«Au Mexique, au Xe siècle, autour du village de Tolla, s’étendait un jardin merveilleux, où “le coton poussait déjà teint” et où les épis de maïs étaient si “gros qu’on ne pouvait en faire le tour avec les deux bras”.
Dans cette antique cité toltèque régnait Quetzacoatl, le dieu barbu au visage laid et à la tête longue. On disait qu'il possédait toutes les richesses du monde, en or, en argent et en pierres précieuses, et aussi un grand nombre d'arbres de cacao dont il avait appris, à ses vassaux, la culture.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais vint le temps où s'acheva la fortune de Quetzacoatl. Trois sorciers, envieux de leur bonheur et de leur richesse, vinrent à la rencontre de Quetzacoatl. L'un d'eux, le magicien Titlacauan prit la forme d'un vieillard chenu et lui dit :
"Seigneur, je t'apporte un breuvage qui est bon et qui enivre celui qui le boit; il t'attendrira le coeur, te guérira et te fera connaître la route de ton prochain voyage au pays où tu retrouveras la jeunesse".
Quetzacoatl bût, s'enivra et perdit la tête. Il fit brûler toutes ses maisons d'argent et de coquillages, et enterrer ses trésors dans la montagne et dans les lits des rivières. Il transforma les arbres de cacao en une autre espèce qui ne donnait pas de fruits.
Il partit pour le pays où il pensait retrouver la jeunesse, en direction du soleil levant, vers l'est. Il embarqua, paré de plumes, sur un radeau fait de serpents entrelacés, en promettant de revenir un jour, lors d'une année placée sous le signe du roseau. Il rapporterait à son peuple tous les trésors du Paradis.