Rôles et Légendes
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 Histoires courtes

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Rhadamante

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MessageSujet: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 05:59

L'Homme Compatissant

Une fois, un homme prit une tortue. Il voulait en faire de la soupe, mais il ne voulait pas qu'on pût dire qu'il avait tué un être vivant. Il alluma son feu et fit bouillir de l'eau dans une marmite.

Ensuite, il posa une perche de bambou au-dessus de la marmite en guise de pont et fit à la tortue une promesse perfide:
- Si tu arrives à traverser ce pont, je te laisserai partir librement.

La tortue ne fut pas dupe du piège qu'on lui tendait. Elle ne voulait pas mourir. Aussi, tendant toute sa volonté, elle accomplit l'impossible et traversa sans accident.

- A la bonne heure! Dit l'homme, mais maintenant retourne, je te prie, à ton point de départ que je voie mieux comment tu as réussi à faire cette traversée.

Les Filets à "Maille Unique"

L'expression courante dit:
"- Quand vous voyez des oiseaux approcher, préparer vos filets, car il suffit d'une maille pour prendre un oiseau."

Il se trouva un homme qui, séduit par ce bon mot, fit des filets dont chacun n'avait qu'une maille; jamais il ne prit le moindre oiseau.

Le Cochon à Tête Blanche

Dans le pays du Liaodong tous les cochons sont noirs. Cependant, un éleveur eut la surprise de voir sa truie mettre bas un cochon à tête blanche. Tous les habitants s'en émerveillèrent et tinrent la chose pour un prodige.

L'éleveur, encouragé par l'admiration générale, voulut présenter son cochon à la cour impériale. Mais en arrivant dans la région du Hedong il s'aperçu que là tous les cochons étaient à tête Blanche.

- Je ne suis qu'un sot. Se dit-il.
Et il rebroussa chemin en ramenant son cochon.

La Cigale, la Mante et le Moineau

Sur un arbre une cigale se régale de rosée tout en chantant, sans s'apercevoir que derrière elle une mante la guette.

La mante, prête à saisir la cigale brandit, telle une paire de ciseaux, ses deux pattes de devant, mais elle n'a pas vu que derrière elle un moineau est à l'affût.

Le moineau bat des ailes et allonge le cou dans l'espoir d'attraper la mante, juste à ce moment-là un gamin prend son arc et vise le moineau.

La cigale, la mante et le moineau ont tous trois eu le grand tort de n'avoir d'yeux que pour leur proie sans se méfier des dangers qui les guettaient par derrière.

Le Hibou Déménage

Un hibou voyageait vers l'Est. Fatigué, il s'arrêta dans un bois pour se reposer. Là, il rencontra une tourterelle qui elle aussi s'était arrêtée. A la vue du hibou qui semblait essoufflé, la tourterelle demanda :
- Où allez-vous? Vous semblez bien pressé.

Le hibou répondit :
- Je déménage. Je vais vers l'Est pour trouver un nouveau logis.

La tourterelle reprit :
- Pourquoi voulez-vous vous en aller?

- Parce que les gens de l'Ouest me détestent, ils disent que ma voix est désagréable. Je ne peux plus y tenir, il faut absolument que je m'en aille.

- Puisqu'il en est ainsi, dit la tourterelle, votre déménagement ne résoudra rien. Où que vous alliez, vous rencontrerez le même accueil. Que ne changez-vous de voix au lieu de changer de demeure!

La Vertu de Patience

Un mandarin, sur le point de rejoindre son premier poste officiel, reçut la visite d'un très bon ami qui venait lui dire au revoir.

- Sois patient surtout, lui recommanda son ami et tu ne rencontreras aucune difficulté dans tes fonctions.

Le mandarin dit qu'il s'en souviendrait.

Son ami lui répèta la même recommandation à trois reprises, et à chaque fois, le futur magistrat promit de suivre son conseil. Mais quand le même avis fut renouvelé une quatrième fois, il éclata:
- Tu me prends donc pour un imbécile? Voilà quatre fois que tu me répètes la même chose!

- Tu vois que ce n'est pas facile d'être patient:
Je n'ai fait que répéter mon conseil deux fois de plus qu'il ne convient et te voilà déjà en colère, soupira l'ami.

L'Homme qui avait peur des Esprits

Au sud de Xiashu vivait un homme nommé Juan Shuliang. Il était sot et extrêmement craintif.

Comme il marchait sur une route par un beau clair de lune, en baissant la tête, il vit son ombre devant lui. Il s'imagina qu'un esprit malfaisant était couché à ses pieds. Levant les yeux, son regard rencontra deux mèches de ses cheveux et il crut qu'un démon se dressait derrière son dos.

Effrayé, il se retourna et fit le reste du parcours en marchant à reculons.

En arrivant à la maison, il s'écroula sur le sol et rendit l'âme.

La Guérison

Zhu était un célèbre médecin de l'état de Qin. Il avait opéré d'un abcès le roi Xuan, soigné les hémorroïdes du roi Huai. Il les avait tous deux guéris.

Un certain sire Zhang, affligé d'une tumeur dans le dos, pria Zhu de bien vouloir le traiter.
- Maintenant ce dos n'est plus le mien, soignez-le absolument comme vous l'entendrez, docteur! Dit-il au praticien. Zhu le traita et le guérit.

Il est certain que Zhu excellait dans l'art de guérir, mais la pleine confiance que Zhang lui témoigna compta aussi dans cette guérison.

Jouer de la Musique pour une Vache

Un jour, Kong Mingyi, le célèbre musicien, joua un morceau de musique classique devant une vache; celle-ci continua de brouter comme si de rien n'était.
"Ce n'est pas qu'elle n'entend pas, c'est que ma musique ne l'intéresse pas" se dit le musicien. Il se mit alors à imiter sur son zheng le vrombissement des mouches et le meuglement des petits veaux. Aussitôt la vache dressa l'oreille, balança sa queue et s'approcha du musicien pour écouter jusqu'au bout cette musique qui, cette fois, lui disait quelque chose.

Le Mouton revêtu de la Peau d'un Tigre

Un mouton avait revêtu la peau d'un tigre.

Tout en se pavanant fièrement, il poussait des bêlements joyeux lorsqu'il voyait de l'herbe tendre.

Tout à coup, apercevant un loup venir au loin, il se mit à trembler comme une feuille. Il oubliait qu'il était sous la peau d'un tigre.
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:02

L'Ane du Guizhou

On n'avait jamais vu d'âne au Guizhou, jusqu'au jour où un excentrique imbu de nouveautés s'en fit amener un par bateau. Mais ne sachant à quoi l'employer, il le lacha dans les montagnes.

Un tigre, voyant cette créature d'aspect étrange, le prit pour une divinité. Caché dans la forêt, il se mit à l'observer, puis s'aventura hors des taillis, restant pourtant à distance respectueuse. Un jour, l'âne lança un long braiment; le tigre, terrifié, se sauva à toutes jambes. Mais il revint jeter un regard et se dit que cette divinité n'était pas si terrible après tout. S'habituant au braiment de l'âne, il se rapprochait de lui sans pourtant se risquer encore à l'attaquer.

Quand il crut le bien connaître, il prit des libertés, le frôlant, le poussant, l'agaçant, si bien que l'âne pris de colère lui envoya une ruade. "C'est donc tout ce qu'il sait faire" se dit le Tigre. Alors il bondit sur l'âne, le mit en pièces et le dévora.

Pauvre âne! Par sa taille, il semblait puissant, par ses cris, il semblait redoutable. N'eût-il pas montré tous ses talents que le tigre féroce n'aurait jamais osé l'attaquer. Mais, par sa ruade, l'âne avait signé sa propre condamnation.

Les Baguettes d'Ivoire

Zhou, le dernier Roi de la dynastie des Shang, d'un morceau d'ivoire de grande valeur fit faire une paire de baguettes pour sa table.
Ce fait attrista beaucoup son oncle, le Prince de Qi:
Des baguettes d'ivoire ne vont naturellement pas avec des bols et des assiettes de grès. Leur présence exigera celle de tasses et de bols de jade.

Mais les bols de jade et les baguettes d'ivoire ne vont pas avec les mets grossiers qu'il faudra remplacer désormais par des queues d'éléphant et des foetus de léopard.

Un homme qui a goûté des queues d'éléphant et des foetus de léopard ne saurait se contenter d'habits de toile de chanvre, ni de maisons basses et inconfortables.

Des costumes de soie et des Palais hauts et magnifiques lui seront indispensables.

Et ainsi de suite, les désirs ne cessant de s'accroître, on aboutit nécessairement à une vie de luxe et de dissipations qui ne connaît bientôt plus de bornes.

Faute de se corriger, le Roi Zhou eut une fin tragique. Il perdit son royaume et se tua de désespoir.

Plus de Marc pour les Cochons

A trente lis de notre bourgade se trouve la montagne Hefu. Là, à côté d'un petit lac, est niché un temple que tout le monde nomme le Temple de la mère Wang. Personne ne sait à quelle époque vécut la mère Wang, mais les anciens racontent que c'était une femme qui fabriquait et vendait du vin.

Un moine taoïste avait pris l'habitude de venir boire chez elle à crédit. La marchande semblait n'y prêter aucune attention; chaque fois qu'il se présentait, elle le servait aussitôt.

Un jour, le taoïste dit à la mère Wang :
- J'ai bu votre vin et je n'ai pas de quoi le payer, mais je vais vous creuser un puits.

Le puits terminé, on s'aperçut qu'il contenait du très bon vin.
- Voilà pour vous payer ma dette, dit le moine et il s'en fut.

De ce jour, la femme ne fit plus de vin; elle servit à ses clients le vin tiré du puits. Ce vin était bien meilleur que celui qu'elle faisait auparavant avec du grain fermenté. Sa clientèle s'accrut énormément et en trois ans, sa fortune était faite :
Elle avait gagné plusieurs milliers d'onces d'argent.

Un jour, le moine parut à l'improviste. La femme le remercia avec effusion.

- Le vin est-il bon? Demanda-t-il.
- Oui, le vin est bon, admit-elle, seulement je n'ai plus de marc pour nourrir mes porcs!

En riant, le taoïste prit un pinceau et écrivit sur le mur de la maison :

"La profondeur du Ciel n'est rien,
Le Coeur humain est infiniment plus profond.
L'eau du puits se vend pour du vin;
La marchande encore se plaint :
Plus de marc pour les cochons."

Son quatrain achevé, il s'en fut, et le puits ne donna plus que de l'eau...

Une Parabole sur les Etudes

Le Prince Ping du royaume de Jin dit un jour à son maître de musique, Shi Kuang, qui était aveugle:
- J'aimerais beaucoup lire de bons livres et étudier, mais j'ai soixante dix ans sonnés, c'est trop tard pour commencer.

- Si c'est trop tard, pourquoi ne faites-vous pas allumer les bougies? Lui répondit le maître de musique.

Le Prince s'étonna :
- Je vous parle de choses sérieuses, et vous plaisantez?

Le maître de musique reprit :
- Je ne suis qu'un pauvre aveugle, comment oserais-je plaisanter avec Votre Altesse? Ce que je veux dire c'est que quand on commence à étudier dans sa jeunesse, c'est comme le soleil radieux du matin; quand on commence dans l'âge mûr, c'est comme le soleil de midi qui atteint le zénith et quand on commence sur ses vieux jours, c'est comme la flamme des bougies, lumière bien faible, il est vrai, mais n'est-ce pas mieux que l'obscurité complète?

- Vous avez parfaitement raison, convint le Prince.

Dix Milles Onces d'Or

Dans l'Etat de Qi vivait un nommé Dong Guochang qui avait l'habitude d'exprimer tout haut ses nombreux désirs. Une fois, il dit qu'il voudrait bien posséder dix milles onces d'or.

L'un de ses disciples lui demanda s'il consentirait à l'aider si son souhait se réalisait.
- Non, répondit-il, j'aurai besoin de cet argent pour m'acheter une charge officielle.

Ses disciples furent indignés. Ils le quittèrent tous et passèrent à l'état de Song.

Pour s'être trop attaché à ce qu'il ne possédait pas encore. Il a perdu ce qu'il tenait déjà.

Le Phoenix Sculpté

L'artisan Kong Shu était en train de sculpter un phoenix. Il avait à peine ébauché l'aigrette ainsi que les pattes et n'avait pas encore ciselé le plumage. Quelqu'un dit en regardant le travail :
- Cela ressemble à un hibou.

Et un autre :
- Cela rappelle plutôt un pélican.

Chacun de rire et on s'accorda pour trouver cette sculpture affreuse et l'auteur sans talent.

Lorsqu'il fut terminé, le phoenix avait une superbe aigrette émeraude qui se dressait, vaporeuse au dessus de sa tête. Ses pattes vermillons avaient des reflets éblouissants, ses plumes chatoyantes semblaient faites du brocart que tissent les nuages au coucher du soleil et sa gorge était couleur de feu.

Un coup de pouce sur un ressort caché fit s'envoler avec un battement d'ailes l'oiseau mécanique et, trois jours durant, on le vit monter et descendre à travers les nuages.

Tous ceux qui avaient critiqué Kong Shu ne tarissaient plus d'éloges sur son oeuvre merveilleuse et son talent prodigieux.

Les Ruses du Chasseur

Le cerf craint le loup, le loup craint le tigre et le tigre craint le grand ours, le plus féroce des animaux. Avec son crâne recouvert de longs poils semblables à une tignasse, marchant debout sur ses pattes de derrière, il est extraordinairement fort et s'attaque même à l'homme.

Au sud de l'Etat de Chu vivait un chasseur qui, sur sa flûte de bambou, arrivait à imiter toutes sortes de cris d'animaux. Muni d'un arc et d'un petit pot de grès au fond duquel couvaient quelques braises, il se rendait dans la montagne et imitait l'appel du cerf. Croyant retrouver un de leurs frères, des cerfs arrivaient et le chasseur les tuait avec des flèches enflammées.

Un jour, en l'entendant imiter le cri du cerf, un loup accourut. Le chasseur pris de frayeur lança un rugissement de tigre. Le loup s'enfuit, mais un tigre parut. Terrifié, l'homme imita le grognement du grand ours. Le tigre s'en fut, mais croyant rencontrer un de ses semblables, un ours énorme se présenta. Ne trouvant qu'un homme, il se jeta sur lui, le mit en pièces et le mangea.

Aujourd'hui encore, ceux qui se servent d'artifices au lieu de compter sur leurs propres forces finissent toujours par s'attirer un destin semblable à celui du chasseur.

La Naïveté du Jeune Cerf

Un habitant de Linjiang captura un jour un jeune faon et décida de l'élever. A peine eût-il franchi le seuil de sa demeure que ses chiens l'accueillirent en se pourléchant et en frétillant de la queue.

L'homme furieux les renvoya, mais le sort que ses chiens réservaient au jeune faon devint un sujet d'inquiétude. Alors il présenta tous les jours le faon aux chiens; il le portait dans ses bras, montrant par là à ses chiens qu'ils devaient le laisser en paix. Peu à peu, le faon se mit à jouer avec les chiens qui, obéissant à la volonté de leur maître, fraternisèrent avec lui.

Le faon grandit et, oubliant qu'il était un cerf, crut que les chiens étaient ses meilleurs amis. Ils folâtraient ensemble et vivaient dans une intimité sans cesse grandissante.

Trois années passèrent. Le faon, devenu cerf, vit un beau jour dans la rue une bande de chiens inconnus. Il sortit aussitôt pour s'amuser avec eux, mais ceux-ci le regardaient venir avec un mélange de joie et de fureur. Ils le mirent en pièces et le mangèrent.

En rendant le dernier soupir, le jeune cerf se demandait encore pourquoi il mourait si prématurément.

Le Serpentaire et le Serpent

Un certain serpentaire rencontra un serpent; Il se jeta sur lui et le frappa à coups de bec.

- Ne me frappez pas! Dit le serpent, tout le monde dit que vous êtes un oiseau venimeux; c'est une mauvaise réputation et c'est parce que vous vous nourrissez de serpents. Si vous ne nous mangez plus, vous n'aurez plus en vous notre venin et vous n'aurez plus mauvaise réputation.

- Vous me faites rire! Riposta l'oiseau, vous autres serpents, vous tuez les hommes en les piquant! Dire que je suis un danger pour les hommes est un mensonge. Je vous mange pour vous punir de vos crimes. Les hommes le savent bien; ils me nourrissent pour que je les défende contre vous.
L'homme sait aussi que ma chair et mes plumes sont contaminées et il s'en sert pour empoisonner son semblable; mais cela n'est pas mon fait. Si l'homme tue avec une arme, est-ce l'arme qu'il faut blâmer ou l'homme?
Moi, je ne veux pas de mal au genre humain. Quant à vous, cachés dans les herbes, vous rampez sournoisement, prêts à piquer l'homme qui vous rencontre.
C'est le destin qui vous a mis aujourd'hui sur ma route; vos mauvais arguments ne vous sauveront pas.

Sur ce, le serpentaire dévora le serpent.

A quoi bon Flatter

Un homme riche et un homme pauvre causaient ensemble.

- Si je te donnais vingt pour cent de tout l'or que je possède, me ferais-tu des compliments? Demanda le premier.
- Le partage serait trop inégal pour que tu mérites un compliment, répondit le second.
- Et si je te donnais la moitié de ma fortune?
- Nous serions égaux; pourquoi te flatter?
- Et si je te donne tout alors?
- Si j'ai toute ta fortune, je ne vois pas pourquoi j'aurais à te flatter!
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:04

Le Guérisseur de Bosses

Il y avait une fois un médecin qui se flattait de pouvoir guérir les bossus.
- Qu'un homme soit courbé comme un arc, comme une écrevisse ou comme un cerceau, pourvu qu'il s'adresse à moi, en un jour, je le remets droit, disait-il

Un certain bossu fut assez crédule pour ajouter foi à ce boniment et s'adressa à lui pour être débarrassé de sa bosse.

Le charlatan prit deux planches, fit coucher le bossu sur celle qu'il avait posée sur le sol, le recouvrit de la deuxième puis, montant sur cette planche, il piétina son patient à grands coups de talons. Le bossu fut remis droit, mais il mourut.

Comme le fils du mort voulait le traduire en justice, le charlatan s'écria :
- Mon métier, c'est de guérir les bossus de leur bosse; je les rends droits; qu'ils meurent ou non, cela ne me regarde pas !

Un Rêve

On raconte qu'il y avait autrefois un bachelier qui avait plus d'un tour dans son sac. Son professeur était extrêmement sévère; à la moindre incartade, les élèves n'échappaient pas à la bastonnade.

Un jour, le rusé disciple fut convaincu de faute. Le maître, bouillant de colère , l'envoya immédiatement quérir et en attendant son arrivée s'assit dans la grande salle.

L'élève entra, et s'agenouillant devant son maître, il dit, sans parler de sa faute:
- Je voulais venir plus tôt, mais j'étais en train de faire des plans pour employer au mieux mille onces d'or qui me sont échues par hasard.

La colère du professeur s'évanouit comme par enchantement lorsqu'il entendit le mot "or".
- D'où te vient cet or ? Demanda-t-il vivement.
- Je l'ai trouvé enfoui dans le sol, répondit l'élève.
- Quel emploi songes-tu en faire ? Poursuivit le maître.
- Je suis d'une famille pauvre, dit l'élève, nous n'avons pas de propriété familiale, aussi avons-nous décidé, ma femme et moi, de consacrer cinq cents onces d'or à l'achat de terres, deux cents onces pour nous bâtir une maison, cent pour la meubler et cent pour acheter des esclaves. Des cents onces restantes, la moitié me servira à acheter des livres, car désormais je veux travailler avec ardeur, et j'offrirai l'autre moitié à mon professeur pour le remercier des enseignements qu'il m'a donnés. Voilà mes plans.
- Est-ce possible ? Je ne suis pas digne d'un tel hommage! Dit le professeur.

Il convia son élève à un somptueux repas. Tous deux parlaient et riaient et buvaient mutuellement à leur santé. Dans un état voisin de l'ivresse, le maître demanda soudain:
- Tu es venu précipitamment; as-tu au moins mis l'or dans un coffret avant de partir?

L'élève se leva pour répondre:
- Hélas! Je n'avais pas encore tout à fait terminé mes plans que ma femme m'a réveillé en se retournant et, quand j'ai ouvert les yeux, l'or avait disparu! Je n'ai pas eu besoin de coffret...

Stupéfait, le professeur demanda :
- L'or dont tu parlais, c'était donc un rêve?
- Mais oui! Dit l'étudiant.

Le professeur sentit une violente colère l'envahir, mais comme son élève était son invité, il ne put s'emporter contre lui. Lentement, il prononça:
- Tu as de bons sentiments pour ton professeur, dans tes rêves; quand tu feras réellement fortune, tu ne m'oublieras certainement pas.

Et de nouveau, il emplit le verre de son disciple.

L'Homme qui ne voulait pas avoir Tort

Dans l'état de Chu vivait un homme qui ignorait où pousse le gingembre.

- Le gingembre pousse sur les arbres, dit-il.
- Il pousse sur le sol, lui répondit-on.

L'homme s'entêta :
- Venez avec moi, nous allons interroger dix personnes différentes, dit-il à son interlocuteur. Je vous parie mon âne que le gingembre pousse sur les arbres.

Les dix personnes successivement interrogées firent toutes la même réponse:
- Le gingembre pousse sur le sol.

Le parieur perdit contenance.
- Tiens, prends mon âne, dit-il au gagnant, n'empêche que le gingembre pousse sur les arbres!

Un Fils pleure sa Mère

Deux familles habitent la même cour. Celle dont les pavillons donnent sur l'Est se trouve en plein deuil: La mère vient de mourir. Son fils pleure mais sans grand chagrin.

Chez les voisins du pavillon Ouest, le fils dit alors à sa mère:
- Te voilà très vieille maman, il est temps de te dépêcher de mourir. Je jure de te pleurer à grands flots de larmes.

Un fils qui souhaite la mort de sa mère est-il capable de la pleurer?...

L'Aveugle et le Boiteux

Un boiteux et un aveugle vivaient ensemble.
Des bandits survinrent à l'improviste.
Le boiteux en avertit l'aveugle qui s'enfuit en prenant son ami sur le dos.

S'ils avaient pu ainsi se sauver mutuellement la vie, ils le devaient à leur collaboration parfaite dans laquelle les capacités de chacun furent pleinement utilisées.

La Place d'Honneur

Un homme avait sa cheminée construite toute droite et, lorsqu'on préparait les repas, flammes et étincelles sortaient du fourneau. De plus, il avait placé ses fagots juste devant le foyer.

Un vieux voisin lui fit cette remarque :
- Vous avez là une cheminée qu'il vous faut reconstruire d'urgence. Donnez-lui un détour pour que les flammes ne reviennent pas ainsi, et puis pourquoi mettez-vous devant le foyer un tas de branchages, qui ne manquera pas de s'enflammer à la première occasion; il faut le déplacer au plus vite.

Mais notre homme n'en eut cure.

Un jour, des étincelles tombèrent sur les branchages et provoquèrent un incendie qui faillit brûler la maison. Grâce au secours des voisins accourus aussitôt, l'incendie fut vite maîtrisé.

Le propriétaire de la maison sinistrée offrit un grand dîner à tous ceux qui lui avaient prêté la main. Il tenait à mettre à la place d'honneur ceux qui, au cours de la lutte contre le feu, avaient été blessés, mais il ne pensa absolument pas à inviter le vieil homme qui l'avait mis en garde contre le mauvais tirage de la cheminée.

Au moment où l'on se mettait à table l'un des convives, homme éclairé, se leva et dit :
- Si vous aviez prêté attention à ce que vous disait votre voisin - faire reconstruire la cheminée et déplacer le tas de branchages - il n'y aurait jamais eu d'incendie. Vous faites bien de récompenser d'un repas tous ceux qui vous ont secouru mais, à mon avis, il manque parmi nous celui qui vous a averti contre le danger, pourquoi ne l'avez-vous pas invité? C'est lui qui doit occuper la place d'honneur.

Le Roi Dragon devenu Poisson

Le Roi Dragon prit la forme d'un poisson pour s'ébattre dans les eaux d'une rivière.

Un pêcheur qui passait prit son arc et lui décocha une flèche qui l'atteignit à l'œil.

Remonté au ciel, le Roi Dragon porta plainte à l'Empereur Céleste.

Celui-ci l'interrogea :
- Au moment où le pêcheur vous décocha sa flèche, est-ce sous la forme d'un Dragon qu'il vous voyait?

- Non, à ce moment là, j'étais un poisson, répondit le Roi Dragon.

L'Empereur Céleste reprit :
- Si un pêcheur a vu un poisson et l'a visé de sa flèche, qu'avez-vous à lui reprocher?

Il était donc toujours là !

Wang Hao était d'une intelligence fort lente. Un jour, monté sur un cheval bai, il accompagnait à la guerre l'Empereur Web Xuan des Qi. La température devint glaciale pendant la nuit et, au matin, le cheval bai était couvert de givre. Wang Hao ordonna alors une battue pour retrouver son cheval, mais on revint bredouille.

Lorsque le Soleil parut, le givre fondit et, se retournant Wang Hao s'exclama :
- Oh! Mais il était donc toujours là !

Le Puits

Un puits avait été foré au bord d'une route. Les voyageurs étaient heureux d'y puiser de l'eau pour étancher leur soif.

Un jour, un homme s'y noya; dès lors, tout le monde se mit à blâmer celui qui avait foré le puits à cet emplacement.

Celui qui aimait l'Argent plus que sa Vie

Les gens de Yongzhou sont de très bons nageurs. Un jour, l'eau du Xiangchuan monta subitement; une barque transportant cinq ou six personnes chavira au milieu de la rivière. Faisant face au danger, les passagers nagèrent vers le rivage. L'un d'eux, bien que nageant de toutes ses forces, semblait ne pas avancer. Ses compagnons lui dirent :
- Tu es meilleur nageur que nous tous, pourquoi restes-tu en arrière ?
- J'ai mille sapèques attachés à ma ceiture, c'est lourd, dit-il.
- Pourquoi ne les jettes-tu pas ? lui dirent les autres.

Il secoua la tête sans répondre, mais la fatigue l'envahissait.
Ceux qui avaient déjà gagné la rive lui criaient :
- Tu es trop bête, ne t'entête plus ! Tu vas te noyer ! Alors à quoi te servira cet argent ?

Il secoua de nouveau la tête. Peu après, l'eau l'engloutissait.

S'enfermer dans la Souricière

Durant la dynastie des Zhou, la ville de Dingzhou fut assiégée par les tartares; ils l'encerclèrent de plusieurs rangs de soldats.

A la nouvelle du siège, Sun Yangao, le chef des magistrats de Dingzhou n'osa plus se rendre à la maison gouvernementale. Il s'enferma chez lui, fit cadenasser sa porte d'entrée et se fit passer par un petit guichet les documents officiels que l'on voulait lui soumettre.

Quand il apprit que les barbares montaient à l'assaut de la muraille d'enceinte de la ville, Sun Yangao se fit enfermer dans une armoire.
- Gardez bien la clé, recommanda-t-il à ses domestiques et, si ces bandits vous la demandent, surtout ne la leur donnez pas!
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:07

Les Comptes du Batelier

Aizi vit un jour un piéton offrir cinquante sapèques à un batelier, en lui demandant de le conduire de Lüliang à Pengmen.

Le batelier lui dit :
- Pour quelqu'un qui ne transporte pas de marchandises, le prix est d'ordinaire de cent sapèques. Mais comme il faudrait que je paye un homme cinquante sapèques pour hâler mon bateau de Lüliang à Pengmen, je ne vous en demanderai que cinquante si cela vous va de hâler mon bateau jusqu'à Pengmen!

La Cotte de Mailles

Le Roi Jing aimait fort à guerroyer, et bien souvent les monarques des royaumes voisins eurent à soutenir ses attaques.

Un jour, Tian Zan se présenta au Roi vêtu d'une robe rapiécée :
- Quelle vilaine robe vous portez là! Dit le Roi.
- Ma robe n'est pas belle, il est vrai, mais il existe un vêtement encore pire que le mien.

Intrigué par cette réponse, le Roi lui demanda de s'expliquer.

- La cotte de maille que portent vos soldats n'est-elle pas encore plus inconfortable? En hiver, elle donne froid; en été, sous le soleil, on y cuit comme dans un four. Que connaissez-vous de pire comme vêtement?

Je ne suis qu'un pauvre homme, et si je m'habille de cette pauvre robe, c'est malgré moi; mais vous qui êtes le Roi d'un grand et puissant royaume, vous habillez vos sujets de cette cotte de mailles qui est le plus incommode de tous les vêtements.

Ainsi vêtus, vous les envoyez à la guerre pour qu'ils dévastent les royaumes voisins, tuent les habitants et détruisent les maisons, toutes choses contraires à l'esprit d'humanité et à l'honnêteté.

De plus, si vous ne songez qu'à ruiner vos voisins, vos voisins ne songeront qu'à vous rendre la pareille, et ainsi de suite jusqu'à ce que la paix soit à jamais bannie du monde entier, sans qu'aucun d'entre vous ait pu tirer le moindre profit des guerres perpétuelles.

A ce discours le Roi belliqueux ne trouva rien à répondre.

Cela n'est pas de mon Domaine!

Il était une fois un praticien qui se disait spécialisé en médecine externe. Un guerrier blessé réclama ses soins. Il s'agissait d'extraire une flèche qui s'était enfoncée dans ses chairs.

Le chirurgien prit une paire de ciseaux, coupa la penne au ras de la peau, puis réclama ses honoraires.

- La pointe de la flèche est encore dans ma chair, il faut l'en retirer, dit le guerrier.

- C'est du domaine de la médecine interne, répondit le docteur. Comment pourrais-je prendre la responsabilité d'un tel traitement?

L'Usage de la Métaphore

Quelqu'un essaya de discréditer Huizi auprès du Roi des Liang :
- Huizi fait un usage trop fréquent de la métaphore. Il ne sait pas s'expliquer autrement.

Le Roi dit :
- Vous avez raison.

Le lendemain, Huizi s'étant présenté devant le Roi, celui-ci lui dit :
- Désormais quand vous aurez à me parler, je vous prie d'aller au but sans user de métaphores.

Le ministre répondit :
- Supposons un homme qui ne sait pas ce que c'est qu'une catapulte. S'il vous demande qu'elle est la forme d'une catapulte et que vous lui disiez : La catapulte à la forme d'une catapulte, comment voulez-vous qu'il puisse se la figurer?

- Pour sûr qu'il ne le peut pas, acquiesça le Roi.

Huizi poursuivit :
- Si vous lui disiez que la catapulte ressemble à un arc dont la corde est faite de bambou, et que c'est une machine de guerre pour envoyer des boulets, alors vous comprendra-t-il ou non?

Le Roi dit :
- Il comprendra.

- Prendre une chose connue de tous pour décrire par comparaison ce que votre interlocuteur ne connaît pas encore, c'est un moyen de la lui faire comprendre. Maintenant si vous me défendez l'usage des métaphores, quel moyen me restera-t-il?

- Vous avez raison , dit le Roi.

La Peau de Mouton

Au cour de ses randonnées le Prince Wen du royaume de Wei vit passer sur la route un paysan portant sur l'épaule un fagot. Il était revêtu d'une peau de mouton dont la fourrure se trouvait à l'intérieur.

Surpris, le Prince dit au paysan :
- Pourquoi portes-tu ta peau de mouton à l'envers?

Le paysan répondit :
- C'est pour empêcher la fourrure de s'user au frottement du bois.

- Mais ne vois-tu donc pas que la fourrure est attachée à la peau de mouton? Lui dit en riant le Prince, quand celle-ci aura été usée, à quoi donc tiendra ta fourrure?

Le Reflet de l'Arc

Un mandarin d'un district invita un jour un de ses secrétaires à boire avec lui un verre de vin.

Un arc peint en rouge était accroché au mur et, par un hasard extraordinaire, il se reflétait juste au fond du verre du secrétaire. Celui-ci crut y voir un petit serpent s'agitant dans le vin et réprimant le dégoût qui lui montait aux lèvres, il avala le vin d'un trait, craignant d'offenser son supérieur en refusant de boire.

De retour à la maison, il eut des coliques, perdit l'appétit, maigrit à vue d'œil. Tous les efforts entrepris pour le guérir s'avérèrent inutiles.

Averti de cet état de chose, le mandarin vint le voir.

- J'ai avalé un serpent qui se trouvait dans mon verre, lui dit le malade, le jour où vous m'avez fait l'honneur de m'inviter à boire chez vous, c'est ce souvenir qui me rend malade.

Le mandarin examina sa salle d'audience et lorsque ses yeux tombèrent sur l'arc suspendu au mur, il comprit tout.

Il envoya chercher le malade en voiture. On le fit asseoir à la place qu'il avait occupée la première fois, un verre devant lui. Et l'on regarda : Le prétendu serpent était au fond du verre.

- C'est pour sûr le reflet de l'arc que vous avez vu. Il est impossible qu'un serpent se trouve dans un verre rempli de vin.

Soulagé, le secrétaire ne tarda pas à recouvrer la santé.

C'est la Tradition

Yang Shuxian, mandarin natif de Meizhou, racontait l'histoire suivante:
Un préfet arrivant à son nouveau poste donna un grand banquet aux notables de la ville. Au milieu du vin et des réjouissances, un chanteur salua en ces termes le nouveau venu:
- "A l'ancien magistrat succède un nouveau, à l'étoile du malheur succède l'étoile du bonheur."

En s'entendant appeler "étoile du bonheur", notre préfet dans la jubilation demanda en hâte au chanteur:
- Qui donc est l'auteur de ces vers?

- C'est la tradition qui veut de chanter ainsi après le départ d'un préfet et lors de l'arrivée de son successeur. Nous les saluons tous de ce même couplet, répondit le chanteur.

Le Prince et l'Oiseau de Mer

Un oiseau de mer vint à s'arrêter dans la banlieue de la ville de Lu.

Le Prince de cette ville n'ayant jamais vu de pareil oiseau le prit pour une créature divine. Il envoya un cortège pour le recevoir et l'installa tel un hôte de marque dans un temple de la capitale. Pour le distraire, il faisait jouer de la flûte et du tambour tous les jours et ordonnait qu'on préparât à son intention les festins les plus magnifiques.

Mais toutes ces attentions effrayèrent l'oiseau qui chaque jour devenait plus craintif. Il tremblait du matin au soir, n'osant plus ni manger ni boire. C'est ainsi qu'au bout de trois jours, il mourut.

Le Prince de Lu a voulu faire vivre l'oiseau de mer comme il aimait à vivre lui-même et non pas comme il convient à un oiseau de vivre.

L'Art de tuer un Dragon

Zhu Pingman se rendit auprès de Zhi Liyi pour y apprendre l'art de tuer les Dragons. Pour cela, il consacra trois ans de sa vie et toute sa fortune, qui était considérable.

Hélas, jamais il ne rencontra de Dragon et son art acquis au prix de tant de peines s'avéra inutile.

Une Imitation Malencontreuse

Xishi était une beauté célèbre. Un jour elle tomba malade, elle avait, disait-on, une maladie de coeur. C'est pourquoi on la voyait souvent la main sur la poitrine, les sourcils froncés. Néanmoins, tout le monde s'accordait pour la trouver toujours aussi belle.

Dans son village il y avait une laideron qui eut la naïveté de croire que la beauté de Xishi lui venait surtout de ses sourcils froncés, c'est pourquoi elle prit grand soin de l'imiter. Chaque fois qu'elle rencontrait quelqu'un, elle s'efforçait de froncer les sourcils. Mais ces manières ridicules n'eurent pour effet que de la rendre encore plus laide et de mettre en fuite tous ceux qui s'approchaient d'elle.

Un autre Lac

Wang Anshi, premier ministre sous la dynastie des Song, prenait grand intérêt au développement du pays. Un jour, un homme qui cherchait à entrer dans ses bonnes grâces lui proposa le projet suivant:
- En asséchant le lac Lianghanbo au pourtour de huit cents "lis", vous auriez là de bons champs fertiles.

Cette idée plut à Wang.
- Mais où déverserons-nous l'eau du lac? Demanda-t-il.

Liu Gongfu, qui assistait à l'entretien, intervint :
- Eh bien! Creusez à côté un autre lac de huit cents "lis" de pourtour et le problème est résolu.

Wang Anshi se mit à rire et le projet en resta là
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:14

La Bécassine et la Palourde

Sur la plage, une grosse palourde entr'ouvre sa coquille pour s'exposer aux rayons du Soleil. Une bécassine vient à passer, allonge son bec, voulant goûter à la chair savoureuse du mollusque, lequel aussitôt se referme.

Le bec se trouve pris et l'oiseau, pour se dégager, s'épuise en efforts inutiles.

De son côté, la palourde, pendue au bout du bec ne peut s'en aller.

Et toutes deux restent là, immobilisées. Elles en viennent à susurrer leur dispute.

L'échassier dit:
- S'il ne pleut ni aujourd'hui ni demain, il y aura pour sûr une palourde de morte.

La palourde réplique:
- Si je ne lâche pas ce bec ni aujourd'hui ni demain, il y aura pour sûr une bécassine de morte.

C'est ainsi que se poursuit leur querelle sans que ni l'une ni l'autre ne consente à céder. Mais voilà que survient un pêcheur, qui, sans plus de peine, les ramasse et les emporte.

Un Docteur des lettres achete un Ane

Un docteur des lettres avait acheté un âne et fut chargé de rédiger l'acte de vente. Après avoir couvert de caractères trois pages entières, il n'avait pas encore écrit le mot "âne".

La Sentinelle

Dans chaque bande d'oies sauvages, c'est la plus petite et la plus vive qui remplit la fonction de sentinelle la nuit pendant que ses soeurs reposent. Elle se tient sur ses gardes et, au moindre bruit, elle lance un cri strident d'alarme et la bande s'envole alors dans un grand bruissement d'ailes.

A la longue, les chasseurs conçurent un plan pour déjouer la vigilance de la sentinelle. Ils repérèrent d'abord l'endroit où les oies sauvages s'arrêtent; puis ils étalèrent un énorme filet et se cachèrent dans des replis de terrain aux alentours.

A la tombée de la nuit, les oies s'installèrent pour dormir. Les chasseurs, au milieu de la nuit, allumèrent des torches.

Aussitôt la sentinelle lança l'alarme. Les chasseurs éteignirent leurs torches. Les oies sauvages, le premier émoi passé, ne voyant aucune trace de danger, ne tardèrent pas à se rendormir.

Trois fois les chasseurs recommencèrent leur jeu, trois fois la sentinelle donna l'alarme, trois fois ses compagnes, réveillées en sursaut, ne découvrirent aucun indice de danger:
Alors, elles jugèrent que la sentinelle ne connaissait pas son affaire, avant d'aller se rendormir une troisième fois elles lui donnèrent de grands coups de bec.

Après un moment d'attente, les chasseurs rallumèrent leurs torches. Cette fois, la sentinelle se tient coite. Dans le silence, les chasseurs s'approchent avec leur filet et capturent plus de la moitié de la troupe.

Des Décrets pour les Tigres

A l'époque où Yang Shuxian était magistrat à Jingzhou, les tigres constituaient un véritable fléau pour les habitants. un jour, Yang fit polir la roche et y fit graver un long édit qui se résumait à peu près à ceci:

"Tigres, quittez les lieux!"

Plus tard, lorsqu'il fut nommé préfet à Yulin, Yang Shuxian écrivit au magistrat Zhao Dingji de Jingzhou, pour le prier de faire décalquer son édit lapidaire contre les tigres. Il en voulait plusieurs calques.
- Je veux m'en servir pour éduquer mes administrés, disait-il, car le peuple du Lingnan est encore fort sauvage.

Zhao envoya des ouvriers décalquer l'édit. Le lendemain, un vieillard vint lui dire :
- Les tigres ont déjà tué deux des ouvriers pendant qu'ils prenaient l'empreinte du texte gravé sur le roc.

L'Aveugle qui se fait expliquer le Soleil

Un homme, aveugle de naissance, voulant connaître l'aspect du Soleil, demanda qu'on le lui décrive.
- Le Soleil est comme ce disque en bronze, expliqua quelqu'un en frappant sur un gong.

Quelque temps plus tard, l'aveugle entendit une cloche sonner et il crut que ce son provenait du Soleil.

Un autre lui dit :
-Le soleil brille comme un cierge.

L'aveugle prit le cierge dans ses mains et en étudia la forme.

Un jour, il saisit une flûte, et il crut qu'il tenait le Soleil.

Grandes sont les différences entre une cloche, une flûte et le Soleil, mais l'aveugle ne pouvait le savoir, car il n'avait acquis ces notions que par les dire d'autrui.

Combat de Buffles

Un artiste très connu composa un tableau sur soie intitulé : "Combat de buffles".

Cette peinture fit l'admiration de tous.
- Voyez, disait-on, quelle vitalité dans ces buffles! On croirait qu'ils sont vivants.

Très satisfait de son oeuvre, le peintre fit monter sa peinture sur un fond de brocart tendu par un rouleau garni de jade. Il la roula et la rangea dans un coffret de cèdre. Il ne l'en tirait que pour la faire admirer à des connaisseurs.

Un jour d'été, craignant que les vers n'attaquent la soie de sa peinture, il l'exposa au soleil dans son jardin.

Un petit gardien de vaches regarda, s'immobilisant devant l'image et l'examina en souriant.

- Tu t'intéresses à la peinture, petit? Interrogea le peintre. Tu vois, les deux buffles sont en train de se battre, le tableau est-il ressemblant?

- Les buffles sont assez ressemblants, dit l'enfant.

- Y a-t-il autre chose qui ne te paraîtrait pas ressemblant?

- Lorsque les buffles se battent, dit l'enfant, ils mettent toutes leurs forces dans leurs cornes et serrent la queue entre leurs jambes; ici, ils balancent leur queue. Je n'ai jamais vu de buffles qui se battent comme ça!

Le grand peintre ne trouva rien à répondre.

Pour chercher la Pierre à Feu

Aizi réclamait un soir de la lumière, et comme le temps passait sans qu'on lui apportât la lampe, il cria à son disciple de se presser.

L'élève répondit :
- Il fait si noir que je n'arrive pas à trouver la pierre à feu.

Puis il ajouta :
- Maître, ne pourriez-vous pas allumer la chandelle pour m'aider à la chercher?

Le Poisson Surnaturel

Au bord du chemin était planté un grand érable, un érable si vieux que son tronc était devenu creux; quand il pleuvait, le tronc s'emplissait d'eau.

Un jour vint à passer un marchand de poissons qui s'assit sous l'arbre pour se reposer. Il vit le creux plein d'eau et trouva amusant d'y jeter un poisson.

Un passant découvrit le poisson dans le trou, il s'en émerveilla :
- Ce ne peut être qu'un poisson surnaturel, se dit-il.

Le bruit s'en répandit. Bientôt de dix lieues à la ronde les gens accoururent en foule pour faire des offrandes au poisson surnaturel. Le lieu devint célèbre et aussi animé qu'une foire.

Mais voilà qu'un jour le marchand de poissons repassa par l'endroit et voyant les conséquences de son geste, il se moqua de la foule ignorante.

- Au diable, votre poisson surnaturel, leur dit-il, c'est moi-même qui l'ai mis dans le trou. Maintenant, je vais le reprendre.

Là-dessus il repêcha le poisson et s'en fut le mettre à frire.

Depuis lors, plus personne ne vient brûler d'encens au pied du vieil érable creux.

Deux paires d'Yeux

Il était une fois deux hommes qui discutaient de la physionomie du Roi.
- Qu'il est beau! Disait l'un.
_ Qu'il est laid! Disait l'autre.

Après une longue et vaine discussion, ils se dirent mutuellement :
" Demandons à quelqu'un d'autre de le regarder, vous verrez que j'ai raison!"

La physionomie du Roi était ce qu'elle était et rien ne pouvait la changer; cependant l'un voyait le souverain à son avantage et l'autre à son désavantage.

Ce n'est pas pour le plaisir de se contredire qu'ils soutenaient des avis différents, mais parce que chacun le voyait à sa façon.

L'homme au fond du Puits

Il y avait autrefois dans l'Etat de Song un certain sire Ding qui n'avait pas de puits. Tous les jours, un homme de la maison passait sa journée entière à assurer le service de l'eau, car il fallait aller la chercher fort loin. Pour simplifier le travail, Ding fit creuser un puits dans sa cour.
- En creusant ce puits dans ma cour, j'ai gagné un homme dit-il à un ami.

Cet ami le répéta à un autre et la remarque, passant de bouches à oreilles, devint ceci :
- Monsieur Ding en creusant un puits dans sa cour y a trouvé un homme.

Le propos se répandit à travers le pays et le Roi vint à l'apprendre. Il convoqua Ding et voulut savoir comment il avait trouvé un homme au fond de son puits.

Ding s'expliqua :
- Ce puits creusé dans ma cour, en m'évitant d'aller faire chercher au loin, m'a fourni deux bras de plus pour les travaux de la maison, voilà tout !
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:19

Peindre des Fantômes

Le Roi de Qi demanda un jour à son peintre :
- Dites-moi donc, ce qui est le plus difficile à peindre.
- Ce sont les chiens et les chevaux, répondit l'artiste.
Le Roi reprit :
- Et ce qui est le plus facile à peindre ?
- Ce sont les mauvais esprits, les fantômes, répondit le peintre sans hésiter. Les chiens et les chevaux, nous les voyons tous les jours, la moindre infidélité serait tout de suite remarquée, les fantômes, eux, n'ont pas de forme définie et personne n'en a jamais vu, donc ils sont plus faciles à peindre.

Changer une Barre de fer en Aiguille

Plusieurs enfants qui faisaient l'école buissonnière s'amusaient dans la rue. Ils remarquèrent une vieille femme qui, inlassablement, frottait une barre de fer contre une pierre.

Intrigués, ils demandèrent :
- Que faites-vous là, vieille mère?

Elle répondit sérieusement :
- Je frotte cette barre pour la réduire; je veux en faire une aiguille pour coudre mes habits.

Les enfants éclatèrent de rire.
- Jamais vous ne pourrez faire une aiguille d'une barre de fer de cette grosseur!

- Je la meule tous les jours, tous les jours elle diminue un peu plus et un jour elle finira bien par devenir une aiguille. Mais des petits paresseux ne peuvent pas comprendre cela, dit la vieille.

Les enfants d'entre-regardèrent en rougissant, puis en courant, ils s'en retournèrent à l'école.

C'est de cette histoire que nous vient le vieux dicton qui a encore cours aujourd'hui:

"Travail persévérant peut faire d'une barre de fer une aiguille à broder."

Trois le Matin et Quatre le soir.

Il y avait autrefois un éleveur qui possédait une multitude de singes.
A force de vivre ensemble ils étaient arrivés, maître et singes, à se comprendre parfaitement. Et le maître avait pour ses animaux une telle affection que, pour les nourrir, il allait jusqu'à rogner sur les vivres de la famille.

Quand plus tard les vivres vinrent à manquer il fut obligé de diminuer la ration des singes. Pour prévenir leur mécontentement il usa d'un stratagème:
- A chacun de vous, dit-il, je vais donner trois marrons le matin et quatre le soir; D'accord?

Mais les singes firent de hideuses grimaces signifiant à leur maître que la ration était trop maigre. Au bout d'un moment, le maître reprit:
- Puisque vous trouvez insuffisante la ration de trois marrons pour le matin et quatre pour le soir, on va faire autrement. Ce sera quatre marrons pour le matin et trois pour le soir. Cela vous va-t-il?

Les singes, dupés par ce stratagème de pure rhétorique, acceptèrent l'arrangement avec satisfaction.

Temps Anormal

Par un soir d'hiver, un général dînait sous la tente. Un grand feu de braises et des chandelles allumées réchauffaient l'atmosphère.

Après avoir vidé maints gobelets de vin, l'officier sentit la chaleur lui monter à la tête.
- Le temps n'est pas normal cette année, soupira-t-il. Il devrait faire froid à cette époque-ci, et voilà qu'il fait chaud!

Les soldats qui gelaient en montant la garde autour de la tente l'entendirent. L'un deux se présenta:
- Mon Général, dit-il en s'agenouillant, il nous semble, à l'endroit où nous sommes, que la température est tout à fait de saison!

Le Vin aigre

Su Qin n'avait pas réussi à obtenir de poste de fonctionnaire. Un jour, on fêta l'anniversaire du père de Su Qin. Le frêre aîné apporta un pichet de vin et remplit les verres de son père et de sa mère.
- Quel bon vin! Dirent les vieux.

Mais lorsque vint le tour de Su Qin de leur offrir du vin, ils dirent mécontents:
- Comme ce vin est aigre!

La femme de Su Qin crut que son vin était tourné et elle emprunta un pichet à la femme du frêre aîné.

Quand les parents y goûtèrent, fâchés, ils répétèrent que le vin était aigre!
- Mais c'est du vin que je viens d'emprunter à ma belle-soeur aînée!

Le beau-père cria:
- C'est que la malchance est sur vous! Il suffit que le vin passe par vos mains pour qu'il tourne à l'aigre!

On ne peut s'en prendre qu'aux Bons !

Au bord du chemin menant à un village se trouvait une statue de divinité en bois abritée dans un petit temple. Un passant se trouvant arrêté par un fossé rempli d'eau prit la statue du dieu, la coucha en travers et passa le fossé à pied sec.

Un moment plus tard, un autre homme passant par là eut pitié du dieu; il le releva et le remit sur son piédestal, mais la statue lui déclara que puisqu'il ne lui avait pas offert d'encens, il allait immédiatement lui envoyer un violent mal de tête.

Le juge des enfers et les démons qui se trouvaient dans le temple lui demandèrent respectueusement:
- Seigneur, l'homme qui vous a piétiné pour traverser le fossé n'a pas été puni et vous avez envoyé un pénible mal de tête à celui qui vous a relevé. Pourquoi?

- Ah! Vous ne savez donc pas, répondit la divinité, qu'on ne peut s'en prendre qu'aux bons!

Une Chose risible

Un aveugle était assis au milieu d'autres personnes. L'assistance, soudain se mit à rire et l'aveugle rit aussi.

- Qu'avez-vous donc vu pour rire aussi? Lui demanda quelqu'un.
- Puisque vous riez tous, c'est sûrement qu'il s'agit d'une chose risible, répondit l'aveugle. Vous n'avez pas cherché à me tromper, j'espère?

Déplacer la Montagne

Le Taihang et le Wangwu sont des montagnes hautes de quelque cent mille pieds et dont le pourtour mesure dans les sept cents lieues.
Sur le versant nord de ces montagnes demeurait un vieillard âgé d'environ quatre vingt dix ans et connu sous le nom de Père Stupide.
Sa maison faisait face à la montagne et lorsqu'il avait à sortir, il lui fallait faire de grands détours, ce qui l'importunait fort.

Un jour, il convoqua tous les siens et leur dit :
- Ces montagnes nous barrent le chemin et nous gênent beaucoup dans nos allées et venues. Nous allons tous nous y mettre et les enlever. De cette façon nous nous frayerons un chemin et nous n'aurons plus tant de détours à faire pour aller à Yuzhou.

Tous l'approuvèrent; seule sa vieille compagne resta quelque peu sceptique.
- Je voudrais bien voir, dit-elle, comment vous allez vous y prendre. A mon avis, avec si peu de forces, vous ne pourrez même pas aplanir un monticule, à plus forte raison, vous sera-t-il impossible de venir à bout de ces hautes montagnes. Je voudrais bien savoir où vous allez mettre tant de pierres et de terre?
Ils répondirent :
-Qu'à cela ne tienne! on va les déposer sur la plage de Bohai. Même s'il y en avait davantage, nous ne serions pas embarrassés.

Dès le lendemain on se mit à la besogne. Une veuve de leur voisinage avait un fils de sept à huit ans qui, lui aussi, se mit de la partie.
Ils travaillèrent avec entrain, creusèrent la terre, enlevèrent les pierres et les transportèrent sur la plage.

Une année durant, ils ne rentrèrent que rarement chez eux.
Au bord du Fleuve Jaune habitait un autre vieillard qui passait pour être un esprit fin. On l'appelait le Père Intelligent. En voyant son compère se donner tant de peine, il en riait dans sa barbe et finit par lui dire:
- Est-il permis d'être sot à ce point! Vieux comme vous l'êtes, vous avez juste assez de force pour arracher les herbes de la montagne, comment pourriez-vous remuer tant de terre et de pierres?

Le Père Stupide poussa un profond soupir et répondit:
- C'est vous qui êtes vraiment simple d'esprit! Votre tête ne vaut même pas celle du fils de notre voisine. Il est vrai que je suis vieux et que je n'ai plus beaucoup d'années à vivre, mais après ma mort restera encore mon fils à qui succédera mon petit-fils. Celui-ci, à son tour, aura un fils et un petit-fils, et ainsi de suite. Pendant tout ce temps là les montagnes, elles, ne grandiront pas d'un pouce, alors dites-moi donc, pourquoi n'en viendrions-nous pas à bout?

A cet argument, le vieux qui se piquait d'esprit resta coi, ne trouvant plus rien à répondre.

Suspicion

Un paysan avait perdu sa hache. Il soupçonnait le fils de son voisin de la lui avoir volée et se mit à l'observer. Il trouva au jeune homme une démarche, un son de voix, une expression vraiment étranges. Tout semblait indiquer que c'était un voleur.

Plus tard le paysan retrouva sa hache qu'il avait oubliée dans un ravin en allant couper du bois dans la montagne.

Le lendemain, ayant rencontré le fils de son voisin, il l'observa de nouveau avec attention, mais la démarche du jeune homme, le son de sa voix, son expression lui semblèrent tout à fait normales; vraiment il n'avait en rien les manières d'un voleur.

Le Mur écroulé

Un riche propriétaire avait vu un mur de sa maison s'écrouler par suite de pluies torrentielles.
Indiquant la brèche, son fils lui dit :
- Il faut la boucher au plus vite, sinon des voleurs entreront à la faveur de la nuit.
Un vieux bonhomme qui habitait à côté de chez lui ayant remarqué la brèche, l'avertit de même :
- Si vous ne réparez pas le mur, les voleurs pénétreront chez vous lorsqu'il fera nuit noire.

Et c'est ce qui arriva en effet la nuit même. Un homme se glissa chez le propriétaire et emporta un tas de choses précieuses.

Là-dessus, le propriétaire vanta beaucoup l'esprit de son fils qui, disait-il, était d'une prévoyance étonnante tandis qu'il soupçonna son voisin d'être l'auteur du forfait.
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:27

La Perche dans l'Ornière

Zhuangzi était un philosophe très pauvre. Un jour, il alla trouver l'Intendant du Fleuve pour lui emprunter des vivres. Celui-ci lui dit:
- Volontiers, mon cher; mais attendez un peu. Quand j'aurai perçu mes redevances, je vous prêterai trois cents onces d'argent, cela vous va-t-il?
Indigné, Zhuangzi lui répondit par la métaphore que voici :

- Hier, alors que je me promenais, j'ai vu une perche dans une ornière desséchée. Dès qu'elle me vit, elle se mit à crier:
- Respectable vieillard, je suis originaire de la mer de l'Est; par malheur je suis tombée dans l'ornière sans eau que voici. Je vais mourir si vous ne venez pas à mon secours. Voulez-vous m'apporter un seau d'eau?

A quoi je répondis par un signe de tête, en ajoutant:
- Volontiers, ma pauvre perche. Je vais de ce pas rendre visite aux Princes de plusieurs royaumes du sud. Ce sont, comme vous le savez, des pays où les eaux abondent et je ne manquerai pas de faire venir les eaux du fleuve Ouest pour vous abreuver.

Indignée, la perche répondit :
- Que dites-vous! Un seau d'eau apporté sur le champ suffirait pour me sauver la vie, mais s'il me faut attendre que vous fassiez venir les eaux du fleuve Ouest, il y a de fortes chances pour que je ne sois plus là lorsque vous reviendrez. Il vous faudra alors me chercher parmi les poissons salés!

Le Sot Orgueilleux

Le chariot d'un marchand passa près de la porte Est de la ville.

Il manquait une cheville à l'une de ses roues qui menaçait de se détacher d'un moment à l'autre et le chariot était en grand danger de se renverser.

Un passant, au bord de la route, s'écria obligeamment.
- Arrêtez, la roue de votre chariot a perdu une cheville!

Sans répondre, le marchand continua son chemin.

Le passant se mit à courir, rattrapa la voiture, saisit le brancard et cria au conducteur:
- N'avez-vous pas entendu? La cheville de votre roue est tombée; si vous ne la faites pas remplacer tout de suite, votre chariot va verser!

Le commerçant répliqua froidement:
- Oui, oui... Je vous ai entendu tout à l'heure, mais en quoi cela peut-il bien vous intéresser que la cheville de ma roue soit tombée? Mêlez-vous donc de vos affaires!

Deux Chasseurs d'Oies Sauvages

Deux frères, voyant approcher une bande d'oies sauvages, préparèrent leurs arcs.

- Si nous tuons une oie sauvage, nous la ferons cuire en daube, dit l'un.

- Non, dit l'autre, c'est bon pour accommoder les oies sauvages tuées à terre, mais celles que l'on tue en plein vol doivent être rôties.

Pour régler cette discussion, ils en référèrent au chef du village.

- Coupez l'oie en deux, conseilla le chef, et que chacun l'apprête à sa façon.

Seulement lorsque les deux chasseurs furent prêts à tirer, les oies sauvages étaient loin à l'horizon.

Les Bateaux Vétustes

Lorsque Hu Lizi quitta la capitale pour s'en retourner dans son pays natal, le premier ministre mit à sa disposition un fonctionnaire pour l'accompagner.
- Parmi les bateaux du gouvernement, dit-il, choisissez pour votre voyage celui qui vous plaira le mieux.

Le jour du départ, Hu Lizi arriva le premier à l'embarcadère; il y avait plusieurs milliers d'embarcations amarrées le long du rivage. Il cherchait à reconnaître les bateaux gouvernementaux, mais n'y parvenait pas.

Lorsque le fonctionnaire qui devait l'escorter arriva, il lui demanda :
- Il y a tant de bateaux ici ! Comment distinguer ceux du gouvernement ?

- Rien de plus facile, répondit son interlocuteur, ceux dont la bâche est trouée, les rames brisées et les voiles déchirées sont tous des bateaux du gouvernement.

Hu Lizi leva les yeux au ciel, soupira et se dit en lui-même :
"Ce n'est pas étonnant que le peuple soit misérable. L'Empereur le considère sans doute comme propriété du gouvernement, lui aussi."

Le Petit Oiseau et le Rocq

Autrefois, il y a bien longtemps de cela, existait sur Terre un oiseau gigantesque appelé Rocq. Son dos était aussi vaste que le Mont Taishan et lorsqu'il déployait ses ailes, il cachait le Soleil tel un immense nuage noir.

Pour prendre son envol, il soulevait un tourbillon de vent et il partait pour franchir quatre-vingt-dix milles lieues d'un seul trait.

Un jour alors qu'il se rendait du Pôle Nord au Pôle Sud, il fut aperçu à mi-chemin par un moineau.

"Mais où va-t-il donc ? se dit le petit oiseau en ricanant. Moi, je sautille de-ci de-là, je prends mes ébats tout à mon aise dans les broussailles d'où je m'élance parfois jusqu'à une hauteur de dix pieds. N'est-ce pas déjà admirable ? Lui, où prétend-il aller encore ?"

Voilà deux façons de voir les choses nées de la différence de taille.

La Grenouille et son Logis

Une grenouille avait élu domicile au fond d'un puits abandonné. Un jour, elle vit sur la margelle une grande tortue de mer. La grenouille se mit à vanter à l'étrangère les avantages que lui procurait son logis:

- Regardez, dit-elle, comme je me trouve bien dans mon puits. Quand l'idée m'en vient, je prends mes ébats autour de la margelle. Une fois fatiguée, je me retire au fond du puits pour me reposer contre la paroi du mur en brique. Tantôt je m'accroupis tranquillement dans l'eau, la tête et la bouche seules émergeants; tantôt je me promène dans la boue tout aussi agréablement. Regardez-moi ces bandes de crabes et de têtards, aucun d'entre eux ne pourrait se comparer à moi ! D'ailleurs, maîtresse de mon logis, j'y jouis d'une liberté entière. Pourquoi ne venez-vous pas me rendre une petite visite amicale de temps à autre?

La curiosité mise en éveil par ces paroles, la tortue voulut voir le puits tant vanté, mais à peine eut-elle levé la patte gauche qu'elle se sentit retenue par la patte droite qui ne pouvait pas passer. Epouvantée, elle recula de deux pas et à son tour, vanta à la grenouille les beautés de son logis à elle:

- N'avez-vous jamais vu la mer? lui dit-elle. Elle s'étend sur plus de mille lieues et est profonde de plus de dix milles pieds. Dans les temps anciens, le déluge sévissait neuf années sur dix, mais la mer marquait à peine une légère crue; un peu plus tard la sécheresse désolait la terre sept années sur huit, mais c'était à peine si le niveau de la mer baissait. Vous voyez, ni déluge ni sécheresse n'ont d'influence sur elle. C'est un vrai bonheur que de vivre dans les vastes océans.

A ces mots, la grenouille confondue, ne trouva plus rien à répondre.

Le Bon Remède

Il y avait dans le royaume de Song une famille de blanchisseurs qui possédait un remède pour les gerçures. C'était un onguent particulièrement efficace dont la recette était gardée secrète de père en fils.

Quelqu'un ayant eu connaissance de ce fait, vint trouver les blanchisseurs et proposa de leur acheter le secret:
- Je vous donne cent onces d'argent, leur dit-il, si vous consentez à m'indiquer la recette.

Les blanchisseurs tinrent conseil. Leur métier était de si peu de rapport qu'ils trouvèrent très avantageuse l'offre de l'étranger et l'acceptèrent sans plus tarder.

Une fois en possession du secret, l'étranger alla l'offrir au roi Wu.

Plus tard la guerre éclata entre le royaume de Wu et le royaume de Yue. C'était un combat naval et l'on était en plein hiver. Les soldats eurent les mains gercées, mais grâce au fameux remède, ils furent vite guéris et remportèrent sans difficulté la victoire. Le roi donna une récompense magnifique à celui qui avait fait connaître le remède.

C'était le même onguent, mais dans le premier cas il fut juste bon pour aider une famille de blanchisseurs, alors que dans le second il sauva un royaume. Il en est ainsi de toutes choses, tout dépend de l'usage qu'on en fait.

Deux Bergers Distraits

Deux petits bergers, Gu et Zang, rentrèrent un soir sans leur troupeau.
Le maître demanda:
-Zang, où sont tes brebis?
Et Zang répondit :
- J'avais emporté un livre avec moi; j'étais tellement absorbé par la lecture que les brebis s'en sont allées sans que je m'en aperçoive.
- Et toi, Gu, comment as-tu fait pour perdre tes brebis, toi aussi?
* Et Gu répondit :
- J'ai joué aux échecs avec mes camarades; j'étais tellement absorbé par le jeu que les brebis s'en sont allées sans que je m'en aperçoive.

Deux passions différentes avaient entraîné les deux enfants à négliger leur devoir,
deux passions différentes qui avaient abouti au même résultat.

La Sacoche Volée

Il y avait autrefois un homme de piètre intelligence qui se rendait à la ville pour prendre part aux examens officiels. En route, sa sacoche lui fut volée par des bandits.

- Les bandits m'ont volé ma sacoche, mais ils ne pourront rien me prendre! dit-il.

Et comme on lui demandait ce qu'il entendait par là, il répliqua :
- La clef de ma sacoche pend encore à ma ceinture, comment les bandits pourraient-ils l'ouvrir?

Avaler le Jujube tout entier

Un sot, un jour entendit cette conversation :
- Les poires sont bonnes pour les dents mais nuisibles pour la rate, les jujubes au contraire ne valent rien pour les dents, mais font du bien à la rate.

Il réfléchit longuement et dit :
- Je mâcherai les poires, mais ne les avalerai pas, ainsi elles ne pourront nuire à ma rate. J'avalerai les jujubes sans les mâcher, ainsi ils ne pourront gâter mes dents.

L'un de ses amis déclara :
- Voilà ce qui s'appelle "Avaler le Jujube tout entier"!

Tout le monde éclata de rire.

Note : "Avaler le jujube tout entier" : Expression courante pour exprimer "Agir sans Réflexion".
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:31

La Lance et le Bouclier

Il y avait autrefois un armurier qui vendait des lances et des boucliers.

Il prit un bouclier et déclara :
- Voilà mon bouclier; Il est si solide qu'aucune arme si tranchante soit-elle, ne saura le percer.

Ensuite, il prit une lance et dit :
- Voilà ma lance. Elle a une pointe si affilée qu'aucune arme défensive, si solide soit-elle, ne saura lui résister.

Un homme de l'assistance que ces vantardises faisaient rire sous cape, se détacha du groupe et s'adressa au marchand :
- A ce que vous dites, votre lance est si pointue que rien ne saura lui résister et votre bouclier est si solide que rien ne saura le percer. C'est fort bien. Mais si vous prenez votre lance et foncez sur votre bouclier, qu'arrivera-t-il ?

Pris au dépourvu, notre marchand resta tout penaud, ne sachant que répondre.

Pourquoi Zeng Shen tua son Cochon

Un jour, la femme de Zeng Shen se préparait à sortir. Mais la voyant prête à partir et voulant sortir avec elle, son fils poussa de hauts cris.
Pour se débarrasser de lui, sa mère lui dit:
- Reste ici bien sagement, quand je serai de retour, on tuera le cochon, et tu en mangeras un bon morceau.

En rentrant à la maison, elle vit avec stupéfaction que son mari faisait des préparatifs pour tuer le cochon.
- Comment ? Dit-elle, tu vas le faire pour de bon !
Mais quand je parlais de tuer le cochon, c'était pour calmer le petit.

- Tu avais tort de parler ainsi, répondit Zeng Shen. Car, dans ses actions, ce sont toujours son père et sa mère qu'imite l'enfant. En mentant à ton fils, tu lui apprends à mentir. S'il vient à s'apercevoir que tu le trompes, il n'aura désormais plus confiance en toi. N'est-ce pas une fort mauvaise éducation que tu donnes à ton fils.

Et Zeng Shen tua effectivement le cochon.

Le Platane Abattu

Un homme avait dans sa cour un vieux platane desséché.
Son voisin lui dit:
- Si tu ne l'abats pas, ça te portera malheur.
Crédule, l'homme abattit l'arbre.

Voyant les branches mortes joncher le sol, le voisin lui en demanda quelques rameaux pour allumer son feu.
- C'est donc pour cela que tu m'as conseillé d'abattre l'arbre, s'écria l'homme en colère. Tu es un homme intéressé et dangereux, n'as-tu pas honte de te conduire ainsi avec ton voisin?

La Liberté des Tourterelles

Autrefois, il y avait dans le pays de Handan une coutume selon laquelle les habitants étaient tenus, le jour du Nouvel An d'offrir à leur Roi une quantité de tourterelles pour qu'il les remît en liberté. Tous ceux qui en avaient offert étaient récompensés par le Roi.

Quelqu'un demanda au Roi:
- Vous vous faites offrir des tourterelles pour les remettre en liberté; qu'elle peut bien être votre intention?
- C'est pour faire montre de ma clémence les jours de fête, répondit le Roi.

L'interlocuteur reprit:
- Quand le moment est venu de vous offrir les tourterelles, les gens du peuple s'en vont pourchasser à qui mieux mieux ces pauvres oiseaux. Ils en tuent autant qu'ils en capturent. Si vous voulez vraiment faire preuve de clémence, ne vaudrait-il pas mieux interdire de les attraper? Ce serait le plus sûr moyen de leur sauver la vie. A les attraper pour les libérer ensuite, on en fait mourir des quantités. Votre bienfaisance ne paye pas le mal que vous causez.

D'un signe de tête, le Roi convint que ces observations étaient parfaitement justes.

Le Roi et son Arc

Un Roi amateur de tir à l'arc se plaisait à passer pour un homme doué d'une force extraordinaire, mais en vérité il était incapable de bander un arc dont la traction dépassât trois cents livres.

Il se vanta devant ses généraux qui prirent chacun à leur tour l'arc, le bandèrent à demi, et s'écrièrent:
- Mon Dieu, c'est un arc d'au moins neuf cents livres ! Il n'y a que Votre Majesté qui soit capable de se servir d'un tel arc.
Et le Roi était ravi.

Voilà un Roi qui toute sa vie durant crut, grâce aux flatteries, qu'il pouvait bander un arc de neuf cents livres alors qu'en vérité il ne pouvait dépasser trois cents livres.

Le Faux Musicien

Le Roi Xuan de Qy aimait le faste et avait pour l'orgue de bambou un engouement sans limite. Il entretenait jusqu'à trois cents joueurs d'orgue, et les faisait jouer souvent ensemble.

Dans son royaume vivait un certain lettré nommé maître Nanguo. Maître Nanguo ne savait pas du tout jouer de l'orgue, mais misant sur l'excessive passion du Roi pour cet instrument, il se présenta au Palais et demanda à faire partie de l'ensemble royal.
Le Roi l'accepta, et de surcroît lui accorda une rémunération très élevée.

Chaque fois que l'on faisait jouer les musiciens, maître Nanguo s'emparait de son instrument et s'ingéniait à faire semblant de jouer. Ainsi les jours passèrent sans qu'il lui arrivât le moindre incident.

Quand le Roi Xuan mourut, son fils, le Roi Ming lui succéda. Hélas, le nouveau Roi n'avait pas les mêmes goûts que son père : Il aimait l'orgue, certes, mais le préférait joué en solo; c'est pourquoi il demanda à ce qu'on lui présentât les musiciens chacun à leur tour.

En apprenant cette nouvelle, maître Nanguo, le faux musicien s'enfuit.

L'Homme qui s'achète des Souliers

Un homme se prépare à aller au marché pour s'acheter des souliers.
Avant de partir il mesure son pied, en prend la dimension au moyen d'un brin de paille et se met en route. Mais s'étant trop hâté, il oublie de prendre la paille avec lui.

Arrivé au marché, il s'arrête devant la baraque d'un marchand de souliers, tâte sa poche et s'aperçoit qu'il n'a pas emporté le brin de paille.
- J'ai oublié d'apporter la mesure, dit-il au marchand et comme j'ignore la dimension du pied, il faut que je m'en retourne la chercher.

Et il se hâta de rentrer chez lui, prit la paille et repartit. Le chemin était long. Quand il arriva au marché, il était déjà tard, le marché était fermé. il ne put donc acheter les souliers et toute cette peine il se l'était donnée pour rien.

Alors, quelqu'un demanda :
- Est-ce pour vous-même ou pour un autre que vous achetez les souliers ?
- C'est pour moi-même, répondit-il.
- Mais n'avez-vous pas vos pieds au bout de vos jambes ? Alors à quoi bon être allé chercher la mesure ?

L'Elixir d'Immortalité

Le bruit courait que dans la montagne, à quelques milliers de lieues de la capitale, vivait un vieux moine taoïste qui détenait le secret de l'élixir d'immortalité.
Ayant eu vent de la chose, le Roi envoya un grand dignitaire chercher le secret.

Mais lorsque le messager arriva sur les lieux, le moine venait de mourir.

Furieux, le Roi accusa le dignitaire de s'être mis en retard par manque de diligence et le condamna au châtiment suprême.

Voilà un Roi qui n'était pas un parangon de sagacité. Il ne lui était, en effet, même pas venu à l'idée que si le moine avait possédé un élixir d'immortalité, il ne serait pas mort.

Le Chien qui fait tourner le Vin

Il y avait dans le royaume de Song un marchand de vin dont le cru était excellent et qui ne trichait jamais sur la mesure. Dans son débit, dont l'enseigne était bien en vue, il recevait ses clients avec empressement.

Cependant, son vin ne se vendait guère. On disait qu'il était tourné et sentait l'aigre à la grande consternation de notre marchand.

Un jour, il alla trouver un homme avisé pour le consulter sur la cause de la mévente.
- Auriez-vous un chien méchant ? lui demanda celui-ci.

- C'est vrai que j'ai un chien un peu méchant. Mais quel rapport cela a-t-il avec mon vin ?

- Il y en a un très grand. Quand vos clients vous envoient leur enfant, la pinte à la main, pour acheter du vin, et que votre chien le reçoit les griffes en avant, la gueule menaçante, se jette sur les mollets, et lui déchire ses habits, comment voulez-vous que votre seuil ne devienne pas pour lui une zone de danger. Rien d'étonnant si votre vin tourne et ne se vend pas.

L'Ecrin et les Perles

Un homme du royaume de Chu devait se rendre au royaume de Zheng pour y vendre des perles.

Il fabriqua, pour y serrer ses perles, un écrin en bois de grande valeur qu'il fit ensuite graver, parfumer et orner de toutes sortes de pierres précieuses. C'était un écrin vraiment admirable.

Un Homme du royaume de Zheng, émerveillé par la beauté de l'écrin, l'acheta, mais rendit au marchand les perles qu'il contenait.

C'était là un homme qui s'y connaissait sans doute à vendre des écrins, mais non des perles.
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:34

Le Prince qui aimait les Dragons

Le Prince Ye était réputé pour avoir la passion des Dragons. Chez lui il en avait fait peindre sur les murs, gravés sur les piliers. Bref, sa maison était pleine de Dragons.

Quand le véritable Dragon eut connaissance de ce fait, il descendit du ciel chez le Prince pour l'honorer en personne de sa visite. Il passa sa grosse tête par les croisées du sud, tandis que sa queue s'enroulait sur les croisées du nord.

A ce spectacle, le Prince, au bord de la folie, s'enfuit le plus vite qu'il put.

Ceci prouve que le Prince de Ye s'était engoué non du véritable Dragon du ciel, mais simplement de ces soi-disant Dragons peints sur les murs et gravés sur les piliers.

Trop de Chemins

Un jour un voisin de Yangzi laissa s'échapper un de ses moutons. Après avoir envoyé tous les siens à la poursuite de l'animal, il se précipita chez Yangzi en le priant de lui prêter ses valets pour se joindre aux recherches.
- Eh quoi! s'écria Yangzi, tant de monde pour retrouver un malheureux mouton!
Le voisin répondit:
- Il y a trop de chemins qui se croisent, alors il faut beaucoup de gens pour suivre la piste du mouton.

Un peu plus tard, les valets rentrèrent l'un après l'autre.
Yangzi demanda à son voisin:
- Avez-vous retrouvé le mouton?
Le voisin secoua la tête d'un air découragé et dit:
- Non, il est perdu.
- Pourquoi n'avez-vous pas pu le rattraper?
- Il y a trop de chemins qui se croisent, répondit le voisin, de sorte qu'on ne sait quelle route le mouton a prise et nous sommes tous rentrés.

Cette histoire affecta beaucoup Yangzi qui, de toute la journée, resta sombre et silencieux. Etonné, un de ses disciples lui dit:
- La perte d'un mouton n'est pas une telle affaire, de plus il n'était pas à vous. Alors pourquoi en être si affligé?
Mais Yangzi gardait toujours le silence...

N'étant pas parvenu à recevoir de réponse, le disciple alla tout raconter à Xin Duzi:
- Vous êtes son disciple, lui dit ce dernier, et pourtant vous ne le comprenez pas. On n'a pas pu retrouver le mouton parce qu'il y a trop de chemins qui se croisent en tous sens. Eh bien de même, si nous autres, érudits, au lieu de concentrer notre attention sur un seul point, nous perdons notre temps à courir tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, nos efforts n'aboutiront à rien, tout comme ces gens qui n'ont pas pu retrouver le mouton.

Le Paysan qui attendait son Lièvre

C'était un paysan qui vivait dans le royaume de Song. Un jour qu'il travaillait dans les champs, il vit passer comme un trait un lièvre qui alla donner contre un arbre au bord de la route et s'y rompit le cou.

Le paysan ramassa le gibier sans se donner plus de peine.

A partir de ce jour, il allait chaque matin dans son champ, posait sa houe à terre, s'asseyait sous l'arbre, prenait ses genoux dans ses mains et attendait qu'un deuxième lièvre vînt se rompre le cou comme le premier.

De deuxième lièvre, il n'y en eut point, mais notre homme devint la risée de tout le royaume.

Les Serpents Déménagent

Une grande sécheresse sévissait. L'étang était à sec. Deux serpents d'eau se virent obligés de déménager.

le plus petit dit à l'autre :
- Si tu marches devant et que je marche derrière, j'aurais l'air d'être ton serviteur et on ne manquera pas de tuer le maître. Avisons donc. Tu vas prendre ma queue entre tes dents et je vais en faire autant pour la tienne, puis je monterai sur ton dos. Cette position adoptée, nous nous mettrons en route. Quand les gens nous verront, ils me prendront pour une Divinité et nous laisseront tranquillement aller jusqu'à la rivière.

En effet, sur le passage des deux serpents tous s'écartaient respectueusement en s'écriant:
- Voilà une Divinité qui passe.

L'Arc et la Flèche

Un homme vantait la qualité de son arc :
- Regardez mon arc. Il est si bon que je n'ai nul besoin de flèche.

Un autre vantait la qualité de sa flèche :
- Regardez ma flèche. Elle est si bonne que je n'ai nul besoin d'arc.

Juste à ce moment vint à passer un maître archer qui s'arrêta pour leur dire :
- Ce que vous avancez là est absolument insensé. Sans arc, comment ferez-vous partir les flèches ? Et sans flèche, avec quoi frapperez-vous la cible ?

Puis il demanda à l'un son arc et à l'autre sa flèche, et se mit à leur enseigner l'art du tir.

C'est alors que les deux hâbleurs comprirent pour la première fois que l'arc ne peut se passer de la flèche, pas plus que la flèche ne peut se passer de l'arc.

Le Cocher Vaniteux

Un jour, Yanzi, premier ministre du royaume de Qi sortit en voiture. Au moment où son attelage passait devant la maison de son cocher, la femme de ce dernier, épiant par les fentes de la porte, vit son mari qui, installé sous le grand dais, faisait claquer son fouet d'un air triomphant, visiblement tout gonflé de son importance.

Quand le cocher fut de retour chez lui, sa femme lui déclara qu'elle voulait le quitter. Abasourdi, il lui demanda la raison d'une telle décision.

- Yanzi est le premier ministre de Qi, lui répondit-elle, il jouit d'une grande réputation. Aujourd'hui je l'ai vu passer, il était assis dans sa voiture, le maintien modeste, nullement préoccupé de se donner des airs. Tandis que toi, qui après tout n'es qu'un cocher, tu jouais les grands personnages. C'est pourquoi, je ne veux plus vivre avec toi.

A partir de ce jour les manières du cocher changèrent complètement, il devint d'une modestie exemplaire.

Frappé de ce changement subit, le ministre s'en fit expliquer la cause.

Il en conçut de l'estime pour cet homme qui avait su se corriger avec une telle promptitude et le présenta au Roi pour qu'il le nommât à un poste officiel.

Une Leçon d'Echecs

Il y avait autrefois un joueur d'échecs renommé qui s'appelait Qiu. Personne ne pouvait l'égaler et il n'avait jamais rencontré d'adversaire digne de lui dans la région.

Qiu enseignait à deux jeunes gens l'art des échecs. L'un d'eux s'appliquait beaucoup et suivait les explications du maître avec attention, alors que le second était distrait. Il était bien là comme son camarade, ayant l'air d'écouter, les yeux fixés sur le jeu; mais en réalité sa pensée était ailleurs: Il songeait tout le temps aux oies sauvages qui passaient dans le ciel et dont il lui semblait entendre les cris, et il aurait voulu prendre son arc et aller en abattre quelques-unes.

Il en résulta que le premier élève devint vite un joueur d'échecs consommé tandis que l'autre, bien qu'il eût passé beaucoup de temps à apprendre ce jeu n'en retint que quelques vagues rudiments.

Etait-ce que son camarade était plus doué que lui ? Que non pas; il faut en chercher ailleurs la cause.

Le Voleur de Poulets

Un homme avait pris l'habitude de voler les poulets de ses voisins et ne laissait pas passer un seul jour sans en voler un.

Un ami lui dit :
- C'est très mal de voler. Tu dois absolument te débarrasser de cette manie.

Le voleur répondit:
- Tu as raison. Je sais bien que c'est mal de voler le bien d'autrui, mais cela est devenu une habitude dont il m'est difficile de me défaire d'un coup. Désormais je tâcherai de voler moins souvent. Je volais un poulet tous les jours; à partir d'aujourd'hui, j'en volerai un tous les mois. L'année prochaine, j'aurai complètement cessé de voler. Qu'en penses-tu ?

S'il est bien établi que le vol est une pratique malhonnête, nul besoin de délai pour s'en abstenir. Le plus tôt est le mieux. A quoi bon attendre "l'année prochaine !"

De la Différence entre Cinquante et Cent Pas

Le Roi Hui des Liang aimait la guerre avec passion. Un jour il dit à Mencius:
- Je m'occupe des affaires de l'Etat avec le plus grand soin. Au cas où la disette sévit à l'Ouest du fleuve, je fais émigrer une partie des habitants dans la région Est, d'où je prends des vivres pour les transporter dans la région de l'Ouest; et je fais de même lorsque c'est dans la région Est que sévit la disette. J'ai observé les rois des Etats voisins, ils sont loin de se préoccuper autant que moi de leur peuple et pourtant la population ne diminue pas plus dans leur royaume qu'elle ne s'accroît dans le mien. Pourquoi cela ?

Mencius répondit :
-Vous aimez beaucoup la guerre. Je vais vous expliquer la chose à l'aide d'une comparaison tirée de cet art : Déjà la bataille s'engage au roulement du tambour, les soldats se jettent les uns sur les autres, l'épée à la main. Mais voilà que bientôt les vaincus arrachent leur épaisse cotte de mailles pour s'enfuir avec plus de légèreté, portant leurs armes à bout de bras. Supposez un guerrier qui, ayant accompli une cinquantaine de pas, s'aviserait de rire d'un autre qui en a fait cent : "Poltron ! lui dit-il, tu as peur de mourir?"
Cet homme a-t-il le droit de parler ainsi?

Le Roi répondit :
- Nullement. Pour n'avoir parcouru qu'une cinquantaine de pas il n'en est pas moins un fuyard.

Mencius reprit :
- Si Votre Majesté en convient, comment se fait-il qu'elle espère voir la population de son royaume augmenter davantage que dans les autres !

L'Agriculteur Impatient

Dans le royaume de Song vivait un homme si peu patient qu'il voulait absolument voir les jeunes plants de riz pousser à vue d'oeil dans les champs.

Un jour il s'avisa d'un expédient : il entra dans le champ, saisit chaque plant l'un après l'autre et les tira légèrement de terre.
Puis harassé par sa besogne, il rentra chez lui et dit aux siens:
- Quel travail! J'en suis tout moulu! Mais les plants de riz ont bien poussé.

Son fils, incrédule, s'en fut voir. Hélas! déjà les pauvres plants commençaient à se flétrir.

Trouver inutile de biner les champs et laisser les plants sans soin est certainement une erreur, mais s'ingénier à les faire pousser en les tirant de terre est un travail non seulement inutile, mais encore très nuisible.
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:36

Le Renard et le Tigre

Le tigre ayant capturé un renard dans la forêt, voulut en faire son repas. Le renard, rusé compère, lui dit sans sourciller :
- Tu ne dois pas me manger, je suis envoyé par l'Empereur du ciel pour être Roi chez les animaux. Il t'en cuira si tu désobéis aux ordres de l'Empereur Céleste.

Vu la petite taille du renard, le tigre faisait peu de cas de ses vantardises.
Le renard repris :
- Si tu doutes de mes paroles, mets-toi derrière moi, nous allons faire un tour dans la jungle. Tu verras comment les animaux seront frappés de terreur à ma vue.

Le tigre y consentit.
Les voilà partis, le renard devant, le tigre derrière, suivant de près.

A la vue du tigre, tous les animaux s'enfuient pris de panique. Se retournant alors vers le tigre, le renard lui dit d'un air triomphant :
- Regarde, tous me craignent!

Et le tigre d'acquiescer :
- Certes, tu jouis d'un prestige incontestable. Dès qu'ils te voient, ils se sauvent tous.

La Fausse Rumeur

Zeng Shen était le disciple de Confucius. Il avait quitté le toit familial pour se rendre dans le royaume de Fei.

Là vivait un homme qui portait aussi le nom de Zeng Shen, et cet homme avait commis un meurtre. Un inconnu prit le bon disciple de Confucius pour l'assassin, alla trouver sa mère et lui dit :
- Je viens d'apprendre que votre fils Zeng Shen a tué un homme dans le royaume de Fei.

La vieille femme, qui était en train de tisser, lui répondit sans lever la tête :
- Mon fils n'est pas capable d'un pareil forfait.
Et elle continua calmement à tisser.

Au bout d'un instant un deuxième inconnu survient:
- Votre fils Zeng Shen a tué un homme.

La mère restant assise, continua à tisser tranquillement.

Au bout d'un instant, un troisième homme arriva, apportant la même nouvelle :
- Zeng Shen a tué un homme.

Du coup, prise de peur, elle jeta sa navette et se sauva en escaladant la clôture.

Zeng Shen était, au su de tous, un homme de vertu et sa mère avait en lui une entière confiance, pourtant lorsque trois hommes l'eurent, l'un après l'autre, accusé d'un meurtre, même sa mère commença à douter de lui.

La Mauvaise Direction

Un homme partit de son pays dans le bassin du Fleuve Jaune pour se rendre au royaume de Chu dans le bassin du Yangzi.

Tout le monde sait que le royaume de Chu était au sud. Cependant, cet homme monta dans sa voiture attelée et se fit conduire vers le nord.

Sur la route on essaya de le détromper:
- Voyons, vous vous trompez de route. Pour se rendre au royaume de Chu, il faut se diriger vers le sud. Pourquoi allez-vous dans la direction opposée?
Mais notre voyageur répondit:
- Cela ne fait rien. J'ai là de bons chevaux qui vont vite.
- Vous pouvez avoir de bons chevaux, mais si vous continuez à avancer dans cette direction, vous n'arriverez pas au royaume de Chu.
Le voyageur reprit:
- Cela ne fait rien. J'ai beaucoup d'argent sur moi.
- Vous pouvez avoir beaucoup d'argent, ça ne vous servira à rien;si vous persistez dans cette direction, jamais vous n'arriverez au royaume de Chu.
- Cela ne fait rien. J'ai là un cocher qui sait conduire à merveille.

Ainsi, s'obstinait le voyageur qui voulait se rendre au royaume de Chu en se dirigeant vers le nord.
Quelqu'un lui dit :
- D'avance je vous mets en garde; meilleurs sont vos chevaux, plus garnie votre bourse et plus habile votre cocher, plus vous vous éloignerez du royaume de Chu.

Dessiner un Serpent avec des Pattes

Dans le royaume de Chu, une famille faisait des offrandes aux ancêtres. Le rite accompli, un pichet de vin fut donné aux gens de service.

Ils étaient cependant tellement nombreux qu'il eût été difficile de faire boire tout le monde. Après un bon moment d'hésitation, on finit par prendre le parti suivant :
Chacun dessinerait un serpent sur le sol et celui qui aurait fini le premier, recevrait le pichet de vin.

Il y avait parmi eux un dessinateur habile qui en un tour de main eut achevé son serpent. C'était bien à lui que le vin revenait de droit.

Il regarda autour de lui. Tout le monde s'appliquait. Alors, prenant le pichet de la main gauche, il détacha avec sa main droite un branche d'arbuste et s'exclama d'un air triomphant:
- Que de temps vous mettez à la besogne! Je vais ajouter des pattes à mon serpent.

Pendant qu'il s'amusait à faire des pattes à son serpent, un de ses camarades termina le sien. D'un coup brusque, il lui arracha le pichet de la main en disant :
- Un serpent n'a point de pattes, pourquoi lui en ajouter? C'est donc moi qui ai achevé le premier et non pas toi!
Et il se mit à boire.

C'est ainsi que celui qui avait dessiné des pattes à son serpent vit lui échapper ce qu'il avait en main.

La Lumière Partagée

Quelques jeunes filles avaient coutume de se cotiser pour acheter de l'huile, avec laquelle elles entretenaient la nuit une lampe pour travailler en commun.

L'une d'entre elles était très pauvre, si pauvre qu'elle ne pouvait pas verser sa part.
Ses camarades moins pauvres qu'elle se lassèrent de la voir venir sans apporter sa part et voulurent la chasser.

Sur le seuil, la pauvre fille se retourna vers ses camarades et dit:
- Je n'ai pas d'argent pour acheter l'huile, mais j'arrivais toujours la première, je me mettais à faire la pièce pour vous, à arranger les sièges pour que vous puissiez travailler confortablement. Pourquoi vous montrez-vous si avares d'un peu de lumière? La lampe n'en a-t-elle pas assez pour éclairer toute la pièce? Laissez-moi en profiter. Vous n'y perdrez rien et j'y gagne beaucoup. Pourquoi voulez-vous me chasser?

Convaincues par ces mots, les jeunes filles reconnurent leur tort et prièrent leur camarade de rester.

L'Arbitre des Elégances

Zou Ji, du royaume de Qi, avait une taille de plus de quatre vingt pouces. C'était un fort bel homme.

Un jour, il s'habilla avec grand soin, se regarda dans le miroir et dit à sa femme:
- Lequel est le plus beau, le seigneur Xu qui habite le quartier nord ou moi?

Sa femme répondit:
- Tu es bien plus beau que le seigneur Xu.

Cependant, le seigneur Xu passait généralement pour le plus bel homme du royaume. Que lui, Zou, fût encore plus beau, c'est ce qu'il avait peine à croire. Il s'adressa donc à sa concubine:
- Qui te paraît le plus beau, le seigneur Xu ou moi?

La concubine répondit:
- Le seigneur Xu t'est bien inférieur.

Quelques instants après, un de ses protégés vint lui faire visite. Au cours de la conversation, Zou Ji renouvela encore une fois la question:
- Qui est le plus beau, le seigneur Xu ou moi?

Et l'homme de répondre:
- Vous êtes bien plus beau que lui.

Le lendemain, le seigneur Xu vint en personne lui rendre visite. Il put donc examiner à loisir cet homme qui lui parut d'une beauté incontestablement supérieure à la sienne. Il prit de nouveau le miroir qui lui confirma cette vérité. Il était évident que le seigneur Xu était le plus beau des deux.

Le soir, quand Zou Ji se fut couché, il repensa à son aventure. Voici la conclusion qu'il en tira:
- Si ma femme a dit que j'étais plus beau que le seigneur Xu, c'est qu'elle était partiale; si ma concubine a exagéré ma beauté, c'est qu'elle avait peur de moi; si le visiteur a fait de même, c'est qu'il avait quelque faveur à me demander.

L'Achat d'un bon Cheval

Il y avait autrefois un Roi qui était prêt à donner mille pièces d'or pour avoir un coursier de race. Mais au bout de trois ans de recherches, le cheval était encore à trouver. Un de ses eunuques demanda à être chargé de cette mission, ce que le Roi lui accorda volontiers.

L'eunuque se mit en quête, et au bout de trois mois on lui signala un bon cheval. Mais quand il se présenta chez le marchand, le cheval venait de mourir. Après quelques délibérations, il décida d'acheter, au prix de cinq cents pièces d'or, la carcasse du cheval mort dont il rapporta la tête.

Quand le Roi la vit, il se mit fort en colère :
- Je veux un cheval vivant, s'exclama-t-il, et tu me rapportes là la tête d'un cheval mort. A quoi cela sert-il? Tu gaspilles mon argent pour rien.

Alors sans se troubler le moins du monde, l'eunuque expliqua :
- Le fait que vous avez acheté la carcasse d'un cheval mort pour cinq cents pièces d'or donnera à penser quel prix vous accorderiez pour un coursier vivant. Quand cela se saura, vous passerez aux yeux de tous pour un grand amateur de chevaux de race et ceux qui en possèdent viendront d'eux-mêmes se présenter à votre porte. Attendez-les.

En effet, moins d'un an après, le Roi était possesseur de trois magnifiques coursiers.

La statuette de terre et la marionnette

Le Prince Mengchang voulait quitter sa patrie, le royaume de Qi pour se rendre au royaume de Qin où il espérait se voir attribuer de hautes fonctions. Les gens de sa suite essayèrent en vain de l'en dissuader.L'un d'entre eux, cependant, eut l'idée d'une métaphore qui le convainquit.
- Un jour que je traversais la rivière Zihe, j'ai surpris la conversation d'une marionnette et d'un statuette de terre.

La marionnette disait à la statuette :
- A l'origine, vous n'étiez qu'un morceau de terre de la rive ouest, c'est de cette terre que vous avez été faite. S'il se met à pleuvoir en abondance, le eaux du fleuve, en débordant, pourront fort bien vous détruire.

Et la statuette lui répondit :
- Je serai détruite, c'est vrai; mais je retrouverai simplement ma première forme, je redeviendrai un morceau de terre, voilà tout; tandis que vous, qui avez été faite d'un arbre du verger de la rive est, s'il se met à pleuvoir en abondance, les eaux du fleuve, en débordant, vous emporteront à leur guise et vous ne serez plus maître de votre destinée. Sur quel rivage irez-vous échouer ?

Après avoir écouté ce récit, le Prince renonça a son projet d'aller au royaume de Qin.

L'épée perdue

Un voyageur traversait le fleuve en bateau. Dans un moment de distraction il laissa tomber son épée dans l'eau.

Il fit immédiatement une entaille sur le rebord du bateau à l'endroit même où l'épée avait glissé dans l'eau.
- C'est par ici, dit-il, que mon épée est tombée. Tout à l'heure quand le bateau accostera, je descendrai sous l'endroit marqué pour chercher mon épée.

Le bateau avait fait du chemin depuis la chute de l'épée, tandis que celle-ci était restée sans bouger au fond du fleuve. Le voyageur n'était-il pas mal avisé de vouloir chercher son épée de cette manière là ?

Le fils d'un bon nageur

Un voyageur passant sur la rive d'un fleuve vit un homme qui tenait un jeune garçon dans les bras et semblait avoir l'intention de le jeter à l'eau.

L'enfant terrifié, poussait des cris.

Le voyageur s'approcha et lui demanda :
- Pourquoi voulez-vous jeter l'enfant dans le fleuve? Il va s'y noyer.

- Rassurez-vous, lui répondit-il. C'est le fils d'un homme qui sait nager à la perfection.

Le voyageur reprit :
- Il est possible que le père de ce petit soit un bon nageur, mais lui-même sait-il nager sans l'avoir appris?
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:37

Difficile à Satisfaire

Un homme pauvre rencontra sur sa route un ancien ami. Ce dernier possédait une puissance surnaturelle qui lui permettait de faire des miracles.

Comme l'homme pauvre se plaignait de sa vie difficile, son ami toucha du doigt une brique qui se transforma aussitôt en or. Il l'offrit au pauvre qui trouva que c'était trop peu.

L'ami toucha un lion de pierre qui se changea en un lion d'or massif. Il l'ajouta à la brique d'or. Le pauvre trouva encore le cadeau insuffisant.

- Que désires-tu donc de plus? Demanda le faiseur de prodiges.

- Je voudrais ton doigt! Répondit l'autre.

La Cloche

Un homme ayant aperçu une cloche en bronze dans une maison délabrée, voulut s'en emparer. Il essaya de la charger sur son dos, mais elle était si lourde qu'il ne parvint pas à la soulever.

Il s'avisa d'un moyen qui lui semblait bon :
Mettre la cloche en pièces, puis en emporter les morceaux un à un. Mais à peine l'eut-il touchée, qu'elle se mit à tinter. De peur qu'attiré par le son on vienne la lui disputer, il se boucha les oreilles.

Passe encore de vouloir empêcher les autres d'entendre, mais ne pas vouloir entendre soi-même, a-t-on jamais rien vu de plus stupide?

Un Cavalier Maladroit

Chargé d'une mission urgente, un cavalier ayant grande hâte d'arriver pressait sa monture; mais il avait beau jouer de la cravache, le cheval refusait de prendre le galop.

Arrivé au bord d'une rivière, le cheval s'arrêta net. Exaspéré, le cavalier mit pied à terre et, pour punir l'animal, il le renversa dans l'eau.

Puis, ayant jugé la punition suffisante, il le tira de là, l'enfourcha et continua son chemin. Mais au bout d'un instant, le cheval s'arrêta de nouveau. Le cavalier remit pied à terre et renversa encore le cheval dans l'eau.

Trois fois la scène se répéta, mais le cheval n'en accéléra pas pour cela son allure.

Si l'on ignore l'art de manier un cheval, menaces et punitions prodiguées à son égard ne sont d'aucun secours.

Une Vieille bien Avisée

Une vieille femme s'était liée d'amitié avec sa jeune voisine. Un jour, cette dernière, soupçonnée par sa belle-mère d'avoir mangé en cachette un morceau de viande, vint se plaindre à sa vieille amie.

- Ma belle-mère veut me chasser, lui dit-elle

- Reste là, lui dit la bonne femme. Tu vas voir, je vais faire revenir ta belle-mère sur sa décision.

Là-dessus, elle prit une botte de paille et se rendit chez ses voisins.

Quand elle vit la belle-mère, elle fit semblant d'ignorer la querelle, et dit simplement :
- Quel ennui ! Pour un morceau de viande mes deux chiens ne cessent de faire du bruit. Veux-tu me passer du feu, je vais allumer ma lampe et les rosser pour les faire taire.

A ces mots, la voisine comprit son erreur et ne menaça plus sa bru.

Pour convaincre quelqu'un l'important est de savoir s'y prendre. Les grands discours ne sont pas forcément nécessaires.

Les Branches Fourchues

Les habitants d'un certain village de montagne avaient coutume de se servir de branches fourchues pour fabriquer les pieds de leurs tabourets.

Un jour, un paysan qui voulait réparer les pieds d'un tabouret, dit à son fils d'aller couper une branche fourchue dans la montagne. Le fils prit sa hache et s'en fut.

Après une journée, il revint bredouille. Son père lui reprocha son incapacité.
- C'est vrai, il y avait beaucoup de branches fourchues lè-bas, dit le fils, mais elles poussaient toutes dans le sens de la hauteur!

La Seiche

La seiche a huit bras qu'elle peut ramasser sur sa bouche, et en se rétractant, elle peut cacher sa bouche sous son corps. Et, pour plus de précaution contre le danger, elle émet un liquide noir comme de l'encre qui sert à la dissimuler.

Mais partout où les pêcheurs voient l'eau se noircir, ils jettent leurs filets... et les seiches sont prises.

La Chauve Souris.

Le jour de l'anniversaire du Phoenix, tous les oiseaux se présentèrent devant lui pour lui offrir leurs souhaits; seule la Chauve Souris ne se présenta pas.

Le Phoenix, fort vexé, lui en fit la remarque:
- Vous êtes mon sujet, dit-il et non mon suzerain!

La Chauve Souris répondit:
- Voyez mes pattes, suis-je un oiseau? Pourquoi vous aurais-je adressé mes hommages?

Mais le jour de l'anniversaire de la Licorne, la Chauve Souris ne parut pas non plus. La Licorne lui fit des reproches.

- Moi? dit la Chauve Souris, voyez mes ailes, je suis oiseau; pourquoi vous adresserais-je mes hommages?

Le Phoenix et la Licorne se rencontrant, se répétèrent les propos de la Chauve Souris.

"Le monde dégénère pour qu'une bête ayant quatre pattes et de telles ailes puisse y faire son apparition, soupirèrent-ils. Et nous n'y pouvons rien!"

L'Homme qui ménageait son Ane.

Un vieil homme, riche et avare, prêtait de l'argent à des taux usuraires; il ne se passait pas de jour qu'il n'allât toucher ses intérêts. Mais ses sorties quotidiennes le fatiguaient beaucoup. il achetat un âne. Il prit grand soin de sa monture et, à moins d'être vraiment à bout de forces, il ne montait jamais sa bête. Bref, l'homme chevauchait son âne tout au plus une quinzaine de fois par an.

Par un jour de forte chaleur, ayant un long trajet à faire, l'usurier résolut d'emmener son âne. A mi-route, le vieillard, haletant, se décida à enfourcher son baudet. Après deux ou trois "lis" de trajet, l'âne peu habitué à porter un cavalier se mit à haleter à son tour. Son maître, affolé, s'empressa de descendre et de débâter. L'âne crut qu'on n'avait plus besoin de ses services; il fit demi-tour et prit la route en sens inverse. Le vieillard lui cria de revenir, mais l'âne continua son trot sans se retourner.

Partagé entre la crainte de perdre son âne et celle de perdre son bât, le vieil homme rebroussa chemin, portant le bât sur son dos . Arrivé chez lui, sa première parole fut pour demander si l'âne était de retour.
- Mais oui, répondit son fils.

Le vieillard en fut très content, mais lorsqu'il se fut débarrassé du bât, la fatigue et la chaleur commencèrent à se faire sentir, il dut s'aliter et fut malade tout un mois.
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MessageSujet: Re: Histoires courtes   Histoires courtes Icon_minitime14/2/2007, 06:39

Deux bonzes et un Pèlerinage

Dans la montagne Emei, il y avait de nombreux monastères. Les bonzes des grands monastères étaient très riches et ceux des petits monastères, très pauvres.

Un jour, un bonze d'un petit monastère vint rendre une visite dans un grand monastère, pour faire ses adieux, car il partait en pèlerinage à Putuo, une île de la mer de l'Est. Or Putuo est à trois mille lis de la montagne Emei; il faut gravir de hautes montagnes et traverser bien des fleuves pour s'y rendre. Ce voyage compliqué dure des mois et parfois même des années.

Quand le bonze pauvre l'eut mis au courant de son projet, le riche bonze en resta suffoqué:
- Mais qu'emportez-vous pour votre voyage?

- Un pichet et une écuelle pourvoiront à tous mes besoins. Je recueillerai de l'eau dans mon pichet et quand j'aurai faim, je demanderai qu'on dépose l'aumône de quelque nourriture dans mon écuelle.

- Moi aussi, je désire accomplir ce pèlerinage; je me prépare depuis plusieurs années, dit le bonze riche, mais je n'ai jamais pu me mettre en route car il manque toujours quelque chose. Je crains que vous ne preniez les choses un peu trop à la légère, ce voyage n'est pas aussi facile que vous le croyez!

Un an plus tard, de retour de voyage, le bonze pauvre s'en fut saluer le bonze riche du Emeishan et lui raconta comment s'était passé son pèlerinage à Putuo.

Bien que décontenancé, le bonze riche avoua :
- Pour moi, je n'ai pas encore achevé mes préparatifs pour ce voyage.

Les Deux Myopes

Il y avait une fois deux myopes qui ne voulaient pas admettre leur infirmité; au contraire, chacun voulait prouver à l'autre qu'il avait une très bonne vue.

Ils apprirent un jour qu'une famille voisine allait faire porter un ex-voto au temple. Chacun s'enquit en secret de l'inscription qui y serait gravée.

Le jour où le panneau allait être mis en place, ils arrivèrent ensemble au temple. Levant les yeux, l'un des deux s'exclama:
- Quel beau panneau! "Glorieuse est ta renommée", dit l'inscription en quatre gros caractères.

- Ce n'est pas tout, ajouta l'autre, il y a encore quelques rangées de petits caractères que vous n'avez pas vues. Ces caractères disent le nom du calligraphe et la date de l'oeuvre.

En les entendant, l'une des personnes présentes demanda:
- De quoi parlez-vous donc?
- Nous discutons sur l'inscription que nous lisons sur le panneau d'ex-voto, répondirent-ils.

Tout le monde éclata de rire et quelqu'un leur dit:
- Vous vous trouvez devant un mur nu, le panneau n'est pas encore en place!

Un Caractère trop Faible.

Il était une fois un vieux paysan qui vivait du rapport de quelques mous de champ qu'il cultivait lui-même. C'était un homme sans caractère, mais qui prenait sa faiblesse pour une humeur paisible.

Un jour, on vint lui dire :
- Votre voisin a mené sa vache dans votre champ; elle a piétiné vos plants de riz.

- Il ne l'aura pas fait exprès, répondit le vieux paysan. Je ne peux lui en vouloir.

Le lendemain, on vint lui dire :
- Votre voisin est en train de moissonner le riz de votre champ.

- Mon voisin n'a pas grand'chose à manger, expliqua le vieux paysan, mon riz est mûr avant le sien, qu'il en récolte un peu pour nourrir sa famille, cela ne tire pas à conséquence.

Cette humilité qui poussait toujours le vieux à faire des concessions rendit le voisin de plus en plus hardi; celui-ci s'appropria une partie du champ du vieux voisin et pour faire un manche à sa houe, coupa une branche à l'arbre qui ombrageait le tombeau des ancêtres du vieillard.

Perdant patience, le vieux paysan vint lui demander des explications.
- Pourquoi vous êtes-vous approprié une partie de mon champ?

- Nos champs se tiennent, répondit le coquin, tous deux proviennent du même terrain inculte que nous avons défriché; la ligne de démarcation n'a jamais été bien tracée. Vous me reprochez d'empiéter sur votre champ? Mais c'est plutôt vous qui avez empiété sur le mien!

- Mais tout de même, pourquoi avez-vous coupé des branches à l'arbre qui ombrage la tombe de mes ancêtres?

- Et pourquoi n'avez-vous pas enterré vos ancêtres plus loin? Riposta l'autre, cet arbre a des racines qui s'étendent sous mes terres et des branches qui s'étalent au dessus de mon champ. Si je veux les couper, cela ne regarde que moi!

Devant tant de mauvaise foi, le paysan fut pris d'un tremblement de colère, mais sa faiblesse habituelle reprit le dessus et, saluant son voisin, il dit :
- Ce qui arrive est de ma faute, entièrement de ma faute! Je n'aurais pas dû vous choisir comme voisin!

Le Tabouret trop Bas

Il y avait un tabouret dans la demeure d'un certain sot; ce tabouret était trop bas et chaque fois que l'homme voulait s'en servir, il était obligé de le rehausser sur des briques. Excédé par cette manoeuvre compliquée, il chercha un expédient et eut un jour une inspiration subite, il appela son domestique et lui dit de monter le tabouret au premier étage.

Quand il s'assit, il trouva le tabouret aussi bas qu'au rez-de-chaussée.
- Et on dit que c'est plus haut à l'étage! Dit-il, je ne trouve pas.

Le Martin Pêcheur.

Le Martin Pêcheur est un oiseau craintif. Il bâtit son nid haut dans les arbres pour le mettre à l'abri des dangers qui peuvent menacer ses petits.

Quand les petits sont éclos, l'amour qu'il leur porte lui fait craindre qu'ils ne se blessent en tombant et il descend le nid;

Quand les petits se couvrent de plumes, l'amour des parents va grandissant et le Martin Pêcheur descend son nid encore plus bas, si bas que les hommes trouvant le nid à portée de leurs mains, peuvent s'emparer des petits à leur gré.

Les Orangs Outangs.

Les Orangs Outangs, assez intelligents pour deviner la causes d'un fait, ne le sont pas assez pour en prévoir les effets.

Ils descendent souvent par bandes dans les vallons. Pour les prendre, les villageois disposent du vin et du marc au bord du chemin, puis à côté ils posent des sandales de paille tressée reliées entre elles par des cordelettes. En apercevant le vin et les sandales, les orangs-outangs comprennent qu'il s'agit d'un piège, et comme ils savent les noms des ancêtres de chaque village, ils crient:
"Un tel nous tend un piège!" Ils s'éloignent, mais bientôt reviennent sur leurs pas.

Après plusieurs faux départs, ils décident de concert:
"Goûtons un peu de ce vin, juste une gorgée pour nous rendre compte du goût qu'il a". Mais ils ne s'arrêtent de boire que lorsqu'ils sont complètement ivres.

Quand les villageois arrivent pour se saisir d'eux, les orangs-outans ont chaussé entre temps les sandales reliées en chapelet qui rendent leur démarche titubante encore plus difficile.

Aucun n'arrive à s'échapper.

Une Demi-Journée de Congé.

Un grand personnage alla en visite dans un monastère bouddhiste. Après avoir bu de nombreuses coupes de vin, il se mit à réciter le passage d'un poème datant de la dynastie des Tang:

Passant par un monastère perdu dans les bambous, je m'arrêtai pour m'entretenir avec le bonze;
Arraché à ma vie agitée, je goûtai un moment de détente.

Le bonze l'écouta déclamer en riant.

- Pourquoi riez-vous? Demanda l'auguste visiteur.

- Parce que votre moment de détente m'a coûté trois jours entiers de préparatifs, répondit le vieux bonze.

Intégrité

Un certain mandarin plein de convoitise voulait se faire une réputation de fonctionnaire incorruptible. Lorsqu'il fut nommé à son premier poste, il fit serment devant les dieux de ne jamais se laisser circonvenir.

- S'il m'arrivait d'accepter de l'argent de la main gauche, que ma main gauche tombe en poussière! Si ma main droite accepte de l'argent, qu'elle aussi tombe en poussière! Clama-t-il.

A quelque temps de là, quelqu'un lui fit un jour apporter cent onces d'or pour s'assurer son appui dans une affaire. La crainte de la malédiction à laquelle il s'était exposé par son serment le faisait hésiter à accepter cet argent qu'il convoitait pourtant vivement. Ses subordonnés lui dirent:
- Que votre Honneur fasse mettre les lingots d'or dans sa manche, ainsi, si la malédiction agit, seule la manche tombera en poussière.

Le magistrat trouva le conseil bon et accepta l'or.
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