Rôles et Légendes
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 Légendes de 31 à 40

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Rhadamante

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MessageSujet: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:21

Geshan et Perle de Dragon


PARTIE I

Autrefois, dans un village nommé Bizika, habitaitent deux frères, Gelu, le grand et Geshan, le petit. La femme du premier avait plus d'un tour dans son sac; et son mari était toujours à ses pieds. Le petit Geshan, tout au contraire d'eux, était un enfant honnête.

Dès l'âge de 12 ans, le petit perdit ses parents et connut dorénavant une vie de souffrances. Son frère et sa belle-soeur le battaient quoi qu'il fit à coups de poing et de pied. Le pauvre petit passait ses journées dans la douleur et la misère.

Le temps passa, l'enfant eut 17 ans. Les deux méchants décidèrent de le tuer afin de garder pour eux-mêmes tous les biens de la famille. Il se trouva que juste à ce moment-là, la Cour impériale recrutait des soldats. Mari et femme, au mépris de toute humanité, vendirent secrètement leur frère à un richard, comme remplaçant du fils de celui-ci dans l'armée. Geshan allait être enrôlé de force le soir même.

Or il habitait dans le village une vieille femme charitable appelée Wang, qui, ayant pitié du pauvre jeune homme, lui apprit la mauvaise nouvelle.

Tout ahuri, Geshan eut les larmes aux yeux.
"Qu'est-ce que je peux faire? murmurait-il, un grand homme ne se laisse pas devenir la proie de l'injustice, comme dit le dicton. Il vaut mieux que je m'enfuie."

Une fois décidé, il se passa un couteau à la ceinture et s'échappa directement sans rentrer à la maison.

La lune se leva dans le ciel étoilé. Le jeune homme se dirigea vers la Grande Ourse malgré la faim et la fatigue. "Où trouver un abri ?"

A cette pensée, il ne put s'empêcher de verser des larmes.

PARTIE II

Le lendemain matin, le soleil se montra. Geshan s'avança dans la direction du levant. Il traversa des montagnes et des rivières, marchant toujours la tête baissée sans prêter attention aux beaux paysages ni aux gazouillement des oiseaux.

Soudain, un grand vent froid se mit à souffler. Apeuré, l'homme leva la tête et vit voler vers lui un beau rossignol, suivi d'un serpent venimeux de dix pieds. Celui-ci la tête levée, ouvrait sa gueule sanglante, sifflant avec sa langue rouge d'un pied de long.

Le bel oiseau risquait de perdre la vie. A ce moment-là, Geshan, sans hésiter, prit son couteau et l'agita vers le reptile. L'oiseau profita de l'occasion pour sauter sur les épaules de l'homme, le serpent reçut un coup de couteau exactement au cou, son point vulnérable, il rendit alors son dernier soupir.

Se retournant, l'homme ne vit plus d'oiseau, mais découvrit cependant une belle fille derrière lui. Il allait continuer son chemin sans trop réfléchir quand la fille cria soudain:
- Grand frère! grand frère! Attendez une minute, j'ai quelques mots à vous dire.

- Nous sommes complètement inconnus, que pouvez-vous bien avoir à me dire? répondit l'homme.

- Je m'appelle Perle de Dragon, je suis la troisième fille du Roi Dragon. Je viens de cueillir de l'amadouvier. Sur le chemin de retour, j'ai rencontré cet animal et grâce à vous, je suis encore en vie. Je veux bien que nous devenions mari et femme afin de vous remercier de ce service. Si vous êtes... d'accord?... termina-t-elle, en baissant la tête d'un air timide.

Quoique rouge au visage, le jeune homme se réjouit en son coeur. Quand il se rappela sa dure vie, il s'inquiéta et dit:
- Je suis un vagabond sans famille, incapable de vous faire vivre, vous...

- Je ne demande que votre accord, et je m'occuperai de tout, répondit la belle demoiselle.

Geshan accepta sa proposition, ils se prosternèrent tous deux dans un temple en prenant le ciel et la terre comme témoins de leur fidélité et devinrent mari et femme.

PARTIE III

Trois jours après, les deux jeunes mariés arrivèrent dans le Palais du Dragon. Perle de Dragon présenta à ses parents son sauveur et raconta leur histoire d'amour. Ceux-ci ne purent retenir leur joie à la vue du brave et honnête garçon.

Quoique heureux dans le Palais, Geshan n'avait pourtant pas l'habitude de vivre sans rien faire. Il pensait à son pays natal autant qu'à la vie sur terre. Il finit par dire à sa femme:
- Quelque beau que soit le Palais du Dragon, la vie y est monotone, retournons plutôt sur la terre.

Ayant justement la même idée que son mari, Perle de Dragon acquiesça.

A la veille de leur départ, le Roi Dragon convoqua tous les ministres et demanda à son gendre:
- Qu'est-ce que tu veux comme trésor?

- Je n'en veux aucun, répondit l'homme. Faute d'eau dans mon pays, les gens ne peuvent pas cultiver la terre et n'ont donc rien à manger. Je vous prie de me donner un objet pouvant produire de l'eau.

Le Roi Dragon offrit un vase précieux à Perle de Dragon, et tous deux quittèrent avec joie le Palais et revinrent sur terre.

Le lendemain, Perle de Dragon prit le vase, son mari le remplit d'eau, qu'il versa au pied de la montagne. Des bruits d'eau se firent entendre partout et de petits ruisseaux coulèrent le long de la vallée vers les champs.

Depuis lors, on ne vit plus de terres desséchées et les deux mariés, ainsi que les habitants du village, vécurent dans le plus grand bonheur.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:22

Le Souverain Millet


PARTIE I

Il était une fois une femme qui s'appelait Jiang Yuan. Elle était bienveillante et travailleuse. Mais à 40 ans, elle n'avait toujours pas eu d'enfant et menait une vie solitaire.

Une année, tandis que les hirondelles annonçaient le printemps, elle alla comme d'habitude porter des offrandes au temple de l'Empereur Céleste en le priant d'exaucer son désir d'avoir un enfant. Sur le chemin du retour, elle vit une grande hirondelle s'envoler en criant. Une petite la suivait, voletant tantôt devant, tantôt derrière. la grande hirondelle apprenait à la petite à voler et à chercher sa nourriture. Jiang Yuan les admira un long moment. Comme ce devait être merveilleux d'avoir un enfant!

Jiang Yuan avançait perdue dans ses réflexions quand tout à coup, elle aperçut sur le chemin l'empreinte d'un pas géant. La trace était immense et le gros orteil à lui seul était aussi grand qu'un homme. Elle resta un moment interdite devant cette trace de pas qui lui barrait la route. puis, avec d'infimes précautions, elle posa un pied sur la trace de l'orteil. Elle sentit alors une grande force envahir tout son corps. Aussi effrayée qu'étonnée, elle raconta son aventure à ses voisins qui risquèrent les prédictions les plus sombres :
- C'est un mauvais présage, vous serez frappée par le malheur!

- Vous avez dû offenser l'Empereur Céleste! Sinon, pourquoi ce phénomène étrange se serait-il produit?

Tous ces avis mirent Jiang Yan mal à l'aise et la tourmentèrent beaucoup.

Or, dans le voisinage, vivait un vieux sage. Quand on rencontrait des difficultés, on allait lui demander conseil. Jiang Yuan se rendit un jour chez lui et raconta son aventure.

Le vieillard réfléchit un moment, puis lui dit aimablement :
- Le retour des hirondelles annonce le printemps. L'Empereur Céleste ne peut faire de mal à une femme aussi travailleuse et dévouée que vous. La trace de pas géante que vous avez piétinée est un arrangement du Dieu céleste. Vous aurez un enfant bientôt.

Les paroles du sage rassurèrent Jiang Yuan, mais elle restait néanmoins troublée.

PARTIE II

Le temps passa. la petite hirondelle s'envola vers le sud. Un jour enfin, Jiang Yuan mit au monde un gros garçon. La nouvelle se répandit rapidement, déclenchant à nouveau des avis pessimistes :
- C'est vraiment étrange! Sa mère l'a accouché trop facilement, c'est mauvais signe!

- Ce garçon va nous attirer des ennuis, il faut s'en débarrasser immédiatement!

Et malgré les protestations et les supplications de la mère, on emmena l'enfant. Jiang Yuan en avait le coeur brisé.

Sachant que des troupeaux de moutons et de boeufs passaient chaque soir au même endroit sur le versant d'une montagne, on abandonna l'enfant dans le passage.

Au coucher du soleil, des centaines de moutons et de boeufs dévalèrent de la montagne en troupeau serré. Le nouveau-né allait être piétiné par les sabots. Mais lorsque le mouton et le boeuf de tête arrivèrent devant l'enfant, ils s'arrêtèrent net et firent un détour pour l'éviter. Le reste du troupeau les suivit. Ainsi l'enfant fut-il indemne.

Stupéfaits de ce prodige, les villageois ramenèrent l'enfant et décidèrent de l'abandonner dans la forêt le lendemain matin. Or, cette nuit-là, une neige abondante ensevelit la région. La température tomba d'un seul coup. Aussi, le lendemain, nombreux furent ceux qui se rendirent dans la forêt chercher du bois pour construire ou réparer leur maison en prévision du mauvais temps. De peur qu'on ne retrouvât trop vite l'enfant, on décida de l'abandonner sur le fleuve gelé.

La neige tombait à gros flocons, il faisait un froid glacial. L'enfant fut déposé sur la glace. Mais après le départ des gens, une multitude d'oiseaux s'envolèrent de toutes les directions, décrivirent un large cercle dans le ciel et descendirent en déployant leurs ailes, comme un immense parapluie. Abrité sous les ailes des oiseaux, l'enfant engourdi pleurait très fort et ses cris se faisaient entendre au loin.

Jiang Yuan l'entendit et en eut le coeur brisé. Au mépris de tout, elle alla chercher son enfant et le ramena chez elle. Lorsque les villageois virent que l'enfant avait encore survécu, ils n'insistèrent plus, mais ils le méprisèrent et l'appelèrent "l'enfant abandonné".

PARTIE III

Grâce aux soins de sa mère, l'enfant grandit rapidement. Comme elle, il aimait travailler. Quand il jouait à cache-cache, il recueillait des semences de céréales sauvages et les replantaient en observant comment les plantes germaient, grandissaient et mûrissaient. Le millet qu'il avait semé était beaucoup plus vigoureux que le millet sauvage, et les épis dorés emportaient la préférence des gens.

L'enfant grandit et devint un homme intelligent, honnête et travailleur. Sa mère l'avait nommé Hou Ji - le Souverain Millet.

Auparavant, personne ne savait cultiver les céréales. On chassait tous les jours du gibier, déterrait des racines et cueillait des fruits sauvages. Quand les bêtes et les fruits se faisaient rares, on était obligé de déménager pour trouver ailleurs de quoi manger. Pour apaiser sa faim, on devait parfois parcourir de longues distances. Beaucoup mourraient dévorés par des fauves ou empoisonnés par des fruits exotiques.

Aussi Hou Ji avait-il fait le voeu de changer la vie misérable du peuple. Au printemps de cette année Hou Ji attacha une pierre et un os de buffle à un bâton, et fabriqua les premiers instruments agricoles. Avec ses outils, il laboura la terre, choisit de bonnes semences de millet recueillies l'automne précédent, sema et arrosa consciencieusement son champ.

Peu de temps après, les jeunes plants sortirent de terre. Hou Ji travaillait chaque jour avec ardeur, au mépris du vent, de la pluie et du soleil. Tantôt il désherbait, tantôt il arrosait, tantôt il éclaircissait les plans. Ni les épreuves ni la fatigue ne le découragèrent.

PARTIE IV

L'automne arriva. Les épis dorés étaient gros comme des queues de renard. Le sorgho rouge, les haricots verts et les pastèques mûrirent successivement. Lorsque Hou Ji les fit goûter à ses voisins, tout le monde trouva que ces légumes et céréales étaient biens meilleurs cultivés que sauvages.

La nouvelle se répandit vite. Nombre de gens entourèrent Hou Ji et lui demandèrent comment il s'y était pris :
- Chaque printemps, disaient-ils, l'Empereur Céleste fait pousser des céréales et des fruits, mais ils ne supportent pas la comparaison avec les tiens. D'où vient ce prodige?

Hou Ji leur répondit:
- Oui, l'Empereur Céleste nous envoie à manger des céréales et des fruits. Mais il nous a donné aussi, à chacun d'entre nous, une tête et deux mains. Si nous réfléchissons et travaillons, nous pourrons certainement produire ce que le Dieu céleste a créé pour nous."

La plupart des gens l'approuvèrent, mais quelques-uns restèrent sceptiques, convaincus que c'était l'Empereur Céleste qui avait fourni Hou Ji en grains de bonne qualité. Cependant, beaucoup vinrent demander à Hou Ji de leur apprendre à planter les céréales, car cela représentait un énorme progrès pour la vie du peuple.

Hou Ji était bienveillant et modeste. Il leur apprit à choisir les semences, labourer la terre, semer, désherber et moissonner. Ceux qui suivirent ses conseils obtinrent de bons résultats.

Dès lors, la culture des céréales se développa. Inutile désormais de chasser le gibier dans les hautes montagnes, de se nourrir de fruits sauvages ou de feuilles d'arbres. Inutile non plus de déménager sans cesse. On pouvait construire une maison solide et entreposer des céréales. La vie du peuple était assurée.

Plus tard, l'histoire de Hou Ji arriva aux oreilles de l'Empereur Yao. Ce dernier le respecta beaucoup et l'éleva au titre d'agronome.

EPILOGUE

Hou Ji ne cessa de travailler avec le peuple, fit des expériences sur la plantation des céréales et inventa un grand nombre d'instruments agricoles. Avec son frère Tai Xi et son neveu Shu Jun, il dompta les buffles sauvages pour en faire des boeufs de labour, diminuant ainsi la peine des paysans. Dès lors, les techniques de labourage se développèrent rapidement.

Hou Ji mourut à l'âge de cent ans, deux cents ans au dire de certains. Il apporta une immense contribution à la vie du peuple. Pour honorer Hou Ji, on l'enterra dans un site pittoresque entouré d'eaux limpides et de montagnes vertes.

Au printemps et en automne de chaque année, avant la saison des semences et après celle des moissons, hommes, femmes, enfants et vieillards de tout le pays venaient en groupe devant le tombeau de Hou Ji. Ils dansaient chantaient et offraient au défunt les fleurs les plus belles, les épis de millet les plus vigoureux, les fruits les plus gros.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:22

Shen Nong découvre la Médecine


PROLOGUE

Dans les temps reculés, la vie était très dure. Pour survivre, les hommes devaient chaque jour traverser de hautes montagnes et de profondes rivières, braver le soleil ardent en été et le froid rigoureux en hiver, et courir toutes sortes de dangers pour chasser les bêtes féroces et cueillir les fruits sauvages. Cependant, malgré toutes ces difficultés, l'homme ne connaissait guère les affres de la maladie et n'était jamais alité.

Pour quelle raison l'humanité fut-elle victime de toutes ces épidémies et ces maladies que nous connaissons encore aujourd'hui?

PARTIE I

Il était une fois, dans les lointains monts Kunkun, à l'ouest de la Chine occidentale, un royaume qui s'appelait le Royaume de l'Ouest. La Reine Mère d'Occident, qui régnait sur ce territoire, avait installé sa demeure sur la montagne de Jade majestueusement dressée au centre du royaume.

Au sommet de cette montagne jaillissait une source aux eaux pures et limpide qui alimentaient le célèbre Etang de Jade mentionné dans plusieurs légendes chinoises. Le climat y était doux pendant les quatre saisons de l'année et l'on trouvait sur ses rives toutes sortes de fleurs rares, de plantes originales et d'animaux précieux.

C'était là également qu'on cultivait les fameuses "pêches d'immortalité", dont les arbres se nourrissaient des poussières de jade tombées de la montagne et de l'eau de l'Etang de Jade, et ne fleurissaient et fructifiaient qu'une seule fois tous les trois milles ans. Il suffisait de manger un seul de ses fruits pour ne jamais vieillir.

Au sommet de la Montagne de Jade se dressait un luxueux Palais; c'était la demeure de la Reine. Celle-ci avait pour la servir trois grands oiseaux à tête rouge, aux yeux noirs et au plumage vert : Grand Li, Jeune Li et L'Oiseau Vert. Grand Li se chargeait de ramener quotidiennement de la montagne des fruits délicieux servis aux repas de sa maîtresse. Jeune Li transportait chaque jour de l'eau de l'Etang dans une cruche de jade pour désaltérer la reine. L'Oiseau Vert s'occupait quant à lui du transport du courrier royal.

Outre ses trois fidèles serviteurs, elle avait encore à ses ordres un oiseau à trois pattes, aux yeux perçants et aux serres tranchantes, qui assurait jour et nuit la garde du Palais.

L'Empereur Céleste avait chargé la Reine Mère d'Occident de soigner les précieuses "pêches d'immortalité" et de garder hermétiquement closes les portes des trois cavernes situées dans les monts Kunlun.

Dans ces trois cavernes étaient enfermés toutes sortes d'insectes venimeux et d'animaux porteurs de maladies contagieuses qui auraient menacé l'Humanité entière si on les avait laissé sortir. Aussi avait-on fermé ces portes avec d'énormes serrures en pierre.

Du reste, les jointures des portes et les trous des serrures recouverts de rouille et de moisissures confirmaient que les portes étaient restées closes depuis des millénaires.

PARTIE II

Mais un incident inattendu survint.
Un jour, en passant devant le trois cavernes, l'Oiseau à trois pattes entendit des murmures et des plaintes poussés par les insectes et les animaux enfermés. Curieux, il s'approcha alors d'une caverne et tenta d'y jeter un coup d'œil. Sachant à qui ils avaient affaire, les prisonniers l'implorèrent d'ouvrir la porte et de les laisser partir.

- Non, fit l'Oiseau à trois pattes, vous pourriez causer des troubles. D'ailleurs, c'est l'Empereur Céleste lui-même qui a ordonné votre captivité. De toutes façons, je ne puis vous ouvrir la porte, car c'est la Reine qui détient les clés.

- Alors, tu pourrais nous laisser juste une petite fente pour que nous puissions prendre un peu d'air. Tu sais, on étouffe là-dedans. Oh, tu serais si généreux...

- Non, répliqua l'Oiseau, vous allez en profiter pour vous enfuir.

- Sois tranquille, nous ne te compromettrons pas. Tout ce que nous demandons, c'est d'avoir un peu d'air, supplièrent les animaux, tout en poussant des cris déchirants.

Crédule et sensible, l'Oiseau à trois pattes se laissa fléchir et s'envola vers la chambre de la Reine pour prendre la clé.

La Reine était en train de dormir. L'Oiseau à trois pattes ouvrit silencieusement l'une des grandes boîte de pierre, et en sortit une clé de pierre pesant plusieurs dizaines de livres. Puis il retourna à la caverne et ouvrit la serrure.

A peine l'Oiseau à trois pattes avait-il entrouvert la porte qu'une nuée d'insectes venimeux et d'animaux néfastes se précipita vers la sortie. L'Oiseau chercha aussitôt à bloquer le passage, mais il était déjà trop tard. De toute la force de leurs ailes et de leurs pattes, ils s'enfuirent dans toutes les directions et disparurent en un tournemain.

Informée de ce qui s'était passé, la Reine fut aussi désolée que furieuse. Sans aucun retard, elle fit jeter en prison l'Oiseau à trois pattes , et envoya Quiongqi, Tenggen et dix autres de ses plus habiles vassaux rattraper les animaux en fuite.

Hélas! toute tentative s'avérait vaine. Tous les animaux s'étaient déjà infiltrés dans le monde des humains et avaient disparu sans laisser de traces.

Depuis lors, maladies et épidémies firent leur apparition et se répandirent dans le monde entier. Heureusement, seule l'une des trois cavernes avait été ouverte. Si tous les animaux néfastes s'étaient échappés, l'humanité aurait eu à souffrir de maux encore plus graves.

PARTIE III

A cette époque vivait un certain Shen Nong, un homme intelligent, travailleur et soucieux du bonheur d'autrui. On disait qu'il avait inventé l'Agriculture.

A l'origine en effet, on avait eu recours à la Chasse pour assurer sa subsistance. Mais la population s'était accrue et le nombre d'animaux avait diminué; on avait dû alors chercher dans la terre inculte des plantes sauvages pour apaiser sa faim. Néanmoins, cela restait insuffisant pour garantir la survie de l'espèce humaine.

C'est alors que le brave homme s'était mis à défricher la terre autour de sa maison, et à cultiver des céréales à titre expérimental. Les résultats obtenus avaient prouvé que les céréales ainsi cultivées présentaient un grand avantage tant dans leur croissance que dans leur récolte, et qu'on pouvait ainsi assurer sa subsistance toute l'année en les stokant. C'est pour cette raison que Shen Nong était considéré comme le Dieu de l'Agriculture.

Shen Nong s'inquiétait beaucoup des souffrances du peuple. Que faire? N'y avait-il pas quelques plantes médicinales capables de soigner les maladies? Mais parmi les milliers d'espèces poussant sur terre, lesquelles étaient utiles? Et quelles maladies pouvaient-elles guérir? Jusque là, personne n'avait jamais étudié cette question.

Dans l'espoir de sauver l'Humanité, Shen Nong décida alors d'analyser toutes les espèces de plantes afin de découvrir leurs propriétés nocives ou bénéfiques.

Sa résolution prise, Shen Nong passa alors des années entières à se promener dans les montagnes à la recherche de simples plantes, dont il étudiait consciencieusement les caractéristiques et en expérimentait les effets.

PARTIE IV

Le monde végétal a une très grande diversité. Certaines plantes ont une saveur acide, d'autres sucrée, amères, piquantes ou salée. Les unes peuvent provoquer un accès de fièvre, les autres une action fébrifuge. Certaines favorisent la lucidité de l'esprit, d'autres peuvent réduire les enflures ou apaiser le souffrance. Il existe également des plantes vénéneuses dont l'absorption d'une faible dose suffit à empoisonner ou à plonger un individu dans le coma.

C'est ainsi que Shen Nong s'empoisonna soixante-dix fois de suite en une seule journée pour mener à bien ses recherches sur les plantes vénéneuses. Certes, les doses qu'il absorba étaient minimes et il revint à lui après chacun de ses évanouissements, mais cela n'en demandait pas moins une profonde abnégation de sa part.

Mis au courant des recherches de Shen Nong, l'Empereur Céleste s'en émut. Pour le remercier de son dévouement, il lui fit cadeau d'un fouet magique de couleur ocre, grâce auquel on pouvait reconnaître immédiatement le caractère d'une plante.

Il suffisait de frapper un coup sur une plante avec le fouet pour que celui-ci changeât de couleur selon les propriétés de cette plante. Si le fouet devenait rouge, la plante produisait certainement un effet calorifique; s'il passait au blanc, c'est qu'il s'agissait d'une simple plante sans aucun effet médicinal. Mais si le fouet devenait noir, on savait alors qu'on avait affaire à une plante vénéneuse qu'il ne fallait surtout pas absorber.

Inutile de dire quelles commodité et sûreté offrait cet instrument extraordinaire dans la recherche de simples végétaux.

La culture des céréales et l'utilisation des plantes médicinales furent deux grands événements qui ont profondément marqué la vie de l'homme. Aussi n'est-il pas étonnant que Shen Nong jouisse d'un si grand respect depuis des milliers d'années.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:24

Lu Ban, Premier Maître des Charpentiers


PARTIE I

La rivière d'eau limpide tournait vers l'est pour arroser un village nommé Lujiawan. Un vieux charpentier qui s'appelait Lu y habitait. Il avait 58 ans et exerçait son métier depuis quarante ans. Travaillant laborieusement, il avait construit deux villages: Lujiawan du Sud et Lujiawan du Nord. Il avait une habitude que les gens trouvaient bizarre: Ne jamais accepter d'apprentis.

Quand quelqu'un voulait apprendre le métier avec lui, il répondait toujours:
"Mon niveau n'est pas assez élevé pour que j'enseigne aux autres. Regardez les maisons que j'ai construites et les malles que j'ai faites: elles ne sont pas belles."

Au bout de quelques temps, on connut sa réponse habituelle et ne lui demandait plus rien.

Le vieux charpnetier n'était toujours pas satisfait de sa technique. Il ne prit jamais d'apprentis et en arriva à ne pas vouloir apprendre son métier à ses propres fils. Il faisait des économies et avait pu rassembler trois cents taëls d'argent et acheter trois beaux coursiers afin d'envoyer ses fils chercher un bon Maître.

Il avait trois fils: l'aîné s'appelait Lu Shuan, le deuxième Lu Bin et le cadet Lu Ban, notre héros qui avait alors 12 ans.

Les deux aînés étaient aussi paresseux l'un que l'autre et passaient leurs journées à ne rien faire. Ils ne faisaient jamais leurs devoirs. Leurs parents ne les aimaient pas du tout.

Par contre, Lu Ban était diligent et studieux dès son enfance. Il suivait son père pour l'aider dans son travail. Un jour, au moment du déjeuner, sa mère s'aperçut qu'il avait disparu depuis longtemps. Inquiète, elle le chercha partout et le trouva devant une maison que l'on finissait de construire. Accroupi, les mains sous le menton, il regardait attentivement les charpentiers qui fabriquaient des fenêtres.

PARTIE II

A l'âge de six ans, il voulait déjà travailler avec une hache ou une scie pour couper du bois en carreaux ou en planches. A dix ans, il savait se servir de tous les instruments.

Ne lâchant jamais la hache, il faisait beaucoup de petits objets, comme un petit meuble, un petit banc ou un mini-chariot qu'il déposait partout dans la maison, lui donnant l'aspect d'un magasin de meubles.

Voyant que sa mère filait péniblement sur le lit, il alla couper un saule dans la montagne, en fit une chaise et il dit:
- Maman, assieds-toi sur la chaise pour filer, tu n'auras plus mal aux reins.

Il s'aperçut aussi que sa soeur n'avait rien pour poser le panier de fils quand elle cousait, il coupa du bois d'orme et en fit un coffre.

Mais quand ses frères lui demandaient de faire quelque chose, il refusait toujours et leur disait:
- Le bois et la hache sont prêts, pourquoi ne le faites-vous pas vous-mêmes?

Ses parents et sa soeur l'aimaient beaucoup.

Les trois fils grandissaient de jour en jour.

Un jour, le vieux charpentier fit venir l'aîné et lui dit:
- Mon fils, te voilà grand, tu ne peux pas dépendre toujours de ton père. Il te faut apprendre un métier: être charpentier. Mais ma technique n'est pas assez bonne pour que je te l'apprenne et je ne l'ai jamais apprise à personne. Tiens, prends ces cent taëls d'argent et ce cheval, va trouver le grand Maître qui vit dans la montagne Zhongnan.

Cela dit, il s'aperçut que son fils paresseux faisait triste mine. Sans rien dire, ce dernier prit l'argent, monta sur le cheval et s'en alla en se balançant.

Lu Shuan se dit:
"La montagne Zhongnan est si loin d'ici, comment puis-je trouver le Maître?"

Il vagabonda alors n'importe où sur le cheval et trois ans plus tard, les mains vides, l'argent dépensé et le cheval vendu, il rentra tout seul à la maison.

Hors de lui, le vieux charpentier sans un mot le mit à la porte.

PARTIE III

Il fit venir alors son second fils et lui dit:
- Mon fils, tu as maintenant 18 ans. Prends ces cent taëls d'argent et le cheval, va chercher le grand Maître charpentier à la montagne Zhongnan. Ne reviens pas comme ton frère qui n'a rien appris.

D'un air mécontent, Lu Bin prit l'argent, monta sur le cheval et partit en sanglotant. Il marcha pendant un jour et une nuit. Découragé en apprenant qu'il y avait encore plus de 5000 kilomètres à faire pour aller à la montagne Zhongnan, il se laissa aller au gré de sa fantaisie.

Au bout de trois ans, ayant dépensé tout l'argent et vendu le cheval, il rentra à la maison en haillons. Fou de colère, son père prit un bâton, l'en frappa, et le chassa de la maison.

Vint alors le tour de Lu Ban. Son père, les larmes aux yeux, dit en lui caressant la tête:
- Mon enfant, j'ai chassé tes deux frères qui ne sont bons à rien. Il ne me reste que toi sur qui compter. Ne me désespère pas complètement, surtout, ne fais jamais comme tes frères...

Sans attendre que la phrase fût finie, Lu Ban répondit:
- Papa, sois tranquille, j'ai déjà préparé de l'argent et le cheval. Je suis tout prêt et n'attends que tes recommandations. Si je ne trouve pas le Maître, je ne rentrerai pas te voir.

Prenant congé de ses parents, Lu Ban monta sur le cheval et se dirigea vers l'ouest. Le vieux charpentier regarda son fils s'éloigner, essuya ses larmes et s'exclama:
- C'est bien mon petit Lu Ban.

PARTIE IV

Lu Ban accéléra sa course et parcourut en une journée 150 kilomètres. Dix jours plus tard, il avait fait 1500 kilomètres. Il arriva devant une haute montagne escarpée parsemée de pierres pointues et où poussaient des brousailles.

Lu Ban arrêta son cheval et ne sut que faire. A ce moment-là apparut un vieux bûcheron. Lu Ban le salua et demanda:
- Grand-père, combien de kilomètres y a-t-il d'ici à la montagne Zhongnan?

- Tu n'arriveras même pas à mi-pente en un an puisqu'elle est si haute, répondit lentement le vieux.

- Je passerai alors deux ans, et même trois ans à la grimper. Je ne reculerai jamais avant d'arriver au sommet! dit Lu Ban.

Le vieux bûcheron, admirant sa fermeté, lui dit en souriant:
- Prends ma faucille, tu t'ouvriras un chemin avec.

Très content, Lu Ban prit la faucille et commença à escalader la montagne. Il mania la faucille et des brousailles et des pierres pointues s'écartèrent. Il arriva ainsi rapidement au sommet. Accrochant la faucille sur un gros arbre, il monta sur son cheval et continua sa marche vers l'ouest.

Lu Ban continua à marcher pendant dix jours, il parcourut 1500 kilomètres, et arriva devant une large rivière. La couleur de l'eau était si foncée qu'elle sembalit très profonde. Lu Ban arrêta son cheval et hésitait.

Un petit bateau apparut alors sur lequel était assis un jeune pêcheur. Lu Ban le salua et lui demanda:
- Mon frère, à combien de kilomètres est la montagne Zhongnan?

Le pêcheur réfléchit et répondit:
- Si tu marches tout droit, il y a 1500 kilomètres, si tu fais un détour, ça fait 3000 kilomètres. Pour prendre le chemin le plus court, il faut traverser cette rivière.

- Mon frère, peux-tu me transporter sur l'autre rive? demanda Lu Ban.

- Non, je ne le peux pas. Beaucoup de passagers s'y sont noyés depuis l'Antiquité, refusa le pêcheur en fronçant les sourcils.

- Rien ne me fait peur, ni la profondeur de l'eau, ni la largeur de la rivière. Je ne reculerai jamais avant d'avoir traversé la rivière! dit Lu Ban.

Voyant son inflexibilité, le pêcheur sourit et dit:
- Mon frère, viens sur le bateau avec ton cheval. Je vais te faire passer de l'autre côté.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:24

PARTIE V

Ayant traversé la rivière, Lu Ban se remit en route et au bout de dix jours il avait parcouru 1500 kilomètres de plus. Il arriva alors devant une haute montagne et se dit:
"Ce doit être la montagne Zhongnan."

Il y avait beaucoup de monts sur lesquels serpentaient de nombreux sentiers. Lequel prendre? Il découvrit au pied de la montagne une maison devant laquelle une vieille dame filait. Il s'adressa alors à elle, en la saluant:
- Grand-mère, à combien de kilomètres est la montagne Zhongnan?

- Il y a 50 kilomètres en marchant tout droit et 150 kilomètres en faisant un détour. Mais parmi les trois cents monts, lequel veux-tu atteindre? répondit la grand-mère.

- Je voudrais chercher le grand Maître charpentier, répondit joyeusement Lu Ban.

- Prends celui du milieu parmi les 999 sentiers, fit la vieille dame.

Après avoir exprimé ses remerciements, Lu Ban compta les sentiers et se dirigea vers celui du milieu. Arrivé au sommet du mont, il aperçut des toits de maisons à l'orée d'un bois. De plus près, il vit qu'il y avait une maison de trois pièces.

Poussant légèrement une porte, il vit de vieux instruments de charpentier jonchant le sol. Jetant un coup d'oeil sur le lit, il vit un vieillard aux cheveux blancs endormi les jambes étendues.

Son ronflement était aussi sonore que le tonnerre. Lu Ban se dit:
"Ce doit être le grand Maître."

Sans le réveiller, il ramassa les instruments et les mit dans une caisse à outils. Puis il s'assit silencieusement sur un banc et attendit le réveil du Maître.

PARTIE VI

Celui-ci dormait d'un sommeil profond. Il se retourna plusieurs fois sans se réveiller. Ce n'est qu'au coucher du soleil qu'il ouvrit les yeux et se redressa.

Lu Ban s'approcha de lui, s'agenouilla et dit:
- Grand Maître, je suis venu afin de vous prendre pour Maître. Recevez-moi, s'il vous plaît.

- Comment t'appelles-tu? Et d'où viens-tu? demanda le vieux.

Je m'appelle Lu Ban, je viens du village de Lujiawan, à plus de 5000 kilomètres d'ici.

Le vieux continua à l'interroger:
- Pourquoi me prendre pour Maître?

- Parce que vous êtes le grand Maître charpentier.

- Je vais te poser des questions, si tu y réponds bien, je t'accepterai. Sinon, ne m'en veux pas, tu n'auras qu'à t'en retourner, reprit le vieux après un moment de réflexion.

Le coeur battant, Lu Ban dit:
- Si je ne réponds pas bien aujourd'hui, je le ferai demain. Vous me prendrez le jour où mes réponses vous satisferont!

- Combien y a-t-il de poutres transversales principales et auxiliaires, de faîtages, de solives dans une maison de trois pièces? demanda le Maître.

- Trois poutres transversales principales et trois auxiliaires; vingt faîtages gros et petits; cent solives. Je les ai comptés quand j'avais cinq ans, répondit tout de suite Lu Ban.

Approuvant d'un léger signe de tête, le Maître demanda encore:
- On peut apprendre une méthode en trois mois ou en trois ans. Quelle est la différence?

Après un moment de réflexion, Lu Ban répondit:
- Celui qui l'apprend en trois mois ne la connaît que par les yeux, tandis que celui qui l'apprend en trois ans la retient par coeur.

Faisant un autre léger signe de tête, le Maître posa la troisième question:
- Un Maître charpentier avait deux disciples. Avec leurs haches, l'un a gagné une montagne d'or, l'autre a gravé son nom dans le coeur du peuple. Quand tu seras expert dans ton métier, quel exemple suivras-tu?

- Le deuxième, répondit Lu Ban.

- Bon, puisque tu as bien répondu à toutes mes questions, je te prends comme apprenti à condition que tu utilises mes instruments qui n'ont pourtant pas servis depuis très longtemps. Va d'abord les réparer! dit le vieux sans poser d'autres questions.

PARTIE VII

Lu Ban se redressa, transporta la caisse à outils près d'une pierre à aiguiser et sortit les outils l'un après l'autre. Il les examina: la hache était dentelée, la scie n'avait plus de dents, deux ciseaux étaient abîmés et rouillés.

Sans attendre un instant, il se mit au travail. Il aiguisait les instruments jour et nuit, si bien qu'il avait mal aux épaules, des ampoules aux mains, alors que la pierre à aiguiser était devenue creuse. Au bout de sept jours et sept nuits, tous les instruments furent réparés et étaient devenus tranchants et brillants. Lu Ban les présenta à son Maître, qui ne fit qu'un signe de tête sans prononcer un seul mot.

- Pour voir si la scie coupe bien, essaye de couper cet arbre qui a cinq cents ans, dit-il enfin.

Lu Ban s'approcha de l'arbre, le regarda:
"Comme il est gros, il faudrait deux personnes pour l'entourer; comme il est haut, sa cime touche presque le ciel."

Il commença à le scier. Ce n'est que douze jours après que l'arbre fut coupé. Lu ban prit la scie et alla voir son Maître.

Le vieux ordonna de nouveau:
- Pour voir si ta hache marche bien, taille dans cet arbre une poutre. Il faut qu'elle soit parfaitement lisse et ronde.

Lu Ban se remit au travail. Il coupa les uns après les autres les branches et les noeuds de l'arbre et douze jours après, la poutre fut prête. Il vint voir son Maître. Ce dernier dit alors:
- Ce n'est pas encore suffisant; Pour voir si tes ciseaux tranchent bien, creuse sur la poutre 2400 trous: 600 carrés, 600 ronds, 600 triangulaires et 600 rectangulaires.

Prenant ses ciseaux, Lu ban se mit à creuser et les copeaux de bois voltigeaient. Il travailla avec ardeur pendant 12 jours et les 2400 trous furent percés.

PARTIE VIII

Cette fois-ci, le Maître fut satisfait. il quitta sa chaise, prit les ciseaux, essuya la sueur sur le visage de Lu >Ban, et fit son éloge:
- Mon cher enfant, tu n'as pas peur des difficultés. Je t'apprendrai tout ce que je sais.

Puis il emmena Lu Ban dans la pièce de l'ouest. Une fois entré, Lu Ban ouvrit grand les yeux et eut à peine le temps d'embrasser le tout d'un regard: il y avait partout des maquettes: maisons, pavillons, kiosques, ponts, pagodes, chaises, banc, malles, meubles, qui étaient tous aussi beaux que raffinés.

Le Maître dit en souriant:
- Démonte-les, puis remonte-les; et tu seras parfait dans ton métier. Apprends bien toi-même, je ne reste pas auprès de toi.

Cela dit, il se retira. Lu Ban prit un modèle et l'examina attentivement, ne voulant pas le lâcher. Il démonta, puis remonta toutes les maquettes trois fois de suite, deux fois de plus que son Maître avait demandé.

Il restait tous les jours à la maison, oubliant de manger et de se reposer. Tous les soirs, avant de dormir, le Maître venait le voir: il travaillait toujours. Chaque fois que le vieillard le pressait de dormir, il répondait oui, mais ne laissait toujours pas son travail.

PARTIE IX

Après trois ans de dur travail, il connaissait bien son métier. Pour voir son niveau, le Maître avait détruit tous les modèles. Les plans de toutes les maquettes étant profondément gravés dans sa mémoire, Lu Ban les refabriqua tous. Le Maître lui demanda aussi de faire de nouveaux modèles selon ses conceptions, il arriva à les monter, et le vieil homme en fut bien satisfait.

Un jour, le Maître fit venir Lu Ban et lui dit avec regret:
- Mon disciple, voilà trois ans que tu es ici, et tu es maintenant bien habile. Il est temps pour toi de retourner chez toi!

En entendant cela, Lu Ban en fut déçu et répliqua:
- Non ma technique n'est pas encore parfaite, je voudrais apprendre encore trois ans!

Souriant, le vieux dit:
- Tu t'apprendras toi-même. Il faut que tu partes aujourd'hui!

Voulant lui offrir un cadeau, le Maître réfléchit et dit:
- Garde la hache, la scie et les ciseaux que tu as réparés!

Regardant son Maître, Lu Ban sanglotait:
- Et qu'est-ce que je peux vous offrir?

Eclatant de rire, le Maître répondit:
- Je ne veux rien de toi. Il te suffit de ne pas nuire à ma réputation.

Lu Ban retint ses larmes, fit ses adieux à son Maître et se mit en route.

Sur le chemin du retour, il ne revit pas la vieille dame, ni le jeune pêcheur, ni le vieux bûcheron qui l'avaient aidé.

Pour les remercier, il construisit un grand temple au pied de la montagne Zhongnan, un pont sur la grande rivière et une haute pagode sur la grande montagne. On dit qu'ils existent toujours.

Rentré chez lui, il rejoignit ses parents. Avec les instruments offerts par son Maître, et en suivant ses recommandations, Lu Ban fit oeuvre utile et laissa beaucoup d'histoires émouvantes.

Les hommes des générations suivantes l'appelèrent avec respect le Premier Maître des Charpentiers.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:24

L'Invention du Parapluie


PARTIE I

Lu Ban, grand maître des charpentiers, trouva si beau le paysage de Hangzhou et de ses environs, le Lac de l'Ouest en particulier, qu'il fit venir sa soeur du Shandong à Hangzhou.

Un jour que Lu Ban et sa soeur faisaient une promenade au bord du lac, le soleil brillait de tout son éclat et la surface de l'eau en reflétait les rayons lumineux, les pêchers fleurissaient sur le Baidi (Digue de Bai Juyi) et les saules verdoyaient sur le Sudi (Digue de Su Dongpo). Ils marchèrent tout en admirant le paysage et arrivèrent sans s'en apercevoir au Liulangwenying (Jardin pour écouter les loriots dans les bosquets de saules).

Tout à coup, une bourrasque s'éleva, un nuage noir se forma, des rides apparurent à la surface de l'eau, et la pluie de printemps se mit à tomber. Ils s'abritèrent sous un grand arbre, mais n'en furent pas moins mouillés jusqu'aux os. Alors ils n'eurent plus envie d'admirer le paysage.

En voyant son frère tout mouillé, la soeur Lu dit en riant:
- Frère, tu es le maître des charpentiers et tu peux faire tout ce que tu veux de tes mains, mais aujourd'hui, tu t'es trouvé démuni devant cette pluie décourageante. Je voudrais rivaliser de talent avec toi pour voir qui de nous deux réussira à inventer quelque chose pour que les gens puissent avoir le plaisir de se promener et admirer le paysage même sous la pluie.

Lu Ban, pensant qu'elle plaisantait, répondit avec insouciance:
- Bon entendu, combien de temps durera la compétition? Trois jours, ça va?

La soeur de Lu secoua la tête:
- Non?

- Alors combien de jours veux-tu? demanda Lu Ban.

- Une nuit seulement, nous arrêterons le travail quand le coq chantera, répondit la jeune fille.

- Bien, bien! d'accord, dit Lu Ban en riant aux éclats.

PARTIE II

La nuit même, ils travaillèrent chez eux, chacun de leur côté.

Lu Ban chercha du bois en grume, le rabota et y cisela des dessins de toutes sortes. Il dressa quatre piliers rouges bien vernis au bord du lac, posa le toit puis construisit soigneusement un pavillon à quatre corniches. Chaque corniche était en surplomb, et il accrocha des clochettes en bronze à chaque extrémité recourbée des toits.

Voilà le premier pavillon achevé. Se plaçant sous le pavillon, il regarda dans toutes les directions et se dit avec satisfaction que les gens pouvaient s'asseoir à l'intérieur pour admirer à leur aise le paysage du Lac de l'Ouest par tous les temps.

De retour à la maison, Lu Ban jeta un coup d'oeil par la fenêtre de la chambre de sa soeur; tout y était très calme. Il retourna précipitamment au bord du lac, dressa six piliers rouges et construisit cette fois un pavillon hexagonal.

Il regarda de nouveau dans la chambre de sa soeur à la dérobée. C'était toujours le calme complet, pas de mouvement. Il bâtit alors un pavillon octogonal dans un autre endroit. Au total, il construisit neuf pavillons différents.

Il s'attaquait au dixième pavillon, quand sa soeur vint le regarder en cachette; elle vit avec plaisir que son frère commençait un dernier pavillon. Il était tout en sueur, alors elle imita le chant du coq.

Quand Lu Ban l'entendit, il avait seulement fait trois côtés du pavillon, il arrêta le travail. Ce fut donc un pavillon de forme triangulaire, celui du Pont à neuf courbes de San Tan Yin Yue ( Le reflet de la lune dans les trois mares).

Un moment après, le coq chanta vraiment. Le jour s'était levé, les pavillons rutilants sous le soleil étaient magnifiques.

Lu Ban examina son oeuvre; chaque pavillon était différent des autres par les sculptures et la couleur, chacun était une oeuvre d'art. Il était content d'avoir achevé son travail avant sa soeur.

PARTIE III

Soudain, en un éclair, il vit comme un paon qui venait vers lui. Il regarda plus attentivement: c'était sa soeur qui sortait de la maison. Elle ouvrit un appareil au-dessus d'elle qui devint comme le toit d'un pavillon: Il comptait trente-deux arêtes recouvertes d'un tissus de soie; à la pointe des arêtes pendaient des houppes orangées. Elle y avait dessiné le motif "le phoenix et la pivoine". Il y avait une seule tige sous le faite.

Lu Ban prit l'appareil et l'examina attentivement: trente-deux longues baguettes de bambou fendues et trente-deux courtes en formaient l'armature. Chaque petite baguette s'articulait sur les grandes, servant d'étrésillon. Les grandes étaient attachées au sommet sur une pièce fixe circulaire.

Un autre anneau , mobile autour de la tige centrale, permettait d'ouvrir ou de fermer facilement l'appareil. Celui-ci impressionna beaucoup Lu Ban, parcequ'il était pliant et transportable.

- Mon frère, tu as construit dix pavillons en une nuit, et moi, je n'ai construit qu'un "demi-pavillon". Mais le mien est transportable. Ton pavillon, on est obligé d'y rester pour admirer le paysage de l'intérieur, le mien est portatif, je peux l'emporter n'importe où, dit la soeur Lu.

- Ma soeur, ton invention est plus utile que la mienne, reconnut Lu Ban. Je suis fier de ta création.

- Non mon frère, tes dix pavillons relèvent la beauté du paysage du Lac de l'Ouest. Ce sont tes constructions qui m'ont donné l'idée de fabriquer cet appareil.

Depuis lors, Lu Ban respecta sa soeur encore davantage, et discuta de son travail avec elle.

Les habitants de Hangzhou appelèrent le "Demi- Pavillon" Yusan (qui disperse la pluie). Plus tard, on inventa d'après l'image de "Demi Pavillon" un mot "San" (parapluie).

Voilà l'histoire du parapluie de soie du Lac de l'Ouest.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:25

Le Trepied de Terre


PARTIE I

Lu Ban, charpentier habile de la province du Shandong, quitta un jour son pays pour venir s'installer à Hangzhou avec sa soeur. Ils louèrent deux pièces comme atelier à l'embouchure du fleuve Qiantang, et y accrochèrent une enseigne portant cette inscription peinte en laque noire:
"Les Lu de la province du Shandong travaillent le fer, le bois et la pierre".

Leur enseigne attirait tous ceux désireux d'apprendre ce métier auprès de Lu Ban. Ils se présentaient si nombreux qu'ils risquaient de démolir le seuil de la porte. Lu Ban n'eut d'autres ressources que de choisir parmi eux cent quatre-vingts jeunes garçons intelligents et sages comme apprentis.

Tous ses apprentis, ayant été instruits par Lu Ban et sa soeur, étaient devenus des charpentiers de première force. Ils sculptèrent des chiens en pierre qui semblaient de vivants gardiens; ils façonnèrent des chats en bois capables de chasser les rats.

Un jour, Lu Ban et sa soeur étaient en train d'enseigner leur art à leurs apprentis quand, soudain, un vent noir se leva, roulant des nuages noirs à l'horizon.

C'était le démon poisson noir qui arrivait chez les humains pour y jeter le trouble. Il pénétra tout d'un coup dans le centre du lac de l'Ouest et y creusa un très grand bassin mesurant plus de mille mètres de profondeur.

Quand il soufflait légèrement, une odeur fétide remplissait toute la ville; quand il y ouvrait la bouche pour en faire jaillir de l'eau, la tempête se déchaînait dans les montagnes du nord et du sud déracinant saules et peupliers, faisant tomber les fleurs, tandis que l'eau ne cessait de monter.

Lu Ban et sa soeur arrivèrent avec leurs apprentis au sommet de la colline Baoshi d'où ils regardèrent le spectacle: ce n'était qu'une immense nappe d'eau. Les immeubles de la ville baignaient dans une eau fétide et les habitants étaient obligés de s'enfuir sur les sommets des collines qui enserraient la ville.

PARTIE II

Au milieu du lac, on vit soudain monter un très grand tourbillon dans lequel apparut une bouche de poisson qui s'élevait de plus en plus haut, puis la tête du poisson se dessina à son tour. Un mouvement des eaux, et la tête était devenue un nuage qui s'envolait, toujours plus haut, pour finir par venir se poser légèrement sur le sommet de la colline Baoshi; un garçon noir très laid en sortit.

Il dit en louchant sur la fille:
- Ha! Quelle jolie fille; qu'est-ce que tu fais?

La soeur Lu répondit:
- Que veux-tu savoir? La fille est une charpentière.

Le garçon noir la regardait de la tête aux pieds et dit en hochant du col:
- Oui! Oui! Avec tes yeux brillants surmontés de sourcils légers, je suis sûr que tu sais bien tailler les tissus de soie. Allons, suis-moi pour m'aider à tailler les costumes de la noce.

La jeune fille refusa d'un signe de tête.

Le garçon noir la regardait des pieds à la tête en hochant du col:
- Oui! Oui! Tu as une taille bien prise, deux mains agiles, je suis sûr que tu peux très bien broder un Dragon et un phoenix. Allons, suis-moi pour broder la couverture de soie. La jeune fille secoua de nouveau la tête.

Le garçon noir n'arrivait pas à deviner ce qu'elle pensait. Après un moment de réflexion, il cligna des yeux et dit:
- Jolie fille, si tu ne sais pas tailler les vêtements, ça ne fait rien, si tu ne sais pas broder, ça n'a aucune importance; il suffit que tu consentes à être mon épouse et tu pourras te faire servir les mets exquis et rares, tu pourras t'amuser à ton aise!

Sur ce, il tendit les mains pour prendre celles de la jeune fille. Lu Ban brandit son marteau devant les mains tendues en criant:
-Va-t'en!

Sans honte, le garçon noir, la bouche fendue jusqu'aux oreilles, dit en se présentant:
- Ma peau a trois pieds d'épaisseur, je n'ai pas peur de ton marteau! Si tu veux me laisser épouser ta soeur, je ferai tout ce que tu voudras; sinon, je vais faire disparaître cette montagne sous l'eau!

PARTIE III

La jeune fille réfléchissait: Si l'eau montait encore, tous les habitants de la ville risquaient la mort. Comme elle tournait partout ses regards, une très bonne idée lui vint et elle dit calmement:
- Sois tranquille, je suis prête à t'épouser; mais, tout d'abord, il faut laisser mon frère préparer un cadeau de noce pour moi.

Tout joyeux, le garçon noir dit en souriant:
- Ma chère, j'y consens bien volontiers. Quel genre de cadeau de noce veux-tu?

La jeune fille répondit:
- C'est facile, là, au sommet de la colline, il y a un grand rocher, je veux que mon frère le sculpte en trépied pour moi.

A ces mots, le garçon noir, fou de joie, se hâta de dire:
- Bon, fort bien! Le Roi Poisson noir du Ciel aura un pavillon sur la terre. Le trépied, justement, me servira à recueillir les offrandes des habitants de la ville!

La jeune fille demanda à son frère d'approcher pour qu'ils se mettent d'accord. Un instant après , Lu Ban dit:
- Tu vois, à l'est et à l'ouest, le sol est submergé; comment faire? Tout d'abord, tu vas faire reculer l'eau, ainsi je pourrai me mettre à l'oeuvre.

Après avoir bien réfléchi, le garçon noir ouvrit la bouche et aspira fortement l'eau qui coulait en filet dans son ventre.

Lu Ban indiqua, en face de lui, un rocher abrupt et ajouta:
- Tu vois, je vais le sculpter en trépied, ça va?

Le garçon se hâta de dire:
- Très bien, très bien, le plus vite possible, et le plus grand, le plus remarquable!

Lu Ban dit en souriant:
- Ho! Le trépied sera si grand, si haut, si lourd qu'on ne pourra pas le faire bouger!

Le garçon poursuivit:
- Non, non, ne craignez rien, il me suffira de secouer la tête, le vent noir soufflera derrière moi; un petit trépied, ce n'est rien pour moi, je peux aspirer une grande montagne!

PARTIE IV

Les réfugiés se mirent en route pour rentrer chez eux. Lu Ban grimpa avec ses apprentis sur le rocher abrupt. Il y porta le premier coup de marteau; ensuite ses cent quatre vingts apprentis le frappèrent l'un après l'autre.

Un moment après, avec un grondement soudain, le rocher se détacha et roula jusqu'en bas. Il laissa une trace, un abrupt, qu'on peut voir encore sur la colline Baoshi située au bord du Lac de l'Ouest.

Un si grand rocher, d'un volume aussi énorme, comment le sculpter pour en faire un trépied rond? Lu Ban jeta un coup d'oeil sur le centre du lac où il y avait le profond bassin. Il le mesura des yeux, puis se mit au milieu du rocher, saisit le bout d'une corde, donna l'autre à sa soeur, qui traça un cercle sur le rocher. Lu Ban sculpta le premier pour façonner une ébauche; ses apprentis travaillèrent ensuite, en se conformant à son tracé.

Un jour passa, puis deux, et on sculpta ainsi pendant quarante-neuf jours; le rocher perdit sa forme originale pour se transformer en un gigantesque trépied. Il avait un fond rond soutenu par trois pieds en forme de calebasse, et on creusa dans chacun trois orifices ronds que pouvait traverser la lumière en trois directions.

Le travail était terminé. Lu Ban dit:
-- Tu vois, tu vois, le cadeau de noce de ma soeur est prêt, maintenant emporte-le chez toi!

Le garçon noir voulait emmener sa fiancée, Lu Ban intervint:
- Ne sois pas impatient, ne soit pas impatient, tu vas bien disposer ce cadeau de noce, et puis tu enverras un palanquin pour ma soeur.

Fou de joie, le garçon tourna les talons et courut vers le centre du lac. En secouant sa tête, il souleva un tourbillon de vent qui fit rouler le grand trépied derrière lui. Courant à toute jambe, le garçon noir arriva au milieu du lac et se transforma en un poisson noir qui se glissa dans le profond bassin.

Roulant à toute vitesse, le trépied atteignit le milieu du lac, glissa dans le bassin et, se retournant, le boucha comme un couvercle hermétique.

Le démon poisson noir, prisonnier sous le trépied, ne pouvait plus respirer; il voulait mettre le nez dehors, mais le trépied ne bougeait pas; il voulait faire du vent, mais il n'arrivait pas à se mouvoir; il ne pouvait que creuser le fond du bassin; mais, plus il creusait, plus le trépied s'enfonçait.

Finalement le démon fut étouffé. Le trépied s'était enfoncé dans la vase, il ne restait que ses trois pieds au-dessus de l'eau.

Dès lors, un nouveau site pittoresque avait fait son apparition dans le lac. Le jour de la fête de la Lune, la nuit tombée, les gens prenaient des bateaux pour venir au milieu du lac et plaçaient des falots dans les trois pieds si bien que la lumière sortant par les trois orifices ronds de chacun se reflétait dans l'eau du lac comme autant de lunes.

D'après cette légende, on appelle ce site :
"San Tan Yin Yue"
(Le Reflet de la lune dans les trois mares).
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:27

Dragons Sculptés


PARTIE I

Il était une fois un charpentier du nom de Yang qui se hâtait de regagner son village natal, car on était en pleine saison de la Grande Clarté, temps des semailles. Natif du village de l'Est, Maître Yang était un excellent charpentier capable de sulpter Dragon et phoenix, de construire de grands bâtiments et de hauts portiques.

Il marchait maintenant sur une route le long d'une rivière, à la hauteur d'une marmite de géants, portant sur le dos ses outils, sa literie et une casserole de cuivre rutilante, il tenait par la main son fils unique, Qijin.

Il se trouve que dans cette marmite de géants habitait un Dragon Truie. Noir de corps et cruel de coeur. L'animal se lovait au fond de l'eau dans une caverne sinistre, sortant de temps en temps pour ravager la contrée.

Tous les trois ans , au crépuscule du 24e jour de la sixième lune, il crachait des nuages noirs à obscurcir le ciel et le soleil, suscitant un ouragan mêlé de foufres et d'éclairs, suivi d'une inondation qui emportait sur son passage ponts, maisons et cultures.

Le Dragon Truie nageait au gré des flots jusqu'au lac Erhai, soulevant des vagues hautes comme des montagnes, dévorant les poissons et les tortues, les barques et les voyageurs.

Cette tempête dura un jour et une nuit pour se déchaîner de plus belle, et la même scène se répéta sur le chemin du retour du Dragon Truie, jusqu'à ce que le monstre ait regagné sa demeure.

Cette calamité se renouvelait tous les trois ans, au point que les habitants se réfugiaient tous dans la montagne Cang, se nourrissant d'écorce et de racines, en attendant que s'apaise le Dragon Truie pour retourner au village.

Ils reconstruisaient alors les maisons et les champs désolés. Ainsi de génération en génération, les villageois n'avaient jamais pu connaître la paix.

Ce Dragon Truie détestait tout ce qui était en fer ou en cuivre. Si par méconnaissance du tabou, quelqu'un allait puiser de l'eau dans la rivière avec un seau en fer ou en cuivre, le Dragon truie le happait immanquablement dans ses griffes et le dévorait à belle dents. Aussi évitait-on de son mieux ce lieu redouté; avec le temps, des arbres poussaient dru autour de la marmite de géants.

Vu de loin, c'était une forêt si dense que même le vent n'y pénétrait plus. On entendait en été que les cris des cigales et des grillons, qui se risquaient dans ces parages.

PARTIE II

Lorsque Maître Yang et son fils arrivèrent là, il faisait une chaleur torride. Père et fils avaient tous deux soif. Le jeune Qijin regarda les alentours, cherchant désespérément une source où se désaltérer. Avisant une touffe de verdure, il déposa vite sa charge, prit la cassrole de cuivre et courut vers la rivière. Réalisant ce que son fils allait faire, Maître Yang tenta de le rattraper. Mais en vain. Avant d'avoir dit:
"J'ai soif, père", le garçon avait déjà disparu dans la forêt.

A peine Qijin eut-il mis un genou à terre et tendu sa casserole dans l'eau, qu'un jet de vapeur noire jaillit, en même temps qu'une patte émergea de la surface d'eau, et l'enfant fut tiré dans le fond. Immédiatement, la foudre s'abattit avec une pluie de grêlons...

Lorsque Maître Yang arriva au bord, il ne restait plus qu'une sandale qui traînait dans la boue.

Il n'avait que ce fils. Partout où il allait, il prenait avec lui cet enfant de 13 ans et jamais il ne lui était arrivé le moindre incident. Il ne s'attendait pas à le perdre à trois jours de marche de son village natal. Dans sa colère il fut prêt à descendre dans l'eau pour combattre le monstre.

Mais, réflexion faite, il trouva plus raisonnable de chercher une autre issue. Il resta là, les yeux fixés sur la sandale et se mit à pleurer. Il ne voulut quitter le lieu quand le soleil se coucha derrière la montagne de l'ouest.

A ce moment-là, une vieille dame passa par là. Voyant les outils de charpentier et la palanche, elle alla quérir leur maître en bordure de la forêt, guidée par les pleurs. Elle trouva enfin Maître Yang et lui conseilla de venir d'abord au village voisin.

Maître Yang la suivit jusqu'à un tertre de la montagne. Là, il vit des paysans vivant dans des cabanes construites à la hâte parce que les inondations venaient de tout ratisser. Malgré la dureté de la vie, tous éprouvaient une grande compassion pour le pauvre charpentier et essayaient de le soulager de leur mieux.

Parmi eux se trouvaient deux enfants, le garçon s'appelait Abao, et la fillette, Afeng. Tous deux s'empressaient autour de Maître Yang, lui offrant du thé et à manger. La vue de ces deux enfants si sages lui évoquant le souvenir de son propre fils, Maître Yang s'attrista davantage. On lui proposa de se reposer quelques jours d'abord, puis on le raccompagnerait dans son pays natal.

PARTIE III

Maître Yang passa une nuit blanche sans manger ni boire. Il tenait dans ses mains la sandale de son fils et ne pouvait la quitter du regard. A la pointe du jour, il prit la résolution de combattre ce Dragon Truie, pour venger son petit et extirper ce fléau dans l'intérêt de la population locale.

Charpentier hors pair, Maître Yang savait non seulement sculpter les Dragons et les phoenix, mais il connaissait encore "Le canon du bois" (Livre canonique compilé par Lu Ban, personnage légendaire considéré comme l'ancêtre des charpentiers et des menuisiers) et il pouvait réciter beaucoup d'incantations.

Il jura de fabriquer un Dragon de bois et de le peindre comme un vrai Dragon, puis, après une cérémonie de "vernissage" accompagnée de paroles magiques, le Dragon deviendrait mobile et vivant. Il choisirait un jour propice et le jetterait dans la marmite de géants. Le Dragon de bois combattrait le Dragon Truie jusqu'à l'anéantissement du monstre.

Sitôt décidé sitôt fait. Le charpentier refoula ses pleurs et confia son projet aux villageois. Poussés par la compassion et la confiance en son art, les villageois le soutenaient fermement, bien qu'un peu sceptiques quant à la fin de l'entreprise. Ils lui fournissaient la nourriture et l'aidèrent à trouver un gros arbre dans la montagne Cang, pour qu'il pût concentrer tout son effort dans la sculpture.

Avec les villageois Maître Yang entra dans la montagne Cang et grimpa sur le sommet. Là il choisit un sapin dix fois millénaire, l'abattit et le fit transporter au village. On construisit un hangar pour y installer le tronc d'arbre.

Maître Yang passa une journée d'abstinence et prit un bain avant de se livrer pour de bon à la sculpture. Abao et Afeng lui servaient d'assistants, ils puisaient de l'eau, se tenaient à ses côtés pour lui passer les outils. Ils faisaient tout cela avec autant d'assiduité et d'affections que s'ils avaient été ses propres enfants.

Dans leurs loisirs, les villageois venaient souvent le voir pour savoir où il en était de son travail.

PARTIE IV

Avec toutes ces aides et encouragements, Maître Yang travailla nuit et jour, sans répit. A tout moment il jetait un coup d'oeil à la sandale de son fils, ou comptait sur ses doigts, il était décidé à terminer son travail avant le 24e jour de la sixième lune de l'année à demi. Il comptait lâcher son Dragon de bois dans la rivière au crépuscule et entamer ainsi le combat.

Quand le grand jour s'approcha, il travailla aussi la nuit et les paysans allumèrent des torches pour l'éclairer, il ne quittait plus le chantier.

Un jour, un inconnu entra dans le hangar. C'était un type trapu à la peau noire, portant une cape de laine noire aussi. Il avait l'air d'un désoeuvré et restait accroupi près de l'âtre, les bras croisés et les mains enfouies dans ses manches. Il regardait froidement travailler Maître Yang, sans dire un mot.

- Que désirez-vous, grand frère? lui demanda Maître Yang.

L'inconnu demeura imperturbable. Il sortit de sa cape quelque chose qu'il montra à Maître Yang.

- Mais c'est un poisson! s'écria celui-ci, sidéré.

- Frère génie de la montagne (Appelation respectueuse destinée aux charpentiers qui maîtrisent le canon du bois et sont capables d'élaborer une construction.), dit soudain l'inconnu, on dit que vous êtes très habile, est-ce que vous êtes de force à ranimer ce poisson?

Maître Yang le prit et réalisa qu'il s'agissait d'un poisson séché. Il le mit sur les copeaux et salua l'inconnu les mains jointes:
- Oh non, grand frère, vous me demandez trop! Je ne suis pas aussi doué que ça!

- Vraiment?... Vous ne connaissez même pas l'incantation pour ranimer un poisson séché, comment pourriez-vous donner vie à un Dragon de bois?

L'inconnu bredouilla ces mots et déguerpit les mains cachées dans sa cape sans se donner la peine de dire au revoir au maître.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:28

PARTIE V

Celui-ci n'avait pas fait attention à sa figure, mais il sentait sa malice. Il allait le suivre dehors quand il entendit un déclic derrière lui. Le poisson se mit à frétiller dans les copeaux qui semblaient eux aussi se tranformer en lentilles.

Maître Yang comprit sur l'instant et prit sa hache essayant de couper le poisson qui disparut tout de suite dans le tas de copeaux. Abao et Afeng ainsi que les villageois vinrent l'aider à attraper le poisson. On s'affaira jusque tard dans la nuit sans rien trouver.

Tout le monde avait compris qui était l'auteur de cette farce.

Le charpentier savait à quoi s'en tenir. Il répandit du riz autour du hangar pour en faire "un rempart de riz" (Le riz était considéré comme le plus précieux des trésors, il est sensé être capable de chasser les mauvais esprits.) et on en confia la garde aux deux enfants. Depuis lors. Tout redevint normal.

Enfin ce fut le 24e jour de la sixième lune. A midi Yang-le-Charpentier installa le Dragon de bois sur une grande aire. Pour faire la différence avec le Dragon Truie, il peignit en blanc argenté son Dragon de bois. Les paysans firent cercle autour de lui et le félicitèrent pour son chef-d'oeuvre.

Puis commença le "vernissage": Les cornes du Dragon étaient décorées de rubans rouges qui contrastaient avec le blanc. Vers midi trois quarts, Maître Yang entailla son index et dessina avec son sang les prunelles du Dragon tout en murmurant des incantations. Il pria mentalement son maître ancestral Lu Ban, sollicita sa protection dans le combat pour vaincre l'ennemi.

Le soleil se coucha et une myriade de torches furent allumées dans la campagne. La foule en chantant les airs de la nationalité hai, battait gongs et tambours en escortant le Dragon de bois dans sa descente de la montagne.

La torche haut levée, et escorté des deux côtés par Abao et Afeng, Maître Yang marchait en tête du cortège. Arrivant au bord de la marmite de géants, le charpentier demanda que l'on piquât les torches autour de la pièce d'eau. Puis il serra le poing et de l'autre main traça quelques signes cabalistiques sur une feuille de papier jaune en murmurant des paroles magiques, tandis que l'on faisait descendre le Dragon dans l'eau.

PARTIE VI

Les cérémonies terminées, le charpentier enfourcha vite un cheval et conduisit rapidement les gens vers la montagne parce que l'endroit allait se transformer en un champ de bataille.

A peine fut-on arrivé à mi-pente de la montagne que la foudre éclata au-dessus de la rivière et que deux nuages floconneux, le premier blanc, et l'autre noir, s'élevèrent dans le ciel. Puis ce fut un ouragan et la rivière en crue lança des vagues gigantesques à l'assaut du ciel. Les deux Dragons commencèrent à se battre dans l'espace des cieux.

Maître Yang et les villageois restaient en spectateurs sur le tertre. Le champ du combat était si vaste que tout le firmament en fut bouleversé. Le lac Erhai bouillonnant gronda. L'écho fut renvoyé par les montagnes. Le Dragon Blanc était plus léger et habile. Il volait en tout sens au milieu des nuages et eut bientôt le dessus, car le Dragon Noir était beaucoup plus lourd.

Sous la pluie battante, les villageois et le charpentier poussaient des hourras pour encourager le Dragon Blanc.

Les deux Dragon continuèrent leur lutte. Enfin, le Dragon Blanc, moins grand donc plus faible, battit en retraite. Le Dragon Noir cracha des fumées noires qui enveloppèrent son adversaire et tout le ciel s'obscurcit. On n'apercevait que de temps en temps une patte aux écailles blanches.

Debout sur le tertre, Maître Yang, les cheveux épars, récitait des prières pour invoquer la protection de Lu Ban; les villageois battaient gongs et tambours pour encourager le Dragon Blanc.

Finalement, le Dragon Blanc fit demi-tour et se réfugia vers la montagne Cang, ses écailles tombèrent en voltigeant comme des flocons de neige sur le tertre. Le Dragon Truie se lança à sa poursuite et le cassa en plusieurs morceaux. La montagne fut blanche d'écailles, le ciel noir de nuages sombres, et la terre inondée.

PARTIE VII

La défaite n'avait pas ébranlé la confiance des habitants, ils croyaient toujours aux pouvoirs du Maître charpentier pour vaincre le Dragon Truie. Avec sa hache Maître Yang traça une ligne au nord, il jura de ne jamais franchir cette ligne pour rentrer au pays natal avant d'avoir battu le Dragon Noir.

Il s'apprêta à partir tout seul pour couper des arbres dans la montagne Cang, et sculpter encore un Dragon pour livrer un ultime combat contre le Dragon Noir.

Les villageois ne le laissèrent pas aller seul, lui disant qu'ils partageraient avec lui la joie et la peine, même la mort! On allait abattre les arbres avec lui, et lui fournir la nourriture s'il persistait dans la sculpture du Dragon. Ensemble on attendait le 24e jour de la sixième lune de l'année suivante pour le combat décisif.

Entre-temps, la vie du peuple devenait encore plus pénible. La tornade avait emporté les cabanes construites sur le tertre; les cultures avaient été ravagées par les inondations qui s'étendaient jusqu'au lac Erhai.

On ne voyait que des cimes d'arbres à la surface de l'eau. Les paysans armés d'une juste colère partirent le jour même dans la montagne pour bûcheronner, laissant seuls Abao et Afeng sur place.

Maître Yang portait toujours sur lui la sandale de paille de son fils défunt. Il y jetait de temps en temps un coup d'oeil en chemin, ce qui l'affermissait dans sa résolution de venger son fils et d'extirper ce fléau qui sévissait dans la contrée.

A la pointe du jour, le maître charpentier rencontra sur la route un forgeron Maître Zhao, avec qui il avait été lié d'amitié dans sa vie errante. Il lui raconta sa mésaventure et celui-ci lui proposa son aide.

D'après le forgeron, la défaite du Dragon Blanc était due au fait qu'on ne l'avait pas pourvu de griffes, de crocs ni d'armure de fer. Il lui prêterait main forte en fabriquant un Dragon armé et cuirassé.

PARTIE VIII

L'aide du forgeron venait à point nommé. Maître Yang en fut tout joyeux. Seulement il lui était difficile de trouver la quantité de fer nécessaire. Par ailleurs, on manquait de bras.
- Ne t'en fais pas, le rassura Maître Zhao. Il y a du fer et des mineurs dans les montagnes de la Plume de Phoenix et on peut toujours en ramener au village. Il y a des forgerons à Hequin, ils accepteront bien de venir en aide aux frères de nationalité Hai éprouvés par le malheur; il y a des charpentiers sur les deux rives de la rivère de l'Epée qui se feront un plaisir d'aider à sculpter le Dragon. Je vais de ce pas les faire venir tous!

Mais le maître charpentier déclina la dernière offre, préférant accomplir la sculpture tout seul.
- Sois tranquille, grand frère, lui dit le forgeron en guise d'adieu. Et il fit demi-tour et se dirigea vers le nord, tandis que le charpentier et les villageois reprirent leur route vers la montagne.

Lorsqu'il faisait beau, Abao et Afeng ramassaient des planches de bois pour reconstruire les cabanes détruites. Ils étaient aussi occupés le jour que la nuit et se nourrissaient de poissons et d'écrevisses qu'ils allaient prendre sur les deux rives, maintenant que les eaux s'étaient retirées. Ils labouraient la terre et semaient les grains de sarrasin, en attendant le retour des villageois.

Un jour, arriva une vieille dame qui parlait avec un accent du nord. Les deux enfants la croyaient en route pour la foire, mais elle s'informa auprès d'eux de l'état de Maître Yang en se prétendant être sa belle-soeur venue spécialement pour l'aider à travailler sur le Dragon, avec des provisions et une hache ancestrale.

- Puisque mon beau-frère n'est pas là, dit-elle, je peux laisser la hache et les provisions et je le rejoindrai à mon retour de la foire.

Ce disant, elle offrit aux deux enfants deux poires succulentes.

Les deux enfants cachèrent le sac de provisions et la hache sous du foin dans la cabane, et ils enfouirent les poires dans la cendre. Ils préféraient attendre leur maître pour y toucher.

PARTIE IX

Deux jours plus tard, les gens rentrèrent au village, transportant un pin antique qu'ils avaient abattu, en même temps que des grumes destinées à la reconstruction. Après un mois de dur labeur, tout le monde gardait bon moral.

En voyant leur maître, les deux enfants lui remirent le sac de provisions et la hache ainsi que les deux poires en lui expliquant ce qui leur était arrivé.
- Mais je n'ai pas de belle-soeur, dit Maître Yang un peu confus.

Les deux enfants lui décrivèrent alors la physionomie de la vieille dame, sa tenue ainsi que son accent, sans oublier la hotte de bambou qu'elle portait sur le dos.

Le charpentier en proie à des soupçons ne cessait de secouer la tête. Il examina la hache et trouva la lame tranchante et le dos bien épais. Soudain la hache se mit à remuer dans sa main et le manche se mua en un serpent se tortillant sur son bras tandis que le fer de hache en tête de serpent s'élançait sur sa poitrine gueule ouverte et crocs menaçants.

Les deux enfants poussèrent un cri de stupéfaction. Maître Yang eut le sang-froid de serrer la gorge du serpent qui se trouva neutralisé sur le coup. Il défit vite le corps du serpent de son bras, le prit par la queue, et l'agita de toutes ses forces au point de lui désarticuler l'échine. Après quoi, il jeta le reptile dans le brasero où il brûla vif.

Les deux jeunes gens revinrent enfin de leur première surprise et se dirigèrent vers le sac de provisions. Avant que Maître Yang ait eu le temps de les en empêcher, ils l'avaient ouvert. Il n'y avait dedans que les restes de la carcasse du Dragon Blanc...

Les deux poires recouvrèrent aussi leur état initial, c'était deux fruits empoisonnés. Il s'agissait sans aucun doute d'une ruse du Dragon Truie.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:29

PARTIE X

Un mois plus tard, on avait terminé la reconstruction des cabanes au toit de chaume, le labourage, ainsi que les semailles. Tout était prêt pour prévenir la famine. Maître Yang se remit à sa sculpture quand le forgeron revint avec ses amis. Chacun s'adonna avec ferveur à son travail.

Abao devint l'apprenti de Maître Zhao dont il apprit le métier de forgeron; Afeng, celui de Maître Yang pour apprendre à sculpter. La dernière sculpta un petit Dragon de bois, et le premier monta l'armure, les griffes et crocs de fer. Ainsi armé, le petit Dragon avait belle allure. Tout le monde en fut très content.

On installa le Dragon dans un hangar au toit de chaume et là, les deux maîtres tinrent une cérémonie pour accepter les deux enfants comme leurs apprentis. Les villageois vinrent tous les féliciter avec légumes, poissons, vin de blé fermenté, jouant de la guitare et chantant des airs de la nationalité hai.

Sur ces entrefaites vint un vieux moine. Il portait une chape de laine qui cachait mal ses cheveux blancs, tenant d'une main un moulin à prière et de l'autre un chien en laisse.

Par dévotion bouddhique, le peuple hai se montrait généreux quand il s'agissait d'un moine mendiant. Les villageois le firent entrer et lui offrirent vin et mets. Comme il se faisait tard et qu'il tombait une pluie fine, Maître Yang déjà à demi ivre, le garda pour passer la nuit.

A minuit, le moine se leva quand tout le monde dormait. Il cassa le petit Dragon de bois en plusieurs morceaux et jeta les copeaux dans le brasero. La chaumière fut tout de suite en feu. Le chien noir se jeta sur le charpentier et essaya de le mordre à la gorge. Heureusement Abao fut réveillé à temps et frappa la tête du chien noir à coups de marteau. De son côté Afeng prit une hache et l'agita vers le moine qui se sauva en coup de vent en laissant un doigt coupé.

Quand les villageois accoururent au hangar, plus l'ombre du moine, ni de son chien; il n'en restait plus au sol qu'un tas de grêlons, le Dragon en débris et une patte coupée du Dragon Truie.

Redoublant depuis de vigilance, on patrouilla nuit et jour. Le Dragon Noir n'osa plus revenir; probablement, se soignait-il chez lui.

PARTIE XI

Le 24e jour de la sixième lune, avant midi, un autre Dragon de bois fut prêt. Il était cuirassé et brillait d'un éclat argenté. On le posa sur la place, garni de huit autres petits Dragons, fruit du travail des deux enfants qui maîtrisaient bien leur métier. Une foule de gens étaient venus assister au "vernissage".

Des torches furent allumées vers le crépuscule. Chantant et battant gongs et tambours, on porta les neufs Dragons sur l'épaule et descendit la montagne. Maître Yang et son ami forgeron, Abao et Afeng marchaient tête.

Arrivant au bord de la marmite de géants, on piqua les torches autour, Yang-le-Charpentier se mit à réciter des incantations et les neuf Dragons furent acheminés jusque dans l'eau.

Après la cérémonie, Maître Yang enfourcha son cheval et en compagnie des villageois regagna rapidement la montagne, sachant que le lieu allait devenir une fois de plus un champ de bataille.

A peine furent-ils arrivés à mi-pente de la montagne que la foudre s'abattit. Au même moment, un nuage sombre et floconneux s'éleva dans l'espace. Un déluge fit remonter subitement les eaux de la rivière qui submergea toutes les terres jusqu'au lac Erhai. On ne distingua plus le ciel de la terre, ni la rivière du lac. Neuf Dragons argentés, un grand et huit petits, s'acharnèrent contre le Dragon Truie, ainsi fut engagée la bataille.

Le combat se déroula dans les cieux, allant de la montagne Cang, à l'ouest, jusqu'au lac Erhai, à l'est. Les montagnes renvoyaient l'écho de leurs cris de guerre, les eaux du lac Erhai devinrent houleuses. les neuf Dragons argentés faisaient des navettes dans les nuages à une vitesse inouïe.

Le charpentier et le forgeron ainsi que les villageois se tenaient sur le tertre, où ils battaient tambours et cymbales, poussaient des hourras malgré la pluie battante. Par intermittence, les éclairs illuminèrent leur corps dont on aurait dit des statues de dieu.

La bataille se déroula sur un espace de 120 lis du nord au sud, la voûte céleste fut sillonnée de blanc et de noir.

Malgré son envergure, le Dragon Noir s'affaiblissait petit à petit, assailli de toutes parts par les neufs Dragons Blancs. Ses écailles grosses comme des vans tombaient une à une lourdement dans le lac Erhai. Il continuait à riposter, essayant d'abattre d'un coup de sa queue grosse comme le col d'un seau, le Dragon Blanc dans l'eau.

PARTIE XII

Voyant que les Dragons Blancs prenaient le dessus, Maître Yang et Maître Zhao ainsi que les villageois brandissaient et agitaient hache, scie, marteau, houe et faucille en poussant des hourras d'encouragement, de concert avec la pluie, les flots et la montagne qui semblaient aussi crier des chants guerriers.

Les neuf Dragons dans leur poursuite volèrent à tire-d'aile vers le sud, le Dragon Noir perdit de la hauteur. Le ciel fut couvert d'un tapis de nuage blanc et le lac voilé d'une couche noire. Un moment plus tard, les nuages noirs tombèrent lentement dans le lac.

La pluie cessa. Les nuages blancs s'étendaient maintenant sur toute la terre tandis qu'une pleine lune s'élevait dans le firmament étoilé et que le lac devenait uni comme un miroir.

On voyait s'approcher Qijin, le fils de Maître Yang, à califourchon sur le dos du grand Dragon Blanc suivi de huit petits Dragons. Maître Yang et les villageois voulurent l'appeler, mais l'enfant et les Dragons volaient en direction de la marmite des géants.

Soudain éclatèrent neuf coups de tonnerre, la forêt dense s'ouvrit en deux, et les neuf Dragons s'enfoncèrent dans l'eau.

Depuis lors, la rivière du Dragon Truie fut rebaptisée la rivière des Dragons Blancs, les rayons de soleil éclairaient à travers la forêt fendue l'eau lipide de la marmite de géants qui avait perdu de son aspect sinistre d'antan.

Pour commémorer le souvenir de maîre Yang et des Dragons Blancs, le peuple Hai construisit un temple des Dragons Blancs. Sur l'autel se tenait la statue de Maître Yang, flanqué de Abao et Afeng. Au-dessus planait le grand Dragon Blanc avec ses huit petits enlaçant huit colonnes.

Quand venait la saison de repiquage des jeunes plants de riz, on voyait souvent les neufs Dragons tout humides, c'est qu'ils étaient partis la nuit pour faire tomber la pluie.

Le peuple n'avait pasoublié Maître Zhao et sa statue se trouvait dans une salle latérale, marteau à la main.

Le Dragon Truie qui avait tant sévi dans la contrée fut condamné à rester éternellement dans le fond du lac Erhai.

Tous les ans au soir du 24e jour de la sixième lune, il veut se révolter encore. C'est pourquoi nous devons allumer des torches et en piquer partout à travers la montagne, cette vue lui fait penser que le peuple "Hai" est toujours occupé à sculpter des Dragons Blancs, et il n'ose plus sortir.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:31

Ren Xu


PARTIE I

Au début de l'époque Jianzhong de la dynastie des Tang, habitait à Le'an un lettré du nom de Ren Xu. Plus attaché à la lecture qu'au monde, il vivait dans des montagnes fort reculées, où il voulait rester toute sa vie.

Un jour, assis dans son studio, il entendit quelqu'un frapper à sa porte. Il vit alors entrer un vieillard vêtu de jaune qui, le visage beau, l'allure élégante, se dirigea vers Ren en s'appuyant sur un bâton. Ren l'invita à s'asseoir et à bavarder. Surpris par l'air soucieux et les balbutiements du vieillard, il lui demanda quel était l'objet de son angoisse.
-Peut-être êtes-vous préoccupé par la maladie d'un des vôtres? ajouta Ren.

- J'attendais votre question depuis un certain temps, répondit le vieillard. je ne suis pas un homme mais un Dragon. A un li d'ici, à l'ouest, il y a un lac. Ma famille y habite depuis quelques centaines d'années. Mais maintenant je souffre à cause d'un homme méchant. Vous êtes le seul à pouvoir me sauver d'une catastrophe mortelle. Je viens chez vous vous demander secours. Heureusement qu'en me posant cette question, vous m'avez donné l'occasion d'en parler.

Je ne suis qu'un mortel d'ici-bas, fit le lettré. A part la poésie, les livres classiques, les rites et la musique, je ne connais pas d'autres arts. Comment pourrais-je vous sortir du malheur?

- Vous n'avez qu'à faire ce que je vais vous dire. Nul autre art n'est nécessaire, répondit le vieillard.

- Alors je vous écoute avec plaisir.

- Après-demain matin vous irez au bord du lac. Vers midi, un taoïste arrivera de l'ouest. C'est lui qui me veut du mal. Il va drainer l'eau du lac et me tuer. Quand il aura presque asséché le lac, vous crierez d'un ton sévère :
"Le Ciel va condamner à mort celui qui assassine le Dragon Jaune !"

Alors l'eau reviendra dans le lac. Mais le taoïste réitérera sa sorcellerie, et vous répéterez le même cri. Quand vous aurez agi trois fois de la sorte, je serai sauvé et vous serez richement récompensé.

Le lettré ayant acquiescé, le vieillard lui adressa ses remerciements sincères et le quitta à regret.

PARTIE II

Deux jours plus tard, Ren se rendit à l'ouest de la montagne où il vit en effet un grand lac. Il s'assit sur le bord pour attendre.

A midi, un nuage arriva en flottant de l'ouest et atterrit lentement au bord de l'eau. Un taoïste, haut d'environ dix pieds, sortit du nuage et se tint debout sur le bord. Il tira de sa manche quelques talismans couverts de caractères noirs, qu'il jeta dans l'eau. Le lac s'assécha aussitôt, découvrant ainsi un Dragon Jaune allongé dans le sable.

Ren cria d'un ton sévère:
- "Le Ciel va condamner à mort celui qui assassine le Dragon Jaune !"

A peine sa phrase était-elle prononcée que le lac s'était à nouveau rempli d'eau. Indigné, le taoïste jeta plusieurs talismans couverts de caractères rouges dans le lac qui s'assécha d'un coup.

Alors Ren cria à tue-tête, et l'eau remplit à nouveau le lac. Fou de rage, le taoïste ne tarda pas à lancer en l'air une dizaine de talismans écarlates qui se métamorphosèrent en nuages rouges. A peine ceux-ci entrés dans le lac, l'eau disparut comme par enchantement. Mais aux cris du lettré, elle revint.

- "Ah ! il m'a fallu dix années pour réussir à avoir la possibilité de manger ce Dragon. Vous qui êtes un lettré, pour quelle raison daignez-vous sauver une bête ?" s'écria le taoïste. Et après lui avoir fait d'autres reproches, il s'en alla.

Revenu dans les montagnes, la nuit, Ren fit un rêve dans lequel il vit le même vieillard qui venait le remercier.
- "Vous m'avez sauvé de la main du taoïste, je vous en suis profondément reconnaissant. Je voudrais vous offrir une perle. Veuillez venir la chercher au bord du lac."

Le lendemain, Ren se rendit sur la rive du lac, où, dans les herbes, il trouva une grosse perle scintillante, dont il ne connaissait pas le nom. Plus tard, il l'apporta au marché de Guangling. Un étranger s'exclama devant cette merveille :
- "Voilà le vrai trésor inestimable du Dragon du Mont Li. Personne ici-bas ne peut l'obtenir !"

Et il la paya des dizaines de millions de sapèques.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:31

Deux Calebasses Porte Bonheur


PARTIE I

Dans un petit village au bord de la mer, aux pieds d'une haute montagne, habitait une mère avec son fils. Ils vivaient de leur travail; la mère cousait, le fils ramassait du bois dans la montagne; le garçon se nommait Wang Xiang, et venait tout juste d'avoir 18 ans.

Par un jour d'été, Wang Xiang partit comme à son habitude chercher du bois dans la montagne. La chaleur se faisait sentir. Le jeune homme chercha refuge sous l'ombre d'un arbre. Des chants d'oiseaux se firent entendre. Il leva les yeux mais ne vit point d'oiseaux mais, au-dessus de sa tête, deux petites calebasses, lisses à l'excès, étaient suspendues à la branche. Elles étaient loin d'être mûres, certes, mais l'idée de les abandonner là déplaisait au jeune homme.

Il prit donc sa faucille et se résolut à les arracher avec leur racine. Il y réussit, au prix d'énormes efforts, et les porta à la maison. Avec l'accord de sa mère, il les planta dans le petit potager qui s'étendait devant la maison. Chaque jour, il les arrosait, et les deux calebasses se faisaient de plus en plus belles.

Un jour, un géomancien venu du Sud qui passait par là les aperçut; il demanda à les acheter et proposa jusqu'à cent taëls. Wang Xiang, étonné, demanda:
- Pourquoi voulez-vous les acheter à un tel prix?

- Jeune homme, répondit l'acheteur, ton honnêteté mérite une récompense, je m'en vais te révéler la vérité sur ces deux gourdes. Celle de gauche s'appelle Sèche-mer, parce que la mer se vide à son contact; celle de droite, Ecrase-montagne, parce que la montagne s'écroule à son contact. Passé le mois d'août, une fois mûres, elles deviendront efficaces!

Wang Xiang était déjà peu enclin à les vendre; maintenant plus que jamais il ne les aurait cédées pour tout l'or du monde.

PARTIE II

La fin d'août arriva. Les deux callebasses étaient jaunes d'or, signe qu'elles étaient mûres.

Wang Xiang les cueillit et, ayant mis de côté la gourde de droite, il s'en fut dans la direction de la mer muni de celle de gauche, décidé à vérifier les dire du géomancien.

A sa grande surprise, la mer effleurée par sa gourde, recula de 4 à 5 lis. Wang Xiang, pris de terreur, retira promptement la gourde; il allait s'enfuir à toutes jambes. Lorsqu'il vit sortir de l'eau une étrange créature à forme humaine, au visage noir, le corps couvert de poils verts des pieds à la tête et une fourche tridentée à la main. L'espace d'un instant, et le monstre l'avait rattrapé. Terrifié, le garçon se laissa choir sur le sable attendant la mort. Mais les apparences se démontrèrent trompeuses, car le génie s'inclina respectueusement devant lui:
- Vous avez devant vous, dit-il, le gardien du Palais de cristal; Sa Majesté le Roi Dragon, désire s'entretenir avec vous et vous prie donc de me suivre.

Wang Xiang, toujours sous l'effet de la peur, refusa l'invitation d'un mouvement de la main:
- Non, non, je préfère rester ici.

Mais le gardien insista:
- Sa Majesté souhaite avoir l'honneur de faire votre connaissance. Vous venez de mettre à l'eau Sèche-mer, il s'en est fallu de peu que notre Palais s'effondre. je crois que Sa Majesté a besoin de votre aide. Elle est prête à vous accorder tout ce que vous voudrez pourvu que vous lui donniez satisfaction.

Comme dans un rêve, Wang Xiang fut transporté par l'envoyé du Roi Dragon. Petit à petit, il se sentit plus rassuré.

Le gardien de lui dire:
- Il y a au Palais une canne de bambou magique. Dès qu'on ôte le bouchon à son extrémité, le riz se met à couler, intarissable. Vous demanderez au roi cet objet précieux ainsi que son chien. Le roi y tient beaucoup, mais vous pourrez en faire votre compagnon.

- Très bien, déclaraWang Xiang, d'un air satisfait, j'aimerais bien avoir un chien qui m'accompagne quand je vais chercher du bois dans la montagne.

PARTIE III

Ils continuèrent leur chemin en parlant de choses et d'autres et arrivèrent vite au Palais. L'aspect simple et souriant de Wang Xiang plut au roi, qui se leva pour l'accueillir. Il lui dit:
- Jeune homme, vous possédez un objet bien dangereux pour nous. Prêtez-moi serment de ne jamais le réutiliser et je vous offrirai tout ce que vous voudrez.

Wang Xiang, la tête baissée en signe de respect répondit:
- Je vous demande pardon pour ce qui est arrivé, Majesté. Moi-même j'ignorais ce dont cette calebasse était capable; je vous promets, selon votre désir, de ne jamais la réutiliser. Si votre Majesté voulait me montrer quelque bienveillance, j'oserais demander deux choses;

- Lesquelles? Parle!

- La première, c'est votre canne de bambou.

- Aucun problème! Et la deuxième?

- C'est le chien qui est à vos côtés.

Le Roi Dragon parut décontenancé à cette deuxième demande: Le chien était l'incarnation de sa fille. Toutefois, vue la promesse qu'il avait faite, il finit par acquiescer, à regret.

Wang Xiang, après avoir remercié le Roi Dragon, prit le chien dans ses bras, se fit apporter la canne de bambou, et, ses adieux faits, prit le chemin du retour. Dès qu'il atteignit le rivage, la mer se remplit à nouveau.

L'après-midi touchait à sa fin. Ma mère doit être bien inquiète, pensa tout à coup Wang Xiang en hâtant le pas. Le chien, toujours dans ses bras, se mit à aboyer. Il le laissa aller; en touchant le terre ferme, le chien se transforma en une jeune fille adorable. Le garçon contemplait ahuri cette métamorphose. Elle lui parlait maintenant.

- Cher frère Wang Xiang, dit la jeune fille, ressaisissez-vous, je suis la fille du Roi Dragon. Si je ne vous déplais pas trop, nous pourrions nous marier?

- J'aimerais beaucoup vous épouser, dit Wang Xiang, mais ma famille est trop pauvre, je ne peux me le permettre.

- Qu'à cela ne tienne! insista-t-elle, je prendrai tout à ma charge.

Wang Xiang rougit et hocha la tête en signe d'acquiescement.

PARTIE IV

Arrivés à la maison, ils trouvèrent sa mère évanouie, n'ayant plus rien mangé depuis son départ. La jeune fille, en un tour de main, prit la canne de bambou, versa un peu de riz et prépara un bouillon. Puis, avec l'aide du jeune homme, elle fit couler un peu de bouillon entre les lèvres de la vieille femme, qui reprit bientôt connaissance, et avala l'un après l'autre deux bols de riz.

Elle fut très heureuse de retrouver son fils, et l'idée d'avoir une jeune fille si gracieuse pour bru la ravissait. Elle aurait aimé qu'ils se marient au plus tôt, mais elle s'affligeait déjà devant l'exiguïté de sa maison. La future bru, consciente de ce qui tracassait la mère, lui demanda:
- Maman, à qui appartient le jardin devant notre maison?

- C'est à nous, répondit la mère.

- Alors, ne vous en faites pas, chère maman, dit la jeune fille, nous allons nous arranger pour cette nuit. Demain nous aurons une grande maison.

A minuit, la fille du Roi Dragon se leva sur la pointe des pieds, et sortit dans le potager, elle prononça des phrases magiques; à son appel, une armée de crevette et de crabes vinrent de la mer et bâtirent, suivant ses ordres, une grande et luxueuse demeure à l'endroit du jardin.

Au lever du jour, le jeune homme et sa mère trouvèrent, au lieu du potager, une belle bâtisse en briques vertes, avec une riche basse-cour. Emerveillés, ils ne savaient trop que penser.

- Que s'est-il passé? se demandaient-ils.

La fille du Roi Dragon, avec un sourire, leur dit:
- C'est moi qui ai fait construire cette maison. Nous allons vite y emménager et à la place de la vieille maison, nous ferons un joli jardin.

Le jour même, la mère invita parents et amis pour célébrer leur mariage.

PARTIE V

La nouvelle se répandit vite et parvint jusqu'au gouverneur du district qui, trouvant la chose étrange, décida de rendre visite à la famille avec quelques officiers de sa suite. Il trouva la belle demeure à son goût, mais plus encore la jolie épouse de Wang Xiang.

Lorsqu'il l'aperçut, si mignonne et si gracieuse, ce fut le coup de foudre. Il sentit jusqu'à ses jambes se dérober. Il s'adressa à Wang Xiang:
- Ton logis est fort agréable, Wang Xiang. Qu'en penserais-tu si je venais y habiter, moi aussi?

- Je dois demander l'avis de ma femme, répondit Wang Xiang, troublé.

La nouvelle mariée, perçant à jour le dessein du visiteur, décida de lui donner une leçon. Elle dit à son mari:
- Fais-le venir si tu veux, on lui cèdera la chambre principale.

Le gouverneur, euphorique, décida de s'y installer le jour même. Du matin au soir, il dévorait des yeux la jeune mariée; plus il la regardait, plus elle lui plaisait. Tremblant de désir, il finit par dire à Wang Xiang:
- Si tu me cèdes ta femme, je t'élèverai au rang d'officier.

Bien sûr, Wang Xiang refusa ferme. Le gouverneur loin d'abdiquer, tenta de s'y prendre autrement:
- Je peux y renoncer, à condition que tu réussisses à déraciner le saule dans la cour et à le replanter les racines en l'air. Si tu échoues, ta femme m'appartiendra.

Wang Xiang, préoccupé, alla raconter à son épouse les propos du gouverneur. Celle-ci le tranquilisa en ces termes:
- Va te coucher, et dors d'un sommeil paisible. Tout sera fait demain matin.

PARTIE VI

Quand la nuit fut profonde, la fille du Roi Dragon appela de nouveau à son secours les crevettes et les crabes; en un tournemain le saule fut arraché et replanté suivant les indications du gouverneur. Celui-ci, surpris et très mécontent, ne se donna pas pour vaincu:
- Déraciner un arbre et le replanter ne remplissent qu'une partie de mes conditions. Il s'agit maintenant de renverser cette montagne au nord. Si tu échoues, ta femme sera à moi.

Une fois de plus, Wang Xiang, ne sachant que faire, eut recours à sa femme. Celle-ci lui dit:
- Où as-tu caché l'autre calebasse? C'est le moment de l'utiliser.

Wang Xiang, se souvenant du pouvoir magique de la deuxième calebasse, reprit immédiatement courage.

Le lendemain matin, muni de la gourde, il se mit en route vers la montagne. L'arrogant gouverneur et ses officiers le suivaient à distance, de crainte que la fille du Roi Dragon ne lui vînt en aide par quelque magie.

Wang Xiang, malin, alla se poster sur le versant opposé de la montagne; à peine eut-il posé la calebasse à ses pieds que l'on entendit un grondement sourd, puis, dans un fracas assourdissant, la montagne s'écroula, recouvrant à jamais le gouverneur et ses laquais.

Dès lors, la famille de Wang Xiang mena une vie paisible et heureuse.
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MessageSujet: Re: Légendes de 31 à 40   Légendes de 31 à 40 Icon_minitime2/2/2007, 10:32

Les Herbes Yanyu


PARTIE I

Dans la grande Gorge Qutang, les eaux tulultueuses du Yangzi longent à un moment de leur parcours une grande paroi abrupte aussi rouge que le feu, connue sous le nom de montagne à la cuirasse pourpre. Comme son sommet ressemble à une grande pêche, on l'appelle également la montagne de la Pêche. Depuis la vallée, les nuages entourant la cime en forme de pêche donnent l'impression d'un plateau de jade; d'où son autre nom très imagé:
"Le plateau de jade porte la pêche de l'immortalité".

A flanc de montagne s'ouvre une grotte dans laquelle les stalactites qui pendent de la voûte rencontrent des pierres aux formes bizarres; sept portes mystérieuses en protègent l'entrée et lui donnent son nom de "Grotte aux sept portes". Dans l'antiquité, elle n'était fréquentée que par des bêtes féroces: hyènes, loups, tigres et panthères.

Un jour, un pauvre pêcheur nommé Xia Zhongjiao ou "Dragon de la Gorge", obligé de quitter son village éprouvé par la famine, vint s'y installer avec sa femme et son fils après en avoir chassé tous les animaux.

L'homme et sa famille vivaient des produits de la pêche. En outre Xia Zhongjiao avait planté sur la grève Kuimen au coeur du Yangzi, des herbes Yanyu, une plante médicinale aux pouvoirs exceptionnels, avec laquelle il soignait les pêcheurs des Trois Grandes Gorges.

Or, il faut savoir qu'il y avait à l'époque un serpent monstrueux, unicorne nommé Kuilong qui sortait de temps en temps de son antre, rendant les eaux folles. Yu le Grand avait réussi à dompter les Eaux déchaînées et emprisonné Kuilong sous le mont Yanyu.

Mais le serpent s'était libéré de ses chaînes et avait quitté sa prison. D'un coup de queue, il arracha toutes les herbes d'immortalité et les emporta dans son antre.

Un jour, après le dîner, le pêcheur s'en fut cueillir des herbes sur la grève et fut très surpris de n'y rien trouver. Inquiet, il réfléchissait lorsqu'il entendit un vent furieux se lever, des vagues impétueuses mugir; un coup de tonnerre d'une violence inouïe détonna et ce fut alors qu'émergea de l'eau un serpent unicorne à l'air féroce.

PARTIE II

Le pêcheur reconnut Kuilong, et sans la moindre peur lui cria:
- Mauvaise bête, c'est toi qui a volé mes herbes Yanyu?

- Et ça ne m'a guère suffit; ce que je veux manger, c'est de la chair! hurla Kuilong en montrant griffes et dents. Enfermé pendant des milliers d'années à cause de Yu le Grand, je meurs de faim; mais voilà qui tombe bien, tu seras mon premier vrai repas après ce long jeûne.

Ce disant, Kuilong allongea ses pattes griffues vers le pêcheur; celui-ci plongea hardiment dans l'eau, serra fort son harpon, et livra bataille à la bête. L'homme et l'animal luttèrent trois jours et trois nuits durant, sans qu'il y ait ni vainqueur ni vaincu. Au quatrième jour, accablé par la faim et à bout de force, le pêcheur fut dévoré par Kuilong.

La nouvelle de sa mort peina considérablement sa femme qui jura de le venger. Aussi poussa-t-elle leur fils Xiaojiao, petit Dragon, à s'entraîner durement afin d'être à même de venger son père une fois le moment venu.

Xiaojiao prenait son rôle très au sérieux; il entretenait sa mère grâce aux produits de la pêche, et s'exercait dans l'eau, progressant de jour en jour.

Quelques années passèrent; non seulement Xiaojiao était devenu aussi fort et solide que son père, mais encore était-il capable de manier le harpon et de nager jusqu'à sept jours et sept nuits de suite sans jamais sortir de l'eau.

C'était un véritable petit Dragon de fleuve. Un jour, de retour de la pêche, il s'inquiéta de ne pas voir sa mère venir chercher les poissons. Il se pressa de rentrer et trouva sa mère au lit, n'ayant plus qu'un souffle de vie.

Il allait partir pour appeler un médecin quand elle l'arrêta; elle parlait avec difficulté:
- Mon enfant, seules les herbes Yanyu plantées par ton père peuvent me guérir!

PARTIE III

A ces mots, le jeune homme sentit resurgir en lui la haine. Il empoigna son harpon, salua sa mère et gagna la grève en criant:
- Ecoute-moi Kuilong, dépêche-toi de me rendre les herbes Yanyu! Sinon, je te couperai en mille morceaux!

Au cri, Kuilong quitta son antre, et fit surface dans un grondement de tonnerre, et un déferlement de vagues qui s'écrasèrent avec violence sur les rochers. Il s'écria avec un rire fou:

- Formidable! Voilà que tu viens m'apporter comme ton vieux père un nouveau repas délicieux!

Cela dit, il sortit ses griffes et se jeta sur le jeune homme avec une telle violence que les monts Taishan en tremblèrent. Voyant cette furie, Xiaojiao avait empoigné son harpon; il bondit au-devant de Kuilong et transperça de son arme le ventre du monstre, faisant jaillir un flot de sang noir.

La blessure avait rendu Kuilong fou furieux. Il serrait le jeune homme dans ses spires sans lâcher prise. La haine alimentait le courage et la force de Xiaojiao. Pendant sept jours le combat n'eut de cesse dans les eaux bouillonnantes; Kuilong avait perdu beaucoup de sang et faiblissait d'heure en heure.

Enfin, le jeune homme le harponna à la tête; se voyant en mauvaise posture, le serpent battit la retraite et se réfugia dans son antre dont il ferma d'un coup de queue la porte de pierre épaisse.

Xiaojiao s'était lancé à sa poursuite; mais il eut beau frapper des poings et des pieds et casser son arme contre la porte, celle-ci resta fermée. A bout de ressources, il sortit de l'eau et rentra à la maison.

L'état de sa mère avait empiré; assis à son chevet, il réfléchissait au moyen d'ouvrir la grande porte.

PARTIE IV

Vers minuit, alors que le jeune homme luttait pour résister au sommeil, un vieillard aux cheveux blancs et au regard lumineux, lui apparut soudain, porté par un nuage coloré, venant du sommet en forme de pêche de la montagne à la Cuirasse pourpre.

Il entra dans la grotte aux Sept portes , un livre doré à la main, et lui dit:
- Xiaojiao, tu es un brave pêcheur, et un bon fils. Voilà un livre qui nous a été confié par Yu le Grand et qui t'aidera à dompter le serpent. Prends-le et fais-en bon usage!

- Merci, grand-père, répondit le garçon en prenant le livre de ses deux mains, qui êtes-vous, mon bon génie?

- Je suis ton voisin, le Génie de la pêche. Tu ne trouveras dans ce livre doré que des trésors. Mais pour vaincre le serpent, il te faudra faire appel à toute ton intelligence et à ton courage.

Cela dit, l'immortel regagna son nuage et disparut à l'horizon.

Le chant du coq réveilla le jeune homme. Il frotta ses yeux ensommeillés, songeant à l'étrange rêve, lorsqu'il aperçut le livre doré sur son lit. Il alluma la torche et se mit immédiatement à en étudier le contenu.

Le jour n'était pas encore levé qu'il le connaissait par coeur; il dit au revoir à sa mère, gagna la grève et de là plongea dans les eaux tourbillonnantes du fleuve.

PARTIE V

Une fois devant l'antre du serpent, il souleva un rocher, y trouva une sorte de chapeau en pierre qu'il posa sur sa tête et en donna un grand coup à la porte qui s'ouvrit à l'instant.

La caverne était plongée dans l'obscurité et il ne pouvait rien distinguer. A tâtons, il avança jusqu'à ce qu'il rencontre un coffre en pierre. Il en sortit une paire de chaussures toujours en pierre qu'il chaussa et qui le transportèrent en l'espace d'un instant au-delà de la deuxième porte.

Il trouva là un cheval qui hennit à son arrivée, les oreilles dressées. Xiaojiao s'approcha de lui, sortit de ses oreilles deux épées qu'il brandit en l'air. A la lueur de l'éclat froid de l'épée, il put lire les trois catactères gravés sur l'emmanchure:
"Epée du roi Yu"

Puis toujours grâce aux chaussures magiques, il dépassa la troisième porte. Il se trouvait maintenant dans une caverne très vaste. Kuilong se reposait sur une terrasse de pierre. Il cligna des yeux et s'aperçut brusquement de la présence de Xiaojiao.

D'un bond, la bête fut debout. La terrasse était trop haute pour que le garçon puisse atteindre le monstre avec sa courte épée. L'idée lui vint de faire semblant de s'éloigner. Kuilong n'allait sans doute pas laisser s'échapper un bon repas.

En effet, la bête agita ses pates griffues et s'élança à la poursuite de Xiaojiao qui d'un bond fut sur la terrasse, la fendit de son arme et en sortit un cerceau magique; il le lança en l'air et sur-le-champ Kuilong se trouva enchaîné, hors combat.

Le jeune homme trouva les herbes Yanyu derrière la terrasse. Il passa la troisième porte, et à l'aide de trois grandes serrures posées sur le dos du cheval, il ferma successivement à clé les trois portes. Désormais Kuilong n'allait plus nuire à personne.

Les herbes Yanyu dans les bras, Xiajiao courut à la maison. Il ne pouvait pas savoir qu'un jour passé dans l'antre du serpent équivaut à une année dans le monde; sa mère était morte. Le coeur lourd, il l'enterra.

Le temps passa, Xiajiao continua, comme son père, à soigner les pêcheurs des Trois Grandes Gorges, grâce aux herbes Yanyu qu'il pouvait maintenant cultiver sans crainte.
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