Rôles et Légendes
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 Légendes de 51 à 60

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Rhadamante

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MessageSujet: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:12

Le Vieil Homme qui plante de l'Or


PARTIE I

Il était une fois un Padicha cruel qui se livrait jour et nuit à des orgies.

L'Etat déclinait de jour en jour. Le peuple était si pauvre que dix familles n'avaient qu'une seule marmite. Le Padicha et ses ministres ne s'en souciaient nullement et continuaient à l'exploiter.

Les simples gens étaient à bout de patience. Un jour, ils se réunirent pour se consulter. L'un dit:
- Pourquoi ne présente-t-on pas une supplique au Padicha pour lui demander de réduire un peu les impôts et taxes excessifs?

Tout le monde fut d'accord avec lui. A ce moment-là, un vieil homme sortit de la foule en disant:
- Je crois que la supplique ne servirait à rien. Ce n'est pas que le Padicha ignore notre souffrance, c'est qu'il ne veut pas la soulager. J'ai une idée qui pourrait faire tomber le Padicha dans un piège...

Intrigué, on lui demanda:
- Dis voir qu'elle est ton idée ?

Le vieil homme répliqua:
- Ne m'en demandez pas plus. Si on avait de l'or, je pourrais tout arranger.

Tout le monde lui fit confiance et il réussit à trouver 20 kg d'or. Le vieil homme l'enterra sous un tas de sable près d'un chemin où le Padicha passait chaque fois qu'il partait pour la chasse au jour saint.

Ce jour-là, le Padicha et ses ministres sortirent de la ville pour aller chasser. Le vieil homme s'assit sur le sable, faisant semblant de le cribler avec soin. Par curiosité, le Padicha s'approcha de lui:
- Qu'est-ce que tu fais là?

- Oh, Votre Majesté! Un dicton dit: "Celui qui a un métier sera toujours joyeux, celui qui n'en a pas restera pauvre." Je suis en train de faire mon métier!

En entendant cela, le Padicha s'étonna:
- Quel est ton métier?

- Mon métier est merveilleux. Toutes les semaines, je plante de l'or sur ce sable et je le récolte au jour saint, répondit le vieil homme.

PARTIE II

Ne comprenant toujours pas, le Padicha demanda:
- Comment peux-tu le récolter? Le vieil homme continuait à cribler et dans son crible apparut de l'or brillant. Le Padicha le regardait, les yeux grands ouverts.

Constatant la convoitise du Padicha, le vieil homme lui dit:
- Votre Majesté! Vous voyez, c'est un bon métier, malheureusement je n'ai pas beaucoup de capital pour planter!

Le Padicha crut qu'il tombait au bon moment et dit:
- Dans ce cas-là, je te fournis de l'or et on cultive ensemble.

Le vieil homme accepta avec plaisir. Le lendemain matin, il obtint 10 kg d'or fourni par le Padicha. Au jour saint, il y ajouta encore 10 kg et offrit le tout au Padicha.

Le Padicha était ravi d'avoir vu sa mise doubler. Pourtant il était encore un peu sceptique. Il lui donna alors 10 kg d'or pour faire un nouvel essai.

Au jour saint suivant, le vieil homme offrit à nouveau au Padicha 20 kg d'or.

Cette fois, le Padicha lui fit complètement confiance et voulut planter en abondance. La décision prise, il lui donna la clé du trésor d'état.

Le vieil homme distribua de l'or au peuple. Au jour saint, il se présenta tout en pleurant devant le Padicha qui lui demanda précipitamment ce qui s'était passé; cependant le vieil homme pleurait de plus belle.
- Hélas! Votre Majesté, l'or que j'ai planté est mort de sécheresse!

Hors de lui, le Padicha hurla:
- Ce n'est pas vrai, je ne crois pas que l'or puisse mourir de sécheresse!

Très calme, le vieil homme répondit:
- Votre Majesté, puisque vous pensez qu'on peut planter de l'or dans le sable, comment ne croyez-vous pas qu'il puisse mourir de sécheresse dans le sable! C'est le ciel qui décide. Nulle chose n'est assurée d'une bonne croissance. Espérons une récolte abondante la prochaine fois.

Sur ce, le Padicha ne sachant où donner la tête ne trouva rien à répliquer.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:14

Le Pic aux Osmanthes de la Lune


PARTIE I

C'était sous le règne de l'Empereur Xuanzong de la dynastie des Tang.

Une nuit de la fête de la mi-automne, la Lune, toute ronde et comme accrochée au ciel, inondait tout le paysage de sa blanche clarté.

Vers minuit environ, le moine Deming, qui était chargé de faire la cuisine dans le temple Lingyin, se leva pour préparer un bouillon. Mais, avant même d'avoir quitté sa chambre, il fut tout étonné d'entendre un bruissement semblable à celui des gouttes de pluie. Il jeta un regard au dehors par la fenêtre, il faisait beau.
"D'où venait donc ce bruit?" se demandait-il.

Ouvrant la porte, il sortit et en levant la tête, vit d'innombrables graines, semblables à des perles, qui voltigeaient dans l'air pour tomber enfin sur le sommet du mont situé à côté du temple. Plein de curiosité, le moine contempla attentivement la "pluie" de graines et dès que celle-ci s'arrêta, il monta immédiatement sur le sommet pour les recueillir. Il les ramassa l'une après l'autre... Au lever du jour, il avait déjà rempli ses poches. Les graines étaient très jolies, diffusant des rayons de multiples couleurs.

A l'heure du petit déjeuner, le moine Deming les montra à son maître Zhiyi:
- Qu'est-ce que cela peut bien être ?

Zhiyi examina les graines avec attention, puis expliqua:
- Il y a au Palais de la Lune un gros arbre d'Osmanthe et un être divin appelé Wugang. Celui-ci s'emploie à abattre l'arbre, mais ne peut jamais finir de le couper. Je pense donc que ce sont peut-être des graines venues du Palais de la Lune; Wugang aura donné des coups trop violents pour abattre l'arbre et les graines de l'Osmanthe ont dû tomber d'elles-mêmes.

Enchanté de cette explication, le moine Deming suggéra:
- Maître, permettez-moi de semer ces graines autour de chez nous, afin que tout le monde puisse avoir le plaisir d'admirer l'arbre d'Osmanthe du Palais de la Lune et de respirer son parfum!

Le maître acquiesça et ils commencèrent tous deux à répandre les graines sur les versants des collines où était situé leur temple. Dix jours après les semailles, des germes sortirent de la terre; au bout d'un mois, les germes se transformèrent en pousses qui se couvrirent de feuilles vertes.

Ces arbres d'Osmanthe poussaient très vite! A la fête de la mi-automne de l'année suivante, tous les arbres, devenus hauts et forts, commencèrent à se couronner de fleurs roses, jaunes, pourpres ou blanches. Et, selon la couleur des fleurs, on les baptisa "Osmanthe d'or", "Osmanthe d'argent", ou "Osmanthe de rose".

Dès lors, des Osmanthes de toute espèce se mirent à croître au bord du Lac de l'Ouest.

D'après la légende, le Pic aux Osmanthes de la Lune qui se dresse à côté du Temple Lingyin est justement le lieu où l'on avait vu tomber les graines de l'Osmanthe du Palais de la Lune.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:15

A la Recherche du Soleil


PARTIE I

Il y a des années et des années, au pied de la colline Baoshi se trouvait un village situé sur la rive du Lac de l'Ouest où habitait un beau couple, le mari s'appelait Liu Chun, et sa femme Hui Niang; l'homme travaillait aux champs et la femme restait à la maison où elle filait la soie.

Comme ils étaient laborieux et économes, la famille avait une vie aisée. Hui Niang se trouva enceinte après cinq ans de mariage, ce qui la remplit de joie. Leurs voisins faisaient leur éloge donnant en exemple leur couple harmonieux.

Un matin, quand l'aube eut apparu à l'orient, un soleil brillant se leva, alors Liu Chun, la houe sur l'épaule, s'en alla travailler aux champs. Sa femme ayant bien préparé tous les accessoires, s'assit devant son métier à tisser pour se mettre à filer la soie. Tout à coup, un vent furieux se déchaîna; des nuages d'un noir d'encre s'amoncelèrent. Le soleil disparut en un clin d'oeil.

La tempête calmée, le soleil ne revint pas. Le monde était enveloppé de froides ténèbres, les feuilles tombaient; les fleurs se fanaient; légumes et céréales ne poussaient plus; les démons firent leur apparition, jetant le trouble dans le pays. L'angoisse étreignait les coeurs, et on n'avait plus de quoi vivre!

Où était donc passé le soleil? Un seul homme pouvait le savoir, c'était un vieillard de cent quatre-vingt ans qui vivait au pied de la colline Baoshi. Il dit:
- Au fond de la mer de l'Est habite un Roi des Démons, qui a un grand nombre de petits diables à son service. Comme ils commettent leurs forfaits dans l'obscurité, ils ont grand peur du soleil et ont conçu une haine mortelle à son égard; certainement, le soleil a été enlevé par le Roi des Démons.

PARTIE II

Liu Chun, comme tout le monde, souffrait de vivre dans les ténèbres. Il se rendit chez ses voisins à tâtons. On l'accueillit en lui disant:
- Liu Chun, sans soleil, nous allons mourir de froid!

Et un autre se plaignit:
- Liu Chun, sans soleil, nous allons mourir de faim!

Ces paroles et le souvenir des souffrances qu'il avait lui-même connues lui serrèrent le coeur. De retour chez lui, il déclara à sa femme:
- Hui Niang! sans soleil, nous allons tous périr! J'ai décidé d'aller à la recherche du soleil!

Hui Niang, après réflexion, répondit:
- Fais comme tu voudras, je ne chercherai pas à te retenir à mes côtés. Je peux faire marcher la maison sans toi. Si tu peux ramener le soleil, cela rendra le bonheur au monde!

Hui Niang coupa une poignée de cheveux de sa tête, et en les mêlant avec du chanvre, en fit une paire de sandales pour son mari; elle lui confectionna aussi une bonne veste ouatée. Quand elle le conduisit à la porte, dans un éclat de lumière apparut un phoenix d'or. Il se posa sur l'épaule de Liu Chun qui le caressa tout doucement de la main.

- Phoenix, phoenix, lui demanda-t-il, voulez-vous m'accompagner dans ma recherche du soleil ?

Le phoenix tourna les yeux vers lui, dressa la tête et chanta en signe d'acquiescement. Liu Chun prit les mains de son épouse dans les siennes et lui fit ses recommandations:
- Hui Niang, je pars à la recherche du soleil; si je ne parviens pas à le retrouver, je ne reviendrai pas; si je meurs en route, j'espère devenir une étoile qui indiquera à ceux qui prendront ma relève le chemin pour arriver au but...

PARTIE III

Liu Chun se mit en route avec le phoenix. Chaque jour, après son départ, Hui Niang grimpait au sommet de la colline Baoshi à tâtons pour regarder vers l'Est dans l'espoir de voir le soleil se lever.

Jour après jour, son espérance fut déçue. Le temps passait. On vivait toujours enveloppé de ténèbres, sans apercevoir le moindre rayon de soleil. Un jour, Hui Niang aperçut une étoile brillante qui s'envolait d'un trait de la terre vers le ciel; un moment après, le phoenix revint, et se tint tête basse à ses pieds. A sa vue, Hui Niang comprit que son mari était mort en route; sa gorge se serra, et elle tomba évanouie.

Quand elle reprit connaissance, l'enfant vint au monde. Celui-ci était un enfant magique; au premier coup de vent qui le toucha, il savait parler, au deuxième, il pouvait courir, au troisième, il était devenu un homme d'une taille de six mètres! Transportée de joie, Hui Niang donna à son fils le nom de : "Bao Chu", Défenseur du Bien.

De retour chez elle, Hui Niang, à la vue de son fils, pensa à son mari et se mit à pleurer à chaudes larmes. Bao Chu, étonné, lui demanda pourquoi elle avait tant de chagrin. Hui Niang ne put s'empêcher de lui raconter l'histoire de son père qui était mort en route dans sa recherche du soleil. Qund elle eut terminé, Bao Chu lui demanda:
- Maman, laissez-moi aller achever la tâche de mon père!

Hésitante, Hui Niang ne pouvait se résigner à le laisser partir. Mais le pays, privé de soleil, connaissait de terribles souffrances, il fallait absolument le sauver. A cette pensée, elle hocha la tête en signe d'assentiment.

Hui Niang coupa de nouveau une poignée de cheveux de sa tête et en fit une paire de sandales, et elle confectionna pour son fils une grande veste. A la porte, le phoenix d'or attendait celui-ci et vint se poser sur son épaule. Hui Niang, indiquant l'étoile qui brillait en haut du ciel, dit à son fils:
- Cette étoile est une incarnation de ton père qui t'indique ainsi la voie pour atteindre ton but. Suis cette étoile et tu ne t'égareras pas en route.

Bao Chu acquiesça. puis, Hui Niang lui présenta le phoenix:
- Il accompagnait ton père pour aller à la recherche du soleil; il serait bon qu'il t'accompagne aussi!

Bao Chu fit signe qu'il acceptait et ajouta:
- Maman, je dois absolument entreprendre ce grand voyage, mais vous, vous devez me promettre de ne pas verser de larmes après mon départ. Vos pleurs amolliraient mon coeur et je perdrais ma force et mon courage pour entreprendre ma grande quête du soleil.

PARTIE IV

Les voisins, ayant appris la nouvelle du départ de Bao Chu, vinrent lui faire leurs adieux. Les uns lui offrirent des habits, les autres des provisions de bouche et ils l'accompagnèrent un grand bout de chemin.

Le phoenix à ses côtés, Bao Chu se dirigea vers l'est, guidé par l'étoile brillante. Malgré les ténèbres et le froid, il marcha, marcha jour et nuit, par des sentiers tortueux, franchissant une montagne après l'autre.

Quand il eut escaladé dix-huit escarpements et traversé dix-neuf vallées, les épines et les ronces avaient griffé sa chair et mis ses vêtements en lambeaux; le froid le pénétrait de plus en plus.

Un jour, Bao Chu entra dans un village et se vit immédiatement entouré par les habitants qui regardaient avec curiosité cet inconnu. Quand ils apprirent que Bao Chu était un nouveau brave qui allait à la recherche du soleil, ils furent très touchés et lui firent mille recommandations. Et comme la veste de Bao Chu ne pouvait plus le protéger des intempéries, chacun coupa un morceau de tissu de sa propre veste et on lui fit ainsi un "habit des cent familles" pour qu'il ait bien chaud. Réconforté, Bao Chu leur dit adieu et reprit sa route.

Il continua son voyage, franchissant fleuves et montagnes. Un jour, il arriva sur la rive d'un fleuve si large qu'un aigle même n'eût pu gagner l'autre rive. L'eau coulait rapide en formant des tourbillons; même une pierre grosse comme une maison n'eût pu s'y tenir debout.

Faisant appel à tout son courage, Bao Chu, après une longue inspiration plongea dans l'eau, les dents serrées, il nagea de toutes ses forces vers l'autre rive. Les vagues le frappaient sur tout le corps, les tourbillons l'enveloppaient, mais il continuait à nager, les yeux fixés sur la rive opposée.

Soudain, sous une rafale de vent glacé, l'eau se prit en glace, enserrant Bao Chu et phoenix qui perdirent connaissance...
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:15

PARTIE V

Grâce à la "veste des cent familles" qu'il portait, le froid ne pouvait pas pénétrer le corps de Bao Chu. Petit à petit, la glace autour de lui fondit, et il se précipita pour prendre le phoenix dans ses bras. Puis, de ses poings serrés il martela la glace. Avec un sourd grondement elle se brisa en morceaux. Une lame de fond enveloppa Bao Chu, et le porta d'un coup sur un large glaçon à la dérive. Ils passèrent de l'un à l'autre et finalement atteignirent l'autre rive. Le phoenix, réchauffé par la chaleur de Bao Chu avait repris connaissance.

Après la traversée du fleuve, Bao Chu entra dans un village. Bao Chu fut entouré par un cercle de villageois qui ne se sentirent plus de joie à la nouvelle que ce garçon allait chercher le soleil; les épreuves qu'il avait déjà surmontées lui acquirent leur respect et leur admiration. Un grand-père à la barbe grise parla au nom de tous:
- Mon enfant, depuis la disparition du soleil, notre vie est de jour en jour plus misérable, nous n'avons rien de bon à t'offrir. Voici un sac où chacun de nous va mettre une poignée de notre terre arrosée de génération en génération par le sang et la sueur de nos ancêtres. Tu l'emporteras avec toi, il pourra t'être utile dans les difficultés.

Le sac sur son dos, Bao Chu reprit sa route en se guidant toujours sur l'étoile brillante de l'Est. Il marcha, marcha; il franchit quatre-vingt-dix-neuf montagnes, passa quatre-vingt-dix-neuf fleuves à la nage.

Enfin, il arriva à un carrefour de trois chemins. Comme l'angoisse d'avoir perdu sa route se peignait sur son visage, une vieille femme apparut et lui demanda:
- Mon enfant, où vas-tu?

- Je vais à la recherche du soleil.

La vieille poursuivit:
- Il est trop loin d'ici! Tu ferais mieux de rentrer chez toi le plus tôt possible!

Bao Chu répliqua aussitôt:
- Si loin qu'il soit, quelles que soient les difficultés, je veux le retrouver. Sans lui, je ne rentrerai jamais à la maison.

Le voyant si résolu, la femme indiqua de la main le chemin de droite et dit:
- Cette voie peut te conduire jusque là où se trouve le soleil. Tout près d'ici, il y a un village, tu pourras t'y reposer un peu.

PARTIE VI

Tandis qu'ils échangeaient ces paroles, le phoenix se lança de toutes ses forces contre la vieille femme: il la frappa avec ses ailes, griffa ses joues, et piqua ses yeux. Trouvant que le phoenix offensait l'inconnue, Bao Chu le chassa, remercia la femme et s'engagea dans l'embranchement de droite.

Mais le phoenix d'or avait volé en avant et se mit à tourner autour de Bao Chu pour l'empêcher de continuer. Bao Chu le chassa de nouveau et reprit sa marche. Plus il avançait, plus la route était plate et unie; il n'y avait ni vent, ni sable, ni ronce, ni escarpement. Bao Chu s'en étonna même un peu.

Bientôt il entra dans un village. Là les maisons étaient spacieuses, les habitants bien nourris, les femmes charmantes. Les villageois parurent très étonnés quand ils apprirent que Bao Chu était à la recherche du soleil, mais ils l'entourèrent quand même, chantèrent, dansèrent, portant aux nues Bao Chu, le héros sans peur.

En un clin d'oeil, l'un apporta du vin, l'autre chercha des mets, et on s'empressa de l'inviter au festin. Pourtant Bao Chu ne se sentait pas à l'aise, il se disait:
"J'ai passé par pas mal de villages, ceux-ci étaient très pauvres, les gens n'avaient pas de quoi manger ni se vêtir; pourquoi ce village-ci est-il tellement riche?"

Bao Chu, son bol de vin à la main, restait immobile et préoccupé, lorsque le phoenix passa soudain au dessus de sa tête et fit tomber une sandale dans le bol où le vin prit feu aussitôt.

A la vue de cette sandale qui, comme les siennes, était faite avec des cheveux et du chanvre, il comprit tout de suite que c'était celle que son père portait dans sa quête du soleil.

C'était clair, c'était là que son père avait disparu. Bao Chu poussa un grand cri et jeta son bol de vin par terre. Village et villageois s'évanouirent à l'instant, et l'on ne voyait plus que des démons aux yeux bleus qui s'enfuyaient en tous sens.

Bao Chu tourna alors les talons et, revenu au carrefour, prit l'embranchement de gauche.

PARTIE VII

Furieux de leur échec, les démons se transformèrent en montagnes escarpées pour lui barrer la route; Bao Chu, sans s'effrayer, les franchissait l'une après l'autre. Les démons se transformèrent en fleuves immenses, Bao Chu les passait à la nage. Les démons auraient voulu geler Bao Chu à mort, en vain; ils tentèrent enfin de l'emmener dans un village magique où l'on devait l'assassiner, ce fut un nouvel échec.

Saisis d'effroi, ils déchaînèrent un vent formidable qui les emporta tous ensemble au pied de la colline Baoshi. Là, pour tromper Hui Niang, ils lui racontaient que Bao Chu était mort en tombant d'un escarpement, ou qu'il s'était noyé dans un fleuve, afin de faire couler ses larmes et par là ôter tout courage à Bao Chu. Hui Niang résistait fermement, serrait les dents et retenait ses larmes.

Depuis le départ de son fils, Hui Niang ne vivait que dans l'espoir de son retour. Chaque jour, elle montait au sommet du Baoshi avec ses compatriotes et regardait au loin vers l'Est. Chaque jour elle y apportait une pierre plate qu'elle mettait sous ses pieds pour voir un peu plus loin. On ne sait combien de mois et d'années s'écoulèrent ainsi; les pierres sous ses pieds s'élevèrent en une haute terrasse, mais l'Est restait toujours ténébreux.

Cependant Bao Chu continuait son chemin et franchissait des montagnes et des fleuves innombrables. Un jour, après avoir passé une haute montagne qui se perdait dans les nuages, il entendit le bruit des vagues, il était donc arrivé tout près de la mer orientale.

Une fois sur le rivage, il se demanda comment chercher le soleil dans cette mer immense, et comment la traverser? Soudain il sentit peser sur son dos le sac de terre que des villageois lui avait donné. Pour s'alléger, il le vida dans la mer; un coup de vent emporta la terre et l'éparpilla sur les eaux; aussitôt des îles apparurent sur la mer.

Fou de joie, Bao Chu plongea, gagna à la nage une île après l'autre, se dirigeant vers le milieu de la mer. Il nagea, plongea, et finit par trouver le soleil caché dans une grotte sous la mer par le Roi des Démons. Il s'approcha de l'entrée de la grotte et vit que le Roi des Démons l'attendait déjà avec ses diables.

PARTIE VIII

Ils s'affrontèrent dans un combat acharné: tantôt ils se battaient montant du fond de la mer à la surface, tantôt en plongeant de la surface au fond dans un bouillonnement de vagues gigantesques.

Petit à petit, le Roi des Démons n'arrivait plus à répondre aux attaques de Bao Chu, comme il était tout étourdi par les coups, le phoenix en profita pour lui crever un oeil de son bec aigu. Fou de douleur, il hurla en portant ses mains à son oeil. Le Phoenix profita de l'occasion pour lui crever l'autre oeil.

Alors le Roi des Démons alla heurter de la tête le rocher qui fermait la grotte et rendit l'âme. Aussitôt les petits diables prirent la fuite en un clin d'oeil.

Sans reprendre souffle, Bao Chu se précipita vers la grotte et enleva la pierre placée devant l'entrée, à l'intérieur il y trouva le soleil. Il nagea alors vers la surface de la mer portant le soleil avec lui et usa ainsi ses dernières forces. Il nagea, nagea, et, dans son épuisement, réussit seulement à faire émerger la moitié du soleil de la mer.

Comme il ne pouvait l'en faire sortir totalement, le phoenix vint à son aide et mit le soleil sur son dos tout en nageant avec vigueur. Le disque complet du soleil apparut alors à la surface de la mer et monta dans le ciel.

Ce jour-là, Hui Niang regardait comme tous les jours vers l'Est avec ses compagnons au sommet de la colline Baoshi pour guetter le retour du soleil. Les démons cherchaient encore à la tromper quand on vit soudain des rayons colorer les nuages à l'horizon, puis, majestueusement, le soleil se leva.

A ce moment le chant du phoenix se fit entendre au-dessus de la tête de Hui Niang, il revenait annoncer la nouvelle. Il planait au-dessus du sommet, voletait
"Ah, le soleil se lève, le soleil se lève!"
Hui Niang et tous les gens autour d'elle poussèrent des cris de joie qui firent trembler la terre. Le soleil dardant ses rayons et les grondements de la foule firent peur aux diables qui s'enfuirent en tous sens et furent transformés en rochers. On peut les voir aujourd'hui encore, dispersés sur le sommet.

Chaque matin, le soleil se levait à l'est et, le soir, se couchait à l'ouest. Les hommes menaient de nouveau une vie heureuse dans sa lumière. Aujourd'hui encore, quand le ciel commence à rougir à l'orient, on peut voir dans cette direction une étoile brillante, c'est Liu Chun, on l'appelle "l'Etoile du matin. Au même moment on aperçoit des nuages or et pourpre à l'horizon; on se souvient alors du phoenix qui porta le soleil avec ses ailes.

Mais, le courageux Bao Chu ne revint jamais. En souvenir de lui, on a construit au sommet de la colline Baoshi une petite pagode qui porte son nom et un kiosque hexagonal pour le phoenix; c'est aujourd'hui la "pagode Bao Shu" et le "pavillon Phoenix".

Quant à la terrasse construite par Hui Niang et ses voisins pour voir le soleil se lever, on l'appelle "Chu Yang Tai", la terrasse du soleil levant.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:16

La Source apportée par les Tigres


PARTIE I

Il y avait autrefois deux frères, l'aîné nommé Dahu (Grand Tigre) et le cadet Erhu (Petit Tigre). Ayant servi à plusieurs reprises dans l'armée, les deux costauds avaient réalisés beaucoup d'exploits. Comme ils aimaient prendre la défense des opprimés, de hauts dignitaires pervers les firent tomber en disgrâce. Accusés de crime, sans aucune preuve, ils furent condamnés à l'exil et quittèrent le pays natal.

Après une année de vie errante, Dahu et Erhu s'en vinrent à Hangzhou; le pays leur plut dès leur arrivée. Tout en contemplant le paysage, ils se promenaient de tous côtés et sentaient qu'ils s'attachaient à cet endroit.

Sur le soir, arrivés au pied d'une montagne, les deux frères s'engagèrent dans un chemin aux mille détours. Ils marchèrent, jusqu'à la tombée de la nuit, et aperçurent alors un vallon parsemé de sept ou huit maisons; sur la pente de la montagne, il y avait encore un petit monastère en ruine. Ils arrivèrent devant la porte à deux battants, juste comme un vieux bonze allait les fermer, ils s'empressèrent de lui adresser cette prière:
- Maître, maître, nous sommes de passage à Hangzhou, pourriez-vous nous héberger dans votre monastère pour quelques jours?

A la vue de ces deux pauvres gens, le vieux bonze, joignant les mains répondit:
- Entrez, s'il vous plaît. Mais je m'excuse de ne pouvoir vous offrir qu'un frugal repas.

Pendant le repas, Dahu et Erhu exprimèrent leur admiration pour Hangzhou et la beauté de son site, tandis que le vieux bonze poussait des soupirs.

- Oui, Hangzhou est beau, mais ici ce n'est pas un bon endroit pour vivre. Pour avoir de l'eau à boire, il faut aller en chercher en franchissant plusieurs collines. J'ai passé à ça la moitié de la vie.

Les deux frères alors de s'enquérir:
- Maître, est-il donc si difficile de transporter l'eau; où est la source d'eau?

Le vieux bonze indiqua de ses baguettes un endroit lointain au-delà de la porte:
- C'est derrière cette pente, loin d'ici! Vous pouvez m'en croire, autrefois, dans le monastère les bonzes ne faisaient pas défaut, mais peu à peu ils s'en sont allés un à un parce que porter de l'eau jusqu'ici est une trop rude besogne. Quand j'étais jeune, comme vous, cela ne me faisait pas peur, mais vingt ans se sont écoulés! Les forces me manquent...

PARTIE II

En réfléchissant à la solitude du vieux bonze et d'autre part à la vie errante qu'ils avaient menée depuis des années, les deux frères eurent l'idée de rester pour l'aider quelque peu et ils lui dirent d'un commun accord:
- Maître, nous ne possédons rien d'autre que notre force, nous voudrions bien devenir vos disciples et rester ici tant que cela ne vous gênera pas.

A les voir ainsi tous deux, simples et costauds, le vieux bonze fut rempli de joie, et accepta de grand coeur.

Dès lors, ils prodiguèrent des soins attentifs à leur maître, allant toujours au devant de ses désirs, à la montée comme à la descente des collines, ils portaient toujours les fardeaux sur l'épaule ou sur le dos. Tous les jours, leur premier travail, après avoir ouvert la porte à deux battants, était d'aller à l'eau en franchissant les pentes.

Chaque fois ils remplissaient des seaux plus grands que des jarres. Deux seaux aux bouts de la palanche et celle-ci sur l'épaule, ils filaient comme le vent, on aurait dit qu'ils portaient deux simples bottes de paille. Au bout d'une demi-journée ils avaient rempli d'eau toutes les jarres du monastère, et même toutes celles des foyers du village.

Bientôt, les villageois du vallon se familiarisèrent avec eux et ils devinrent célèbres tant pour leur force que pour leur bienveillance.

Plusieurs années s'écoulèrent. Puis vint une année où une sécheresse terrible sévissait dans la région de Hangzhou l'automne comme l'hiver. Au début on pouvait encore puiser de l'eau dans le ruisseau, mais il fut très vite à sec. Armés de leurs quatre seaux vides, les deux frères ne savaient plus que faire pour trouver un point d'eau.

Un jour ils se souvinrent qu'ils avaient vu, du temps de leur errance, une source intermittente du nom de "Source de Jouvence", lors de leur passage au mont Hengshan situé dans le Hunan; il était rare de trouver une source aussi limpide, aussi fraîche, aussi douce!

Alors ils décidèrent d'aller chercher cette source pour l'apporter jusqu'ici. Prenant le ciel pour témoin, ils prêtèrent le serment suivant:
"En dépit de la foudre et des éclairs, notre détermination d'apporter ici la source est inébranlable, si nous ne pouvons tenir notre serment, nous ne nous présenterons plus devant notre maître ni les gens du pays."

PARTIE III

Le lendemain matin, ayant exposé leur projet à leur maître, ils allèrent lui dire au revoir. Le vieux bonze avait de la peine à les laisser partir; mais sachant leur décision irrévocable, les yeux mouillés de larmes, il leur dit adieu:
- Mes disciples, votre voyage va vous conduire à mille lis d'ici, quand nous reverrons-nous? Et pourrons-nous nous revoir encore? N'oubliez pas que votre maître vous attend ici. Que le Bouddha vous protège dans votre voyage!

Ainsi les deux disciples se séparèrent de leur maître, et se dirigèrent vers le sud-ouest. En cours de route, ils eurent à franchir mille montagnes, à traverser mille rivières. Les vêtements déchirés, les souliers troués, ils persévérèrent à marcher en direction du Hengshan. La nuit devenait de plus en plus courte, les jours de plus en plus longs, et ce fut l'été.

Ce jour même, ils arrivèrent au pied du mont Hengshan, éreintés, tourmentés par la faim et la soif, chaque pas était de plus en plus pénible. Enfin les voilà devant "la Source de Jouvence"; quelle joie de voir le reflet de l'eau limpide et d'entendre le clapotis des vaguelettes! Mais à bout de forces, ils tombent par terre évanouis.

Dans leur rêve, il leur semble qu'un vent violent se lève charriant une averse... Au bout d'un moment, le beau temps revient et d'innombrables oiseaux gazouillent aux alentours... Tout d'un coup les deux frères reprennent connaissance, ils voient un adolescent, les cheveux tressés en deux chignons qui agite doucement une brindille de saule tout en leur souriant. Ils pensent:
"La Source de Jouvence, la Source de Jouvence, est-ce lui le petit génie, gardien de la source?...

Ils s'absorbent dans leur méditation quand l'adolescent vient les asperger d'eau avec la brindille de saule.

PARTIE IV

Dahu et Erhu reprennent des forces aussitôt que les gouttes d'eau tombent sur eux. Ils se lèvent d'un bond et accourent vers l'adolescent en le suppliant:
- Laissez-nous déplacer la source!

Celui-ci bondit sur le rocher et agite doucement la brindille de saule tout en éclatant de rire:
- D'accord! voulez-vous essayer?... ha, ha, je crains bien que vous n'y arriviez pas!... Mon maître vénérable m'a dit que seuls les plus persévérants des hommes et les moins avides d'honneurs pourraient le faire!

Erhu répliqua:
- Pour venir ici, nous avons parcouru mille lis sans nous préoccuper de nous-mêmes, est-ce que nous ne sommes pas les plus persévérants?

Dahu poursuivit:
- Même la mort ne peut nous faire reculer, tant s'en faut que nous courions après les honneurs.

Leurs réponses font taire le petit génie, et les deux frères le prennent par le bras en redoublant de supplications. Après un instant de réflexion, il cède:
- Bon, puisque vous osez braver la mort, vous allez vous métamorphoser en deux tigres qui pourront emporter la source.

Ceci dit, il agite la brindille de saule et fait tomber de l'eau sur eux. Tout de suite Dahu et Erhu sentent de grands mouvements dans leurs entrailles, leur peau et leur chair se gonflent, peu après, on voit deux tigres accroupis de chaque côté de la source. L'adolescent enfourche l'un des deux tigres et ils se dirigent, comme un bolide, vers le nord-est en poussant de longs rugissements.

PARTIE V

Ce soir-là, le vieux bonze s'était endormi tandis qu'il était assis en tailleur pour réciter les prières bouddhiques. Dans son rêve, il vit deux tigres qui restaient immobiles dans un endroit près du monastère, comme s'ils cherchaient quelque chose. Par curiosité, il était allé ouvrir la porte pour y voir plus clair, les tigres avaient aussitôt disparu. Mais à l'endroit où ils étaient restés un moment, il y avait un creux rempli d'une eau pure et luisante. Transporté de joie, le vieux bonze avait ri aux éclats, ce qui dissipa son beau rêve.

Le lendemain matin, il raconta son rêve aux villageois, mais, chose bizarre, les villageois dirent qu'ils avaient tous fait ce même rêve. Les propos s'exaltèrent/ Les deux tigres n'étaient-ils pas une incarnation des deux frères Dahu et Erhu auxquels on ne cessait de penser...

A cet instant, on vit arriver un garçon inconnu coiffé de deux chignons; une brindille de saule à la main il courait en criant:
"Dahu et Erhu sont de retour ! Ils sont de retour !"

Ce disant, il entraîna le vieux bonze avec lui pour aller voir. Dès qu'il l'eut amené devant le bosquet de bambous près du monastère, il disparut aussi mystérieusement qu'il était venu. Le vieux bonze leva la tête, que vit-il? Deux gros tigres, accroupis côte à côte qui feulaient doucement puis vinrent se frotter contre lui familièrement. Il pensa:
"Seraient-ils vraiment l'incarnation de Dahu et de Erhu?"

Courageusement, sans chercher à se sauver, il les appela:
"Dahu, Erhu!"

Les deux tigres remuèrent la queue en signe d'amitié et le vieux bonze leur caressa doucement le dos.

PARTIE VI

Le vieux bonze dit alors aux deux tigres:
- Mes disciples, depuis notre séparation, je me suis morfondu en vous attendant; aujourd'hui, nous nous retrouvons, mais pourquoi êtes-vous devenus deux tigres ? Hélas, levez-vous, mes disciples !

A ces mots, les tigres se levèrent. A cette vue, les villageois qui s'étaient mis à l'abri en grimpant sur le toit du temple ou sur les arbres, s'armant de courage, descendirent les uns après les autres.

Juste à ce moment, après un doux feulement, les tigres sautèrent sur le terrain juste devant le monastère. Baissant la tête, ils se mirent à creuser la terre avec leurs pattes de devant; en moins de temps qu'il n'en faut pour fumer une pipe, une cavité fut creusée.

Après quoi, les tigres tournèrent autour du vieux bonze et promenèrent leurs regards sur les villageois...

Soudain un long rugissement se fait entendre: les tigres montent dans le ciel... en provoquant un vent violent qui fait balancer les arbres et siffler les bosquets de bambous dans le vallon.

Les villageois restaient frappés de stupeur. Quand le vent s'apaisa , les tigres avaient disparu. Lorsque les gens eurent retrouvé leur souffle, ils se tournèrent vers la cavité creusée par les tigres: Elle était à moitié remplie d'eau. Comme elle était plaisante à voir, cette source limpide et luisante!

Au fond, une gerbe d'eau continuait à jaillir et, en peu de temps, le creux fut entièrement rempli d'eau. On la regardait avec ravissement, on la buvait dans les paumes des deux mains. Ah, quelle bonne source dont la douceur réjouissait le coeur! Les villageois se mirent à puiser de l'eau, qui avec des cuvettes, qui avec des seaux; mais on avait beau puiser, le niveau ne baissait point.

Cependant, comme la source s'en trouvait troublée, quelques hommes apportèrent des dalles pour faire un bassin.

Quelques années plus tard, un grand monastère fut construit tout près de là.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:17

Le Vieux Chasseur et l'Empereur


PARTIE I

Il était une fois un vieux chasseur qui était un tireur d'élite. Il ne ratait jamais son but, que ce soit un oiseau en plein vol ou un animal en pleine course. Il sortait tous les jours pour chassser les animaux qui endommageaient les récoltes, et les bêtes féroces de la région avaient été presque toutes tuées par lui. Il ne restait qu'un esprit de chèvre qui vouait une haine mortelle au vieux chasseur.

Cette année-là, l'Empereur était las de l'impératrice et de ses concubines. Il fit chercher partout des belles filles. Cependant, aucune des filles qu'on avait trouvées ne plaisait à l'Empereur qui, très cruel, fit tuer ces jeunes filles et les fonctionnaires.

Il confia ensuite la tâche à deux de ses ministres nommés Dao Yue et Jin Cheng en leur disant:
- Si vous ne trouvez pas de belles filles, je vous ôterai aussi la vie!

Dao Yue et Jin Cheng, d'un air mélancolique, prirent congé de leurs familles et quittèrent la capitale.

Ils marchèrent du lever au coucher du soleil et traversèrent ainsi des grandes montagnes, des rivières et des ruisseaux. Mais nulle part ils ne trouvèrent de jeunes filles assez belles pour plaire à l'Empereur.

Un jour, fatigués, ils s'assirent sous un gros arbre pour se reposer. Au cours de leur conversation, Dao Yue dit:
- Hélas, voilà plusieurs mois que nous sommes sortis. Comment nous expliquer devant l'Empereur quand nous rentrerons à la capitale?

- C'est vrai. Nous n'avons qu'à mourir! répondit Jin Cheng.

Après avoir réfléchi, Dao Yue continua:
- Tant pis pour nous. Pourquoi ne cherchons-nous pas une vieille dame, la plus laide du monde, pour agacer l'Empereur. Ainsi après avoir déchargé notre colère nous nous résignerons à mourir.

Jin Cheng applaudit à ces paroles en disant:
- Bonne idée! Passons aux actes!

PARTIE II

La conversation des deux hommes fut surprise par l'esprit de chèvre qui était cachée derrière l'arbre. Il se transforma tout de suite en une vieille dame très laide.

Un panier abîmé à la main, la vieille dame passa exprès devant les deux hommes. En les voyant, Dao Yue lui dit:
- Grand-mère, où allez-vous?

- Je vais cueillir de l'herbe pour mes cochons, répondit la vieille dame.

- Nous allons vous présenter à l'Empereur pour qu'il vous épouse, d'accord?

- Comment voudrait-il épouser une dame aussi vieille et laide que moi? dit la vieille dame.

- Il voudra sûrement. Si vous êtes d'accord, nous allons vous faire transporter au Palais impérial, fit Dao Yue.

La vieille dame accepta avec joie. Dao Yue et Jin Cheng trouvèrent un palanquin dans le village voisin et invitèrent deux hommes à porter la vieille dame.

Au Palais impérial, les deux ministres étaient prêts à être exécutés. Mais une belle fille pleine de charme sortit du palanquin. Transporté de joie, l'Empereur se maria avec elle la nuit même.

Peu de temps après, la nouvelle concubine tomba brusquement malade. Saisi d'inquiétude, l'Empereur craignait qu'elle mourût. La jeune femme dit un jour à l'Empereur en minaudant:
- Oh là là, je souffre tant d'une maladie cardiaque que je vais mourir. Un docteur m'a dit que cette maladie ne peut être guérie qu'avec du coeur de chasseur! Je vous prie, Majesté, de m'aider à guérir!

L'Empereur ordonna tout de suite de tuer beaucoup de chasseurs et de leur arracher le coeur pour le donner à manger à la nouvelle concubine. Chaque fois que la jeune femme mangeait un coeur sanglant, elle allait mieux pendant deux ou trois jours.

Le temps passait, presque tous les chasseurs avaient été tués à cause de cet esprit de chèvre. Mais parmi ses victimes, il n'y avait justement pas le vieux chasseur.

PARTIE III

Un jour, la nouvelle concubine eut une autre crise cardiaque. Les mains sur la poitrine, elle se roulait sur le lit, poussait des cris et dit en sanglotant à l'Empereur:
- Si vous m'aimez vraiment, faites venir le vieux chasseur. Je ne serai complètement guérie qu'après avoir mangé son coeur.

A ces paroles, l'Empereur fit aussitôt chercher le vieux chasseur. Ce dernier, un fusil sur l'épaule, suivi d'un chien de chasse, arriva au Palais impérial. L'Empereur le fit venir dans la chambre de sa nouvelle concubine à qui il demanda:
- Est-ce lui, le vieux chasseur?

Lorsque la femme se dressa sur son séant pour regarder le vieux chasseur, le chien la reconnut et se jeta sur elle pour la mordre. Prise de panique, le jeune femme reprit brusquement sa forme originelle de chèvre et s'enfuit.

Le chien se mit à sa poursuite en aboyant, et le vieux chasseur les suivit en apportant son fusil. Après une longue poursuite, le chien mordit la chèvre au cou, le vieux chasseur arriva et tira sur la chèvre qui fut tuée sur le coup.

Le vieux chasseur avait éliminé cet esprit de chèvre néfaste, et tout le monde en fut content. Cependant, l'Empereur était fou de colère d'avoir perdu une belle et jeune concubine. Il vouait une haine implacable au vieux chasseur et cherchait en secret comment l'assassiner.

Un jour, l'Empereur envoya quelqu'un chez le vieux chasseur pour l'inviter au banquet tenu au Palais impérial afin de le récompenser d'avoir tué l'esprit de chèvre.

Le vieux chasseur savait bien que cette invitation annonçait plus de mal que de bien et dit à son épouse et à ses enfants avant de partir:
- Si je meurs, ne pleurez surtout pas. Mettez une table au milieu de la pièce principale et une chaise à côté. Posez mon cadavre sur cette chaise pôur qu'on croie que je suis en train de fumer comme si j'étais vivant. Puis, il s'en alla.

Le vieux chasseur et l'Empereur.
PARTIE IV

Au Palais impérial, l'Empereur et ses ministres l'invitèrent à boire. L'Empereur avait fait empoisonner une cruche de vin destinée au vieux chasseur.

Bien que le vieux chasseur ait craché du vin qu'il avait bu, il en avala un peu. Sentant des brûlures à l'intérieur de son corps, le vieux chasseur comprit que l'effet du poison commençait à se produire. Il prit tout de suite congé de l'Empereur et prit le chemin du retour.

Le vieux chasseur rentra à la maison en trébuchant. Une fois sur le lit, il mourut. Malgré leur chagrin, sa femme et ses enfants n'osèrent pas éclater en sanglots et, pour respecter ses recommandations, ils le mirent, une pipe dans la main, sur la chaise près de la table dans la pièce principale, l'installant comme s'il était en train de fumer.

L'Empereur envoya deux fonctionnaires voir si le vieux chasseur était mort. En se cachant à l'extérieur de la maison du chasseur, ils regardèrent pendant longtemps, sans rien voir d'extraordinaire: le vieux chasseur était assis sur une chaise et fumait.

Rentrés au Palais impérial, les deux fonctionnaires informèrent l'Empereur de ce qu'ils avaient vu. Etonné, l'Empereur ne les crut pas et se rendit lui-même à la maison du vieux chasseur pour voir de ses propres yeux.

En effet, il vit que le vieux chasseur était bel et bien assis sur une chaise et fumait toujours. L'Empereur entra dans une grande fureur en croyant que ses fonctionnaires lui avaient désobéi et n'avaient pas empoisonné le vin et que par conséquent, le vieux chasseur n'était pas mort.

Il décida de goûter d'abord lui-même le reste du vin, puis de faire tuer celui qui avait désobéi. Mais le vin avait été empoisonné et l'Empereur mourut sur son lit après l'avoir bu.

C'est seulement à ce moment-là que la famille du vieux chasseur éclata en sanglots.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:19

Les Statues des 13 Tombeaux des Ming


PARTIE I

Devant l'entrée des 13 tombeaux des Ming, 12 statues d'hommes et 24 statues d'animaux bien travaillées se tiennent debout côte à côte des deux côtés du chemin.

Cependant, elles ne sont pas en ligne droite, il y a une déviation à partir des statues d'hommes. Pourquoi cela ? Une légende émouvante en explique la raison, la voici:

On dit que pour construire ces 13 tombeaux, du marbre blanc avait été transporté du district de Fangshan. Si le transport des petits blocs de marbre ne posait pas de problème, comment faire avec les gros blocs devant servir à sculpter les statues des hommes et des animaux ?

Les ouvriers eurent une idée: Ils creusèrent des puits de distance en distance, y puisèrent de l'eau en plein hiver et arrosèrent toute la route pour qu'elle devienne glissante sous l'effet du gel.

Ainsi purent-ils traîner des blocs de marbre avec des cordes, et cependant ce transport pénible coûta des vies innombrables à cause du froid et de la fatigue.

Une fois les blocs de marbre arrivés, le Ministre qui surveillait les travaux ordonna aux ouvriers de les aligner des deux côtés du chemin, face à face, pour qu'on commence à sculpter. Les ouvriers ravalant des injures, travaillèrent des jours et des jours et y façonnaient des figures d'hommes et d'animaux.

La construction des tombeaux achevée, le Ministre passa une inspection et se déclara satisfait. Les ouvriers l'entourèrent et lui dirent:
- Les travaux sont finis. Laissez-nous retourner chez nous !

En détournant ses yeux rusés, le Ministre dit:
- Je vais adresser un rapport à l'Empereur pour qu'il prenne connaissance de votre désir, et après, vous serez libres. A vrai dire, si Sa Majesté est content, il vous récompensera.

- Nous n'attendons pas de récompense, nous ne voulons que retourner chez nous, répondirent les ouvriers.

Le Ministre, leur en fit alors la promesse, puis il sortit de la salle souterraine et monta sur son cheval qui se mit aussitôt à galoper.

PARTIE II

En s'éloignant, à la vue des tombeaux ruisselant de lumière et de splendeur avec les statues d'hommes et d'animaux bien alignés, il fut transporté de joie.

Arrêtant son cheval devant chaque statue d'homme, il leur tapait sur l'épaule en disant:
- Demain, vous serez obligés de vous ranger en ligne droite pour accueillir l'Empereur.

Voyant que son maître parlait à des hommes de pierre, son valet comprit alors qu'il était fou de joie. Il le flatta en disant:
- Quand vous monterez en grade, ne m'oubliez pas !

- Bien sûr. Mais demain il te faut me rendre un dernier service - accompagner ces pauvres "chez eux".

- Ils sont si nombreux, comment pourrais-je les accompagner tous "chez eux" ? dit le valet en tirant la langue.

Il comprit bien ce qu'il voulait dire.

- Tu le peux, répondit le Ministre en baissant la voix. Un pot de vin empoisonné suffira pour envoyer tous ces pauvres dans l'autre monde.

- D'accord, d'accord, dit le valet qui avait bien deviné la pensée de son maître. Vous verrez, je n'en laisserai aucun...

"Ha, ha!" Secoué d'un fou rire, le Ministre surveillant remonta à cheval et se dirigea vers la capitale.

Lors de la conversation entre le Ministre et son valet, les hommes de pierre avaient tout entendu. Déjà auparavant ils avaient voulu crier à l'injustice pour les ouvriers; maintenant étant au courant de ce complot perfide du Ministre, ils se mordaient les lèvres de rage.

Ils discutèrent ensemble aussitôt après le départ du Ministre. Le premier dit
- Puisqu'il voulait être récompensé selon ses mérites, que son souhait ne soit pas réalisé!

- Qu'est-ce qu'on peut faire alors ? lui demandèrent les autres.

- Il nous a ordonné de nous ranger en ligne droite, on ne l'écoutera pas. Faisons un détour pour mettre en colère le vieil Empereur, on verra bien comment le Ministre surveillant s'expliquera.

Ils se mirent alors à bouger silencieusement et au bout d'un certain moment, ils s'étaient écartés largement de la ligne droite.

PARTIE III

Le lendemain, l'Empereur arriva. Au premier coup d'oeil, il aperçut le détour dans la position des statues. Furieux, il dit au Ministre surveillant:
- Il n'y a que quelques dizaines de statues de pierre, pourquoi n'ont-elles pas été rangées en une ligne droite pour m'accueillir ? Tu l'as fait exprès !

Pris de panique, le Ministre surveillant ne savait que dire.

- Qu'on le tue, ce valet est bon à rien ! dit l'Empereur.

A un geste de main de l'Empereur, une foule de guerriers l'exécutèrent sur-le-champ.

Les ouvriers furent très contents de l'exécution du Ministre surveillant qui avait commis tant de crimes.

S'apercevant de leur air réjoui, l'Empereur redoubla de colère. Il hurla:
- De quoi riez-vous ? Allez vite les remettre en place ! Les ouvriers ne bougèrent pas.

- Comment, vous vous insurgez? L'Empereur sortit son épée.

- On ne peut pas les remuer, répondirent les ouvriers d'une même voix.

- Alors comment les avez-vous déplacées au début ? demanda l'Empereur en fureur.

Un valet du Ministre s'approcha de l'Empereur et lui dit:
- On les a déplacées sur la glace en hiver. On est maintenant en plein été, où pourrait-on trouver de la glace ?

Hors de lui, l'Empereur ne put pourtant qu'ordonner à sa suite:
- Retournons au Palais, nous reviendront en hiver !

Puis il s'en alla d'un air déconfit en pensant:
"On verra bien, lorsque vous aurez déplacées les statues cet hiver ce qu'il vous en coûtera."

Mais l'Empereur mourut avant l'arrivée de l'hiver. Les ouvriers étaient contents de voir le cercueil de l'Empereur passer par un chemin détourné entre les statues. Ils se dirent:
"Votre Majesté, déraisonnable comme vous l'étiez de votre vivant, vous qui n'avez rien fait de juste, ne méritez-vous pas d'avoir à prendre un sentier détourné après votre mort?"

L'Empereur mort, personne ne s'occupa de déplacer les statues qui restèrent ainsi disposées jusqu'à nos jours.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:20

Comment Yu Gong déplaça les Montagnes


PARTIE I

Il y a fort longtemps vivait à Jizhou, dans la Chine septentrionale, un vieillard appelé Yu Gong des montagnes du Nord. Yu Gong signifie "vieux sot".

Notre vieillard était-il maladroit ? Non pas. Yu Gong savait cultiver la terre, chasser le gibier, construire une maison tailler les pierres, bref, il pouvait faire n'importe quoi.

Etait-il stupide ? Pas plus. C'était un homme réfléchi, malgré sa nature simple et franche. Quoi qu'il entreprît, il ne spéculait jamais sur les circonstances, ne craignait aucune difficulté et finissait sa tâche jusqu'au bout. Ceux qui se croyaient intelligents et qui n'étaient qu'opportunistes le trouvaient sot. Aussi l'avait-on surnommé le vieux sot.

Yu Gong était alors âgé de 90 ans environ. Il avait des enfants et des petits enfants. Mais, contrairement aux vieillards de son âge, il continuait à travailler avec eux aux champs tous les jours du matin au soir. Un jour, quelqu'un lui conseilla :
- Grand père, vous êtes âgé et vous avez beaucoup d'enfants, laissez-les donc travailler! N'est-il pas temps pour vous de jouir du bonheur de votre vieillesse ?

- Pourquoi ? Je suis en bonne santé, et tant que je vivrai, il y aura toujours du travail pour moi, répondit Yu Gong en souriant. Je ne peux manger sans rien faire ! De toutes façons, rester à la maison toute la journée ce n'est pas drôle !

Et le vieillard continua à travailler.

PARTIE II

Les membres de sa famille, de plus en plus nombreux, défrichaient la terre et cultivaient les champs chaque année. La culture en montagne n'est pas une mince affaire; il faut se frayer un chemin à travers les ronces, tailler le roc, transporter et creuser des canaux d'irrigation.

Le vieillard dirigeait le travail de sa famille du matin jusqu'au soir, quel que soit le temps. Il enseignait à ses enfants :
"Quoi que nous fassions, il faut le faire bien et bien le finir; les paresseux n'obtiennent jamais aucun succès."

Dans les terres qu'il avait défrichées, il ne restait pas une pierre; quelles que fussent la grosseur et la dureté de la roche, elles avaient été taillées au burin ou déplacées. La terre de ses champs était fertile, mais cela avait été au prix d'innombrables aller et retour de plusieurs dizaines de kilomètres pour transporter de la bonne terre des plaines. Bref, on pouvait dire que Yu Gong avait un caractère obstiné. Cependant, aux yeux des gens, il passait pour un sot.

La maison de Yu Gong donnait au sud sur deux grandes montagnes, le Taihang et le Wangwu. Ces deux montagnes s'étendaient sur 700 "li" et s'élevaient sur des milliers de mètres. Elles rendaient très difficile l'accès à la maison de Yu Gong.

Un jour, Yu Gong réunit toute sa famille et dit :
- Ces deux montagnes sont vraiment gênantes, elles nous barrent la route et nous obligent à faire un grand détour pour aller et venir. je propose que nous les enlevions. Je suis vieux, mais encore en bonne santé. Pour vous et pour vos descendants, je veux construire une route du sud du Henan jusqu'au bord de la rivière Han. Etes-vous d'accord ?

Tous ses enfants adhérèrent à son projet. Mais sa vieille compagne Xian Yi s'inquiéta :
- Mon vieux, c'est très bien de vouloir enlever ces deux montagnes, je suis tout à fait d'accord, mais tu n'es plus tout jeune, et tu ne peux pas soulever des montagnes comme le géant Kui Fu. De plus, où mettrons-nous la terre et les pierres ?

Yu Gong n'avait pas encore répondu que ses enfants répliquèrent tous en même temps :
- Grand-père est âgé, mais nous, nous sommes jeunes ! Quant aux remblais, il suffit de les transporter au bord de la mer, ce n'est pas difficile !

PARTIE III

Le projet accepté, les travaux commencèrent tout de suite. Conduits par Yu Gong, les uns creusaient la terre, les autres taillaient le roc, d'autres encore transportaient les remblais avec des charettes ou à la palanche jusqu'à la mer Bohai.

Emportés par la volonté inébranlable de Yu Gong, ses voisins vinrent l'aider les uns après les autres. Même des foyers manquant de main d'oeuvre, comme celui de la veuve de Jingcheng avec son enfant, qui savait à peine marcher, vinrent creuser la terre ou porter le repas au chantier. Tout le monde travaillait avec ardeur.

Les travaux étaient très pénibles, il y avait une grande distance des deux montagnes à la mer Bohai. Il fallait plusieurs mois pour faire un aller et retour. Malgré tout, Yu Gong et ses enfants ne s'arrêtèrent jamais de piocher, jour après jour.

Un jour, un vieillard nommé Zhi Sou, ce qui signifie "vieux sage", les voyant à l'oeuvre, se moqua de lui :
- Quelle sottise faites-vous là ! A votre âge, vous n'avez plus beaucoup de temps à vivre ! Vous n'arriverez jamais à seulement aplanir un sommet; alors ces deux grandes montagnes, vous pensez ! Vous feriez mieux d'abandonner !

- On vous dit vieux et sage, rétorqua Yu Gong, mais vous êtes encore moins sensé qu'une veuve ou un enfant ! Sachez que lorsque je mourrai, il y aura mes fils; quand ils mourront à leur tour, il y aura mes petits-fils, ainsi les générations se succéderont sans fin. Si hautes que soient ces montagnes, elles ne pourront plus grandir; à chaque coup de pioche, de génération en génération, elles diminueront d'autant; pourquoi donc ne parviendrions-nous pas à les aplanir ?

Cette réponse cloua le bec à Zhi Sou qui partit sans rien dire. Yu Gong et ses enfants, inébranlables, continuèrent de piocher, jour après jour, année après année.

Cependant, le génie qui régnait sur ces deux montagnes commença à s'inquiéter. Si Yu Gong continue à piocher ainsi, pensa-t-il, mon royaume finira par disparaître complètement. Il en informa l'Empereur Céleste qui, ému de la volonté inébranlable du vieillard, envoya sur terre deux génies célestes qui emportèrent les deux montagnes sur leur dos.

L'une fut déposée à Shuodong, l'autre à Yongnan. Depuis, de Jizhou à la rivière Han, aucune montagne ne barre plus la route.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:21

Tanglai'er


PARTIE I

Il était une fois, un Empereur qui ne s'occupait jamais des affaires de l'Etat, ni des intérêts du peuple; la seule chose qui l'intéressait, c'était la chasse. Chaque fois qu'il sortait avec sa suite, ils piétinaient les champs du peuple et tiraient sur des moutons appartenant aux paysans.

Un jour, l'Empereur partit en chasse, accompagné d'un cortège de cavaliers. Un jeune cerf dans le lointain s'approchait de lui, se retournait et s'en allait devant son cheval. Transporté de joie, l'Empereur se lança aussitôt à la poursuite du cerf sans appeler sa suite.

Ayant traversé plusieurs vallées et collines, il arriva dans un bois, mais le cerf avait disparu. Le soleil commençait à se coucher et il n'y avait plus de chemin. Craignant d'être dévoré par un tigre ou une panthère, il détala comme un lièvre.

Finalement, il aperçut une maison de charbonnier et demanda au maître de céans:
- Je suis l'Empereur, dépêche-toi de m'accompagner au Palais impérial.

Le charbonnier répondit prudemment:
- Ah, mon Dieu, ma femme va accoucher ce soir, je ne peux pas la quitter. D'ailleurs le Palais impérial est très loin d'ici, est-ce que vous ne pourriez pas passer une nuit chez moi? Demain je vous accompagnerai.

L'Empereur s'installa alors au premier étage chez le charbonnier. A minuit, la femme du charbonnier mit au monde un enfant qui pleurait comme si une abeille bourdonnait.

Ayant l'impression d'entendre quelqu'un qui parlait, l'Empereur regarda en bas par une fente du plancher. Il lui sembla voir un immortel, une bougie à la main, dire au bébé:
" Cet enfant sera le gendre de l'Empereur et plus tard deviendra Empereur."

Hors de lui, l'Empereur descendit furtivement et étrangla la femme du charbonnier dans son lit.

PARTIE II

Le lendemain, le charbonnier s'approcha de son épouse pour lui servir à manger. Il l'appela, mais elle ne lui répondit pas. Le bébé pleurait sans arrêt. Impatient, le charbonnier regarda de plus près sa femme et s'aperçut qu'elle était morte. Fou de chagrin, il se mit à sangloter.

L'Empereur descendit alors et affecta une attitude bienveillante:
- Ne pleure pas, si tu me donnes ce bébé, je vais l'emmener au Palais impérial et le traiter comme mon propre fils.

Ignorant les mauvaises intentions de son hôte et espérant que son fils pourrait ainsi survivre, le charbonnier lui obéit. Ravi, l'Empereur crut que sa ruse allait réussir.

Une fois arrivé au Palais impérial, il fit venir un vieux domestique:
- Va vite chercher une caisse en fer et mets ce bébé dedans, puis jette-les dans une rivière. Si tu t'acquittes bien de ta tâche, je te récompenserai; sinon, je te tuerai.

N'osant pas désobéir, le vieux domestique à contre-coeur fit ce qu'on lui demandait. La caisse en fer n'était pourtant pas tombée au fond de la rivière et flottait sur l'eau.

Au bout d'un long trajet, elle attiva dans un village de pêcheurs. Un vieux couple la repêcha, l'ouvrit et y trouva un enfant endormi. Etant sans descendance à l'âge de plus de 60 ans, ils en furent heureux et élevèrent cet enfant comme le leur et ils lui donnèrent le nom de "Tanglai'er".

PARTIE III

D'année en année, Tanglai'er grandissait et devenait fort et habile. Dix-sept ans plus tard, l'Empereur s'arrêta dans ce village lors d'une chasse, pour abreuver son cheval. Il envoya quelqu'un du village chercher de l'eau. C'est à Tanglai'er qu'échut cette charge. En le voyant, l'Empereur demanda au vieillard:
- C'est votre propre fils ?

- Je le considère comme mon propre fils. Ma femme et moi l'avons trouvé sur la rivière il y a dix-sept ans. Nous l'avons élevé avec peine, répondit le vieillard.

Surpris de cette nouvelle, l'Empereur affecta un air indifférent et poursuivit ses questions:
- Comment l'avez-vous trouvé ?

- Je ne sais pas qui voulait faire le mal en enfermant un bébé dans une caisse en fer. Heureusement, nous lui avons sauvé la vie, répondit le père.

En entendant cela, l'Empereur, n'eut plus qu'une idée: tuer Tanglai'er, et trouva une ruse plus perfide. Il descendit de cheval et rédigea une lettre pour que Tanglai'er la portât au Palais impérial. Elle était ainsi libellée:

"Ce jeune homme est mon ennemi. Dès réception de cette lettre, qu'on le tue immédiatement sans attendre mon retour. Urgent; urgent !"

Sachant qu'il ne pouvait pas désobéir, Tanglai'er prit la lettre et fit ses adieux à son père:
- Papa, l'Empereur me charge de transmettre cette lettre, je n'ose pas désobéir. Je m'en vais maintenant, ne t'inquiète pas trop de moi.

- Je ne m'inquiète pas de toi, sois tranquille, toi aussi. Tu es honnête et tu n'as rien à craindre. Vas-y et reviens vite, dit son père en lui tapant sur l'épaule.

PARTIE IV

Tanglai'er marcha pendant trois jours et trois nuits sans arriver en vue de la capitale. Un jour, il se trouva perdu dans un bois obscur. Il était plongé dans la perplexité quand il vit tout à coup devant lui un temple blanc. Il y entra; un vieux au visage tout rouge et à la barbe blanche s'approcha de lui.

Ce vieux l'accueillit avec bienveillance, lui offrit la nourriture et le gîte. Tanglai'er avait l'impression qu'il était chez lui. Il se réchauffa dans la maison et tomba dans un profond sommeil.

A minuit, le vieillard à la barbe blanche s'empara furtivement de la lettre et en changea le contenu en ces termes:

"Ce jeune homme est mon bienfaiteur. Dès réception de cette lettre, qu'il épouse notre fille immédiatement sans attendre mon retour.
Urgent, urgent!"

Le lendemain, au réveil, Tanglai'er se retrouva sous un gros arbre et réalisa que le vieux à la barbe blanche et le temple blanc avaient tous deux disparu. Mais il se rassura en constatant que sa lettre était toujours là. Il se leva à la hâte et reprit son chemin.

Arrivé au Palais impérial, il remit la lettre à l'impératrice. Celle-ci, après l'avoir lue, organisa aussitôt une cérémonie de mariage pour sa fille et Tanglai'er.

Au retour de la chasse, l'Empereur fut hors de lui en voyant que Tanglai'er, au lieu d'être exécuté, était devenu son gendre. Il demanda alors à l'impératrice ce qui s'était passé.
- J'ai fait ce que tu m'as recommandé, dit-elle, voici ta lettre.

L'Empereur prit la lettre: chose bizarre, elle était bel et bien de son écriture, seulement le sens était tout à fait changé.

PARTIE V

L'Empereur fit venir Tanglai'er et lui en demanda la cause. Tanglai'er lui raconta sa rencontre avec le vieux à la barbe blanche; il décrivit ses habits et son visage. L'Empereur comprit alors que c'était un immortel qui l'avait protégé. Il dit à Tanglai'er:
- Tu es un bon gendre. J'ai une demande à te faire, mais je ne sais si tu pourras y satisfaire.

- Dites-la moi, s'il vous plaît! Je pourrai sans doute vous contenter, dit le jeune homme.

Affectant un sourire, l'Empereur dit:
- Je veux des cheveux blonds de la Déesse du Soleil.Va vite en chercher trois pour moi. Ne reviens ici que lorsque tu les auras trouvés.

En entendant cela, Tanglai'er prit congé de sa femme et se mit en route. Il arriva au bord d'une rivière calme où il n'y avait qu'un seul petit bateau. Le batelier lui demanda:
- Mon voyageur, où allez-vous?

- Je vais chercher des cheveux blonds de la Déesse du Soleil, répondit Tanglai'er.

- Est-ce que vous pourriez lui demander pour moi pourquoi il n'y a toujours personne qui vient me remplacer? J'ai fait le passeur ici pendant plus de vingt ans.

- D'accord, je vous donnerai la réponse au retour.

Tanglai'er fut transporté sur l'autre rive. Il continua à marcher et se rendit dans une ville où des habitants lui demandèrent:
- Jeune homme, où allez-vous?

- Je vais chercher des cheveux blonds de la Déesse du Soleil.

- Pourriez-vous lui demander pourquoi notre arbre aux fruits de longévité, qui peuvent rajeunir les vieillards, ne porte plus de fruits depuis vingt ans?

- Entendu, je vous donnerai la réponse au retour. Tanglai'er poursuivit sa marche et arriva dans une autre ville dont des citadins lui demandèrent:
- Jeune homme, où allez-vous?

- Je vais chercher des cheveux blonds de la Déesse du Soleil, dit encore Tanglai'er.

- Pourriez-vous lui demander pourquoi, depuis vingt ans, il n'y a plus d'eau dans notre fontaine de renaissance, dont l'eau peut redonner la vie aux morts?

- C'est entendu; je vous répondrai au retour.

PARTIE VI

Le lendemain, Tanglai'er reprit son chemin. Après avoir longtemps marché, il arriva dans un bois au milieu duquel il y avait une maison où habitait la Déesse du Soleil.

Tanglai'er frappa à la porte et la mère de la Déesse sortit en lui demandant:
- Ah, c'est Tanglai'er. Je sais que tu viens chercher des cheveux de ma fille, n'est-ce pas?

- Exactement. Répondit Tanglai'er en souriant avec un signe de tête affirmatif et il rapporta toutes les questions formulées en chemin.

La mère de la Déesse du Soleil lui dit:
- Sais-tu que tu es obligé de te cacher après le dîner. Si ma fille te voyait, elle te mettrait à la porte.

Après le dîner, la mère de la Déesse dissimula Tanglai'er dans une jarre. Lorsque la Déesse du Soleil rentra, elle demanda immédiatement:
- Maman, il me semble qu'il y a quelqu'un qui est venu. Est-ce que tu l'as vu?

- Personne n'est venu. Ce n'est pas à moi qu'il faut demander cela puisque tu es là-haut, sur le ciel. La mère de la Déesse fit semblant de ne rien savoir.

PARTIE VII

Le soir, la Déesse s'endormit appuyée sur les genoux de sa mère qui lui arracha doucement un cheveu. La Déesse se réveilla et demanda:
- Maman, pourquoi m'as-tu arraché des cheveux?

- J'ai vu en rêve une rivière calme où il y a un homme qui fait le passeur depuis plus de vingt ans et qui n'est toujours pas remplacé, répondit sa mère.

- Qu'il donne ses rames au premier passager, ce sera son remplaçant, dit la Déesse.

Puis elle se plongea de nouveau dans le sommeil. Sa mère en profita pour lui arracher un deuxième cheveux. La Déesse s'exclama:
- Maman, pourquoi me réveilles-tu encore une fois?

- J'ai rêvé d'un arbre aux fruits de longévité dans une ville qui n'a pas porté de fruits depuis vingt ans. Sais-tu pourquoi? dit sa mère.

- C'est parce qu'il y a un serpent sous la racine de l'arbre. On n'a qu'à tuer ce serpent.

Cela dit, la Déesse referma les yeux. Quand elle commença à ronfler doucement, sa mère lui arracha un troisième cheveu. Réveillée en sursaut, la Déesse cette fois perdit patience:
- Maman, pourquoi ne me laisses-tu pas dormir tranquillement ce soir, il me faut partir de bonne heure demain matin.

- C'est bizarre, je fais des rêves étranges sans arrêt ce soir! J'ai vu en rêve dans une ville une fontaine de renaissance qui n'a pas donné d'eau depuis vingt ans.

- C'est parce qu'il y a une grenouille dorée dans la bouche de la fontaine. Il suffit de la tuer et de vider la bouche pour que l'eau rejaillisse, expliqua la Déesse.

Tanglai'er, du fond de la jarre, avait clairement entendu la conversation.

Le lendemain matin, dès que la Déesse du Soleil partit en volant par la fenêtre, sa mère ouvrit le couvercle de la jarre et donna les trois cheveux à Tanglai'er en lui demandant:
- Est-ce que tu as entendu ce que nous avons dit hier soir?

- Oui, j'ai tout entendu, répondit Tanglai'er en souriant.

Il prit les cheveux, remercia la mère de la Déesse et entama joyeusement le chemin du retour.

Tanglai'er repassa par la première ville dont les citadins l'attendaient. Il leur dit de tuer la grenouille et de vider la bouche de la fontaine. Ainsi fut fait et l'eau limpide surgit. Pour remercier Tanglai'er, on lui offrit 24 chevaux noirs et 20 caisses d'argent blanc.

Arrivé à la deuxième ville, Tanglai'er dit aux habitants de tuer le serpent niché sous la racine de l'arbre. Cela fait, l'arbre redevint vert. Les habitants de la ville lui donnèrent 24 chevaux blancs et 20 caisses d'or comme remerciement.

Arrivé finalement au bord de la rivière, le batelier lui demanda:
- Est-ce que vous avez posé ma question?

- Oui, répondit Tanglai'er.

Et après un instant de réflexion, il ajouta:
- Je vais vous donner la réponse de l'autre côté de la rivière.

La rivière traversée, Tanglai'er lui dit:
- Vous n'avez qu'à donner vos rames au premier passager, et il vous remplacera.

Quand il fut rentré dans la capitale, la Princesse pleura de joie et l'impératrice lui dit:
- Mon gendre, nous avons pensé à toi tous les jours.

Quand à l'Empereur, il ne savait que faire à la vue des trois cheveux blonds, des chevaux, de l'argent et de l'or, et il se demandait où son gendre avait bien pu les trouver. Il ne put s'empêcher d'interroger Tanglai'er:
- Mon gendre, comment as-tu obtenu ces choses-là?

Tanglai'er lui raconta en détail toutes les rencontres qu'il avait faites.

L'Empereur se mit alors à penser:
"Je suis âgé, il me faut aller chercher des fruits de longévité et de l'eau de renaissance."

Il s'en alla à la hâte. Arrivé au bord de la rivière, le batelier lui donna les rames et l'Empereur resta là pour toujours.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:22

L'Histoire de Xingni


PARTIE I

Dans l'Antiquité, dans le village de Danyang, il y avait un couple dont le mari, très travailleur s'appelait Dunang et sa belle épouse, Yangxiang. Ils étaient mariés depuis plusieurs années, pourtant ils n'avaient toujours pas d'enfant. Ils rêvaient jour et nuit d'avoir un enfant.

Un soir, Yangxiang vit en rêve une étoile tomber sur le toit de sa maison et une vieille dame amener une belle fille dans sa maison. Très heureuse, elle alla à leur rencontre. Au moment où elle voulait dire quelques mots, elle se réveilla.

Depuis lors, elle attendait un enfant. Au bout d'un certain temps, elle mit au monde une fille nommée Xingni, c'est-à-dire la "Fée".

La petite fille avait un joli nom et elle-même était encore plus belle. A l'âge de trois ans, elle apprit à chanter avec sa maman. A cinq ans, elle pratiqua les arts martiaux avec son papa. A onze ans, elle mena paître des boeufs dans la montagne.

Quand elle saisissait un taureau par les cornes, celui-ci n'osait pas lui désobéir. A treize ans, elle était déjà habile dans tous les domaines: culture des champs, tissage, chant et danse. Elle était donc très réputée dans la région au bord du Duliujiang et tout le monde l'appréciait.

Les pauvres avaient plaisir à la rencontrer, tandis que le riche propriétaire du lieu nourrissait à son égard un très mauvais dessein. Cet homme, nommé Guoshun qui avait déjà six femmes avait encore décidé d'épouser Xingni à la vue de sa beauté.

Il prétendit que Dunang, père de Xingni, était en dettes avec lui, et pour se faire rembourser, il lui ordonna d'aller chercher une peau de tigre de 4 mètres de long.

Obligé d'obéir, Dunang prit son fusil et partit pour la chasse. Les peaux du premier et du deuxième tigre qu'il attrapa n'étaient pas assez longues.

Au bout de plusieurs dizaines de jours, il rencontra un tigre énorme sur lequel il tira trois coups de feu; le fauve fut tué. Le chasseur mesura sa peau: elle faisait justement 4 mètres.

PARTIE II

Pourtant, le propriétaire Guoshun ne s'avoua pas satisfait.
- La peau du tigre est assez longue, mais elle a trois trous. Je ne peux pas m'en servir. Va m'en chercher une autre sans trous.

Ne pouvant refuser, le chasseur repartit dans la montagne. Pour avoir une peau sans trous, il fallait tuer un tigre avec un bâton ou même à mains nues. Il en tua ainsi plusieurs qui, tous, n'étaient pas assez longs. Finalement, il vit un tigre géant, combattit contre lui et finit par être dévoré.

Le propriétaire Guoshun dit alors:
- Puisque je n'ai pas pu avoir un matelas de peau du tigre, je veux que Yangxiang le remplace.

Se trouvant dans une impasse, Yangxiang, tenant embrassés les restes du cadavre de son mari, se jeta au fond d'un ravin de la montagne. La pauvre Xingni était ainsi devenue orpheline.

Le propriétaire Guoshun dit encore:
- Puisque Yangxiang est morte, que Xingni la remplace.

A cette nouvelle, tous les villageois s'inquiétèrent du sort de Xingni. Guangong, un vieillard plein de bonté, lui proposa d'aller chez son oncle à Liujia et l'accompagna en cachette jusqu'à la sortie du village de Danyang.

Xingni fit ses adieux à Guangong et se dirigea vers Liujia. Après avoir franchi plusieurs collines et montagnes, comme elle arrivait dans une vallée, un tigre énorme se jeta sur elle. Elle s'enfuyait à la hâte quand elle entendit siffler une flèche: Le tigre tomba à terre, frappé à mort.

C'était un chasseur nommé Xingdao qui l'avait tué. Xingni remercia ce jeune chasseur et reprit son chemin pour aller chez son oncle.

PARTIE III

Là, Xingni allait travailler avec ses amis dans la montagne pendant la journée, et chantait avec eux le soir. Le jeune chasseur Xinddao venait souvent chanter en leur compagnie; il devint bientôt le bien-aimé de Xingni. Elle lui offrit une mèche de cheveux et un peigne en argent. En échange, Xingdao enleva le bracelet-talisman qui devait protéger sa vie et l'offrit à son amour.

Le pont et la lune furent témoins de leurs serments. Après l'échange des gages, Xingni chanta une chanson pour Xingdao:

Les chrysanthèmes en fleurs dorent la terre,
Ce n'est pas facile de trouver en ce monde un véritable amour;
Je me fiance avec mon bien-aimé.
Nos fiançailles ne reposent que sur notre amour.

Tout heureux, Xingdao lui donna la réplique:
Un fruit sera partagé en deux.
Un bol d'eau que nous boirons ensemble;
Notre amour durera toute notre vie,
Sous le même toit nous vivions;
Nous serons enterrés dans la même tombe lors de notre mort.

La pleine lune devint un croissant, et ce dernier peu à peu retrouva sa plénitude. Voilà le 15 du 8e mois lunaire, Fête de la Lune. Les jeunes filles et les garçons, les vieillards et les enfants, venus de toutes parts, se réunissent pour un concours de pipeau et de chant.

Parmi des milliers de joueurs de pipeau, c'était Xingdao le meilleur. Parmi des milliers de chanteuses, c'était Xingni la meilleure. Lorsqu'elle chantait, les nuages blancs se figeaient dans leur marche et les oiseaux cessaient de s'envoler. Les gens se pressaient autour d'elle.

A ce moment-là, le propriétaire Guoshun arriva en compagnie de ses serviteurs. A la vue de Xingni, il fut à la fois surpris et content. Quant à Xingni, hors d'elle, elle chanta:
Certaines gens mangent des gâteaux de lune sucrés,
D'autres mangent des laiterons amers;
Qui sait le jour de la mort du propriétaire,
Quand il aura la bouche pleine de boue et le visage vers le ciel.

La foule éclata de rire. Le visage de Guoshun changea de couleur. Il s'écria:
- Je te cherche depuis longtemps, alors tu es là et tu oses m'injurier. Allez, attrapez-là.

Une dizaine de ses serviteurs se jetèrent sur la jeune fille et l'emmenèrent.

PARTIE IV

Guoshun enferma Xingni dans une maison et ordonna à son majordome Wangshu de lui apporter de nouveaux habits. Wangshu dit à Xingni:
- Ne sois pas si bête, jeune fille, le nuage du bonheur plane sur ta tête. Tu plais au seigneur. Il veut t'épouser comme sa septième femme. Tu goûteras un grand bonheur.

En entendant cela, Xingni, furieuse, voulait se battre à mort avec le propriétaire en recourant aux arts martiaux qu'elle avait appris de son père lorsqu'elle entendit un signal secret de Xingdao sous les fenêtres:
- Xingni, ne sois pas imprudente. Il faut chercher un stratagème pour combattre les tigres et les loups.

Elle se retint alors et dit à Wangshu:
- Dans ce cas, il faut organiser un grand festin selon ma volonté. Wangshu donna entièrement son accord.

Wangshu mit Guoshun au courant de cette nouvelle. Le propriétaire fut transporté de joie et fit tuer des porcs et des moutons pour préparer un grand festin.

Le jour du mariage, la maison était bondée d'invités, on eût dit des mouches sur des bouses de vache. Chacun invitait le nouveau marié à boire comme de petits singes vénérant leur roi. Complètement soûl, Guoshun entra en zigzaguant dans la chambre nuptiale. Il dit tout en vomissant:
- Je m'excuse, je m'excuse, ma nouvelle épouse!

- Va te coucher! Allez, vite au lit! répondit Xingni qui était en train de balayer le sol.

Guoshun s'allongea sur le lit en grognant. Xingni prétendit aller aux toilettes et Guoshun ne s'en méfia pas. Xingni sortit de la maison, mit quelques troncs de bambous devant la porte, rejoignit Xingdao derrière la maison et se sauva avec lui en passant par-dessus le mur.

PARTIE V

A son réveil, constatant que la nouvelle mariée n'était pas revenue dans la chambre, Guoshun se hâta de s'habiller et de sortir de la maison. A la porte, il tomba par terre en marchant sur les bambous, roula de haut en bas de l'escalier, les quatre fers en l'air, et ne put plus se redresser. Il cria:
- Venez ! Courez vite à sa poursuite !

Mais Xingdao et Xingni avaient déjà franchi plusieurs montagnes. Après avoir franchi 99 collines et 99 rivières, Xingdao et Xingni arrivèrent au village de Luoshi au pied d'une grande montagne.

Il y avait là une bonne veuve qu'on appelait grand-mère Tianba. N'ayant pas d'enfant, elle vivait toute seule et voulut bien garder les jeunes gens chez elle. Xingdao la prit pour mère, et Xingni pour belle-mère.

Dès lors, les trois membres de cette famille travaillaient ensemble et menaient une vie paisible.

Au bout de quelques années, Xingni avait mis au monde deux filles dont l'aînée s'appelait Jiaju et la cadette Jiamei. Elles allaient souvent avec leur mère prendre un bol de bouillie de farine au village ou cueillir des fraises à la montagne. Xingni et Xingdao travaillaient laborieusement aux champs. Les trois générations menaient une vie heureuse.

Un jour, Xingni et Xingdao étaient en train de creuser un étang à poissons lorsque soudain ils dégagèrent une poignée de sabre. Xingni la tira du sol: Une lumière dorée se répandit à la surface de l'étang et un bruit de tonnerre éclata au fond de l'eau.

Là d'où était sorti le sabre jaillissait une fontaine limpide; Xingni regarda l'arme de plus près.

Sur la poignée se lisait l'inscription:
"Sabre du Trésor des neuf Dragons."

C'était donc un cadeau offert par le roi Dragon.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:23

PARTIE VI

Ce sabre pouvait briser la pierre, revêtir de verdure des montagnes arides et faire couler de l'eau sur leurs pentes. Ils s'en servirent pour défricher la montagne, y planter des arbres et installer des terrasses sur ses flancs pour cultiver la terre.

Les arbres qu'ils avaient plantés grandissaient rapidement. La rizière se couvrait vite d'épis d'or. L'étang regorgeait de poissons. Ils avaient des vivres en abondance et menaient une vie de plus en plus heureuse.

Leur nourriture et leur habillement assurés, toutes les familles du village chantaient en buvant dans leurs maisons de bois. Le soir, on jouait de la guitare chinoise dans la tour du tambour. Le village de Luoshi devenait le village du bonheur.

Ayant appris qu'il y avait un étang des neuf Dragons dans le village de Luoshi au fond duquel se trouvait un puits à l'eau limpide, et qu'on pouvait y récolter quantité de poissons, le propriétaire Guoshun voulut s'en emparer.

A la tête de ses valets, il arriva à la tour du tambour, fit battre le tambour et dit au public:
- L'étang des neuf Dragons fait partie du trésor de ma famille. C'est intolérable que vous en jouissiez sans ma permission! Je veux bien vous excuser à condition que vous me payiez comme fermage un million de livres de céréales et 5000 livres de poissons par an. Demain, envoyez quelqu'un chez moi pour dresser un acte. On verra qui osera me désobéir!
Puis, il s'en alla en se déhanchant.

Comme la grand-mère Tianba s'approchait de lui pour essayer de le raisonner, Guoshun l'envoya rouler à terre d'un coup de pied. Tout le monde en fut indigné. Comment faire? Tous les villageois discutaient dans la tour du tambour d'un air sombre.

Après avoir réfléchi, Xingni prit la parole:
- Il faut que neuf jeunes hommes viennent avec moi.

PARTIE VII

Neuf jeunes costauds et courageux, y compris Xingdao, furent choisis. Tous les dix partirent la nuit même, traversèrent montagnes et rivières pour arriver au village de Danyang.

Connaissant bien la maison du propriétaire, Xingni posta chacun dans un endroit et entra elle-même dans la chambre de Guoshun.

Tiré de son rêve, les jambes tremblantes, Guoshun supplia Xingni:
- Prenez tout ce que vous voulez, des céréales, de l'or, mais faites-moi grâce de la vie.

- Je ne veux ni céréales, ni or. Je veux que tu apposes un sceau sur ce papier en promettant de ne jamais revenir au village de Luoshi. Choisis ce que tu préfères, les fermages ou la vie, répondit Xingni.

Puis, elle leva le sabre magique du Dragon et coupa une chaise en bois de santal en deux devant elle. Le propriétaire dressa docilement un acte et le passa à Xingni, et celle-ci lui ordonna de se tourner contre le mur et de compter jusqu'à 100 avant de se retourner.

Le propriétaire terrifié obéit; quand il tourna la tête, Xingni et les neuf jeunes étaient déjà sortis du village de Danyang.

Le propriétaire Guoshun était furieux. Le lendemain, il réunit tous ses serviteurs, recruta des soldats et acheta des armes. Il voulait écraser le village de Luoshi, capturer Xingni et son époux, et les tuer.

Etant au courant de ses desseins, Meini et Meimu, deux servantes du propriétaire, en informèrent Xingni. Devant la menace de l'attaque du propriétaire, elle battit le tambour pour réunir les villageois de Luoshi et discuter des moyens de se défendre.

Une troupe de volontaires fut organisée. Ils décidèrent finalement de porter le premier coup pour avoir le dessus. Xingni, à la tête de la troupe nouvellement organisée arriva la nuit même au village de Danyang et le fit encercler. Xingni, accompagnée de quelques soldats, pénétra dans la chambre de Guoshun, le prenant au dépourvu.

Xingni lui montra l'acte, tout en disant:
- L'autre jour, tu as signé en promettant de ne plus demander les fermages, ni d'offenser les gens. Maintenant, tu manques à ta promesse, mon sabre ne le tolérera pas.

Puis d'un coup de sabre, elle fendit Guoshun en deux. Le majordome Wangshu, à la tête des autres serviteurs, demanda alors grâce:
- Ne me tuez pas, je suis prêt à vous offrir mes services.

La troupe de Luoshi lui fit grâce de la vie et ouvrit le trésor et le grenier de Guoshun pour distribuer ses biens aux pauvres.

PARTIE VIII

Guoshun avait un fils nommé Dinglang qui était mandarin dans une autre localité. A la nouvelle de la mort de son père, il se hâta d'intenter un procès auprès de la préfecture. Mis au courant de l'insurrection du village des Dong, dirigée par une femme, le préfet fut énormément surpris et envoya huit milles soldats, sous le commandement de Dinglang, encercler le village de Danyang.

Arrivées dans la région des Dong, ces troupes massacrèrent des habitants, pillèrent et brûlèrent des maisons. Cependant, une fois entrées dans les villages des Dong, elles furent attaquées de partout: Des soldats étaient blessés par des aiguilles de bambous, d'autres percés de flèches.

Xingni brandit son sabre et tous les ennemis qu'elle touchait de sa lame étaient tués. Au bout de sept jours et de sept nuits de combat, Xingni et sa troupe évacuèrent le village de Danyang et s'installèrent dans la montagne près du village.

Croyant que les insurgés s'enfuyaient, les troupes de Dinglang se jetèrent à leur poursuite en désordre dans la montagne. Sur ces entrefaites, Xingni leva son sabre, perça la montagne de pierres d'oùu jaillirent des milliers de sources. Ce déluge submergea les troupes ennemies qui ne pouvaient trouver un endroit pour s'abriter.

Elles furent réduites à la fuite. Alors les enfants s'habillèrent de neuf et les vieux avaienty le visage tout souriant. Tous les villages étaient en liesse et tous les Dong dressaient fièrement la tête.

Sur la place, devant la tour du tambour, les jeunes filles dansaient tandis que les garçons jouaient du pipeau. Xingdao, Xingni et leurs filles Jiamei, Jiaju étaient tous là. Ils s'adonnèrent de si bon coeur au chant et à la danse qu'ils en oublièrent de garder sur eux le sabre magique qui était resté accroché au mur chez eux.

A leur insu, des éclaireurs ennemis s'y infiltrèrent et volèrent le sabre, sur lequel ils versèrent des excréments et du sang de chien, de tel sorte que le sabre du trésor perdit sa puissance magique.

PARTIE IX

Quant à Dinglang, après avoir essuyé la défaite, il adressa un rapport sur l'insurrection des Dong à l'Empereur. Ce dernier envoya 80 000 soldats attaquer le village des Dong.

Xingni, à la tête de son armée, vint à la rencontre des ennemis. Comme le sabre avait perdu sa puissance magique, le combat était très dur. L'époux de Xingni, Xingdao fut frappé d'une flèche lancée traîtreusement par Wangshu.

Le combat dura neuf jours et neuf nuits. Bien que Xingni ait tué Wangshu, elle fut obligée de battre en retraîte avec son armée devant un ennemi supérieur en nombre. Ils se dirigèrent vers Badong et Jiudong tout en résistant contre les ennemis qui les attaquèrent sur leur front et sur leurs arrières dans les chemins de montagne.

Toute le route était semée de flaques de sang. L'armée héroïque des Dong abandonna le village et escalada un escarpement pour tenir jusqu'au bout. Encerclés dans une forêt dense, les vivres vinrent à manquer. Pour boire, rien que de l'eau de la pluie; pour manger, rien que des patates sauvages.

Au bout de 99 jours, les soldats moururent l'un après l'autre, il ne restait que Xingni et ses deux filles. Les troupes ennemies s'approchaient petit à petit, criant:
"Saisissons-les vivantes!"

Xingni monta au sommet de la montagne, regarda la terre de son pays natal, avec le regret de s'en séparer, puis prenant ses deux enfants dans ses bras, elle se jeta dans l'étang du Dragon aux eaux profondes au pied de la haute falaise.

Les troupes impériales les poursuivirent jusqu'au bord de l'étang, mais elles ne virent que trois carpes rouges nageant dans l'eau limpide. Elles y jetèrent du poison. Mais les carpes rouges ne vinrent pas flotter à la surface; on vit au contraire trois coqs dorés s'élever de l'eau jusqu'au ciel en déployant leurs ailes.

Dès lors, Xingni disparut. Si elle vivait encore, nul ne savait où elle était. Si elle était morte, elle vivait toujours au coeur des Dong. Pour perpétuer son souvenir, dans tous les villages, on construisit des temples et des tombes en pierre sur lesquelles étaient plantés le cyprès ou l'osmanthe.

Au moment des fêtes, on célèbrait un culte dans ces temples. A l'heure actuelle, on retrouve des traces de cette légende dans les villages des Dong. Xiama, Shasui et Satang sont tous des noms donnés à la "grand-mère respectable" - Xingni, l'héroïne légendaire qui, à la tête des Dong, osa résister contre la force d'un despote.
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MessageSujet: Re: Légendes de 51 à 60   Légendes de 51 à 60 Icon_minitime6/2/2007, 11:23

Le Lumignon


PARTIE I

Il était une fois un célibataire nommé Du Lin. il travaillait dans des champs en terrasses sur la pente d'une montagne. Un jour, exposé au soleil, il était couvert de sueur qui tombait goutte à goutte sur la terre, avant de rouler dans le creux d'une pierre.

Peu de temps après, un lys sortit du creux de la pierre: une fleur blanche soutenue par une tige souple et accompagnée de feuilles vertes. La fleur brillait à la lumière du soleil rouge et émettait des sons mélodieux à la légère brise en se balançant.

S'appuyant contre sa houe, Du Lin regardait la fleur, éberlué:
"Eh! La fleur qui pousse sur la pierre sait chanter, c'est merveilleux!"

Du Lin travaillait tous les jours dans des champs et la fleur de lys chantait toujours. Le jeune homme travaillait avec ardeur et la fleur chantait de plus belle.

Un matin, Du Lin se rendit aux champs et vit que la fleur de lys était tombée par terre sous le choc du passage d'un fauve. Il la ramassa et dit:
"Fleur de lys, il y a beaucoup de sangliers dans la montagne. Je t'amène à la maison."

Du Lin ramena la fleur chez lui, la planta dans un mortier de pierre et la mit sous la fenêtre.

Dans la journée, le jeune homme cultivait dans la montagne, le soir, à la maison, il tressait des corbeilles sous la lampe à huile en sentant le parfum de la fleur de lys et en écoutant son chant, le sourire aux lèvres.

Le soir de la fête de la Mi-Automne, la lune était claire et la maison était éclairée par la lampe à huile. Du Lin tressait une corbeille lorsqu'une grosse fleur rouge s'épanouit soudain sur la mèche de la lampe. Une jeune fille en blanc d'une grande beauté se tenait au milieu de la fleur et chantait d'une voix harmonieuse:

La fleur de lys est parfumée,
Le lumignon brille d'une lumière rouge.
Le jeune homme travaille la nuit à la maison,
Une jeune fille en blanc sort du Lumignon.

PARTIE II

La mèche de la lampe étincelant, la jeune fille sauta par terre et se tint tout en souriant, auprès de Du Lin. La fleur de lys sous la fenêtre avait disparu.

Depuis lors, ce jeune couple vécut dans cette maison. La journée, ils travaillaient joyeusement dans la montagne; le soir, aussi avec joie, le mari tressait des corbeilles et la femme brodait.

Di Lin allait les jours de foire vendre leurs produits et acheter beaucoup de choses. Leur vie était douce comme le miel.

Au bout de deux ans, Du Lin habitait dans une grande maison de briques, au lieu de la chaumière d'autrefois. Son grenier était rempli de céréales et son étable pleine de boeufs et de moutons. Il s'en contenta alors, ne voulant plus cultiver la terre ni tresser des corbeilles. Une pipe à la bouche, une cage à oiseaux à la main, il se balladait un peu partout.

Son épouse lui proposa d'aller vendre des céréales et des broderies à la foire pour acheter une houe, une faucille et du fil à broder. Mais au retour, il rapporta du poulet, de la viande de porc et du vin et s'abandonna aux excès de la table.

La jeune femme lui proposa d'aller travailler dans la montagne, il ne voulait pas, disant qu'il avait mal aux pieds. Elle lui conseilla de tresser des corbeilles, il refusa sous prétexte qu'il avait mal aux yeux.

Elle lui dit alors:
- Il ne faut pas nous contenter de notre vie, nous devons bien travailler.

Faisant un clin d'oeil et reniflant, il s'en alla, la pipe à la bouche et la cage à oiseaux à la main.

Un soir, la jeune femme brodait toute seule sous la lampe, lorsque soudain une grosse fleur rouge s'épanouit au milieu de la mèche et y apparut un joli paon coloré qui déployait sa traîne et chantait:

La fleur de lys est parfumée,
Le lumignon brille d'une lumière rouge.
Le jeune homme est devenu paresseux,
Jeune fille, suis-moi vers le ciel.

PARTIE III

Le paon sortit du lumignon étincelant, porta la jeune femme sur son dos, sortit par la fenêtre et s'envola.

Se redressant à la hâte sur son lit, Du Lin se précipita vers la fenêtre, mais il ne put saisir qu'une plume du paon et regardait désespérément l'oiseau s'éloigner emportant la jeune femme et se diriger vers la lune.

Dès lors, personne ne lui proposant de travailler Du Lin devenait encore plus paresseux. Il ne s'intéressait qu'à manger et à boire tout son content et qu'à se promener partout, toujours avec sa pipe et sa cage à oiseaux.

Du Lin vendit peu à peu toutes ses céréales, ses boeufs et ses moutons, ses vêtements et même la natte qui restait seule sur son lit.

En enlevant la natte, Du Lin découvrit deux broderies dessous: sur l'une d'entre elles, Du Lin et sa femme récoltaient joyeusement du riz qui couvrait toute la montagne et qui ruisselait d'une lumière d'or; sur l'autre, ils travaillaient le soir sous la lampe, le sourire aux lèvres, l'un tressait des corbeilles, l'autre brodait, et le grenier était rempli de céréales et l'étable pleine de boeufs et de moutons.

Des souvenirs lui revinrent à l'esprit, Du Lin versa des larmes sur les broderies, se tapant la tête, et se dit:
"Du Lin, Du Lin, tu t'es attiré des ennuis!"

Tournant le dos et serrant les dents, il saisit la pipe, la cassa en deux et la jeta dans le four. Il ouvrit ensuite la cage, laissa partir son oiseau, brisa la cage à coups de pieds et la lança également dans le four.

Cela fait, il prit sa houe et alla travailler à la montagne...

PARTIE IV

Depuis ce jour là, il cultiva la terre dans la journée et tressa des corbeilles le soir sous la lampe, sans se lasser.

Un jour il trouva une plume sous la fenêtre et la mit dans le mortier. Regardant ceci, il pensait à la fleur de lys et à sa femme, des larmes coulaient sur ses joues et tombaient dans le mortier.

Peu de temps après, la plume dans le mortier disparut, à sa place sortit une fleur de lys parfumée qui émettait un son mélodieux.

Le soir de la fête de la Mi-Automne, la lune était très claire et la maison éclairée par une lumière rouge. Du Lin tressait toujours des corbeilles sous la lampe.

Brusquement, apparut sur la mèche de la lampe une grosse fleur rouge au milieu de laquelle une jeune fille en blanc d'une grande beauté chantait:

La fleur de lys est parfumée,
Le lumignon brille d'une lumière rouge.
Le jeune homme travaille sans se lasser,
Une jeune fille blanche sort du lumignon.

La mèche étincelant, la jeune fille sauta à terre, et vint auprès de Du Lin le sourire au lèvre. La fleur de lys sous la fenêtre avait disparu.

A partir de ce jour-là, ce jeune couple cultivait la terre dans la montagne la journée et travaillait le soir sous la lampe. Leur vie était plus douce que le miel.
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