui qui contribue, même légèrement, à préserver l'harmonie du monde contribue aussi à son accroissement.
Une des manières pour l'homme de rendre Mâat plus parfaite dans le monde est l'offrande de Mâat, une des scènes rituelles les plus importantes que l'on découvre sur les murs des temples égyptiens.

Mâat est la seule des grandes déesses égyptiennes à n'être associée à aucune autre, à l'exception de Tefnout. L'opposé de Mâat est Isfet, l'injustice, le désordre, mais on trouve aussi gereg "mensonge" et chab, "ce qui est tordu".
Cette norme cependant reste humaine. Elle ne se présente pas avec ces prétentions exagérées et des exigences absolues et ne doit pas être poussée trop loin et appliquée de manière rigide : "Tiens-toi à Mâat, mais ne l'exagère pas", dit Ptahhotep dans son enseignement. Car les Égyptiens pensent que l'on peut enseigner Mâat, c'est d'ailleurs à quoi servent leurs "Sagesses", mieux nommées "Doctrines de vie".
À l'époque ramesside, cependant, un doute se fait jour : Mâat est alors considéré comme un don du dieu qui la communique à qui il veut sans que l'homme n'y puisse rien.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:07

Chapitre IX : L'histoire comme célébration

L'émergence de la conscience historique

Trois exemples permettent d'illustrer la transition de l'universel mythologique (où ni le lieu, ni le temps ne sont fixés) au particulier temporel dans la conscience historique naissante de l'Égypte.

La palette de Narmer1) La "palette des villes" du roi Scorpion qui régna vers -3000 fixe un événement unique dans l'espace et dans le temps. On peut l'interpréter comme ceci : "le roi Scorpion a conquis une partie importante du Delta occidental et en a ramené un riche butin". Le fait que nous ne puissions lui assigner une date précise dans notre chronologie actuelle n'enlève rien au caractère historique de ce document.

2) Ce roi Scorpion est également un des premiers à inscrire son nom à l'intérieur d'un sérech : il se distingue donc des Horus anonymes et mythiques de la protohistoire ; on parlera dorénavant de l'Horus NN pour désigner le roi régnant.

3) Une génération plus tard, la conscience historique naissante est encore plus évidente dans la célèbre palette du roi Narmer, originellement une offrande de Hiérakonpolis. Des inscriptions brèves mais précises arrachent l'événement à l'intemporalité du mythe pour le faire entrer dans l'Histoire.
L'histoire comme célébration

Dans les représentations et les inscriptions officielles, c'est cependant l'élément récurrent et archétype qui est dominant, à savoir le rôle que les personnes et les choses jouent dans le monde : le roi est toujours vainqueur, les ennemis, que les dieux mettent toujours "sous ses semelles" sont éternellement vaincus et les fonctionnaires sont sempiternellement loyaux. L'Histoire officielle impose une telle répartition des rôles, même là où la "réalité", telle que nous la concevons, fut autre, comme à Quadesh par exemple.

L'Histoire est stylisée, mais non altérée et se rapproche d'un rituel. Les événements passés n'ont d'intérêt que s'ils sont également une réalité dans le présent et, éventuellement, dans l'avenir. Ainsi, des rois comme Pépi II, Toutankhamon et Ramsès III se font représenter triomphant d'ennemis qu'ils n'ont jamais combattus. Dans cette idée de triomphe sur des ennemis représentant les forces du chaos, guerre et chasse sont interchangeables. De même seuls un petit nombre de pharaons régnèrent assez longtemps pour célébrer une fête sed. Mais cette représentation du renouvellement royal fait partie de la décoration fixe des monuments, de sorte qu'elle est immortalisée même lorsqu'elle n'a pas réellement eu lieu. Il appartient à l'éternel présent du Pharaon qu'il triomphe de ses ennemis, apporte des offrandes aux dieux et célèbre des fêtes sed. La représentation de telles scènes dans le temple et le tombeau leur confère la durée et renforce leur efficacité. De même, on constate que les niveaux du Nil semblent toujours atteindre des valeurs records lors des fêtes sed.

Cette conception de l'Histoire, étrange pour nous, n'a pas été sans conséquence sur l'Histoire effective. Les campagnes de début de règne correspondent à une nécessité plus rituelle que militaire ou politique. De même, le roi doit apparaître en créateur dès le début de son règne et déploie alors une grande énergie comme constructeur, ce qui explique le nombre de monuments laissés par des règnes relativement brefs.

En Égypte ancienne, l'Histoire est donc un drame rituel, une intensification des grandes fêtes au cours desquelles le dieu quitte son naos pour être porté en procession publique. L'histoire se déroule donc comme un rituel dont les Annales sont le livret. Dans ce drame rituel de l'Histoire, il n'y a à proprement parler que deux protagonistes : le roi et les "ennemis" : il est rare de voir des dignitaires cités dans les Annales. Pour les connaître, il faut lire leurs biographies dans leurs tombeaux. Et encore ne veulent-ils pas donner là une chronique de leur vie, mais accorder de la durée à leurs exploits et à leur rang. En même temps que ce qui s'est passé et ce qui se passe, les Annales montrent ce qui doit constamment se passer. Dans le Proche-Orient ancien on a longtemps dénommé les années par des événements marquants ("l'année ou [de faim] on mangea des hyènes"), avant de passer, dès l'Ancien Empire à une datation selon les exercices d'imposition, puis selon les règnes. Chaque roi ramène donc le temps à zéro, instaure un nouveau commencement et répète en même temps ce qui a déjà eu lieu auparavant. Ce caractère cyclique peut encore être accentué par un nombre ordinal : "première défaite infligée à l'Orient". Chaque début de règne est donc une recréation du monde, une restauration de Mâat et une victoire sur le chaos. Bien sûr, la plupart des interrègnes se passèrent sans heurt, mais l'espoir qu'avec un changement de règne tout devienne neuf et meilleur demeure vivace jusqu'à nos jours. Que le caractère typique de l'action soit au premier plan ne signifie pas que l'Histoire soit entièrement déterminée : chaque Pharaon essaie de surpasser ses prédécesseurs (voir chapitre 5, le "principe de l'extension de ce qui existe"). Dans la nature comme dans l'Histoire, les processus se répètent sans être identiques; de cet optimisme naît la croyance des Égyptiens dans l'au-delà.

Le but de l'Histoire, selon la conception pharaonique, est de rendre au monde quelque chose de la perfection qu'il a possédé à l'origine.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:08

Chapitre X : Animaux divins

Que le divin se manifeste sous forme animale est un phénomène général (voir la colombe du Saint-Esprit). Mais l'Égypte figure tout au début de ces représentations, dès le IVe millénaire, avec des amulettes, des figurines et des vases de la culture de Badari.
L'animal en tant que symbole d'aspects de la divinité

Les animaux rapprochent les hommes du monde des dieux parce que leurs manières d'être renvoient à des réalités qui dépassent les capacités humaines. La religion de l'Égypte se sert des animaux, soit vivants, soit représentés par l'art pour communiquer quelque chose de la nature divine. Mais, dans l'interprétation de ses symboles, il faut se garder de tout schématisme, car aucun animal n'est réductible à une signification déterminée : chaque espèce représente un ensemble de représentations très diverses et par là même rend mieux compte de la nature complexe des dieux. On ne peut pas ramener la signification de tous ces animaux à des équations telles que taureau = fécondité, lion = souveraineté.

Ainsi l'hippopotame peut représenter Seth, mais aussi être un symbole de résurrection de par ses apparitions et disparitions successives au-dessus du niveau du Nil, et aussi parce qu'il domine l'élément aquatique représentant le chaos. Il est également l'animal de Thouéris et de Ipet.

Cela est aussi vrai du serpent, symbole de rajeunissement de part sa mue, mais également animal dangereux. C'est le serpent Mehen qui entoure le soleil de ses anneaux durant sa course nocturne, mais Apophis, l'ennemi de Rê, est également un serpent. De même l'ureus protège celui qui le porte, et Ouadjet protège la Basse Égypte.

Ainsi le lion (pensons à la déesse Sekhmet) et le crocodile (pensons au dieu Sobek) allient une sauvagerie dangereuse à des fonctions protectrices.
L'animal comme image de la divinité

En même temps, tout comme Pharaon est l' "image" du dieu créateur, un animal peut représenter directement une divinité et être l'objet d'un culte, comme Apis et Boukhis qui étaient ressentis comme réceptacles de la présence divine.
Animaux ayant peu ou pas de relation avec une divinité
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Le hérisson, qui habite ce royaume des morts qu'est le désert et qui loge dans de sombres tanières, anticipe les formes d'existence de l'au-delà.
#

La grenouille, comme le serpent et le bousier, naît spontanément et n'a donc pas besoin de dieu créateur. C'est pourquoi on donna à l'époque tardive des têtes de grenouilles et de serpents aux huit dieux primordiaux d'Hermopolis.
#

L'éléphant, la girafe et le cheval (les deux premiers étaient peut-être considérés comme trop exotiques, et le cheval est apparu trop tardivement en Égypte).
Les formes hybrides

Les êtres divins peuvent se décrire par une combinaison de plusieurs éléments figuratifs, comme, dans l'écriture hiéroglyphique, un mot se compose de plusieurs signes. Mais ici, contrairement à l'écriture, aucune limite n'est imposée à l'inventivité.
Les formes à tête animale et corps humain

L'utilisation de formes à tête animale et corps humain provient peut-être de la coutume africaine de se déguiser en animal. La partie humaine signifie que l'animal, ici, se présente comme une personne divine.

Notons qu'un animal tout entier peut représenter la tête, dans le cas du scarabée Khépri.
Les formes à tête humaine posées sur un animal ou un objet

La première apparition de telles formes remonte à la palette de Narmer où Horus tient en laisse un morceau de territoire planté de papyrus d'où sort une tête humaine.

Le sphinx constitue un des legs les plus durables de l'Égypte à l'histoire de l'art. Le roi, dont la tête surmonte un corps de lion, monte la garde devant son sanctuaire. Mais il existe aussi des sphinx à tête de bélier, de serpent, de faucon ou de crocodile.

Dans le cas de l'oiseau Ba, les ailes représentent la mobilité sans entrave. Un cas particulier est celui d'Osiris à tête de bélier de Rê, symbolisant l'union nocturne de Rê (en tant que Ba) et d'Osiris (en tant que corps), pour ne former qu'un seul être divin.

Maintes divinités peuvent apparaître tantôt sous une forme animale à tête humaine, tantôt sous la forme inverse. Ainsi Anubis, Horus ou la déesse serpent de la cime thébaine, Meret Seger. Hathor, quant à elle, a encore davantage de possibilités, soit que la partie animale soit réduite aux cornes entourant le soleil ou aux oreilles d'une vache, soit qu'elle apparaisse comme "déesse de l'Ouest" ou comme déesse de l'Arbre.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:08

Chapitre XI : L'homme : poisson et oiseau

Dans une tombe de la XIXe dynastie, à Deir el-Medineh, le corps humain momifié est remplacé par celui d'un poisson, sur lequel s'affaire Anubis. Ce motif peut être rapproché d'un autre, plus tardif, où un poisson, remplaçant l'oiseau Ba, est placé au-dessus de la momie. Les anciens Égyptiens, qui écrivaient le "corps" avec le signe d'un poisson et l'âme ("Ba") avec celui d'un oiseau, signifiaient ainsi que l'homme réunit dans sa personne la pesanteur terrestre et l'envolée spirituelle et psychique.
Le corps

Depuis l'Ancien Empire, le corps d'un défunt est séparé en trois parties :
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La momie dans son ou ses sarcophages.
#

Les vases canopes. Depuis la IVe dynastie, les viscères (sauf le cœur et, plus tard, les reins) sont retirées du corps et conservées séparément, comme des parties indépendantes de l'homme.
#

Le Tekenou, récipient contenant vraisemblablement les substances organiques qui ne trouvaient pas place dans les vases canopes.

Ainsi pouvait être reconstituée l'intégrité corporelle, condition nécessaire pour l'existence dans l'au-delà.

Une image saisissante de l'alimentation nécessaire post mortem est celle de la "déesse de l'Arbre", assimilable à Hathor ou à Nout, qui abreuve le défunt. Mais ce dernier doit également être vêtu : cosmétiques et miroir font aussi partie de son viatique. Les anciens Égyptiens croyaient en une existence corporelle continue, brièvement interrompue par la mort. Ceci leur facilitait une relation au corps équilibrée et détendue. Il existait certes des jeûnes en cas de deuil et des abstinences sexuelles afin d'être pur pour le culte, mais jamais le corps ne fut considéré en Égypte comme la prison de l'âme. Au contraire, le corps a quelque chose de divin, une divinité prenant possession de chaque partie du corps du défunt. Être dieu est la forme d'existence eschatologique qui attend tous les hommes. C'est pourquoi l'art égyptien souligne ce qui est impersonnel et permanent dans l'homme, ce qui demeure dans l'au-delà.

Mais l'homme comprend aussi plusieurs composants d'ordre spirituel et psychique.
Le ka

Le ka est symboliquement représenté par deux bras levés, mais qui doivent être compris comme dessinés dans un plan horizontal et enserrant l'homme en un geste protecteur. Il représente la force vitale, le bien-être et même l'appétit : toute nourriture profite au ka et, quand on trinque, on dit "À ton ka". Le cœur, siège de la raison, des sentiments, de la conscience morale, du désir, de la mémoire et de la volonté est étroitement lié au ka. C'est lui qui sera pesé lors du jugement d'Osiris. C'est l'organe le plus important pour la survie après la mort et c'est pourquoi, contrairement aux autres organes, il est laissé dans le corps afin d'être toujours à la disposition du défunt.
Le nom

Ptah créa le monde en nommant les choses et les êtres. L'Égyptien cherche à ne pas sombrer dans l'anonymat après la mort. Il y parvient grâce à l'écriture dont c'est le premier usage visait à munir les personnes représentées de titres et d'un nom. Le nom peut représenter la personne tout entière. On investit en magie l'énorme pouvoir qui émane du roi et des dieux. Inversement - et jusqu'à l'époque romaine - on a cherché à anéantir toute une existence en supprimant le nom. L'identité d'une statue repose non sur son aspect extérieur, mais sur le nom qui y est apposé. Comme la personne, le nom est vulnérable et sa connaissance donne un pouvoir sur cette personnalité, comme le montre l'histoire d'Isis forçant Rê à lui révéler son nom secret.
L'ombre

L'ombre est porteuse d'énergie. Comme le Ba, elle est également extrêmement mobile et rapide. Cependant, contrairement à lui, elle ne monte pas au ciel mais reste attachée à la terre. Même le soleil a une ombre qui parcourt le monde d'en bas.
Le Ba

Mais c'est seulement avec le Ba, qui remplit le corps lourdement terrestre de sa présence spirituelle et psychique que l'homme accède à sa pure nature d'oiseau. Le mot s'écrit depuis les temps les plus reculés par un signe représentant l'oiseau jabiru stylisé. Au Nouvel Empire, on donne au Ba une tête et même parfois des bras humains. Le Ba appartient au ciel et le corps à la terre. Mais c'est l'union des deux qui doit se produire chaque nuit dans les profondeurs du monde souterrain : ainsi est comprise la rencontre nocturne de Rê (le Ba) avec Osiris (son corps). Sauf exception (comme dans le Dialogue d'un désespéré avec son Ba), on ne rencontre pas le Ba d'un homme vivant.

Le Ba dépend du corps, car il a besoin d'un approvisionnement matériel : pain et bière. Il participe aussi aux rapports sexuels. Le Ba peut se mouvoir librement et se métamorphoser en n'importe quelle forme, et c'est pourquoi des auteurs antiques ont faussement attribué aux Égyptiens l'idée d'une métempsycose.
L'akh

Bien que rendu par le hiéroglyphe de l'ibis à aigrette, l'akh n'est pas représenté par un oiseau, mais sous la forme d'une momie. L'homme ne peut devenir un akh qu'après sa mort, lorsqu'il a été jugé puis transfiguré.
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MessageSujet: Re: L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas)   L'esprit du temps des pharaons (par C.Graas) Icon_minitime16/5/2007, 10:09

Chapitre XII : Les pyramides du cœur

"Un livre est plus utile qu'une stèle gravée, [...] il dresse des temples et des pyramides dans le cœur de celui qui conserve le nom de [son auteur]".
Papyrus du Nouvel Empire
Le Moyen Empire

Les "belles lettres" sont nées en Égypte un millénaire seulement après l'apparition de l'écriture. Il a fallu attendre la première grande crise, le premier effondrement de l'État et de l'ordre social pour que s'expriment les poètes et qu'ils découvrent l'efficacité de la parole.

En réponse aux ébranlements de la première période intermédiaire, nous trouvons d'abord la poésie des complaintes. Neferty (qui vécut cependant en pleine floraison du Moyen Empire), Ipou-Our et les autres auteurs de l'époque y considèrent l'au-delà comme un lieu idéal, enviable, et glorifient la mort (voir le Dialogue d'un désespéré avec son Ba). Il n'est nullement question dans cette poésie des beautés et des joies d'ici-bas : on y cite tout au plus le Nil et ses bienfaits.
Les conséquences de la crise atonienne

Dans la poésie lyrique fleurissent après la période amarnienne trois genres qui n'existaient pas auparavant sous cette forme : la complainte funèbre, les Chants des harpistes et les chants d'amour. Ce qui unit les deux premiers genres, c'est une attitude sceptique envers l'au-delà. Ce qui unit les deux derniers, c'est l'exhortation à s'en tenir aux joies de ce monde.
L'Égypte dans la littérature occidentale

Contrairement aux poètes de l'époque pharaonique, la littérature occidentale chante le pays des pyramides, des obélisques, des allées de sphinx, des crépuscules énigmatiques et des mystères indicibles. On pense notamment à Goethe, à Flaubert, à Rilke, à Thomas Mann, à James Joyce, à Michel Butor et à Kafka.
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