Rôles et Légendes
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 Légendes de 21 à 30

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Rhadamante

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MessageSujet: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 09:59

L'Emblème du Roi Dragon


PARTIE I

Il était une fois, dans un village près de la ville de Kunming, un vieillard nommé Ma Yingsheng et sa femme.

Trente ans s'étaient écoulés depuis leur mariage, et ils n'avaient toujours pas d'enfant. Pourtant le vieux couple ne désespérait pas.

- De grâce, Allah charitable, priaient-ils chaque jour, donnez-nous un enfant!

Vous pouvez imaginer leur bonheur lorsqu'un beau jour, la vieille femme se trouva finalement enceinte.

Mais l'année se passa, sans qu'elle n'accouche, deux ans se passèrent, et toujours rien. Le vieillard disait:
"Tu dois être malade; on n'a jamais vu une femme enceinte de quelques années!"

Pourtant, au cours de la troisième année, la femme accoucha d'un garçon. Les vieux époux pleurèrent de joie, et puisque c'était une année de sécheresse, le père appela l'enfant sécheresse-rattrapée. Il faut dire que c'était un petit prodige: Il avait à peine deux mois , qu'il marchait déjà; à trois il parlait, et à six il partait avec sa mère dans la montagne pour y cueillir des champignons et ramasser du bois.

Les temps étaient durs: deux années durant il ne plut pas, il fut impossible de semer. Les paysans n'avaient plus rien à manger; pour apaiser leur faim, ils mâchaient les écorces des arbres ou des racines. un jour, l'enfant demanda à sa mère:
- Maman, pourquoi ne cultive-t-on pas du riz?

- Mon enfant, si le Roi Dragon ne nous envoie pas la pluie, on ne peut pas semer.

- Il faut aller le lui dire! Où est-il?

- Il habite le Palais du Dragon; mais seul un très bon nageur pourrait le trouver.

L'enfant décida d'apprendre à nager . Eté comme hiver, il s'entraîna tous les jours dans l'étang du Dragon noir.

Enfin il commença ses recherches; et chaque jour il plongeait, défiant les eaux du lac, avec l'espoir de trouver le Palais du Dragon.

PARTIE II

Les jours puis les mois passèrent, sans résultat; voilà cent jours que Sécheresse-rattrapée fouillait le fond du lac sans trouver trace du Palais.

Un jour qu'il était particulièrement fatigué Sécheresse-rattrapée s'endormit dans l'eau.

L'enfant avait à peine fermé les yeux , qu'il se retrouva dans un Palais de cristal. une Princesse d'une grande beauté, vêtue de corail et chaussée d'agates et de perles vint vers lui. Son visage brillait d'éclats multicolores et ses yeux étaient aussi doux que le clair de lune en automne.

Face aux yeux émerveillés du garçon, la Princesse prit la parole:
- Sécheresse-rattrapée, dit-elle, si tu veux trouver le Palais du Dragon, il te faut chercher sa grotte où se cache l'entrée du Palais. Le Roi Dragon est en train de dormir, c'est là le bon moment, mais il faut faire vite!

La voix de la Princesse tintait étrangement, comme des verres légers qui s'entrechoquent.

La Princesse était en train de lui expliquer le chemin, lorsqu'une vague déferla sur elle et l'emporta, sans qu'elle puisse achever ses paroles. Le garçon se lança à sa poursuite.

Il se réveilla flottant sur la surface de l'eau. Il aspira longuement et se mit immédiatement à la recherche de la grotte, suivant les explications que lui avait données la Princesse; finalement il s'engouffra dans une cavité assez large et profonde. Il y faisait très sombre et l'eau était glaciale.

L'enfant prit son courage à deux mains et tâtonna dans l'obscurité. Partout, ses mains rencontrèrent des pierres pointues et aussi tranchantes qu'un couteau.

Il avança ainsi avec beaucoup de peine jusqu'au fond de la grotte, où une porte à deux battants fermée à clé lui barra le passage. Il la poussa des mains et des pieds avec tout son corps meurtri par les rochers.

PARTIE III

Un jour et une nuit passèrent sans qu'il réussisse à ouvrir la porte. Le corps tuméfié, il était à bout de force lorsqu'une voix familière tinta à ses oreilles.
- Sécheresse-rattrapée, disait la Princesse, si tu veux que la porte s'ouvre, il te faut apporter l'emblème du Dragon, dépêche-toi!

Au sortir de l'eau, Sécheresse-rattrapée alla d'abord dans la montagne cueillir des plantes pour soigner ses blessures, puis il rentra chez lui. Sa mère était là qui l'attendait.
- Maman, je dois absolument trouver l'emblème du Dragon, sais-tu où il est? demanda-t-il.

- Dans la mosquée, mon enfant, répondit sa mère.

Sans perdre une minute, Sécheresse-rattrapée partit pour la mosquée.

C'était un jour de culte; tous les fidèles étaient rassemblés pour invoquer la pluie. Quarante jours durant ils avaient discuté. Ils avaient décidé que l'un d'entre eux devait aller planter l'emblème du Dragon à la porte de son Palais. Mais qui aurait ce courage?

C'est à ce moment qu'arriva Sécheresse-rattrapée qui alla tout droit trouver le Ahong; il salua le chef de culte et dit:
-Je viens prendre l'emblème du Dragon.

- Tu viens planter l'emblème du Dragon? dit le Ahong qui avait mal compris et regardait surpris l'enfant téméraire. Qui es-tu donc? et puis est-ce que tu sais nager au moins?

- Je m'appelle Sécheresse-rattrapée, dit le petit garçon. Je suis un excellent nageur, capable même de dormir dans l'eau!

- Musulmans, remercions notre Allah! Nous avons trouvé celui qui ira planter l'emblème! s'écria le Ahong à haute voix.

Les fidèles levèrent les mains au ciel, en signe de remerciement, et l'enfant les imita.

PARTIE IV

Enfin, le cortège se mit en route. Précédés du Ahong qui portait l'emblème des deux mains, les fidèles avançaient, la tête et les pieds nus, des bâtons d'encens à la main, récitant des prières.

Ils arrivèrent bientôt sur les bords de l'étang du Dragon noir. L'enfant sentit son corps brûlé par le soleil se rafraîchir un peu.

Le Ahong tendit l'emblème à Sécheresse-rattrapée. En un tour de main l'enfant fut dans l'eau tout habillé et disparut dans les profondeurs du lac. Il retrouva la grotte, de son emblème cogna à la porte, et vit les deux battants s'ouvrir devant lui.

Il pénétra dans une salle étincelante de lumière où une musique mélodieuse emplissait l'air. Le Roi Dragon, tout de noir vêtu, dormait d'un sommeil profond sur son trône rouge, une précieuse perle couleur de sang dans la bouche.

Suivant les recommandations de la Princesse, Sécheresse-rattrapée s'empara de la perle et l'avala d'un trait.

Réveillé, le Roi Dragon se mit à tonner, rouge de colère, crachant du feu de partout.
- Qui a osé voler ma perle? hurla-t-il.

- Moi, répondit Sécheresse-rattrapée, et je l'ai déjà avalée!

Fou de rage, le Roi Dragon bondit, l'épée à la main, s'écriant d'un air féroce:
- Rends-la-moi vite, si tu ne veux pas que je te coupe en mille morceaux!

- Comment le pourrais-je, grand sot, pense donc aux gens que tu as fait mourir de faim! Dans un an jour pour jour, ce sera l'anniversaire de ta mort! C'est moi qui vais te tuer!

Ce disant, le garçon brandit haut l'emblème; et d'un coup, il renversa le Roi Dragon par terre; au deuxième coup, il lui arracha ses cornes; au troisième, il lui trancha net la tête.

Sécheresse-rattrapée n'eut pas le temps de contempler le Roi Dragon gisant mort à ses pieds; transformé en Dragon, il s'envolait hors de la grotte, s'empressant d'aller répandre la pluie, qui se mit à tomber, rafraîchissante et drue...
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:00

La Fille du Dragon Blanc


PARTIE I

Au lendemain de la séparation entre le Ciel et la Terre, vivaient dans le firmament neuf Dragons gigantesques qui venaient souvent s'amuser dans les nuages multicolores.

Lorsque ceux-là dans leurs ébats s'approchaient de la terre, tout ce qui la couvrait se dessinait sous leurs yeux: Les montagnes, les rivières, les arbres, les plantes et les animaux...

Un jour, ils furent fascinés par une gemme qui sur la terre brillait de tous éclats, tantôt rouges, tantôt verts, tantôt violets. Comme c'était magnifique! La nature voulait que les Dragons aient un faible pour les pierres précieuses, aussi se précipitèrent-ils à qui mieux mieux sur ce trésor pour se l'approprier.

Mais, chose étrange, la pierre qu'ils voyaient si bien depuis le ciel disparut dès leur arrivée sur la terre, submergée dans l'immense forêt. Ne voulant pas revenir bredouille, les Dragons restèrent pour continuer leur recherche.

Le temps passait sans qu'ils s'en aperçoivent, et à force de persister dans la recherche de ce bijou, ils finirent par se métamorphoser en la rivière Lancang. C'est pourquoi on appelle aussi celle-ci la rivière des Neuf Dragons.

A côté de la rivière des Neuf Dragons s'élevait un énorme Pic doré, au pied duquel il y avait une grotte extrêmement profonde nommée Grotte de la roche d'or. Cet endroit étant spacieux et clair, les Dragons décidèrent de l'aménager en un Palais et de s'y installer.

Plusieurs années plus tard, l'un d'eux, le Roi Dragon Blanc, avait mis au monde une petite fille. Celle-ci, très naïve, dynamique et mignonne, avait la peau aussi blanche et fraîche que celle des racines de lotus et ses yeux étaient aussi brillants que les perles.

A l'âge de 16 ans, la fille du Roi Dragon, ennuyée de vivre toujours dans le Palais en dessous de la rivière, sortait souvent des eaux pour jouer.

PARTIE II

Un jour, quand elle fit surface, elle découvrit au bord de l'eau des galets blancs, des sensitives verdoyantes, des fleurs rouges et des arbres aux fruits orangés. Elle s'y plaisait tant et si bien qu'elle en oublia le retour.

D'abord, elle s'en donnait à coeur joie le long de la rivière, puis, désireuse d'aller voir ailleurs, elle parvint, en suivant un sentier sinueux, au sommet d'une montagne au nord de la rivière. Derrière la montagne, elle découvrit une plaine verdoyante couverte de cocotiers, de bambous nains, de palmiers et d'aréquiers très élancés.

Ravie, la fille du Roi Dragon continua à avancer. Arrivée devant la plaine, elle vit des hommes tirant des boeufs à labourer, des femmes repiquer du riz, des corbeilles de bambou sur leur dos, des enfants et des buffles se baigner dans un étang.

Comme la vie sur la terre est joyeuse et animée! ! A cette vue, prise d'une grande passion pour cette existence, elle n'eut plus envie de rentrer au Palais du Roi Dragon.

Juste à ce moment-là, un jeune homme dai conduisant un boeuf qui marchait sur un sentier dans les champs s'approcha d'elle. Il avait environ vingt ans, et était vêtu d'une veste de paysan, d'un pantalon aux jambes retroussées. Il portait un bandeau sur la tête et avait les mains pleines de boue.

En le voyant, la fille du Roi Dragon comprit tout de suite que c'était un homme travailleur et honnête. Elle en tomba amoureuse sans le savoir. Elle alla vers lui et demanda timidement:
- Frère cultivateur, est-ce que tu peux me dire le nom de cet endroit?

Le gars s'arrêta et répondit très poliment:
- C'est la plaine Mengyang des Dai. Soeur, d'où viens-tu? Pourquoi es-tu seule?

La fille du Roi Dragon aurait bien voulu lui dire la vérité. Mais de peur qu'il ne la crût pas, elle répondit de manière détournée:
- Frère cultivateur, j'habite près de la rivière Lancang. Ce matin, je suis allée cueillir des légumes sauvages dans la montagne en bordure de la rivière. Là, je me suis perdue et me voilà arrivée ici par hasard...

A l'entendre parler ainsi, le gars lui dit affablement:
- Veux-tu bien venir te reposer un peu chez moi? Tu dois être très fatiguée. Chez moi, la maison sur pilotis est petite, mais il y a quand même des tabourets de bambou pour les hôtes.

La fille du Roi Dragon baissa la tête, très heureuse, et se laissa conduire par le jeune homme.

PARTIE III

Celui-ci s'appelait Yan Maoyang. Ses parents étaient morts depuis longtemps. Sans soeur ni frère, il vivait seul dans une petite maison de bambou. Il avait travaillé comme gardien de boeufs dès sa tendre enfance et savait déjà labourer la terre à l'âge de 10 ans. C'était un enfant pauvre mais plein de bonté. Lorsque les gens avaient de difficultés. Il suffisait de lui dire un mot pour qu'il leur vienne en aide.

Les villageois le trouvaient tous très sympathique. Plusieurs femmes très attentionnées avaient depuis longtemps l'intention de l'aider à fonder une famille. Mais elles n'avaient pas encore trouvé une fille qui lui soit assortie. Le soleil était déjà couché, et les oiseaux allaient bientôt retourner dans leur nid.

Les villageois, étonnés de voir Yan Maoyang revenir avec une belle fille, vinrent tous sur le balcon pour les regarder. Le gars était un peu gêné, mais point troublé.
"Il est naturel, se dit-il, de ramener à la maison quelqu'un qui s'est trompé de chemin, pourquoi me gênerais-je?"

Revenu à la maison, Yan Maoyang déposa une cuvette d'eau sur le balcon et demanda à la jeune fille de se laver les pieds. Puis, il monta une table ronde en lanières de rotin sur laquelle il mit un bol de riz glutineux, de la soupe aux pousses de bambou et des concombres salés.

- Soeur égarée, dit-il avec tendresse, tu as sans doute faim après avoir jeûné toute une journée, viens vite manger quelque chose!

Voyant que la fille du Roi Dragon avait rougi, et qu'elle avait perdu contenance, il ajouta:
- Ces légumes sauvages et la soupe froide ne sont certes pas très appétissants, mais le riz glutineux est quand même bon, viens en goûter!

- Frère cultivateur, comment vais-je te remercier! s'exclama la fille du Roi Dragon. C'était la première fois qu'elle mangeait la nourriture du monde terrestre, et la trouvait meilleure que celle du Palais du Roi Dragon.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:00

PARTIE IV

Après la repas, il faisait déjà noir. L'orphelin se mit à s'inquiéter. Que peut-il arriver si un homme plein de santé dort avec une belle fille sous le même toit? Mais la nuit l'empêchait de la raccompagner à la maison.

La fille du Roi Dragon était intelligente, elle s'était déjà aperçue de l'angoisse du jeune homme. Elle pensait qu'il était temps de lui dire la vérité maintenant. Aussi lui dit-elle avec franchise et tendresse:
- Frère cultivateur, excuse-moi; je suis en réalité la fille du Roi Dragon, j'habite la Grotte de la roche d'or de la rivière Lancang. Un désir pour lavie humaine m'a incitée à venir ici. Je te supplie de me garder, je me ferai volontiers ta femme et te couvrirai de soin et de tendresse.

A ces mots, Yan Maoyang fut consterné. Comment était-il possible que cette jolie fille soit la fille du Roi Dragon de la rivière Lancang? Sceptique, il l'interrogea et la réinterrogea pour en avoir le coeur net. Mais la jeune fille jura avoir dit la vérité.

Yan Maoyang n'insista plus. Qu'elle dise vrai ou faux, il avait décidé de répondre à la prière de la jeune fille. Aussi lui dit-il sincèrement:
- Fille du Roi Dragon, tu as une âme pure comme une goutte d'eau! Mais je suis un homme très pauvre. As-tu pensé aux difficultés auxquelles tu devras faire face si tu vis avec moi?

- Si on s'aime vraiment, répondit-elle, le plus acide des fruits devient doux dans la bouche des amoureux.

Ils procédèrent au rituel du mariage le soir même.

PARTIE V

Le lendemain, à cette nouvelle, les villageois vinrent les féliciter avec des fleurs, du riz de la dernière récolte et du sucre roux en poudre. Voyant que ce paysans étaient tous très honnêtes et bienveillants, la nouvelle mariée joignit les mains pour leur exprimer ses remerciements sincères:
- Merci mille fois de m'avoir donné le droit d'asile dans votre village malgré ma laideur. A partir d'aujourd'hui, si vous avez des difficultés, je ferai de mon mieux pour vous aider.

Ces paroles comblèrent de joie les villageois qui se mirent à lui exprimer leurs souhaits:
- Eh bien, fille du Roi Dragon, donne-nous plus de pluie, notre village n'a pas assez de source d'eau, le repiquage du riz ne peut se faire sans la pluie, implora un vieillard.

- Et puis, poursuivit une grand-mère, les gens de Mengyang ne savent pas nager ni conduire les radeaux. Lorsque nous avons besoin de rendre visite à des parents sur l'autre rive de la rivière, est-ce que tu pourrais nous aider à franchir la rivière?

La nouvelle venue y consentit avec joie. Depuis lors, dit-on, le temps devint très favorable pour la riziculture dans le village Mengyang. Lorsque les gens de Mengyang avaient envie d'aller au village Jinghong, il leur suffisait de crier: "Je suis du village Mengyang, que la fille du Roi Dragon ait la gentillesse de m'aider à traverser la rivière", pour qu'un pont apparaisse sur la rivière.

Un an plus tard, la fille du Roi Dragon était enceinte. les villageois venaient souvent la voir à la maison, lui souhaitant de mettre au monde un bébé bien en chair sans difficulté. Mais juste à ce moment-là, se produisit un événement catastrophique.

PARTIE VI

Afin de se faire construire un autre Palais, le nouveau chef du village Jinghong ordonna à tous les hommes du village d'aller abattre le bois dans les montagnes.

Un mois après, ils en avaient déjà réuni une quantité suffisante. Mais au moment de traverser la rivière, les radeaux de bambou furent renversés par les vagues et toute la cargaison de bois tomba dans la rivière Lancang.

Les batelliers, plusieurs milliers, s'employèrent à repêcher tout ce bois pendant quatre-vingt-dix-neuf jours mais ce fut peine perdue. Comment faire? Le chef du village Jinghong était très inquiet, quand un homme très intelligent vint lui proposer une idée.
- Monseigneur, lui dit-il, je vais souvent au village Mengyang pour rendre visite à des parents. J'ai appris là qu'un jeune homme a épousé la fille du Roi Dragon. Si on faisait appel à cet homme, peut-être retrouverait-on facilement le bois perdu dans la rivière?

A ces mots, le chef fit appeler immédiatement Yan Maoyang.

Celui-ci était un homme de coeur. Il était toujours serviable. mais cette fois-ci, il hésita, car sa femme, enceinte de neuf mois, allait bientôt accoucher. Mais le messager l'implora tant et plus:
- Si nous ne pouvons pas ressortir le bois, le chef de notre village va nous battre jusqu'à la mort. Aie pitié de nous, et aide-nous à nous en sortir.

La fille du Roi Dragon en était touchée. elle dit à son mari:
- Va, mon cher mari. Aider les autres à surmonter les difficultés est notre devoir. Les villageois s'occuperont de moi, sois tranquille!

Les paroles de son épouse le rassurèrent. Il se rendit alors au village Jinghong en compagnie du demandeur du secours.

PARTIE VII

Après le départ de son mari, la fille du Roi Dragon vint furtivement au bord de la petite rivière du village Mengyang. Là, elle pria le génie de la rivière de dire au Roi Dragon d'aider son mari à rapporter les bois coulés le plus tôt possible.

Le Roi Dragon de le rivière Lancang, pour faire plaisir à sa fille, envoya sur-le-champ de nombreux poissons et écrevissez assister Yan Maoyang au repêchage. En moins d'une demi-journée, ils réussirent à ressortir de l'eau plus d'un millier de troncs d'arbres. Les gens du villageJinghong en étaient époustouflés:
"Oh, disaient-ils, c'est miraculeux! Seul le gendre du Roi Dragon est capable de faire ça!"

Mais quelqu'un avait fait part de ces paroles au chef du village Jinghong. Convaincu des talents de Yan Maoyang, celui-ci reconnut que personne dans le village Jinghong n'était aussi capable que lui. Mais juste à ce moment-là, un homme lui murmura à l'oreille:
- Mon respectueux maître, le jour de votre mort est proche!

Le chef écarquilla les yeux et demanda:
- Qu'est-ce qu'il y a? Quelqu'un tente-t-il de me tuer?

L'homme répondit avec astuce:
- Pas maintenant, mais il faut prendre garde! Réfléchissez bien, Yan Maoyang est mille fois plus fort que vous, s'il a l'intention de devenir, à votre place, le chef du village Jinghong, êtes-vous capable de vous mesurer avec lui?

- Alors que faut-il faire à ton avis? demanda le chef d'un ton anxieux.

- Le mieux serait de le tuer avant qu'il se doute de quoi que ce soit, répondit l'homme en sortant son sabre.

Le chef secoua la tête, se voyant mal de payer son bienfaiteur d'ingratitude. Mais aussitôt une autre idée prit le dessus dans sa tête:
"le chef du village Jinghong doit être un homme du village, il ne faut pas céder ce poste à un homme du village Mengyang. Le mieux serait de passer à l'acte le premier."

Alors il fit arrêter Yan Maoyang dans l'intention de le traîner dans la forêt pour le décapiter. A cette nouvelle, les gens du village Jinghong qui habitaient en bordure du chemin où devait passer le codamné vinrent intercéder en sa faveur auprès de leur chef et le dissuadèrent d'agir à la légère.

Mais celui-ci ne l'entendait pas de cette oreille et trancha la tête de Yan MaoYang d'un coup de sabre.

PARTIE VIII

Lorsqu'elle apprit la mort de son mari, la fille du Roi Dragon s'évanouit dans le lit. Grâce aux soins des villageois, elle revint peu à peu à elle. Dans sa colère, elle dit:
- Je ne m'attendais pas à ce qu'il existe des hommes si méchants dans ce monde. Mon mari a eu la gentillesse d'aller les aider. Mais au lieu de lui en être reconnaissants, ils l'ont tué, je ne leur pardonnerai pas!

La nuit même, elle retourna dans le Palais du Roi Dragon Blanc, son père, pour lui faire part de son malheur. Celui-ci pris de fureur, ordonna immédiatement aux soldats des écrevisses de jeter quantité de grosses pierres dans la rivière Lancang.

Aussitôt les eaux de la rivière commencèrent à couler à reculons et en un rien de temps, inondèrent le village Jinghong et ses rizières. Le chef et les habitants se sauvèrent vers les sommets des montagnes où ils se nourrirent de feuilles d'arbres et de fruits sauvages.

- Pourquoi les eaux de la rivière montent-elles si vite, alors qu'il n'y a même pas une goutte de pluie? s'interrogea le chef du village Jinghong qui escomptait que cette catastrophe serait de courte durée.

Mais huit ou neuf jours passèrent sans un signe de décrue. Les sinistrés avaient mangé toutes les feuilles d'arbres et tous les fruits sauvages et risquaient cette fois de mourir de faim. Alors un vieillard dit au responsable:

- Tu as eu tort de tuer le bon homme qui nous a aidés à repêcher le bois. Te rends-tu compte que ta méchanceté qui a provoqué la colère de la fille du Roi Dragon est indirectement la cause de cette apocalypse! La seule issue qui te permette de survivre est d'aller reconnaître tes crimes devant la jeune veuve.

PARTIE IX

Le chef comprit enfin les causes de ce malheur. Il regretta beaucoup son imprudence et fit faire un radeau de bambou qu'il conduisit vers les montagnes sur l'autre rive en compagnie de ses conseillers.

Là, descendus du radeau, ils se rendirent à pied au village Mengyang pour demander pardon à la fille du Roi Dragon:
- Fille du Roi Dragon, dit le chef du village Jinghong, le brouillard a obstrué ma vue, comme je m'en veux d'avoir tué ton mari à l'instigation de méchants. Tue-moi si tu veux, mais je te supplie de ne pas noyer les habitants du village Jinghong.

La fille du Roi Dragon lui jeta un regard furieux, lui reprocha son ingratitude et lui demanda de lui rendre son mari. Incapable d'accéder à cette demande, le chef ne savait qu'implorer la clémence. Ce ne fut qu'après avoir longuement pleuré que la fille du Roi Dragon se calma.

Alors le chef lui dit:
- Fille du Roi Dragon, si tu nous pardonnes, et que tu laisses les villageois de mon village vivre tranquillement, nous nous ferons un plaisir de te nourrir de génération en génération.

La fille du Roi Dragon, malgré sa tristesse et son indignation, n'avait pourtant pas le coeur de noyer tous les habitants du village Jinghong. Elle y consentit. Le soir même, elle revint dans le Palais du Roi Dragon pour demander à son père de faire enlever le barrage de pierres de la rivière.

Le lendemain matin, les eaux de la rivière ayant retrouvé leur cours original, les villages et les champs émergèrent de nouveau de l'immensité des eaux.

Depuis lors, pour exprimer leur reconnaissance, les gens du village Jinghong considèrent la fille du Roi Dragon comme le génie de leur village et vont la vénérer chaque année au bord de la rivière.

On raconte ainsi que, peu après son retour au Palais du Roi Dragon, elle avait accouché d'un gros bébé. Elle avait eu besoin d'oeufs pendant la maternité. C'est pourquoi au moment où les gens du pays viennent rendre hommage à la fille du Roi Dragon, on lui apporte comme offrande cent-vingts oeufs de différentes couleurs.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:01

Les Dragons du Toit du Nouveau Palais


PARTIE I

Tous ceux qui sont allés à Chengde ont été impressionnés par le temple du Nouveau Palais, dont le toit de tuiles dorées est orné de Dragons d'une agilité prodigieuse, également dorés. Mais si l'on y regarde de plus près, on remarque un défaut à cette merveille: il faudrait neuf Dragons, selon la formule "Neuf Dragons dansent sur le toit", mais il n'y en a cependant que huit. Où se trouve donc le neuvième?

On raconte que sous le règne de l'Empereur Qianlong, le bouddha vivant du tibet, le Bainqen lama, vint présenter ses respects à l'Empereur à Chengde. Celui-ci choisit un endroit propice dans la vallée des Lions où il fit construire une réplique en miniature du Palais du Potala pour l'y recevoir. La salle principale du temple était d'une magnificence éclatante, son toit de tuiles dorées avait coûté à lui seul plus de 30 000 taëls d'or.

La construction achevée, l'Empereur fut très content, mais il s'aperçut tout de suite qu'il manquait quelque chose au toit. Aussi dessina-t-il neuf Dragons et versa 10 000 nouveaux taëls d'or. Un décret impérial enjoignit aux artisans de couler un ensemble de statues sur le thème de "Neuf Dragons dansent sur le toit".

Les artisans se mirent immédiatement à cette tâche qui était loin d'être facile: les Dragons étaient dessinés d'une façon biscornue, si bien que l'on voyait tantôt vraiment neuf Dragons chevauchant les nuages, tantôt neuf serpents glissant sur les faîtes du Palais. Par ailleurs, ils étaient tous dans des postures différentes: il y en avait huit petits et un grand, l'un courait droit devant lui, l'autre regardait en arrière, un autre encore levait la tête vers le ciel, et le quatrième la baissait...

Les artisans eurent toutes le peines du monde à réaliser les matrices. Mais, chose bizarre, au moment où le cuivre fut fondu et qu'on le coula dans les moules, le résultat fut catastrophique et on n'obtint que des blocs de cuivre informes! La même chose se répéta. Un an passa ainsi sans résultat, et l'arrivée du Bouddha vivant était imminente.

L'Empereur entra dans une colère violente et fixa un délai: si dans un mois ils n'avaient pas réussi, les artisans, au nombre de 300, seraient exécutés sans quartier. Ceux-ci tout attristés ne pouvaient rien faire d'autre qu'attendre le jour fatal.

PARTIE II

Sur ces entrefaites, les soldats amenèrent un vieil orfèvre. Celui-ci examina le fourneau et déclara:
- Pour réussir à couler une telle quantité d'or, il est nécessaire d'immoler deux enfants jumeaux, un garçon et une fille, en sacrifice au fourneau!

Or, il se trouvait que personne d'autre que lui n'avait d'enfants jumeaux de sexes opposés. Le vieil artisan devait donc sacrifier ses propres enfants pour sauver la vie des autres! Tout le monde savait que ses enfants n'avaient que quatre ans et qu'ils étaient nés alors que leur père frisait la cinquantaine. L'orfèvre était plus attaché à eux qu'à la prunelle de ses yeux.

Quand ils apprirent la décision du vieux père, les artisans se jetèrent à genoux devant lui, disant qu'ils préféraient mourir plutôt que de voir périr les deux petits. L'orfèvre répondit les larmes aux yeux:
- Nous allons tenter un dernier essai, si on réussit ce coup-ci, les enfants seront sauvés!

Tout le monde, avec confiance, se remit au travail. Lorsque le cuivre fut redevenu liquide, le vieil orfèvre sortit de l'atelier, prétextant un besoin naturel. Il revint un instant plus tard avec un ballot qu'il jeta dans le fourneau à l'insu de tous. Les flammes devinrent instantanément rouge doré, phénomène extraordinaire qui surprit beaucoup les artisans. Le vieil artisan déclara enfin:
- Ça y est, on a la température demandée!

C'est ainsi que furent fondus les neuf Dragons qui enrobés d'or par la suite, resplendissaient d'une beauté éblouissante!

PARTIE III

L'Empereur en fut si satisfait qu'il donna un festin pour arroser l'événement. A ce moment-là, agenouillé sur le sol, le vieil orfèvre prit une poignée de terre en guise d'encens pour commémorer la mort de ses chers enfants. Il versa tant de larmes que celles-ci formèrent une petite rigole sous ses pieds.

Lorsque l'Empereur avec beaucoup de fierté leva sa coupe pour boire à la réussite de son oeuvre, quelques gouttes de pluie tombèrent sur son front. Etonné, il regarda le ciel bleu et le soleil rouge et se demanda d'où venaient ces gouttes. Sur ce, un eunuque s'écria:
- Oh, voilà les Dragons du toit qui bougent!

En effet, touchés par les pleurs du vieil orfèvre, les neuf Dragons se mirent à se tortiller sur le toit en répandant force larmes. L'Empereur tout pâle entendit quelqu'un pleurer également derrière le temple, il y envoya un guerrier qui revint avec le vieillard.

L'Empereur courroucé ordonna qu'il fût décapité sur-le-champ. A ce moment précis, le plus gros des neuf Dragons s'envola dans les airs, descendit en piqué et, d'un coup de queue, renversa les soldats qui s'apprêtaient à exécuter l'ordre de l'Empereur, puis il rejoignit les cieux en emportant sur son dos le vieil orfèvre.

C'est depuis lors qu'il manque un Dragon au toit du temple du Nouveau Palais.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:02

Le Mariage du Dragon et du Phoenix


PARTIE I

En cette époque très reculée, il n'existait encore ni Dragon, ni Phoenix. Dans un pays lointain vivait un pauvre couple de vieillards, qui étaient bien solitaires, car ils n'avaient pas d'enfants.

Ce vieux couple ne se plaignait pas tellement de sa vie matérielle difficile, mais ils souhaitaient ardemment tous deux avoir un enfant pour illuminer leurs vieux jours. C'est ainsi que la vieille dame décida d'aller prier la Déesse Sept-étoiles.

Elle revêtit ses habits les plus propres, se lava les pieds dans l'étang inférieur, le corps dans l'étang moyen et la tête dans l'étang supérieur, avant de se mettre à genoux devant la Pagode de Sept-étoiles et de pieusement murmurer ces paroles:
- Oh ! Miséricordieuse Déesse Sept-étoiles de la Grande Ourse, sois généreuse, accorde-moi un enfant!

Elle poursuivit assidûment ses prières pendant trois mois et dix jours. A force de prier, la pauvre femme ne tarda pas à avoir les lèvres engourdies et les genoux sanglants. La miséricordieuse Déesse en fut touchée, et pour la récompenser, lui fit enfin porter en son sein un enfant.

Quelle joie pour eux cet heureux événement! Les deux époux riaient toute la journée et riaient encore dans leurs rêves la nuit.

- Notre miséricordieuse Déesse Sept-étoiles a bien entendu nos prières, dit le vieillard. Je suis sûr que le Ciel va nous envoyer un beau garçon. Oh ! nous allons avoir un fils et aussi des petits-fils.

- Mais, mon ami, répliqua sa femme, comme le dit le proverbe, quand une fille est gentille, on ne l'échange pas contre un fils. Pour moi, que ce soit un fils ou une fille, l'important c'est que tu seras Abaji, et moi Amani.

Au bout de neuf mois arriva le jour de l'accouchement. La vieille femme comme toutes les femmes en couches, cria de douleur. Mais peu de temps après, l'enfant vint au monde.

Le vieux se précipita pour regarder. Oh! quelle horreur! Il en fut muet de stupeur. Ce n'était en effet pas un être humain, mais un long petit serpent muni d'ailes et d'écailles dorées.

PARTIE II

Le vieux bonhomme se mit à sangloter et à pleurer à chaudes larmes.
- Quel misérable destin que le mien! J'ai nourri tant d'espoirs, j'ai fait tant de souhaits durant toute ma vie. Et à la fin, voilà que me vient ce monstre. Ah! il faut tout simplement le jeter dans les champs.

Sa vieille épouse pleurait avec plus de douleur encore que lui, mais elle déclara:
- Mon ami, que ce soit un homme ou un serpent, il est tout de même chair de ma chair et sang de mon sang. Le jeter, ce serait carrément me briser le coeur. Gardons-le, nous allons le nourrir et l'élever.

Là-dessus, à quel miracle n'assiste-t-on pas! Le petit serpent, hochant la tête et remuant la queue, appelle d'une voix humaine:
"Abaji, Amani!"

C'était la première fois que ce couple qui avait passé la moitié de sa vie dans la solitude, entendait un appel aussi affectueux. Ils en furent très émus, et reprirent tout de suite le serpent dans leurs bras.

- Ne vous attristez pas, Abaji, Amani. Même si je suis un serpent, je remplirai mes devoirs de fils comme vous le souhaiterez.

Entouré de l'amour et des bons soins de ses parents, le serpent grandit de jour en jour. Il était laid et horrible à voir, il est vrai; mais il était gentil, il parlait comme un homme et comprenait ce que ses parents lui disaient.

Les deux époux étaient heureux d'avoir quelqu'un de plus chez eux, avec qui ils pouvaient parler, bavarder et rire. Dans la modeste maison régnait donc une atmosphère gaie et agréable, comme dans toutes les familles du monde.

PARTIE III

Dans leur voisinage vivait une famille riche du nom de Piao. Les deux familles n'avaient jamais eu que de bonnes relations.

Le gentilhomme Piao avait trois filles dont l'aînée était laide et la seconde méchante, seule la cadette était fort belle et aimable. Les trois filles de Piao ayant appris la naissance d'un enfant chez leurs voisins, venaient voir le nouveau né.

A peine entrées, elles demandèrent en toute hâte:
- Guamani, où est ton nouveau-né?

La femme souleva le drap, et les filles, toutes surprises, aperçurent sur le lit, au lieu d'un enfant normal, un petit serpent avec des ailes et écailles dorées brillantes.

- Oh! Guamani, s'exclamèrent les trois filles.

Pour la railler encore plus, l'aînée, en se bouchant le nez, déclara:
- Comment une femme a-t-elle pu mettre au monde un monstre si vilain?

La seconde, se cachant le visage entre les mains, dit dédaigneusement:
- Regarde, comme il est laid et terrifiant, ce serpent!

Seule la cadette dit en souriant:
- Ah! Guamani a beaucoup de chance. Elle a un fils du Dragon, fils du ciel!

Ces propos des deux premières filles avaient tellement fâché la pauvre femme qu'elle tremblait de tout son corps, et les paroles de la cadette ne l'avaient apaisée qu'à moitié.

Qui aurait pensé que ceux qui parlent n'ont aucune intention, et que ceux qui écoutent ont leurs idées. Les filles à peine parties, le serpent dit à ses parents:
- Abaji, Amani, vous avez peiné presque toute votre vie, il vous faut avoir maintenant une belle-fille pour vous aider dans la maison. Allez demander la main de la troisième fille à ses parents, et dites-leur que je la veux pour épouse.

- Mon enfant, répondit tristement le père en tapant sa longue pipe. N'aie pas une trop haute idée de toi-même. Regarde-toi. Qui accepterait de te donner sa fille en mariage?

- Mon pauvre enfant, ajouta la mère, je comprends bien ton désir. Mais, comme on dit ici, quand on a un beau fils, on trouve une belle bru. Penses-tu que j'aurai le courage de leur dire:
"Mon fils-serpent désire épouser votre fille"?

-Mère, insista le serpent, c'est l'unique chose que je te demanderai de toute ma vie. je suis sûr que cette gentille cadette acceptera volontiers de m'épouser.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:02

PARTIE IV

Comme le serpent ne voulut pas revenir sur son idée, la bonne dame promit finalement de faire un essai. Arrivée chez les Piao, elle s'assit devant eux, mais elle n'arrivait pas à prononcer les mots qui lui venaient aux lèvres.

Elle se contenta de tortiller la natte qui couvrait le kang* (*Dans le nord de la Chine, lit de briques ou de terre qu'on chauffe pendant l'hiver). Puis elle prit congé et rentra chez elle.

- Amani, demanda le serpent en la voyant revenir, ta proposition a-t-elle été acceptée?

- Non

- Pourquoi? C'est la troisième fille qui refuse?

- Non, non. C'est de ma faute. Je n'ai pas eu le courage d'aborder le sujet.

- Mère, je te prie de faire un autre essai. Si la fille me refuse, je te promets de renoncer pour toujours à mon idée.

Le lendemain, la mère du serpent retourna chez les Piao. Mais cette fois-ci encore elle ne souffla mot de l'affaire, car en pensant à la laideur de son fils, le courage lui manquait. Elle se contenta de tortiller la natte comme la fois précédente. Puis, elle rentra, l'air abattu.

- Amani, cette fois-ci tu as réussi? demanda le serpent.

- Non.

- Comment se fait-il Ses parents refusent?

- Non. Ton Amani a eu honte d'ouvrir la bouche.

Le serpent bondit de colère et dit:
- Si tu me considères toi-même comme laid et horrible, et que tu ne veux pas que je me marie, alors je veux rentrer dans ton sein.

Voyant le serpent se fâcher, Amani promit d'essayer à nouveau de faire cette démarche difficile.

- Calme-toi. Demain, j'irai sans faute leur transmettre ta demande. Oui, j'irai coûte que coûte. Je te le promets, mon fils.

PARTIE V

Le lendemain, elle retourna chez les Piao. Mais, malgré la ferme décision prise la veille, une fois en face des Piao, elle ne prononça aucun mot. Et de nouveau elle tortilla négligemment la natte pour cacher son embarras.

A ce moment-là, les trois filles sortirent de leur chambre et vinrent vers Amani. L'aînée jeta de sa voie aiguë:
- Quand on a enfanté un monstre hideux, on doit se cacher chez soi et non aller voir les voisins ici ou là.

La deuxième fille, elle non plus, n'épargna pas ses sarcasmes à la pauvre mère:
- Maudite femme, que la mort t'emporte! Quand tu viens, tu abîmes notre natte. Tu vas nous payer une nouvelle natte! Hein!

La troisième fille, contrairement à ses deux soeurs, dit avec douceur à la vieille femme:
- Amani, je ne crois pas que tu sois venue sans raison. Tu as certainement quelque chose à nous demander. Veux-tu nous emprunter un sac de riz ou quelque vêtements? Alors dis-le franchement.

Amani, encouragée par ces paroles si gentilles, rappela l'éloge que la fille avait fait de son fils serpent, et expliqua comment son fils serpent aspirait à épouser la fille, etc. Elle raconta tout dans les moindres détails.

Ces propos parurent par trop insensés au père qui, hors de lui, gronda sévèrement sa fille cadette:
- Misérable fille, est-il vrai que tu aies dit des bêtises pareilles? Un serpent est un serpent, tout le monde le voit. Et toi, tu as dit qu'il était le fils de Dragon? Fils du Ciel?

La troisième fille répliqua sans détour et en accentuant bien tous ses mots:
- Pour moi, c'est un véritable fils de Dragon, fils du Ciel. Je n'ai pas dit de bêtises! Non!

- Ah, quelle fille maudite, reprit le père, plus furieux que jamais. Tu oses répliquer à ton pèrer. Puisque tu le trouves si bien, alors va l'épouser!

Le père pensait ainsi fermer la bouche à sa fille, mais qui eut cru que la fille allait répondre tout simplement:
- J'accepte volontiers d'être la femme du fils du Dragon, fils du Ciel.

PARTIE VI

Le père devint complètement fou de colère.

Alors la soeur aînée essaya à son tour de persuader la cadette:
- Es-tu folle vraiment? Tu es très belle, tu pourrais trouver un des plus beaux maris du monde. Pourquoi veux-tu ce vilain serpent?

La seconde fille lança de son côté:
- Qui a jamais vu pareille sotte! Tu veux passer toute ta vie avec ce petit serpent.

La mère ajouta:
- Tu as refusé beaucoup de prétendants de familles riches et cela pour finir par épouser un monstre. Ah, non! non! Je ne suis pas d'accord.

Le père était dans l'impasse. Il ne savait que faire. Refuser ce mariage, c'était blesser simplement et purement le coeur de sa fille chérie; l'accepter, c'était mourir de douleur de donner une si belle et si gentille fille à un si vilain et si horrible serpent. A force de remuer ses pensées dans sa tête, une idée finit par lui venir. Il déclara à sa voisine:
- Mère du serpent, tu le sais comme moi, depuis l'antiquité, le mariage est toujours décidé par les parents. Puisque ma fille consent à épouser ton fils, je ne peux pas refuser. Mais comme ton fils, à tes dires, est fort intelligent et ingénieux, je mets deux conditions à l'accepter pour gendre.

- Lesquelles?

- Premièrement, qu'il m'apporte un oeuf de poule avec des os.

La mère du serpent rentra, l'air sombre et abattu.
- Amani, le mariage est-il arrangé?

- Non.

- Comment ça?

- La troisième fille est d'accord, mais son père dit qu'il ne t'accordera la main de sa fille que si tu remplis deux conditions.

- Lesquelles?

- Premièrement, il veut un oeuf avec des os. Où que ce soit au monde, les oeufs de poule ne contiennent que du jaune et du blanc. Où va-t-on pouvoir trouver un oeuf avec des os? Il demande cela exprès pour nous embêter. A mon avis, abandonne vite ton rêve impossible.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:03

PARTIE VII

A ces paroles , le fils pouffa:
- Oh, ce n'est pas une chose trop difficile. Se procurer un oeuf avec des os, c'est aussi facile que pour un crapaud avaler une mouche, ou d'enfoncer une aiguille dans un concombre frais.

- Comment ça, pas difficile?

La mère lui donna aussitôt un oeuf. Le serpent mit l'oeuf sur le kang, et enroula son long corps autour. Pendant un mois et dix jours, il le quitta pas un instant. Et alors, passant l'oeuf à sa mère, il lui dit:
- Je te prie, chère Amani, d'aller le porter à la famille Piao.

C'est à ce moment-là que la mère comprit de quoi il s'agissait.

Le père de la fille, absolument sûr de l'échec du serpent, fut tout surpris de voir son Amani lui apporter un oeuf.

Il regarda et regarda l'oeuf. Mais c'était un oeuf tout comme tous les autres oeufs du monde, pas la moindre différence.

- Mais, mère du serpent, comment sais-tu que cet oeuf a des os?

- Je n'en sais rien, c'est mon fils qui me l'a affirmé.

Dans l'intervalle, la coquille se fendit et un poussin, sortant sa petite tête, poussa de cris aigüs.

Piao comprit tout de suite. Il leva le pouce et loua la grande intelligence du serpent.

Ses première et deuxième filles, venues voir la chose, furent saisies d'une grande colère. Seule la troisième fut transportée de joie.

Piao ne se résigna pas à son premier échec. Il expliqua à la mère du serpent sa deuxième condition:
- Fais-moi une soupe de dix lis.

Amani rentra à nouveau, l'air sombre et abattu.

- Ma chère Amani, qu'est-ce qui t'attriste? demanda le serpent.

- Le père Piao veut maintenant une soupe de dix lis. Dans ce monde, on fait toutes sortes de soupes, mais qui a jamais entendu parler d'une soupe de dix lis! Une soupe, ce n'est pas comme une route, on ne peut la mesurer par sa longueur. Le père Piao veut tout simplement contrecarrer tes projets.

PARTIE VIII

Le serpent éclata de rire:
- De quoi ris-tu? demanda la mère, étonnée.

- Je ris, parce qu'il nous pose là le problème le plus simple du monde. Je vais préparer une soupe de dix lis. Attends un moment, je sors et reviens tout de suite.

Le serpent sortit et fila tout droit vers le lac. Il se cramponna au bord du lac et attendit patiemment en allongeant le cou. Qu'attendait-il? Il attendait des Aoli*(* Aoli, désigne les canards et phonétiquement cela signifie aussi cinq lis.)

Bientôt, une troupe de canards arriva dans sa direction. Le serpent ouvrit grand sa bouche et exhala une brume blanche. La brume, comme un fer aimanté, attira vers lui deux canards dont il agrippa le cou, et il rentra aussitôt.

- Que veux-tu faire de ces deux canards? demanda la mère.

- Ne pose pas tant de questions. Va vite préparer une soupe avec ces deux canards.

Une fois la soupe prête, le serpent demanda à sa mère d'aller inviter le père Piao à venir déguster la soupe de dix lis.

Le père Piao, confortablement installé à table, ne voyant qu'une soupe au canard fort ordinaire, s'écria avec colère:
- Vous appelez ça une soupe de dix lis? Ah! vous vous moquez du monde.

Le serpent, lové sur la table, lui dit, tout souriant:
- Monsieur, réfléchissez un peu. Un "aoli", c'est bien cinq lis alors deux "aoli", n'est-ce pas dix lis?

Cette explication si inattendue et si pleine d'esprit cloua le bec à Piao, qui bouche bée, ne sut quoi répondre.

On peut ramasser du riz répandu, mais les paroles prononcées, impossible de les reprendre, dit le proverbe. Le père Piao dut reconnaître sa défaite et consentir à marier sa fille au serpent.

PARTIE IX

Le soir même dans la chambre nuptiale, le marié dit à sa femme:
- Ferme tes yeux!

La nouvelle mariée fit ce qu'il lui commandait. Une minute après, le mari lui dit:
- Ouvre tes yeux!

La femme ouvrit aussitôt les yeux, et ne vit plus devant elle qu'un jeune homme, beau et aimable. Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle tapota sans fin la main de son mari, et tout son corps pour s'en assurer. Puis, emportée par la joie, elle dansa avec son mari.

Quand elle fut lasse de danser, elle lui demanda:
-Toi, un serpent, comment se fait-il que tu sois transformé en homme?

Le mari lui expliqua:
- J'étais à l'origine le fils du Dragon. Comme le vieux couple brûlait d'avoir un enfant et que l'actuel roi de ce pays n'avait pas d'héritier pour lui succéder, mon père m'a ordonné de venir dans ce monde. Demain, j'irai dans la capitale pour passer l'examen impérial. Si par l'examen, j'obtiens l'honorable titre de Zhuangyuan* (*Le premier de l'examen impérial), le vieux roi me nommera comme nouveau roi et tu seras reine.

Le mari confia à sa bien-aimée la peau dont il venait de se dégager et lui conseilla de la garder précieusement:
- Il ne faut absolument pas la montrer à qui que ce soit. Si tu la perds, je perdrai la vie au même instant.

Quand on parle pendant la journée, les oiseaux peuvent entendre; quand on parle pendant la nuit, les souris peuvent entendre dit le proverbe. Or au moment où le mari faisait cette recommandation, les deux soeurs aînées de la mariée étaient en train d'écouter sous la fenêtre la conversation des deux époux.

Elles apprirent ainsi le secret et toute l'histoire du serpent, et éprouvèrent un mélange de jalousie et de regret.

PARTIE X

Le lendemain dès l'aube, la mari partit passer l'examen. Les deux soeurs s'empressèrent de venir chez leur soeur cadette, et lui posèrent un tas de questions embarrassantes:
" Où est parti ton mari? Est-ce qu'il t'a confié sa peau? Où la caches-tu?" etc, etc.

La jeune mariée, fidèle aux conseils de son mari, ne répondit rien. Mais elles ne se résignèrent pas à leur échec. Elles revinrent tous les jours, et finalement elles vinrent même dormir dans sa chambre, sous prétexte de lui tenir compagnie et de l'empêcher de s'ennuyer et d'avoir peur. La soeur cadette n'étant pas dupe de leur hypocrisie, cacha très soigneusement la peau entre ses seins.

Un jour vers minuit, tandis que la soeur cadette était profondément endormie, la première soeur sauta sur son lit et la maintint immobile. La deuxième lui arracha brutalement la peau d'entre les seins, et la jeta dans le brasier. La peau s'enflamma et fut vite réduite à un petit tas de cendres.

Ce jour-là, le mari avait passé avec succès son examen et le vieux roi l'avait proclamé nouveau roi. Le soir, il dormait dans le Palais, quand vers minuit il fut brusquement réveillé par une douleur atroce.

Il comprit tout de suite quel terrible malheur venait de le frapper et se transformant en un Dragon volant, il se précipita aussitôt auprès de sa femme.

Malheureusement, c'était trop tard. Sa femme, voyant la peau détruite s'était suicidée de désespoir. Le mari Serpent, prenant sa femme dans ses bras, pleura des larmes amères.

Le soleil se leva. Le mari, sa femme dans ses bras, s'envola vers le ciel. Et aussitôt, apparurent un Dragon doré et une Phoenix rouge feu au plus haut du ciel. Ils allèrent s'installer dans le Palais céleste et ne se séparèrent plus jamais.

C'est depuis ce jour là, qu'il y a dans le ciel le Dragon et le Phoenix. L'union d'un Dragon et d'une Phoenix fut désormais un symbole de mariage heureux pour tous les jeunes gens du monde.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:03

Une Perle


PARTIE I

Dans l'Antiquité, il y avait à l'Est de la voie lactée une grotte où habitait un Dragon de jade couleur d'argent, et à l'Ouest un bois touffu dans lequel se cachait un Phoenix d'or multicolore.

Ces deux voisins se rencontraient tous les matins à la sortie de leur maison. Un jour, l'un d'eux nageant dans l'eau, l'autre volant dans le ciel, ils arrivèrent sans s'en apercevoir à une île féerique. Par hasard, ils y découvrirent une pierre éblouissante. Le Phoenix d'or, très surpris, poussa un cri d'admiration:
- Comme elle est jolie!

Et le Dragon de jade, tout ravi, proposa à son ami:
- Tu veux qu'on la travaille en forme de perle ?

Ce dernier fut d'accord et ils se mirent à l'oeuvre. Le Dragon se servit de ses pattes et le Phoenix de son bec. Jour après jour, année après année, ils travaillèrent, et ce fut ainsi que peu à peu une perle brillante prit forme.

Le Phoenix puisa dans les monts féeriques de la rosée qu'il versa sur la perle; le Dragon alla chercher de l'eau claire dans la Voie lactée et en arrosa le trésor; peu à peu elle se mit à jeter des étincelles.

Depuis, le Dragon de jade et le Phoenix devinrent de bons amis, car une même passion pour la perle les unissait. N'ayant plus envie de retourner chez eux, ils décidèrent de s'installer sur l'île pour bien garder leur trésor jour et nuit.

C'était vraiment une perle précieuse. Dans tous les endroits touchés par les feux qu'elle jetait tout devenait verdoyant, les fleurs s'épanouissaient, les paysages devenaient lumineux et pittoresques et la moisson était abondante.

PARTIE II

Un jour, la Reine Mère d'Occident, en se promenant hors de son Palais aperçut par hasard cette perle, et aussitôt la voilà fascinée. A la faveur de la nuit, elle fit voler ce trésor pendant que le Dragon et le Phoenix dormaient, puis elle cacha la perle au fond d'un Palais fabuleux, protégée par neuf portes à neuf serrures.

Le lendemain matin, à leur réveil, les deux animaux, ne trouvant plus leur trésor, furent très inquiets. Le Dragon de jade parcourut toutes les grottes sous la Voie lactée, et le Phoenix d'or fouilla en détail tous les coins du mont fantastique, mais sans arriver à la retrouver. Comme ils étaient tristes! Désormais, ils passèrent leurs jours et leurs nuits à chercher leur trésor perdu.

Ce jour-là, pour fêterl'anniversaire de la Reine Mère d'Occident, tous les immortels du ciel se rassemblèrent au Palais fantastique de la Reine Mère où elle allait offrir un "banquet de pêches d'immortalité". Objets de multiples souhaits de longévité et de bonheur éternel, la Reine Mère ne se sentit plus de joie. Soudain lui vint l'idée d'exhiber son trésor devant les immortels:
- Mes chers invités, dit-elle, je vais vous montrer une perle précieuse, un objet unique au monde!

Ce disant, elle détacha de sa ceinture les neuf clés, fit ouvrir les neuf portes du Palais, et en sortit la perle sur un plateau d'or, toute éblouissante. Les immortels présents se répandirent en louanges.

Tandis que les invités firent la fête, le Dragon de jade et son ami le Phoenix d'or continuaient à chercher leur perle. Attiré par les étincelles, le Phoenix appela le Dragon:
- Tiens, n'aperçois-tu pas les feux de notre trésor?

La tête sortie de la rivière céleste, le Dragon de jade répondit:
- Mais oui, c'est bien lui. Allons le récupérer!

PARTIE III

En suivant la lumière jetée par la perle, ils parvinrent jusqu'au Palais de la Reine Mère d'Occident, au moment où les immortels étaient penchés pour admirer la merveille. Le Dragon de jade se lança en avant en criant:
- Cette perle nous appartient ! le Phoenix d'or lui fit écho.

A ces mots, la Reine Mère se mit en colère:
- Taisez-vous, je suis la mère de l'Empereur Céleste de Jade, tous les trésors du ciel m'appartiennent!

Très indignés, le Dragon et le Phoenix crièrent ensemble:
- Cette perle n'est pas un produit naturel du ciel ni de la terre, elle est le fruit de notre travail de plusieurs années.

La Reine mère, saisie de fureur et de honte, protégea de la main le plateau d'or et ordonna aux généraux célestes de les chasser tout de suite du Palais.

Alors, le Dragon et le Phoenix se précipitèrent vers la perle, si bien que le plateau fut saisi par trois paires de mains qu'aucune ne voulait lâcher. C'est alors que le plateau qu'ils se disputaient perdit l'équilibre et que la perle roula jusqu'aux limites du ciel, puis tomba vers la terre.

Le Dragon de jade s'élança en l'air et suivit la perle de peur qu'elle ne se casse. Les deux amis, l'un volant, l'autre dansant en l'air, protégèrent tantôt à gauche, tantôt à droite leur trésor jusqu'à ce qu'il soit tombé doucement sur la terre. Quand elle atteignit la terre, la perle se métamorphosa aussitôt en un lac limpide, qu'on appelle le lac de l'Ouest.

Trop amoureux de la perle pour la quitter, le Dragon de jade se changea en un mont majestueux et le Phoenix d'or, en une colline verte, qui la dominent, pour la protéger.

Dès lors, le mont du Dragon est toujours resté avec son ami la colline Verte du Phoenix aux abords du lac de l'Ouest.

C'est pourquoi les gens de la région chantent encore:

Le Lac de l'Ouest est une perle tombée du ciel,
Accompagnée par le Dragon et le Phoenix jusqu'à la rivière Qiantang.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:04

La Gorge Cuokai


PARTIE I

Il y a bien des années, un petit serpent noir nagea jusqu'à Miaoyutan (Terre des Temples) au sud du mont Wu, dans la province du Sichuan. Voyant sur la pente une ancienne grotte calme et, très curieux, il y entra en rampant.

Du plafond de la grotte pendaient beaucoup de stalactites de formes bizarres, ressemblant à des oiseaux ou à d'autres animaux; du sol s'élevaient de belles stalagmites; et sur une grande stalactite au centre, l'eau d'une source coulait et tombait dans un grand bassin carré, avec un tintement aussi agréable que la musique de guqin (instrument de musique à sept cordes).

Le petit serpent était tout étonné; une chauve-souris qui habitait là lui dit:
- C'est le bassin du Dragon. on dit qu'il y a mille ans, un petit serpent ayant bu chaque jour de l'eau de ce bassin, devint plus tard un Dragon et qu'ensuite, il partit dans la mer.

- Je voudrais bien aussi devenir un Dragon! dit le petit serpent noir. Puis-je m'installer ici pour m'y essayer ?

Les chauves-souris acquiescèrent.

Il s'installa donc et but chaque jour de l'eau dans le bassin pour se fortifier. Trois cents ans passèrent, il devint un python aussi gros qu'un seau; encore trois cents ans et des écailles couleur d'or lui poussèrent sur tout le corps, il commença à espérer; il continua à s'exercer trois cents ans de plus, et deux cornes de Dragon, blanches comme le jade, lui poussèrent sur la tête.

Se voyant presque devenu Dragon, il sentit son coeur s'emplir de joie. Les chauves-souris, enchantées d'avoir un tel ami, vinrent le féliciter de sa réussite.

Une petite chauve-souris, pleine d'admiration, s'approcha timidement, et, en regardant ses écailles brillantes et en touchant ses hautes cornes, lui demmanda:
- On dit que le Dragon peut exhaler des nuages et faire jaillir de l'eau. Peux-tu aussi le faire?

PARTIE II

Très content de lui, le petit Dragon dit en agitant la tête:
- Bien sûr, puisque je suis devenu Dragon. Si tu ne me crois pas, tu vas voir.

Ouvrant sa gueule, il en fit jaillir une colonne d'eau qui creusa quelques trous dans la paroi dure de la grotte et noya bon nombre de chauves-souris. Tout fier, il rit aux éclats et dit:
- Que vous êtes bêtes, je ne vous ai fait voir qu'une infime partie de mes talents!

Les chauves-souris qui avaient eu la chance d'échapper à la noyade pleurèrent tout en le maudissant, et extrêmement irritées, ne voulurent plus considérer comme ami ce petit Dragon extravagant.

Pourtant, sans patte ni queue de Dragon, il ne pouvait descendre dans la mer, il s'exerça alors avec patience trois cents ans de plus, au bout desquels enfin lui poussèrent des pattes très puissantes et une belle queue.

A midi, le 5 du 5e mois lunaire, le moment vint pour lui de descendre dans la mer. En ce jour longtemps attendu, le petit Dragon, très joyeux, sauta dehors, exhala des nuages et fit jaillir de l'eau qui se transforma en pluie, et dans le vent et la pluie, il nagea le long de la rivière. Mais un grand récif qui se dressait au milieu de celle-ci l'empêcha de passer.

"Eh bien, je vais éprouver mes capacités encore une fois", pensa-t-il. Il frappa alors avec force le récif d'un coup de cornes, et dans un grondement les pierres brisées volèrent aux alentours; un chenal s'ouvrit dans la rivière. Il fut très satisfait, et un large sourire lui illumina le visage. A la vue de sa force extraordinaire, poissons, crevettes et crabes l'entourèrent pour le féliciter.

Mais, voyant que ces petits animaux étaient moins grands que ses pattes, il passa devant eux sans leur accorder la moindre attention.

PARTIE III

Il se perdit dans les méandres de la rivière, et avait du mal à trouver le chemin de la mer.

Au centre de la rivière, une carpe qui venait de revenir de la mer Orientale vit le petit Dragon angoissé, s'approcha vite et lui dit:
- Petit Dragon, veux-tu descendre vers la mer? Je vais te conduire.

"Un Dragon, se faire conduire par un poisson? Ça ferait rire tout le monde", pensa-t-il, et il répondit:
- Pas la peine, je connais le chemin.

Déçue, la carpe s'en alla.

A l'aveuglette, le petit Dragon nagea encore quelques lis, il était très triste. C'est à ce moment qu'il rencontra une vieille tortue qui, à la vue de son visage sombre se hâta de lui dire:
- Petit Dragon, je vis depuis plusieurs millénaires dans cette rivière, j'ai rampé sur toutes sortes de routes, laisse-moi te conduire à la mer!

Le petit Dragon se mit en colère, et voyant qu'elle ne ressemblait ni à un serpent, ni à d'autres reptiles, il ne put se retenir de hurler:
- Diable ignoble, va-t-en!

D'un coup de queue, il la lança au plus haut dans les airs. La vieille tortue retomba presque évanouie, mais sa solide carapace lui sauva la vie.

Le petit Dragon fit des tours et des détours pendant trois jours et trois nuits dans la rivière, sans réussir à trouver le chemin de la mer.

Tout à coup, voyant de loin un homme qui fauchait de l'herbe sur la rive, il pensa:
"On dit que l'homme est l'être le plus intelligent et le plus capable, il connaît certainement le chemin de la mer, mieux vaut aller le lui demander". En s'ébrouant, il se changea en un beau garçon, et s'approcha à grands pas.

- Par où peut-on descendre à la mer ?

- Par là...

Le jeune berger indiqua l'est avec sa faucille, mais il n'avait pas encore expliqué le trajet à suivre que, "crac", le garçon était redevenu Dragon et avait sauté dans la rivière. Stupéfait, le berger s'enfuit.

Comme le petit Dragon se croyait plus âgé et plus intelligent que le berger, il ne voulut pas lui demander plus de détails. Aussi nagea-t-il, non vers l'est, mais vers le nord, qu'avait indiqué le bout du tranchant de la faucille.

Pas loin, après un tournant, il se heurta à la paroi sud de la gorge Wu, qui, avec ses hautes cimes dressées comme des épées, lui fit obstacle.

PARTIE IV

Confiant en ses grandes forces, il lança, avec des coups de tête et de queue, des colonnes d'eau pour abattre les hauts monts.

Mais si les colonnes d'eau firent bien tomber un peu de roches et d'arbres sur la pente, le granit solide ne fut guère ébranlé. Fou de colère, il poussa des hurlements retentissants et de toutes ses forces battit les monts avec ses cornes.

Ses coups, comme le tonnerre et les éclairs d'un orage, firent trembler les trois gorges; les vagues déferlèrent sur les rives et détruisirent les maisons et les champs à plusieurs centaines de lis alentours.

Partout les gens crièrent au secours et même les singes du mont Wu, victimes de cette catastrophe, s'enfuirent dans des grottes ou sur des gros arbres, tout en criant, pleurant et lançant des malédictions.

Encore plus irrité par les malédictions des singes, le petit Dragon but toute l'eau du fleuve, puis, ouvrant sa gueule, la fit jaillir vers la paroi rocheuse; tous les singes de la montagne, même les temples de l'Esprit tutélaire et du dieu de la Montagne, furent jetés en l'air.

A la vue de tout cela, l'Esprit tutélaire vint le persuader:
- Petit Dragon, suis mon avertissement: dirige-toi vers l'est, vers le soleil, et en descendant le fleuve, tu pourras arriver à la mer.

L'Esprit tutélaire cria jusqu'à en avoir la gorge sèche, mais sans l'écouter, le petit Dragon continuait à lutter de toutes ses forces.

Le dieu de la Montagne s'envola vers les douze cimes pour y faire son rapport à la Déesse du mont Wu, pour qu'elle vînt arrêter cette calamité. Celle-ci se précipita sur une couche de nuages, et cria à son arrivée sur les lieux:
- Petit Dragon, suis mes conseils: va vers l'est, ne frappe pas la montagne; si tu ne contrôles pas ton mauvais caractère, ce sont bien des échecs et des malheurs qui t'attendent.

Mais le petit Dragon ne voulut rien savoir et se battit encore plus fort contre la montagne. Estimant qu'il fallait d'abord sauver les êtres humains, la Déesse sortit de sa manche "une pierre à fixer l'eau" et la lança vers le torrent qui recula immédiatement. Les êtres humains furent sauvés.

La violence des coups que portait le petit Dragon était telle qu'il y perdit ses cornes et beaucoup de ses écailles. Mais, fier de ses capacités forgées pendant plus de mille ans, il continua à se battre sans tenir compte de rien.

Enfin, dans un grondement qui fit trembler le ciel et la terre, la falaise escarpée s'ouvrit et il apparut une cassure de 30 lis de long, que plus tard on appela la "Gorge Cuokai" (mal ouverte).

Fou de joie, le petit Dragon la tête haute, nagea vers le fleuve Yangzi.

PARTIE V

Soudain, dans un bruit de tonnerre, trois Dragons blancs sortirent du centre du fleuve et se précipitèrent sur lui. Il crut que c'était des confrères qui venaient le féliciter et l'accueillir; mais les trois Dragons blancs hurlèrent d'une même voix:
- Au nom du vieux Dragon du fleuve Yangzi, nous sommes venus t'arrêter pour te juger.

Ils s'approchèrent et l'entourèrent. Le petit Dragon, loin de se soumettre, poussa un hurlement de rage et alla à leur rencontre. Un combat violent mit aux prises les quatre Dragons à la surface du fleuve.

Voyant que le petit Dragon était tellement irascible, la Déesse se hâta de décrocher sa boucle d'oreille et de la jeter dans le ciel; celle-ci devint un cercle d'or, qui, avec la rapidité de l'éclair, s'abattit lourdement sur le dos du petit Dragon, ce qui permit aux trois Dragons blancs de l'entourer et de le saisir.

Le dieu de la Montagne lui passa une chaîne de fer autour du coup, le traîna sur une terrasse, et l'attacha à un pilier de pierre. La Déesse lui demanda:
- Pourquoi, au lieu de te diriger en direction de l'Est vers la mer, t'es-tu obstiné à battre le mont Wu?

C'est un jeune berger qui m'a dit d'aller dans cette direction! répondit-il.

L'Esprit tutélaire alla tout de suite chercher le jeune berger qui expliqua:
- J'ai indiqué l'Est avec ma faucille, mais avant que j'aie pu te donner plus d'explications, tu avais nagé vers le Nord. Comment peux-tu m'accuser?

- Bien que je me sois trompé de chemin, je n'ai rien à me reprocher.

La Déesse dit au dieu de la Montagne de le conduire sur un sommet, pour qu'il pût voir les calamités qu'il avait causées aux êtres humains. Voyant de ses propres yeux les champs et les villages inondés, il ne put s'empêcher de baisser la tête.

Les chauves-souris, la tortue et les singes vinrent tous l'accuser, et pour apaiser leur haine, la Déesse fut obligée de décapiter le petit Dragon malgré son repentir tardif.

Plus tard, on nomma le pilier de pierre sur lequel avait été attaché le petit Dragon, "Pilier à réprimer le Dragon" et la terrasse, "Terrasse à décapiter le Dragon". Maintenant, on peut encore voir ces vestiges près de la "Gorge Cuokai".
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:04

La Princesse Anbo


PARTIE I

Au pied du mont Crête de Coq, dans la commune d'Anbo dans le district de Xinjin, se trouvent les sources thermales Anbotang, dont l'eau est chaude en toutes saisons, mais à la sortie de la source, celles-ci sont assez brûlantes pour que les oeufs y cuisent. Ceux qui souffrent d'arthrite, de furoncles et de maladies de peau de toutes sortes fréquentent ces sources thermales où ils se baignent, et d'où ils sortent miraculeusement guéris.

Une légende raconte qu'auparavant, il n'y avait pas de sources au pied du mont Crête de Coq. Au sud de la montagne s'étendait une vaste mer, au fond de laquelle il y avait un Palais de Dragon, où logeait un vieux Roi Dragon. Il avait une petite fille appelée Anbo, jolie comme tout ! Le vieux Roi Dragon l'aimait si fort qu'il la prenait souvent dans ses bras et qu'il ne la laissait pas le quitter d'un pas.

Plus tard, on ne sait qui lui dit qu'elle deviendrait plus belle, si une femme humaine l'allaitait. Alors, sur un nuage et dans un brouillard il sortit de son Palais pour se rendre sur terre. Voyant une femme en train de nourrir son bébé au sein, il l'emmena dans le Palais de Dragon et l'obligea à servir de nourrice à la petite Princesse.

Au début, la femme pleurait souvent, pensant à son mari et à son fils. Avec le temps, un sentiment naquit peu à peu entre elle et la petite Princesse, elle l'allaitait comme si elle était sa mère et l'aimait de tout son coeur.

Grâce au lait de sa nourrice, la petite Princesse devenait de plus en plus charmante. Elle considérait, elle aussi, sa nourrice comme une parente. Avec nostalgie, la nourrice décrivait souvent à la petite Princesse les paysages lumineux et pittoresques de la terre, où les hommes cultivaient et les femmes tissaient. La petite Princesse était tout à fait captivée par ces contes et brûlait d'envie d'avoir des ailes pour s'envoler d'un seul coup jusqu'au monde.

PARTIE II

Un jour, pendant que la nourrice lui décrivait les scènes séduisantes de la terre, la petite Princesse ne put s'empêcher de lui demander:
- Nourrice, tu en sais bien des choses sur la terre, tu y as été?

- C'est de là que je viens, ma petite.

- Et comment se fait-il que tu sois chez moi?

- C'est ton père, Son Altesse, qui m'y a amenée de force, répondit la nourrice, les larmes aux yeux.

- As-tu encore d'autres parents là-bas? demanda la petite Princesse.

- Oui, mon mari et mon fils, répondit la nourrice. Ma maison se trouve au pied du mont Crête de Coq, sur la rive nord de la mer. Mon fils s'appelle Jinniu, il a un grain de beauté sur le lobe de l'oreille droite. Il a le même âge que toi, s'il est encore en vie.

- Quand je serai grande, nourrice, reprit la petite Princesse avec chagrin, j'irai chez toi comme belle-fille pour payer en retour toute l'affection avec laquelle tu m'as nourrie au sein.

- Sois sage, mon enfant, fit sincèrement la nourrice, en la serrant dans ses bras, je serai bien satisfaite, si j'ai une belle-fille comme toi.

Le temps passa vite. La Princesse Anbo avait grandi. Elle décida de faire une visite chez sa nourrice.

Ce jour-là, le vieux Roi Dragon l'emmena au banquet des pêches de la Reine Mère dans le Palais céleste. Elle trouva l'atmosphère aussi froide dans le Palais céleste que dans le Palais de Dragon. Ce qui l'attirait le plus, c'était la vie dans le monde que lui avait racontée sa nourrice.

Alors que le vieux Roi Dragon buvait du vin à la table du banquet des pêches, elle quitta furtivement le Palais céleste et descendit sur un nuage au pied du mont Crête de Coq au nord de la mer.

PARTIE III

Mais ce qu'elle vit de la terre n'était pas si merveilleux: le soleil était brutal, la terre apparaissait toute fendillée par la sécheresse, les arbres, les fleurs et les plantes étaient mortes, le peuple chancelait en gémissant sans cesse.
"Comment vont-ils, Jinniu et son père chez ma nourrice?" pensa-t-elle.

Pressée de trouver la maison de sa nourrice, la Princesse Anbo la chercha le long du mont Crête de Coq. Au pied nord du mont, elle vit une petite chaumière, d'où sortaient de temps en temps les gémissements faibles d'un malade et où, devant la porte, pendait un filet de pêche usé; ce devait être la maison de la nourrice.

Y entrant, elle vit un vieillard, couché sur le "kang", le corps couvert de gale, et un garçon âgé de 18 ans, assis près du vieillard, qui chassait les mouches. Le garçon était robuste et beau. A la vue du grain de beauté, grand comme la pointe du doigt qu'il avait au bas de l'oreille droite, la Princesse Anbo ne put cacher sa joie et demanda en toute hâte:
- Comment t'appelles-tu, frère? Qui est ce vieillard malade?

- Je m'appelle Jinniu, répondit le garçon, c'est mon père. Et toi, comment t'appelles-tu? D'où viens-tu? Que viens-tu faire ici?

La Princesse Anbo comprit alors que ce père et son fils étaient bien les parents de sa nourrice. Mais elle n'avoua pas la vérité à Jinniu et lui répondit seulement:
- Je m'appelle Anbo, je suis venue d'un endroit très lointain pour voir des parents. Mais je ne les ai pas trouvés. Ce qui m'angoisse beaucoup, c'est que je n'arrive pas à trouver un lieu où me reposer.

-Sois tranquille, dit le père avec conviction, pensant que c'était une bonne fille. Reste et sois ma belle-fille, si tu ne méprises pas notre pauvreté.

Se souvenant de la promesse qu'elle avait faite à sa nourrice quand elle était petite, la Princesse Anbo, rouge de timidité, inclina la tête en signe d'approbation, car le garçon devant elle lui plaisait beaucoup.

Quant à Jinniu, il était bien content, bien sûr, mais il dit à son père d'un air embarrassé, après un moment de réflexion:
- Comment pourra-t-on célébrer le mariage, père, en cette année de sécheresse? Pauvre comme l'est notre famille, et avec toi qui es malade.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:05

PARTIE IV

La Princesse Anbo ôta alors de ses cheveux une épingle en or, et dit à Jinniu, en la lui donnant:
- Va la changer contre quelques pièces d'argent au marché et achète des remèdes pour ton père. Avec le reste achète de la farine et du riz pour célébrer la noce.

Jinniu fit ce que lui disait la Princesse Anbo. Ils se marièrent le soir même. Le jeune couple vivait en parfaite harmonie.

Tous les jours, ils pêchaient ensemble dans la mer. Les autres pêcheurs ne réussissaient pas à pêcher de poissons, tandis qu'eux, ils revenaient avec leur bateau bien chargé. Ils vendaient les poissons qu'ils ne pouvaient manger pour acheter des remèdes au père.

Pourtant, le vieillard ne guérissait pas, malgré les soins médicaux. En outre, de plus en plus de villageois mouraient de faim. La Princesse en était très préoccupée. Un soir, elle demanda à son mari:
- Pourquoi y a-t-il ici une telle sécheresse, cher Jinniu?

- Et, soupira Jiniu, c'est le crime du vieux Roi Dragon de la mer Méridionale!

- Comment cela ?

- Cela remonte à mon enfance, ma mère a été enlevée par le vieux Roi Dragon. Je l'ai appris quand j'étais grand, et je me suis mis à le haïr à mort. Sous le coup de la colère, j'ai détruit son Temple au bord de la mer. Quand il l'a appris, le vieux Roi Dragon est immédiatement venu m'attraper. Il a tendu ses longues griffes, mais juste à ce moment, mon père est arrivé en courant pour me protéger. Par malheur, mon père à été griffé sur le dos. Le vieux Roi Dragon a juré de ne pas laisser tomber la pluie pendant trois ans, de sorte que les êtres de la région meurent de soif. Depuis, mon père souffre de gale et les habitants de la région, de la sécheresse.

Jinniu continua après une pause:
N'en parlons plus. Si le vieux Roi Dragon nous en veut, les gens ne peuvent plus vivre.

PARTIE V

En apprenant tout cela, la Princesse dit, rouge de honte:
- Pour te dire la vérité, Jinniu, je suis la Princesse Anbo, la fille du vieux Roi Dragon. Et je ne m'attendais pas à ce que mon père, Son Altesse, soit tellement méchant!

Entendant cela, Jinniu ouvrit de grands yeux et dit avec colère à la Princesse Anbo:
- Mon pire ennemi, c'est le vieux Roi Dragon! Comment puis-je avoir sa fille pour épouse? D'ailleurs, on ne voudra plus te voir quand on le saura. Va-t-en immédiatement!

Cela dit, il tira la Princesse Anbo du "kang", la poussa hors de la chambre et ferma la porte. Malgré toutes ses supplications; la Princesse Anbo n'eut plus qu'à retourner en pleurant dans la mer.

Un jour dans le ciel égalait un an sur la terre. Lorsque la Princesse Anbo rentra au Palais de Dragon, le vieux Roi Dragon n'y était pas encore revenu. A son entrée dans la chambre de sa nourrice, elle se jeta d'un coup dans les bras de sa nourrice, la voix étranglée de sanglots, et dit:
- Belle-mère!

- Qu'as-tu, Princesse? lui demanda la nourrice avec surprise.

Tout en pleurant, la Princesse lui raconta tout ce qui s'était passé sur la terre: comment elle s'était mariée avec Jinniu et pourquoi ce dernier l'avait chassée de chez eux.

Comme la nourrice était triste, en entendant tout cela!

A la pensée de la sécheresse qui régnait sur la terre et de son mari qui souffrait de maladie, elle ne put retenir ses larmes et dit:
- Il y a un moyen de sauver la terre de la sécheresse et de guérir la maladie de ton beau-père, mais il faut courir un grand risque.

- Pour sauver le monde de la sécheresse et guérir la maladie de mon beau-père, je n'ai peur de rien.

Sa nourrice lui dit à voix basse:
- Sur le lit de ton père, Son Altesse, sont accrochées deux bouteilles d'eau précieuse, l'une est remplie d'eau froide, qui peut rendre la vie à tous les agonisants, et l'autre d'eau chaude, qui peut vaincre les catastrophes et les maladies. Si on les apporte dans le monde, la sécheresse disparaîtra et ton beau-père guérira, mais si ton père, Son Altesse, arrête la personne qui vole les deux trésors, il l'enverra dans l'enfer le plus profond et le malheureux ne verra plus le jour de toute sa vie.

PARTIE VI

La Princesse Anbo enleva de sa tête une perle, la donna à sa nourrice et la laissa retourner dans le monde pour qu'elle retrouvât sa famille.
- Et toi? Que vas-tu faire? demanda la nourrice, dont la joie et les larmes se mêlaient.

-Sois tranquille, belle-mère, je vais te rejoindre, répondit la Princesse Anbo.

Après le départ de sa nourrice, la Princesse Anbo vola les deux trésors et se retrouva d'un bond dans les airs au-dessus du mont Crête de Coq. Elle ouvrit d'abord la bouteille d'eau froide et la versa sur la terre. En un clin d'oeil, le vent souffla du sud, des nuages gris couvrirent le ciel, il y eut des éclairs, et il plut à torrents.

Lorsque la nourrice arriva à la maison, il faisait jour. A la vue de la pluie, elle comprit que la Princesse Anbo avait réussi à voler les trésors, alors, elle parla de tout cela à son mari et à son fils. Quand il apprit toute l'histoire, Jinniu se repentit beaucoup. Quittant à la hâte la maison, il courut sous la pluie, puis debout sur un gros rocher, il parcourut le ciel de son regard, en criant:
- Princesse Anbo, Princesse Anbo!

A ce moment-là, la pluie était suffisante. Entendant quelqu'un l'appeler d'en bas, la Princesse Anbo se dépêcha de fermer la bouteille, et tout de suite, les nuages gris disparurent et le beau temps revint.

D'un nuage coloré, elle regarda en bas:
La terre qui avait souffert de la sécheresse pendant longtemps se réjouissait de la pluie, les montagnes étaient devenues bleuâtres, les herbes vertes, les fleurs s'épanouissaient, les gens, sortis des maisons labouraient la terre avec leur buffle, et Jinniu lui faisait signe de la main. Bien émue, elle descendit immédiatement du ciel auprès de Jinniu. elle était tellement ravie qu'elle ne savait de quoi parler.

C'est juste à ce moment-là que le vieux Roi Dragon s'en revint du banquet des pêches. Apprenant que la Princesse avait pris la fuite avec les bouteilles d'eau précieuse, le vieux Roi Dragon, le corps tremblant de colère, bondit sur un nuage sombre et se trouva dans les airs.

PARTIE VII

La Princesse Anbo, jetant un coup d'oeil vers le ciel, dit à la hâte à son mari:
- Mon chéri, j'espère honnêtement que nous pourrons vivre ensemble durant toute la vie. Mais impossible, mon père, son Altesse, vient m'attraper. Va-t-en vite, sinon, il nous jettera, tous les deux, dans l'enfer le plus profond, va-t-en!

La serrant de toutes ses forces dans ses bras, Jinniu cria:
- Non, on est ensemble pour la vie et pour la mort.

A la vue de cela, le vieux Roi Dragon se fâcha tout rouge. Avec ses griffes, il se saisit de Jinniu et le lança au loin. Il secoua la queue et une large fente s'ouvrit dans un bruit de tonnerres au pied du mont Crête de Coq. Et elle se referma avec un bruit effroyable, quand le vieux Roi Dragon y eut jeté la Princesse Anbo. Le vieux Roi Dragon était tellement fâché qu'il replongea dans la mer sans remporter ses bouteilles.

Voyant que la Princesse Anbo était sous la montagne, Jinniu souffrit comme si on lui déchirait le coeur. En pleurant, il creusa la terre à l'endroit où s'était refermée la grande fente. Il travailla sans arrêt pendant trois jours et trois nuits, et il finit par avoir une fosse profonde et large. Malgré les courbatures et les blessures, Jinniu n'arriva pas à sauver la Princesse Anbo.

Sous la montagne, la Princesse Anbo, inqiète pour son mari, décida d'en sortir. Elle ouvrit la bouteille d'eau chaude, un torrent chaud jaillit du goulot de la bouteille avec un grand bruit et sortit exactement par la fosse que Jinniu avait creusée. En un instant, cela fit un coude bouillonnant et dégageant de la vapeur. L'eau chaude jaillit sans interruption, et quand le coude en fut rempli, elle coula dans le ruisseau à côté.

Jinniu n'avait pas plutôt lavé se mains avec cette eau chaude que ses blessures se cicatrisèrent. Comprenant par là que c'était la Princesse Anbo qui faisait jaillir cette eau précieuse, il s'en retourna chez lui, les larmes aux yeux.

Puis sa mère et lui emmenèrent son père se baigner dans cet étang. Il ne s'y était baigné que quelque fois, que la gale qui lui couvrait le corps était complètement guérie.

Depuis lors, comme cela se transmit de bouche à oreille, les victimes de maladies de peau y vinrent des régions proches ou lointaines s'y baigner et ils furent guéris, le uns après les autres.

Plus tard, on donna à ce coude, en mémoire de la Princesse bienveillante, le nom d'Anbotang.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:05

Le Vase de Cuivre Fendu


PARTIE I

L'histoire se passe il y a très longtemps dans un petit village du mont Tiantai dit village du Dragon Doré. La terre y est si fertile que l'huile jaillit à chaque pas; et le climat doux et les pluies abondantes amenaient chaque année de bonnes récoltes. Les gens du pays coulaient une vie douce.

Mais les beaux jours ne durent pas une vie. Soudain la pluie s'arrêta de tomber, et une longue période de sécheresse s'installa. Dans la terre une fois grasse et fertile s'ouvrirent des crevasses profondes.

Bientôt les gens n'eurent plus rien à manger; l'on commença à mourir de faim. Les uns quittèrent le pays, d'autres se suicidèrent. Que s'était-il donc passé?

Près du village, au creux d'une vallée, habitait l'Esprit d'une tortue. Pendant mille ans il était resté invisible, accumulant son pouvoir magique.

Une nuit, tous les villageois, grands et petits, firent le même rêve:
Une tortue leur parlait l'air menaçant.
"Dès aujourd'hui, disait-elle, vous devez m'offrir mille livres de riz et un buffle tous les jours. A cette seule condition vous aurez la pluie. Sinon, le village mourra tout entier, hommes et bêtes."

Le lendemain, tous les villageois de se raconter l'un à l'autre ce même rêve bizarre...

Le souvenir des paroles du mauvais génie les affligeait tous. N'y a-t-il pas un proverbe qui dit:
"Un buffle, c'est la vie du paysan"? Oui, le buffle est un trésor! Et voilà qu'un monstre féroce exigeait d'eux un buffle chaque jour et force quantité de riz! Ce riz blanc comme perle que les villageois à la ronde leur envient et dont ils sont si fiers...

Le riz est sucré et le buffle gras; L'Esprit de la Tortue les avalait d'un trait. Bientôt, il ne resta plus dans les étables que deux buffles, et les granges de riz se vidèrent, si bien que l'on apercevait maintenant le plancher.

Les villageois serraient les poings, tremblant de colère. Les plus courageux se rassemblèrent un jour, décidés à tuer l'oppresseur.

PARTIE II

Mais il n'y a pas au monde de murs sans fente...
L'Esprit de la Tortue souleva une violente rafale de vent qui les engloutit en un clin d'oeil. Sa colère ne se trouva pas assouvie pour autant.
"Demain, au festin des pêches offert par la Reine Mère, se dit-il, je rendrai compte à l'Empereur de Jade d'une telle impudence. Pendant dix ans, pas une goutte de pluie ne tombera sur cette région."

Le lendemain, le mauvais Esprit se présenta au Palais céleste. Rentrant son cou dans sa carapace, il s'adressa à l'Empereur de Jade:
- Permettez-moi de faire mon rapport à sa Majesté: Dans le monde, sur le mont Tiantai, il y a un village dit du Dragon Doré dont les villageois méritent votre courroux. Ils se sont réunis en secret et ont décidé qu'ils ne respecteraient plus ni ciel ni terre, et vous ont insulté!

Tant d'audace fit sortir l'Empereur Céleste de Jade de ses gonds. Il ordonna sur-le-champ au dieu du Tonnerre et à celui de la Pluie de ne plus visiter le village pendant les dix années à venir, jusqu'à ce que tous ses habitants aient la fin méritée.

Heureusement, le village avait aussi son génie protecteur, un petit Dragon Doré au bon coeur, moins puissant cependant que l'Esprit de la Tortue. Le Dragon Doré n'approuvait en rien la tortue.

Un jour, alors que fatigué d'une longue randonnée il se reposait dans sa grotte, il entendit une rumeur sourde mêlée de pleurs. D'un bond, il fut au dessus du village et trouva tous les habitants en larmes. Il prit les apparences d'un jeune homme, et s'enquit auprès d'une vieille paysanne:
- Grand-mère, pourquoi êtes-vous si triste?

La vieille femme lui raconta comment l'Esprit de la Tortue les avait spoliés de tous leurs biens, et maintenant les menait à la mort.

A ces mots, le petit Dragon Doré flamba de colère; ce mauvais génie méritait d'être réduit en poussière. Le village avait besoin de pluie, mais ses pouvoirs limités ne lui permettaient pas de lui venir en aide. le mieux était donc de se rendre immédiatement au Palais céleste et voler le précieux vase à eau.

PARTIE III

Le lendemain matin, un nuage mena le petit Dragon Doré chez le dieu de l'Eau, dans le Palais céleste. Deux gardiens célestes se tenaient à l'entrée de la salle, l'un avait un marteau à la main, l'autre une hallebarde.

Rapide comme l'éclair, le petit Dragon Doré se transforma en un gamin potelé. Sans se presser, il se dirigea vers la porte qui conduisait à la salle où était le précieux vase. Les deux gardes lui barrèrent le passage:
- D'où viens-tu petit? Pourquoi rôdes-tu ici?

- Je suis le petit-fils de l'Empereur Céleste de Jade, répondit l'enfant, le sourire aux lèvres. Ma grand-mère m'a dit de venir chercher le précieux vase à eau pour arroser les pêches.

Comme les deux hommes ne semblaient guère convaincus, il ajouta:
- Bon, si vous ne me laissez pas passer, je vais le dire à ma grand-mère!

A ces mots, les gardiens se regardèrent, hésitants. C'était chose grave que de désobéir à la Reine Mère! Puisque, en général, les enfants ne mentent pas, ils décidèrent de le laisser passer.

Une fois à l'intérieur, l'enfant courut vers le trésor, saisit le vase de cuivre doré, le cacha sous sa veste puis quitta rapidement le Palais céleste, par la Porte Sud, droit sur le village qui portait son nom.

A peine était-il arrivé au dessus du village, qu'il aperçut l'Esprit de la Tortue:
"Le chemin est trop étroit pour que deux ennemis s'y croisent", dit le proverbe.

Le petit Dragon Doré avait très peur, son sang d'habitude brûlant se glaça dans ses veines.
"C'est la fin pour nous, pensait-il. Si ce monstre apprend la chose et qu'il va le répéter à l'Empereur de Jade, non seulement je ne pourrais plus rien pour sauver les villageois, mais encore je serai tué. Ah! avoir peur ne sert à rien. Il faut risquer le tout pour le tout! Les villageois comptent sur moi!"

Et, prenant son courage à deux mains, il accéléra, faisant mine de ne pas voir l'Esprit de la Tortue.

PARTIE IV

Mais le malin génie l'avait déjà aperçu.
"Pourquoi est-il donc si pressé?" se demanda-t-il.

Il l'observa de loin et remarqua la poitrine bombée du petit Dragon.
"Un trésor quelconque se cache-t-il là dedans?"

Un malheureux coup de vent vint à soulever le pan de la veste du Dragon.
"Oh! Mais c'est là le précieux vase exposé dans la salle du dieu de l'Eau, au Palais céleste! Hum, quelle audace! Voilà qu'il ose voler le trésor impérial, dans le but de me contrarier et s'opposer ainsi à la décision suprême!
Si je le conduis chez l'Empereur Céleste de Jade avec le vase, j'aurai sûrement droit à une récompense!"

Exultant déjà à cette idée, il se mit à rire comme un fou et se jeta sur le petit Dragon l'air féroce:
- Ah voleur! Je te prends sur le fait! Je sais que tu as sur toi le précieux vase en cuivre doré du Palais céleste! Tu vas me suivre jusque chez l'Empereur Céleste de Jade!

- Ne calomnie donc pas les gens! s'écria le Dragon Doré.

Le mauvais génie tendit la main dans l'intention d'arracher la veste de son adversaire, mais celui-ci bondit en arrière.

Ils en vinrent aux mains. Les forces n'étaient pas égales, le petit Dragon allait céder; mais, au moment où la tortue s'apprêtait à s'emparer du vase, le petit Dragon d'un coup violent, le lança vers la montagne près du village.

Le vase tomba avec fracas à mi-pente et se fendit. De l'eau limpide jaillit et se mit à couler le long des côteaux, jusqu'aux champs. Déjà, la terre s'imprégnait d'eau et les plantes assoiffées reprenaient vie.

L'Eprit de la tortue quitta précipitamment son nuage pour essayer de rattraper le vase, mais celui-ci avait déjà mis racine dans la terre et s'était transformé en un vase de pierre.

Fou de rage, le mauvais génie se jeta sur le Dragon; une lutte s'engagea. Les gongs et les tambours du village du Dragon Doré résonnaient à la ronde. Les paysans encouragèrent tous le Dragon, et brûlaient de l'encens et des cierges pour invoquer l'aide du ciel.

Le Dieu de service au Palais céleste se présenta chez l'Empereur Céleste de Jade et lui rendit compte des événements.

Celui-ci le pria d'aller enquêter sur place. Lorsque l'Empereur Céleste de Jade eut apprit la vérité, il fit jeter l'Esprit de la Tortue en prison, et conféra au Dragon le titre de Dieu de l'Eau du mont Tiantai, chargé de s'occuper de tous les étangs de Dragon de la région.

Depuis, on appela le vase en pierre le "vase de cuivre fendu", et tous les voyageurs passant par Tiantai font un détour dans la montagne pour aller l'admirer.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:06

La Montagne de la Terrasse Céleste


PARTIE I

Selon la légende, la Montagne de la Terrasse céleste est un lotus formé d'écailles de Dragon. Ses 72 sommets représentent les pétales de la fleur, dont le pic ("le Faîte Hua") qui s'élance vers les nuages au milieu de ces cimes est la corolle.

Il y a bien longtemps, lorsque la montagne de la Terrasse céleste n'existait pas encore, il y avait à sa place un océan immense. Les proverbes disent:
"Sur la mer calme peuvent surgir des vagues hautes de plusieurs mètres";
"Le tigre déchaîne le vent, et le Dragon la pluie."

Les pêcheurs se trouvent donc toujours dans l'angoisse même si la mer est calme, car on ne peut jamais dire quand va souffler une tempête.

le Roi Dragon de la mer Orientale faisait de temps en temps avec ses neuf fils des tournées pour commander aux nuages de faire tomber la pluie. C'est toujours à ce moment que le ciel se couvrait de nuages noirs, que le vent commençait à hurler et que des vagues hautes comme des collines s'élevaient.

Si par malheur une tempête s'abattait sur des pêcheurs sans qu'ils puissent y échapper, cela causait immanquablement des naufrages et des victimes. C'est pourquoi les rivages étaient parsemés d'innombrables tombeaux et des cris déchirants s'entendaient de très loin...

Mais les neuf fils du Roi Dragon étaient tous compatissants et généreux. Chaque fois qu'ils voyaient des bateaux se renverser et des gens se noyer lorsqu'ils s'acquittaient de leurs fonctions, l'inquiétude leur mordait le coeur. Le dernier-né surtout, qui était d'une nature honnête, en souffrait beaucoup.

Ce jour là, c'était à son tour de déchaîner les nuages et la pluie. D'un coup sec, il agita la queue, et tout de suite le tonnerre commença à gronder, un éclair déchira le ciel, le vent souleva de grosses vagues. A la lueur de l'éclair, le fils-Dragon vit un bateau se débattre dans les flots et risquer de sombrer.

Il s'élança d'un bond dans l'intention de s'éloigner de la mer, pour donner ainsi une chance au bateau. Mais ce fut trop tard, les flots précipitèrent celui-ci contre un rocher, et il se brisa immédiatement en mille morceaux.

PARTIE II

De retour chez lui, le petit Dragon avait l'air très soucieux:
- Qu'est ce qui te rend si triste? lui demandèrent ses frères.

- Frères, chaque fois que l'on sort commander les nuages et la pluie, soulever les vagues et la tempête, il y a toujours des morts en quantité. Aujourd'hui, j'ai encore renversé par négligence un bateau, se lamenta le petit Dragon.

-Mon petit frère, c'est sur l'ordre de l'Empereur Céleste de Jade que nous faisons notre tournée et on ne peut pas lui désobéir, dit l'aîné.

- Mais on peut trouver malgré tout un moyen de remplir notre tâche, sans pourtant faire mourir des gens, dit le petit.

Ce soir là, il passa une nuit blanche.

Le lendemain matin, l'aube avait à peine blanchi le ciel qu'il avait rassemblé ses huit frères et leur avait dit:
- J'ai une bonne idée.

- Vas-y, dis-la, le pressent ses frères.

- Chacun de nous va décoller de son corps huit écailles qui formeront un lotus et l'on mettra cette fleur sur la mer; les pêcheurs et leur bateau pourront s'y réfugier en cas de tempête.

Les frères furent tous d'accord avec leur cadet. Ils s'arrachèrent chacun huit écailles, ce qui les fit beaucoup souffrir. Les soixantes douze écailles se métamorphosèrent en un immense lotus.

Depuis lors, cette fleur flottait sur la mer nuit et jour et les pêcheurs et matelots n'avaient plus peur du vent ni de la mer. Malheureusement, le Reine Mère apprit cette nouvelle. Très jalouse, elle ne put pas supporter que d'autres aient quelque chose de plus joli qu'elle; d'ailleurs c'était vraiment là un lotus peu commun qu'on voyait très rarement même dans le Palais céleste.

Elle fit donc enlever cette fleur, la planta dans son étang du Jardin aux Pêches immortelles, et jeta les neuf Dragons dans la prison céleste sous prétexte qu'ils avaient violé la loi du ciel.

PARTIE III

Les pêcheurs retombèrent alors dans la misère. Les cris plaintifs des victimes arrivèrent à nouveau aux oreilles des fils Dragons et leur déchirèrent le coeur. Mais ils n'arrivaient pas à se débarrasser des chaînes magiques.

Ce jour là, les deux gardiennes, la Fée-la-pêche-rouge et la Fée-la-pêche-verte entendirent claquer la serrure d'or de la prison. C'est le petit Dragon qui s'était mis en colère. Voyant arriver les deux gardiennes, il les supplia:
- Mes bonnes soeurs, soyez gentilles de nous laisser sortir s'il vous plaît.

- Non, c'est impossible. Vous devriez savoir combien puissante est la loi du ciel; on risque d'être condamné à mort si on lui désobéit.

- Mais n'avez-vous jamais pensé aux êtres humains qui souffrent et qui mènent une vie misérable ?

A ces mots, les deux fées couvertes de honte gardèrent le silence. Au fond de leur coeur, elles étaient mécontentes de ce qu'avait fait la Reine Mère, et étaient pénétrées d'admiration pour l'attitude des fils Dragons qui, pour sauver la vie des gens, s'étaient arrachés des écailles sans se soucier de leur propre destin. Et que feraient-elles alors?

Après quelques minutes de discussion, elles décidèrent de laisser échapper les neuf Dragons de la prison et de rendre le lotus aux humains même si cela leur vaudrait d'être punies.

Enfin, avec leur aide, les Dragons furent déliés de leurs chaînes et regagnèrent la mer Orientale en emportant leur fleur.

PARTIE IV

Un certain temps après, la Reine Mère se rendit compte que son lotus avait disparu et entra en fureur. Elle rassembla immédiatement ses gardes et généraux célestes et ordonna aux neuf Dragons de rendre immédiatement la fleur, sinon, ils seraient punis.

Les Dragons refusèrent tout net. Alors un combat s'engagea. Il dura du matin au soir, les Dragons se battaient de plus en plus courageusement contre les gardes et généraux du Ciel de plus en plus nombreux, mais la lutte restait indécise.

La Reine Mère appela donc le dieu de Vénus et lui confia le décret de l'Empereur Céleste de Jade:
Ordre y était donné que les neuf frères s'arrêtent de se battre et se rendent au Palais céleste pour avouer leur crime...

Les Dragons refusèrent. Alors, l'immortel, la main haut levée, jeta en l'air quelques feuilles de papier sur lesquelles était écrite la volonté de l'Empereur Céleste de Jade. Elles flottèrent en l'air puis tombèrent sur le lotus; après avoir fait trois tours, elles se métamorphosèrent soudain en un rideau immense qui couvrait exactement la fleur fantastique.

A cette vue, les neuf frères abandonnèrent les gardes et les généraux pour se précipiter vers leur fleur. Mais d'un bruit sec, un éclair rouge très brillant leur fit fermer involontairement les yeux. Profitant de l'occasion, les gardes et généraux célestes s'approchèrent des Dragons et les attachèrent avec des chaînes.

Quand ils rouvrirent les yeux, le lotus et la mer avaient disparu, remplacés par une montagne en forme de lotus. La cime la plus haute ressemblait à la corolle de la fleur et les 72 cimes qui l'entouraient en étaient les pétales. Comme la cime donnait sur les trois astres, on l'appelait la montagne de la Terrasse céleste.

La Reine Mère, qui gardait toujours de la rancune contre les neuf Dragons et les deux fées, fit jeter les Dragons dans les gouffres orientaux de la montagne, et fit chasser les deux fées dans la grotte aux Pêches pour y planter les "herbes magiques".

Si vous escaladez aujourd'hui la montagne de la Terrasse céleste, vous pourrez du sommet, voir ces neuf gouffres aux Dragons.
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MessageSujet: Re: Légendes de 21 à 30   Légendes de 21 à 30 Icon_minitime2/2/2007, 10:07

L'Escarboucle


PARTIE I

Le Roi Dragon de la mer de l'Est avait une fille de dix-huit ans très belle et extrêmement intelligente.

Le Roi Dragon cherchait à marier sa fille, mais cette dernière ne voulait épouser aucun des jeunes hommes qu'on lui présentait, et le Roi ne savait que faire.

Il lui demanda:
- Ma chérie, quel genre de mari veux-tu?

- Papa, je n'aime pas les riches, ni les puissants, je veux épouser un homme honnête et courageux, répondit la jeune fille.

Le Roi Dragon ordonna à ses conseillers d'aller chercher un prétendant qui correspondait au goût de sa fille.

Le Ministre Tortue présenta un garçon, mais celui-ci ne plut pas à la jeune fille.

Le Maréchal Crabe en présenta un autre, qu'elle n'aima pas davantage.

Un jour, le Général Anguille, au retour d'une patrouille sur le fleuve, proposa à son tour un jeune homme.

Ce dernier s'appelait Ah Er et habitait au pied d'une montagne. Il était célèbre pour son honnêteté et sa bravoure. Orphelin et pauvre, il n'était pas encore marié. Il vivait de la chasse avec son grand frère.

La fille du Roi Dragon devint toute souriante en entendant cela.

Cependant, Le Roi Dragon fronça les sourcils et dit:
- Ma fille, d'une part, on ne sait pas s'il est vraiment honnête et courageux et d'autre part, il n'est pas de la gent aquatique comme nous, comment pourriez-vous vous marier?

Voyant que son père n'était pas d'accord, la fille du Roi ne fit plus sa toilette, ne se coiffa plus et resta au lit.

Le Roi Dragon était perplexe et ennuyé, le conseiller Crevette avança une proposition qui fit aussitôt sourire le Roi.

PARTIE II

Cette nuit là, Ah Er vit en rêve un vieillard aux cheveux blancs qui lui dit:
"Ah Er, une jeune fille t'attend au bord de la rivière. Va vite la demander en mariage."

Tout heureux, il se réveilla et raconta son rêve à son drère aîné Ah Da. Jaloux, Ah Da lui répondit:
- Il ne faut pas prendre ce rêve au sérieux. Ne t'abandonne pas à la rêverie. Recouche-toi.

Ah Er se rendormit; Ah Da se leva furtivement et se dirigea vers la rivière.

Au réveil, Ah Er constata que son frère n'était pas là et il ne savait pas où il était. Se disant que son rêve pourrait être vrai, il s'habilla et se rendit au bord de la rivière.

La lune toute ronde luisait dans le ciel. La brise soulevait l'eau de la rivière brillante. Des lucioles, avec leurs petites lanternes, voltigeaient sur les rives. Au clair de la lune, une jeune fille assise sur une pierre plongeait ses longs cheveux dans l'eau.

Cette fille était la beauté-même. Ah Da et Ah Er s'approchèrent d'elle en même temps et la demandèrent en mariage.

Tournant la tête, la jeune fille leur jeta un coup d'oeil, et demanda:
- Qui voulez-vous que je choisisse? Répondez vous-même! Qui est le plus honnête et le plus courageux?

Les deux garçons répondirent en même temps:
- Je suis le plus honnête et le plus courageux.

- Eh bien, mes honnêtes gens, mes courageux, maintenant j'ai besoin d'une escarboucle. Celui qui la trouvera m'épousera, dit la jeune fille.

PARTIE III

Les deux frères demandèrent:
- Mademoiselle, où est cette escarboucle?

- Elle est chez Le Roi Dragon de la Mer de l'Est. Je vous donne à chacun une épingle pour écarter les eaux, afin que vous puissiez descendre dans la Mer, répondit la jeune fille.

Puis, elle leur donna à chacun une épingle.

Après avoir salué la jeune fille, les deux frères s'en allèrent l'un derrière l'autre.

Où était la Mer de l'Est? Personne n'y avait jamais été. A quelle distance était-elle? Personne ne le savait.

Ah Da monta sur le cheval qu'il avait emprunté et s'en alla vers une grande route. Ah Er, quelques paires de sandales de paille sur le dos, se mit en route en suivant un petit chemin le long de la rivière.

Ils marchaient le jour et se reposaient la nuit, et, au bout de nombreux jours, Ah Da arriva dans un village qui venait de subir une inondation après une pluie de dix jours d'affilée.

Beaucoup de champs et de maisons étaient sous les eaux. Les vieux et les enfants s'étaient enfuis dans la montagne. Les jeunes manoeuvraient des barques pour repêcher des objets dans l'eau.

Trois jours plus tard, les eaux ne s'étaient toujours pas retirées, et les villageois étaient très inquiets en pensant que les céréales seraient perdues et que les maisons s'écrouleraient. Les vieux dirent:
- Dépêchons-nous d'aller emprunter la louche d'or du roi Dragon! On ne saurait écoper toute cette eau qu'avec cette louche d'or.

Mais qui pourrait assumer cette tâche?

PARTIE IV

Ah Da n'avait plus de provisions. Comment Faire?

Ayant entendu ce qu'on avait dit, il cria:
- Je vais justement voir Le Roi Dragon. Si vous me préparez des provisions, j'emprunterai pour vous la louche d'or.

Les villageois en furent contents. Bien que souffrant de la faim, ils offrirent de la nourriture à Ah Da et lui firent traverser la rivière en barque.

Deux jours plus tard, Ah Er arriva dans ce village. Il n'avait plus rien à manger et trompait sa faim avec le produit de sa chasse. A la vue de l'inondation, très inquiet, il suivit les jeunes villageois pour les aider à repêcher les objets dans l'eau.

Au bout d'une journée, il entendit dire qu'il faudrait la louche d'or du roi Dragon pour écoper toute l'eau. Il dit alors aux villageois:
- Je vais justement voir Le Roi Dragon, j'emprunterai pour vous la louche d'or.

Les villageois trouvèrent étrange que deux hommes allasent l'un après l'autre voir Le Roi Dragon. Cependant convaincus de son honnêteté, ils dirent à Ah Er:
- Jeune frère, nous te prions de t'en charger. N'oublie pas!

Faisant oui d'un signe de tête, Ah Er leur serra les mains en disant:
- Mes chers amis, je ne saurai oublier. Si je puis descendre dans la mer, j'emprunterai certainement pour vous la louche d'or.

Les villageois voulurent lui faire traverser la rivière en barque, Ah Er les en remercia, se jeta à l'eau et nagea vers l'autre rive.

PARTIE V

Quand Ah Er arriva au bord de la Mer de l'Est, son frère aîné était déjà là en attente depuis longtemps.

la Mer se montrait en colère et ressemblait à un champ de bataille immense. Le vent sifflait si fort qu'on avait l'impression d'entendre le son aigu d'une corne. Les vagues, telles une troupe de cavaliers, se précipitaient avec violence sur le rivage. Des rochers de plusieurs tonnes étaient emportés dans la mer comme de simples fétus.

Pris de panique, Ah Da n'osait pas y descendre et demanda à Ah Er de marcher en premier.

Sans rien dire, Ah Er, l'épingle à la main, se jeta sur les vagues. Chose curieuse, les eaux s'écartèrent, une grande route se déployait devant eux. Ah Da ferma les yeux et suivit Ah Er jusqu'au fond de la mer.

Arrivés à la porte du Palais royal, ils exprimèrent leur intention au gardien, qui les laissa entrer.

Le Roi Dragon fut heureux de les recevoir et les accompagna à la salle du trésor. Il dit:
- Eh bien, prenez ce que vous voulez. Mais le seul règlement chez nous est que chacun ne peut prendre qu'un seul objet.

Puis, il fit un signe de la main, et la porte s'ouvrit. La salle était ruisselante de couleurs multiples. C'était splendide! Toutes sortes de trésors se trouvaient sur les murs et les tables.

Ne pensant qu'à épouser la jeune fille, Ah Da choisit la plus grosse perle. Elle brillait tellement qu'elle éclairait toute la salle. Il la prit, la mit dans son sac à dos. Insatisfait, Ah Da voulut prendre tout ce qu'il voyait lingots d'or, talismans de jade... Il finit par être expulsé de la salle par le gardien du trésor.

Ah Er entra dans la salle, vit l'escarboucle sur un étagère, mais ne la prit pas, pensant qu'il avait promis aux villageois d'emprunter la louche d'or, puis il sortit de la salle.

Le Roi Dragon invita les deux frères à rester quelques jours, mais ils refusèrent. Le Roi Dragon les accompagna alors jusqu'à la sortie de la mer.

PARTIE VI

Arrivés à la côte, Ah Da monta sur son cheval, le fouetta et le fit galoper droit en avant. Ah Er se mit en marche. Il était très loin derrière son frère.

Quand Ah Da passa par le village inondé, l'eau ne s'était toujours pas retirée, beaucoup de céréales étaient perdues et de nombreuses maisons écroulées. Les villageois attendaient sur la route.

Ils l'entourèrent dès son arrivée et lui demandèrent:
- Où est la louche d'or?

Il dit un mensonge:
- Le Roi Dragon n'a pas voulu me la prêter. Je ne puis rien faire pour vous. Cela dit, il fit galoper son cheval.

Le lendemain, arriva Ah Er. Une fois la rivière traversée, il cria aux villageois sur la montagne:
- Mes chers amis, venez vite, voilà la louche d'or!

Ravis, les villageois se dirigèrent vers lui.

Ah Er et les villageois allèrent écoper l'eau avec la louche d'or. Au premier coup, l'eau se retira des maisons; au deuxième coup, les céréales apparurent; et au troisième coup, l'eau se retira complètement.

Ah! Une grosse huître reposait dans un creux. N'ayant plus d'eau, elle était déjà morte. On l'ouvrit et y découvrit une grosse perle noire.

Les villageois offrirent cette perle à Ah Er, en lui disant:
- A cause de l'inondation, nous n'avons rien de mieux à t'offrir. Garde cette perle en souvenir.

Ah Er les remercia et mit la perle dans son sac à dos. Il serra les mains des villageois et prit congé d'eux.

Bien qu'il n'eût pas pris l'escarboucle, il était satisfait en pensant qu'il avait aidé les villageois.

PARTIE VII

Ah Da rentra à la maison en quelques jours. Il rejoignit la jeune fille au bord de la rivière et lui remit respectueusement la perle brillante en lui demandant sa main tout de suite.

La jeune fille répondit:
- Attendons le soir pour voir si c'est une escarboucle ou pas!

Le soir, Ah Da retourna au bord de la rivière, sortit la perle du sac et constata qu'elle ne brillait pas du tout.

Ah Da sanglotait de désespoir. Fou de colère, il piétina la perle, qui se brisa et répandit un liquide puant.

Un jour après, Ah Er rentra. La tête baissée, il alla voir la jeune fille et lui expliqua:
- Mademoiselle, excusez-moi, je n'ai pas pu obtenir l'escarboucle que vous désiriez.

- Alors, qu'as-tu dans ton sac à dos? demanda la jeune fille.

- Ah! C'est un cadeau offert par d'autres, une perle normale, répondit Ah Er.

Ah Er sortit la perle noire qui n'avait aucun orient.

A côté, Ah Da dit en ricanant:
- Ces galets brillent plus que ta perle.

- Attendons le soir pour voir! intervint la jeune fille.

La nuit tomba. Ah Er ouvrit son sac et en sortit la perle.

Ah! Cette perle était vraiment splendide! Ce n'est pas une simple perle, mais la lune, que l'on croyait voir rouler dans le creux de la main. En fait la lune était terne comparée à cette perle dont la lumière argentée qu'elle irradiait éclairait le bord de la rivière comme s'il faisait jour.

Ayant pris l'escarboucle, la jeune fille la lança vers le ciel et le joyau y brilla d'un éclat éblouissant.

Quand Ah Da rouvrit les yeux, il vit dans la lumière argentée un Palais doré dont le toit pointu était surmonté de l'escarboucle. La jeune fille et Ah Er, vêtus d'habits de cérémonies magnifiques, la main dans la main, épaule contre épaule, entraient pour s'y marier.

Ah Da se précipita vers le Palais, en atteignit la porte , c'est alors qu'un gardien l'empêcha d'entrer
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