Rôles et Légendes
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 Légendes de 1 à 10

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Rhadamante

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MessageSujet: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 08:58

Pangu crée le Monde

PARTIE I

Avant que le Monde soit Monde, l'univers ressemblait à un grand oeuf où se mêlait le Ciel et la Terre, l'Obscurité et le Chaos. Pangu y dormait profondément.

Dix-huit milles ans après notre géant se réveilla. En ouvrant les yeux, il ne rencontra que l'obscurité. La sensation d'étouffement et d'ennui qu'il éprouva le mit dans une colère terrible. Il ouvrit ses énormes mains, souleva ses bras colossaux et, de toutes ses forces, donna un énorme coup sur la paroi. Dans un bruit de tonnerre, l'oeuf se brisa en deux, et tous ses éléments, figés depuis des milliers et des milliers d'années, se répandirent en tous sens.

Dans l'agitation qui suivit, les éléments légers et transparents s'élevèrent doucement et se dispersèrent peu à peu pour former le Ciel, tandis que les éléments lourds et gluants descendirent et se déposèrent pour former la Terre. Debout entre le Ciel et la Terre, Pangu poussa un long soupir de soulagement et se sentit beaucoup plus à l'aise.

Le Ciel et la Terre étaient séparés. Mais, craignant qu'ils se réunissent à nouveau, Pangu leva les bras pour soutenir le Ciel qui lui pesait sur la tête. Le Ciel et la Terre grandirent à raison de trois mètres par jour, au même rythme que Pangu.

Dix-huit milles ans s'écoulèrent encore. Le Ciel était déjà très haut, la Terre très épaisse, et la taille de Pangu atteignait quelque quarante cinq milles kilomètres !
Grâce à la force prodigieuse de Pangu, le Ciel et la Terre avaient été créés, et les efforts qu'il avait consacrés à séparer le Ciel et la Terre éliminaient tout risque de les voir à nouveau se réunir. L'aspect obscur et chaotique de l'univers n'était plus qu'un lointain souvenir. Hélas, épuisé par ses travaux de création, notre géant finit par mourir de fatigue.

PARTIE II

Pangu espérait créer, après la séparation du Ciel et de la Terre, un monde rayonnant et magnifique, éclairé par le Soleil et la Lune, surmonté de montagnes, habité par des hommes et d'autres êtres vivants. Mais il s'éteignit sans pouvoir achever cette oeuvre grandiose.

Or, il advint qu'à la mort du génie créateur, son corps se métamorphosa entièrement :
Son souffle se transforma en brise printanière donnant vie aux êtres vivants, en nuages et en brumes suspendus dans le ciel et sa voix se changea en tonnerre secouant le Ciel et la Terre.
Son oeil gauche devint un Soleil flamboyant, son oeil droit, une Lune claire. Ses cheveux et sa barbe se changèrent en une multitude d'étoiles.
Ses quatre membres et son corps devinrent cinq hautes montagnes s'élevant jusque dans les nuages et s'étendant à l'Est, au Sud, à l'Ouest et au Nord de la Terre.
Son sang se transforma en fleuves et en rivières impétueux, et ses veines en routes courant dans toutes les directions.
Ses muscles devinrent des champs fertiles, ses dents, ses os et sa moelle se cristallisèrent en perles, en jade et en minéraux précieux.
Les poils de sa peau se métamorphosèrent en prairies et en forêts tapissant toute la Terre, et sa sueur tomba en rosée et en pluie arrosant la végétation.
Un monde splendide et merveilleux fut ainsi créé grâce à la force prodigieuse et à l'esprit d'abnégation du géant Pangu.

Quant à l'humanité, on dit qu'elle serait née de l'âme du géant après sa mort. Ainsi pouvons-nous prétendre être chacun les descendants légitimes du géant Pangu, créateur du Ciel et de la Terre.

Il n'est donc pas étonnant que l'espèce humaine se soit rendue maître de tous les autres êtres vivants et qu'elle soit restée aujourd'hui la plus apte dans la transformation de la nature, la plus intelligente, la plus clairvoyante et la plus forte de l'univers.
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 08:58

Nüwa crée l'Humanité

PARTIE I

D'après la légende, la vie commença à prospérer après la création du Ciel et de la Terre par Pangu.

Un jour, la Déesse Nüwa vint se promener sur la Terre. Admirant l'éclat du Soleil, de la Lune et des étoiles, arpentant les majestueuses montagnes et les luxuriantes vallées où poussait une abondante végétation et vivaient toutes sortes d'animaux, Nüwa en fut toute réjouie. Néanmoins, elle sentit qu'il y manquait quelque chose. Il fallait sur la Terre un être vivant intelligent, capable de travailler, de dominer et de présider aux destinées de la nature. Sinon, quelque splendide que se montre la grande nature et quelque nombreux que soient les êtres vivants, la Terre resterait toujours morne et solitaire.

Poussée par son imagination, Nüwa s'accroupit et se mit à pétrir de la glaise et à modeler des figurines sur son propre modèle.

Au bout d'un moment, des petits êtres vifs et intelligents, capables de marcher et de parler, sortirent les uns après les autres de sa main. Fière de sa création, elle rassembla encore plus de boue et continua son jeu. Elle se trouva bientôt entourée d'une foule des deux sexes qui dansait et l'acclamait joyeusement. Elle en éprouva un bonheur immense.

Nüwa donna à ces petits êtres le nom d'homme, ce qui signifie, d'après le pictogramme chinois, "se tenir debout". Pour que les êtres humains puissent occuper toute la Terre, elle travailla sans répit jusqu'à ce qu'elle fût brisée de fatigue. Mais la Terre était immense, et les êtres humains créés par Nüwa, qui ne représentaient qu'un nombre infime, eurent tôt fait de se disperser.

Plus tard, se sentant désœuvrée, elle attacha une pierre au bout d'une liane cueillie au hasard dans la montagne, et s'amusa à faire tournoyer la liane de telle façon que la pierre, en touchant la terre, projetât des parcelles de boue en l'air. Ce qui n'était qu'un jeu se transforma en prodige : Chaque éclaboussure de boue se transforma, en touchant terre, en autant de petites créatures pleines de vitalité. Grâce à cette méthode rapide, des milliers et des milliers d'êtres humains furent essaimés dans tous les coins du monde.

Afin de perpétuer l'humanité, Nüwa apprit aux hommes l'amour et le mariage, et les rendit procréateurs. Aussi Nüwa est-elle considérée depuis l'antiquité comme la "Déesse des entremetteuses".

EPILOGUE

"Le soleil chauffe la Terre, la Lune illumine ses nuits. Naissent alors les autres planètes et toutes les étoiles.

Mais rien d'humain ne peuple la Terre. Les Empereurs du ciel se succèdent et Nüwa vient à régner. C'est un être d'une grande beauté et dont toutes les vertus sont celles d'un sage.

Son corps est de serpent et sa tête a les traits des humains qu'elle veut faire naître sur la Terre.

Ce beau serpent vient ramper sur la Terre. Nüwa respire les émanations du sol et constate qu'elles ont le parfum de la vie.

Sa gueule creuse et amasse un peu de cette terre jaune. Après l'avoir longuement pétrie, elle tire une tige restée dans cette terre. La tige, petit à petit, se libère de la pâte jaune qui s'ouvre. Suivant la tige, un être à tête d'homme et à corps de singe apparaît..."
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 08:59

Nüwa répare le Ciel

PARTIE I

De nombreuses années s'étaient passées depuis que Nüwa avait créé l'Humanité lorsqu'un grave événement se produisit.

Gonggong, le Dieu des Eaux, et Zhurong, le Dieu du Feu, guerroyèrent entre eux, bouleversant ciel et terre. L'Humanité fut alors menacée d'extermination.

Gonggong, Dieu capricieux et tyrannique, aspirait depuis longtemps à devenir le maître incontesté du monde. Zhurong, Dieu féroce et impitoyable, nourrissait la même ambition.

Gonggong avait sous ses ordres deux comparses, Xiangliu et Fuyou. Le premier, féroce et cupide, n'était pas beau à voir avec ses neuf têtes et son corps de serpent aux écailles vertes. Le deuxième n'était qu'une canaille sans scrupule, pourri par l'oisiveté. Gonggong avait encore un fils, aussi malveillant, ambitieux et malfaisant que son père. Fidèles en toutes occasions à leur maître Gonggong, ces trois chiens rampants se joignirent à lui dans sa lutte contre Zhurong.

C'est ainsi que Gonggong et ses trois compères vinrent un jour sur un grand radeau chercher querelle à Zhurong. Les vassaux fiers et arrogants s'élancèrent les premiers à l'attaque en soulevant raz-de- marée et ouragan contre Zhurong qui les attendait sur la rive.

Constatant que ses ennemis étaient plus nombreux que lui, Zhurong fit mine de ne pas pouvoir supporter l'assaut et de s'enfuir. Trompés par cette ruse, ses adversaires le poursuivirent jusque sur la rive. Zhurong fit alors volte-face et cracha force flammes et fumées sur ses ennemis qui se retrouvèrent cernés de tous côtés.

Xiangliu fut tué sur-le-champ. Fuyou, grièvement brûlé, brisa le cercle de feu et plongea dans le fleuve Huai, mais succomba finalement à ses blessures. Le fils de Gonggong, le moins compétent de la bande, paralysé de peur devant ce retournement de situation, fut coupé en deux par Zhurong. Quant à Gonggong, réalisant qu'il lui était impossible de résister plus longtemps après la perte de ses alliés, il fut contraint de prendre la fuite.

Humilié par cette défaite écrasante, l'orgueilleux et arrogant Gonggong devint fou de rage. Dans sa fureur, il donna de la tête contre le mont Buzhou qui se brisa sous la violence du choc. Or, le mont Buzhou n'était autre qu'une des quatre colonnes qui supportaient le ciel.

La colonne brisée, un pan de ciel s'effondra vers le nord-ouest et laissa un grand vide. la terre se fissura, les eaux jaillirent des profondeurs du sol; fleuves, rivières, lacs et océans submergèrent le rivage et causèrent de graves inondations.

les forêts prirent feu et les bêtes féroces sortirent de leur repaire pour s'attaquer aux hommes. Le monde était revenu au chaos originel décrit par les légendes...

PARTIE II

Témoin du bouleversement créé par la colère de Gonggong, et faisant siennes les souffrances des êtres de sa création, Nüwa décida de réparer la voûte céleste endommagée afin de mettre fin aux calamités et sauver l'Humanité menacée d'extinction.

Nüwa réfléchit un instant, puis s'en alla ramasser dans les montagnes des pierres de cinq couleurs, les fit fondre au feu et en prépara un mortier pour boucher le grand trou céleste. Elle brûla ensuite des champs entiers de roseaux et, avec les cendres, endigua les eaux des crues qui déferlaient. Enfin, elle s'attaqua aux fauves et aux rapaces échappés des forêts qui nuisaient partout aux êtres humains. Dans la plaine de Jizhou, Nüwa captura et mit à mort le Dragon noir, dévoreur d'hommes. Terrorisés par ce châtiment, les fauves s'enfuirent dans les montagnes et n'osèrent plus s'attaquer à l'homme.

Bien que réparés, le ciel et la terre gardèrent néanmoins quelques traces de l'incident. Depuis cette époque, le ciel reste légèrement incliné vers le nord-ouest, et fait glisser vers l'occident le Soleil, la Lune et le étoiles, tandis que la terre, descendant en pente douce vers le sud-est, fait couler fleuves et rivières dans cette direction.

Heureusement, ce changement ne porta pas un coup fatal à l'Humanité. Il entraîna au contraire, grâce au cycle du Soleil, de la Lune et des étoiles, les quatre saisons de l'année ainsi que le jour et la nuit. Désormais, la terre entière fut irriguée, la végétation florissante, et les céréales poussèrent en abondance.

Ainsi, non seulement l'Humanité avait été sauvée, mais elle était devenue encore plus belle et plus prospère.

EPILOGUE

Ses exploits accomplis, Nüwa quitta les humains. Sur son char de foudre emporté par un Dragon, elle s'envola vers le neuvième ciel rendre compte de sa mission à l'Empereur Céleste.

Mais, contre toute attente, l'Empereur fut contrarié par son rapport. Maître de tout être vivant, l'homme ne manquerait pas, grâce à son intelligence, son habileté et son labeur, de transformer le ciel et la terre, de créer d'immenses richesses et de devenir finalement le maître incontesté de l'univers. Ma puissance divine ne sera-t-elle pas alors remise en question ? pensait l'Empereur.

Ne voulant pas exprimer ouvertement ses inquiétudes devant Nüwa, il se contenta de hocher froidement la tête.
- Ce qui est fait est fait ! lâcha-t-il; et il s'enferma dans le silence.

Nüwa ne voulait ni se glorifier de ses mérites, ni reconnaître qu'elle avait eu tort d'agir ainsi. Eprouvant une grande affection pour les êtres de sa création et ne songeant qu'à leur bonheur, elle se retira tranquillement pour mener une vie d'ermite.
Dans la mémoire des générations ultérieures, elle resta le symbole de la tendresse maternelle.
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:00

Le Bouvier et la Tisserande

PARTIE I

L'Empereur Céleste avait sept filles intelligentes et habiles. La plus jeune était la plus gentille et la plus travailleuse. Experte en tissage, on l'appelait la Tisserande.

Assise chaque jour devant son métier, la Tisserande lançait sans cesse sa navette, travaillant d'arrache-pied. Elle ne tissait pas des tissus ordinaires mais uniquements des brocarts célestes.

Chaque matin à l'aube, le spectacle du ciel strié des rayons brillants et multicolores du Soleil n'est autre qu'un nouveau chef-d'oeuvre de la Tisserande. En été ou en automne, lorsque le ciel bleu, sillonné de nuages de toutes formes, ressemble à un tableau vivant, c'est aussi une oeuvre tissée de ses mains habiles.

Aucun tisseur ne pouvait rivaliser avec elle. Devant son métier, elle travaillait sans cesse, tissant des parures célestes de toutes les couleurs pour chaque changement de saisons. Sans elle, le ciel aurait été d'une ennuyeuse monotonie.

A vivre toujours dans le ciel, la Tisserande se sentait parfois solitaire. Lorsqu'elle voyait le monde, couvert de montagnes verdoyantes et de lacs bleus, où les hommes labouraient et les femmes tissaient, elle éprouvait souvent un sentiment de frustration et d'envie.

Un jour, pour se reposer de leur travail, elle et ses soeurs descendirent sur terre pour se baigner dans une rivière limpide. Près de la rivière vivait un jeune orphelin qui faisait paître les boeufs dans la vallée et vivait avec son frêre aîné et sa belle soeur. Tout le monde l'appelait le bouvier. Il avait alors plus de 20 ans, n'avait pas encore pris femme et travaillait tous les jours du matin au soir.

Sa solitude et sa peine lui avait attiré la sympathie d'un vieux buffle qui vivait jour et nuit avec lui. Ce vieux buffle pouvait comprendre ses paroles et le bouvier les siennes. Au cours des ans, ils étaient devenus de fidèles compagnons partageant ensemble joies et peines.

PARTIE II

Ce jour-là, après avoir labouré un lopin de terre, le bouvier mena le buffle au bord de la rivière pour l'abreuver. C'est alors qu'il vit les sept soeurs se baigner dans la rivière et s'ébattre joyeusement dans l'eau. Toutes étaient très belles, surtout la plus jeune.

Les cheveux relevés en chignon, les joues tendres et cramoisies, le sourire rayonnant, elle était gracieuse et charmante comme une fleur de lotus sortant de l'eau. En extase devant le magnifique spectacle, le bouvier ne bougeait pas et rêvait. Comprenant l'émoi du jeune homme, le Buffle lui dit à l'oreille:
- Va prendre les habits qui se trouvent près du saule, et celle que tu aimes deviendra ta femme.

Le bouvier fit deux pas en avant, puis hésita, intimidé.
- Dépêche-toi! Vous ferez un très beau couple!

Le bouvier s'élança finalement, prit les vêtements de la jeune fille près du saule et fit demi-tour. Surprises par l'apparition de cet inconnu, les jeunes filles se rhabillèrent en hâte et s'envolèrent dans le ciel. Seule resta dans l'eau la jeune Tisserande. Le bouvier lui ayant pris ses habits, elle ne pouvait pas sortir et attendait avec impatience, les joues écarlates.
- Bouvier, rends-moi mes habits! Supplia la Tisserande.
- D'accord, si tu acceptes de devenir ma femme! Répondit le jeune homme en la regardant amoureusement.

Malgré l'agacement qu'elle éprouvait face à ce jeune homme insolent, l'air sincère et honnête et le regard sentimental du bouvier lui allèrent droit au coeur. Insatisfaite de sa vie solitaire au Ciel et de la surveillance sévère de l'Empereur Céleste, elle rêvait comme toutes les jeunes filles d'un amour ardent et passionné, d'un avenir heureux et d'un vie paisible. Elle satisfit à la demande du bouvier, et hôcha la tête sans mot dire.

PARTIE III

Dès lors, le bouvier et la Tisserande devinrent un couple inséparable. L'homme labourait et la femme tissait. Elle apprit à nombre de jeunes filles sa technique et celles-ci surent bientôt tisser de magnifiques brocarts multicolores. De bouche à oreille, la technique du tissage parcourut le monde.

Le temps passa. Quelques années après, le bouvier et la Tisserande avaient un garçon et une fille. Mais la nouvelle de la vie terrestre de sa fille parvint aux oreilles de l'Empereur Céleste. Furieux qu'on eût ainsi violé la loi céleste, il envoya aussitôt un génie chercher la Tisserande pour la ramener au Ciel. Contrainte de se séparer de son mari et de ses enfants, la Tisserande pleura de douleur.

Tandis que la Tisserande était escortées jusqu'au Palais céleste, le bouvier ne se consolait pas de la perte de sa femme aimée et les enfants pleuraient après leur mère. Portant ses enfants dans deux paniers au bout d'une palanche, il partit à sa recherche. Il allait la rejoindre quand la femme de l'Empereur Céleste apparut et s'ingéra dans l'affaire. Elle agita la main, et une rivière large et profonde aux eaux tumultueuses brisa l'avance du bouvier.

Ainsi, des deux côtés de la Voie Lactée, le bouvier et la Tisserande se regardèrent de loin, sans pouvoir se réunir. Très affligé, le bouvier ne voulut pas quitter le bord de la rivière. De l'autre côté, la Tisserande regardait les vagues impétueuses les larmes aux yeux, refusant de tisser les brocarts célestes malgré les injonctions répétées de son père.

Devant leur résistance, l'Empereur Céleste dut faire des concessions et leur permit de se retrouver une fois par an. Depuis, chaque année, le septième jour du septième mois du calendrier lunaire, les pies célestes forment une passerelle provisoire sur laquelle le bouvier et ses enfants rencontrent la Tisserande.

Quelle joie mêlée de tristesse éprouvent-ils pour cette unique rencontre de l'année. On dit qu'à l'aube de ce jour, il bruine souvent; ce sont les larmes de la Tisserande qui, serrant ses enfants contre elle et tenant tendrement la main de son mari, pleure tristement.

EPILOGUE

La tristesse de leur séparation émut tout le monde et attira la sympathie de chacun. Dans l'Antiquité, chaque année, le soir du septième jour du septième mois du calendrier lunaire, beaucoup de gens restaient à veiller dehors, contemplant longuement le ciel et les deux constellations de chaque côté de la Voie Lactée, le Bouvier et la Tisserande. Saisis de pitié, ils attendaient leur rencontre. A côté du bouvier scintillent deux petites étoiles; on dit que ce sont ses enfants qui viennent voir leur mère.

Ce jour-là, dans certaines régions, les habitants offrent des fleurs et des fruits pour la Tisserande. Ils commémorent par là le souvenir de la Tisserande qui enseigna aux humains l'art du tissage; ils lui enjoignent de ne pas oublier la terre après son retour au ciel et de continuer à former des mains habiles pour le tissage de brocarts de bonne qualité. On appelle cela "demander au ciel l'habileté".

Ce jour-là aussi, des gamines espiègles se cachent dans les vignes, écarquillant les yeux dans la nuit noire. On dit que lorsque tout est silencieux alentours, on peut entendre le Bouvier et la Tisserande se murmurer des mots d'amour.

Depuis longtemps, le monde éprouve une grande sympathie pour la tragique histoire d'amour des deux jeunes gens et nourrissent une profonde rancune envers le cruel Empereur Céleste.
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:00

Chang E s'envole vers la Lune

PROLOGUE

Le quinze de chaque mois du calendrier lunaire, lorsque la nuit est belle, le disque de la Lune suspendu au milieu du ciel, est plus rond et plus blanc que jamais. Il enveloppe la Terre d'une douce clarté. On dit que dans la Lune habite la Déesse Chang E, l'épouse de l'Archer Céleste Yi. Pourquoi Chang E habite-t-elle solitaire dans la Lune?
Voici son histoire:

PARTIE I

Sur la demande de l'Empereur Céleste, Yi abattit les neuf soleils, châtia le démon des eaux Hebo et tua nombre de monstres et d'animaux féroces. Le peuple l'aimait et le vénérait. Yi voyageait beaucoup, se liait d'amitié avec la population et menait une vie paisible.

Un jour, alors qu'il chassait dans les bois, Yi traversa un ruisseau et aperçut sur l'autre rive une jeune fille puiser de l'eau avec un tube de bambou. Sa longue course l'avait assoiffé. Il s'approcha de la jeune fille et lui demanda à boire. En voyant cet homme au visage plein de bonté, un arc rouge et un carquois de flèches blanches au dos, la jeune fille devina qu'il était le héros Yi. Elle l'accueillit aimablement, lui offrit à boire et lui cueillit une belle fleur en témoignage de son respect. Yi choisit alors dans ses trophées une magnifique peau de renard et lui en fit cadeau.

En bavardant avec elle, il apprit qu'elle s'appelait Chang E. Ses parents avaient été tués par des animaux sauvages. Depuis, elle vivait seule et, toute l'année en signe de deuil, portait une robe blanche à la mémoire de ses parents.

Yi se prit de pitié pour elle et Chang E le respectait beaucoup. les deux jeunes gens tombèrent amoureux l'un de l'autre. Peu de temps après, Yi et Chang E se marièrent et devinrent inséparables.

Yi et Chang E étaient très attachés l'un à l'autre. Ils ne se quittaient jamais, voyageant et chassant ensemble. Ils menaient une vie heureuse, et Yi oublia complètement de retourner au ciel.

PARTIE II

Le temps passa très vite. Trois années plus tard, l'Empereur Céleste ordonna à Yi de retourner au ciel. En apprenant cette nouvelle, Chang E pleura de douleur et Yi ne put retenir ses larmes lui aussi.

Lorsque l'Empereur Céleste apprit que Yi s'était marié sur Terre et ne voulait pas revenir au ciel, il se mit dans une grande colère. Dès lors, il fut interdit à Yi de remonter au ciel, mais il se consola en trouvant qu'il était plus heureux sur terre. Il aimait les montagnes, les forêts, le peuple et sa jolie femme...
Ainsi continua-t-il à vivre sur la Terre.

Mais Yi savait que la vie des êtres humains a ses limites. Un jour, il dit à sa femme:
- Quand j'étais au ciel, j'ai entendu dire que dans les monts Kunlun, à l'Ouest, habite la Reine-mère d'Occident. Elle possède une pilule d'immortalité. Je vais aller la chercher.

Ravie de cette initiative, Chang E prépara rapidement des provisions de route pour son mari, lui prodigua maints conseils de prudence et lui demanda de revenir au plus vite. Ils étaient très tristes de cette première séparation mais, pour vivre éternellement tous les deux, ils étaient prêts à affronter le danger et la mort. Yi prit son arc et ses flèches, enfourcha un bon cheval et se dirigea vers l'Ouest.

PARTIE III

La demeure de la Reine-mère d'Occident se trouvait loin, très loin de là. Il fallait traverser un grand nombre de montagnes escarpées, de forêts profondes s'étendant à perte de vue et de déserts sauvages. Non loin des monts Kunlun, il fallait traverser deux grands obstacles: le Fleuve aux eaux limpides et la Montagne de Feu. L'eau de ce fleuve était si légère que même une plume d'oie était tout de suite immergée. Quant à la Montagne de Feu, elle était inapprochable. Ses flammes d'une dizaine de mètres de haut, ses tourbillons de fumée rendaient impossible sa traversée.

Après avoir franchi de nombreux cols et chevauché longtemps, Yi arriva enfin au bord du Fleuve aux Eaux limpides. Comment faire? Yi se rappela qu'un jour, en chassant dans le Sud, il avait vu un bois insubmersible qui provenait d'un grand arbre croissant dans de hautes montagnes. C'était un bois à la fois très dur et très léger. Avec ce bois, Yi pourrait certainement traverser le fleuve.

Il remonta sur son cheval, se dirigea vers le Sud et trouva enfin l'arbre qu'il cherchait. En évidant le tronc, il fit une embarcation qu'il ramena au fleuve. Il la mit à l'eau et après s'être assuré qu'elle flottait, monta avec son cheval et se dirigea à la rame vers la rive opposée. Le fleuve était très large, mais l'embarcation arriva en moins de temps qu'il n'en faut pour avaler un repas.

Après avoir traversé le fleuve, Yi arriva au pied de la Montagne de Feu. Mais notre héros était sûr de lui. Jadis, quand il avait tué le monstre Jiuying sur les rives du fleuve Xiongshui, il avait gardé sa peau très dure et la portait parfois pour se défendre. Avec la peau, il se fit une armure pour lui-même et pour son cheval.

Une fois prêt, il sauta sur son cheval et, d'un coup de cravache, lança sa monture au grand galop. Les flammes et la fumée l'étouffèrent bientôt. Heureusement, son cheval était un coursier rapide qui pouvait couvrir mille li en une seule journée et il traversa la Montagne de Feu d'une seule traite. Hors de portée des flammes, il descendit de son cheval et en l'examinant constata que seuls les crins de sa queue avaient été roussis par le feu.

PARTIE IV

Après avoir surmonté d'innombrables difficultés, Yi arriva enfin au pied des monts Kunlun.

La Reine-mère d'Occident habitait la Montagne de Jade située au centre des monts Kunlun. Lorsque Yi arriva au pied de la montagne l'Oiseau vert, le messager de la Reine, avait déjà informé celle-ci de l'arrivée de l'archer céleste. La Reine savait que Yi était un héros céleste qui avait délivré le peuple de nombreux fléaux. Aussi l'accueillit-elle avec beaucoup de respect.

Ayant appris le but de sa visite, la Reine ordonna à l'Oiseau à trois pattes, gardien des pêches d'immortalité, d'apporter une calebasse contenant une pilule d'immortalité fabriquée à partir d'un des fruits de l'arbre d'immortalité. Cet arbre ne donnait des fruits qu'une fois tous les trois mille ans; c'est pourquoi ces pilules étaient très rares et extrêmement précieuses.

- Emporte cette pilule, dit la Reine, c'est la seule qui me reste. Néanmoins, c'est largement suffisant pour ton épouse et toi : Prenez-en chacun la moitié, et vous deviendrez immortels. Mais attention, si l'un de vous deux l'avale entière, il s'envolera au ciel et ne pourra jamais plus redescendre sur Terre.

Je ne suis venu chercher la pilule d'immortalité que pour vivre éternellement avec Chang E, répondit l'Archer céleste. Puis il prit la calebasse, remercia la Reine et s'apprêta à partir...

PARTIE V

Au moment où Yi allait monter sur son cheval pour repartir, la Reine ordonna à l'Oiseau à trois pattes d'aller cueillir de l'herbe Yao près de l'Etang de jade et la confia à Yi pour l'offrir à Chang E. C'était une plante très rare, issue d'une métamorphose de Yao Ji, fille aînée de Yandi, dieu du Soleil.

Yao Ji était une jolie et charmante jeune fille. A dix sept ans, elle s'éprit de Chi Songzi, le maître de la pluie de Shen Nong. Au début, ils s'aimèrent passionnément. Néanmoins, Chi Songzi n'était pas fidèle à Yao Ji. Quelques temps après, il l'abandonna et partit.

Espérant jour et nuit le revoir, Yao Ji le chercha partout. C'est en arrivant au centre des monts Kunlun qu'elle apprit que Chi Songzi était tombé amoureux d'une autre fée. Elle mourut alors de chagrin et de regret.

A sa mort, Yao Ji se métamorphosa en herbette qui prit racine au bord de l'Etang de Jade. Quelques temps après, les alentours de l'étang furent recouverts de cette herbe. On l'appela l'herbe Yao. On raconte que les gouttes de rosée qui, en toutes saisons, perlaient sur les feuilles de cette herbe étaient les larmes intarissables de la jeune fille.

L'herbe Yao avait une particularité. Si une jeune fille humait son parfum, elle devenait belle et douce. C'est pourquoi on l'appelait aussi l'herbe charmeuse. Après avoir pris la pilule d'immortalité et l'herbe Yao, Yi s'en retourna en hâte. Cela faisait six mois déjà qu'il avait quitté sa femme.

PARTIE VI

Lorsque Yi retrouva Chang E, il lui raconta tout ce qui s'était passé et lui confia la pilule d'immortalité.
- Je suis passé par mille épreuves pour aller la chercher. Si nous la partageons, nous deviendrons immortels tous les deux. Mais si l'un de nous l'avale entière, il ira au ciel sans espoir de retour. Garde-la précieusement, nous la partagerons un jour faste prochain et nous vivrons ensemble éternellement heureux.

Chang E mit la calebasse dans sa poche avec précaution. Puis, Yi lui donna l'herbe Yao et dit :
- Regarde, c'est la Reine Mère d'Occident qui te l'offre.

Chang E, très touchée, admira l'herbe Yao un long moment.
- Comme elle est belle! Je n'en ai jamais vu de semblable.

Et lorsque Chang E huma le parfum de l'herbe Yao, elle devint encore plus belle et plus douce qu'auparavant.

Yi habitait sur la Terre depuis longtemps déjà et un grand nombre de jeunes gens venaient le voir pour apprendre le tir à l'arc. Yi leur enseignait consciencieusement son art. Lorsque le maître est compétent, ses disciples sont brillants, dit le proverbe. De fait, la plupart de ses élèves devinrent de célèbres archers.

L'un d'entre eux s'appelait Feng Meng. C'était un bon archer, mais un homme ambitieux et jaloux. Il caressait l'espoir que son maître mourût avant lui, afin de devenir le meilleur archer du monde.

PARTIE VII

Quand il apprit que Yi avait obtenu une pilule d'immortalité de la Reine Mère d'occident, Feng Meng en fut très contrarié. Il conçut alors un plan perfide.

Un jour que Yi était allé chasser, Feng Meng en profita pour pénétrer chez lui et menaça Chang E de son arc.
- Donne-moi vite la pilule d'immortalité, lui ordonna-t-il, sinon je te tuerai.

Surprise, Chang E lui demanda :
- Feng Meng, tu es le disciple de Yi; pourquoi...?

- Je ne considère plus Yi comme mon maître. Devrais-je toujours rester un archer de second ordre toute ma vie? Non, car il mourra avant moi! rétorqua Feng Meng en riant sarcastiquement.

Chang E était rouge d'émotion et de colère.
- Allons, dépêche-toi de me donner cette pilule! Cria Feng Meng en brandissant son arc d'un air menaçant.

Chang E pensa à toutes les épreuves que son mari avait dû traverser pour aller chercher la pilule d'immortalité. Elle ne devait pas laisser Feng Meng s'en emparer. Alors Chang E sortit de sa poche la pilule et, au moment où Feng Meng tendait la main, la porta rapidement à la bouche. Elle l'avala et s'élança vers la porte.

Chang E avait déjà franchi le seuil lorsqu'elle se sentit toute légère et s'envola vers le ciel. En pensant à son mari resté sur terre, elle décida de se réfugier sur l'astre le plus proche, la Lune. Dès lors, le Palais lunaire, dans lequel vivait désormais Chang E, brilla d'un éclat nouveau.

PARTIE VIII

Lorsqu'à son retour de la chasse, Yi apprit ce qui s'était passé, une immense tristesse l'envahit. Il regarda la Lune et pensa à sa femme Chang E; des larmes inondaient ses joues.

Devant l'ingratitude que Feng Meng lui avait témoigné, Yi fut rempli de colère. Il prit son arc et ses flèches et sortit à la recherche de son disciple.

Feng Meng s'était caché dans un bois derrière la maison de Yi. Lorsque celui-ci passa à la hâte devant lui sans le voir, il lui assena un violent coup de bâton sur la tête. Yi s'affaissa, mortellement blessé.

Lorsque les disciples de Yi découvrirent le crime de Feng Meng, ils arrêtèrent ce dernier immédiatement, l'attachèrent à un grand arbre et le transpercèrent chacun d'une flèche. Son ambition démesurée l'avait mené à sa perte.

EPILOGUE

En souvenir de Yi, chaque famille accrocha son portrait dans la maison, éleva l'archer divin au rang de dieu tutélaire et le prit pour modèle dans la conduite du monde et la vertu. Après sa mort, le peuple continua à lui témoigner une grande vénération et à l'invoquer lors de calamités naturelles comme les sécheresses ou les inondations.

Quant à Chang E, elle vivait dans le Palais lunaire. Cependant, malgré le luxe du Palais et la vie immortelle à laquelle elle avait droit, Chang E menait une vie solitaire et triste depuis qu'elle avait perdu son mari.

Dans le Palais lunaire vivait aussi un lièvre condamné à broyer des plantes médicinales toute l'année. Il avait ainsi été châtié par l'Empereur Céleste pour avoir volé l'herbe des immortels.

Un autre condamné à perpétuité, Wu Gang, habitait le Palais. L'Empereur Céleste l'avait envoyé couper le laurier lunaire pour avoir fait des erreurs dans l'apprentissage de l'immortalité. Son travail achevé, il pourrait revenir sur Terre. Mais dès que Wu Gang faisait une entaile dans l'arbre, celle-ci se refermait au moment où il levait sa hache pour frapper à nouveau. Aussi Wu Gang, voulant expier sa faute, taillait le laurier lunaire d'un bout de l'année à l'autre, espérant toujours achever son travail et quitter la Lune.

Parceque le lièvre et Wu Gang menaient une vie expiatoire sur la Lune, on crut logtemps que Chang E avait volé la pilule d'immortalité et s'était réfugiée dans la Lune après son forfait. Li Shangyin, célèbre poète de la dynastie des Tang, a même écrit:

Se repentant d'avoir volé la pilule d'immortalité
Chang E rêve chaque nuit à la mer émeraude
Sous un ciel bleu

Quelle qu'en soit la version, les amours contrariés de l'archer céleste Yi et de la belle Chang E font encore de nos jours pleurer bien des coeurs.
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:01

La Découverte du Feu

PARTIE I

Autrefois, les hommes vivaient sans Feu. Le Feu était contrôlé par le Dieu de la Foudre, génie à tête humaine et au corps de Dragon. Ce Dieu aimait voyager de par le monde au printemps et en été. Lorsque sa queue heurtait quelque bois sec, il en sortait des étincelles et cela allumait de grands incendies qui éclairaient le ciel. Le Feu dévorait les forêts et brûlait les animaux sauvages qui n'avaient pas eu le temps de fuir.

Ce Feu était très utile. On pouvait s'en servir pour griller la viande crue, s'éclairer la nuit, se réchauffer les jours de froid. Mais, lorsqu'il n'était pas envoyé par le Dieu de la Foudre, où pouvait-on le trouver?

Le Feu existait, il se trouvait dans les lointaines contrées désertiques de l'ouest, là où les rayons du Soleil et de la Lune n'arrivaient même pas, là où il n'y avait pas d'hiver mais un éternel printemps sans nuit et avec une constante lumière. En effet, à cet endroit se trouvait là un grand arbre, si grand que cent personnes se tenant par la main ne seraient pas arrivées à en faire le tour. Son feuillage touffu couvrait des milliers et des milliers de kilomètres. Son tronc et ses branches donnaient la lumière et répandaient la chaleur : On l'appelait l'"Arbre de Feu".

Personne ne l'avait jamais vu, car il se trouvait à mille lieues de toute habitation. Il fallait pour s'y rendre escalader mille montagnes, traverser mille rivières, marcher des jours et des jours et surmonter en route toutes sortes de difficultés et de dangers inattendus.

Plusieurs personnes déjà étaient parties à sa recherche, mais aucune n'avait réussi. Les uns s'étaient tués dans l'ascension des montagnes, les autres s'étaient noyés dans la traversée des rivières; certains avaient été dévorés par des animaux sauvages, d'autres étaient morts de chaleur ou de froid, d'autres encore avaient reculé devant les dangers et les difficultés et avaient rebroussé chemin. Bref, si tout le monde désirait la lumière et la chaleur, personne jusque là n'avait été capable d'en découvrir le secret.

PARTIE II

A cette époque vivait dans une tribu un jeune homme intelligent, courageux et fort. Il avait l'esprit vif et était adroit de ses mains. C'était un excellent tireur à l'arc, un bon grimpeur et un nageur hors pair. Ayant entendu parler lui aussi de l'"Arbre de Feu", et désirant apporter lumière et chaleur à son peuple, il projeta de se rendre dans les contrées occidentales. L'échec de ses prédécesseurs ne le découragea pas.

Un jour, il dit adieu à son village et partit vers l'ouest armé de son arc et de ses flèches.Il subit en route toutes sortes de souffrances, de privations et il risqua maintes fois sa vie. De hautes montagnes et de larges fleuves lui barraient la route, mais il s'aida de lianes pour escalader les sommets les plus élevés et construisit des radeaux pour traverser les rivières les plus profondes. Des tigres féroces et des serpents venimeux sortirent parfois de leur repaire pour se jeter sur lui, mais il les terrassa à chaque fois. Le Soleil lui brûlait la peau, le froid lui gelait les mains et les pieds, mais il n'en continua pas moins à marcher des jours et des jours durant. Malgré la fatigue, il ne perdit jamais courage. Rien ne semblait pouvoir l'empêcher d'avancer.

Il marcha ainsi jour et nuit pendant des années parcourant on ne sait combien de milliers de kilomètres. Il ne se souvenait plus depuis combien de lunes il était parti. Devant lui, tout n'était qu'obscurité. Mais résolu à découvrir le secret du Feu et d'en faire don à l'Humanité, il continuait à avancer courageusement.

PARTIE III

Un jour, alors qu'il avait avancé toute la journée et que maintenant il marchait péniblement dans la nuit, il aperçut soudain un rai de lumière dans le lointain. Plus il avançait, plus la lumière grandissait. Il comprit alors qu'il était arrivé au pays de l'Arbre de Feu et courut joyeusement vers la lumière.

L'Arbre de Feu occupait à lui seul une superficie de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Ses feuilles brillaient comme perles et pierres précieuses éclairant les quatre coins de l'horizon.

L'homme avait enfin atteint l'Arbre de Feu!

En s'approchant de l'Arbre, il vit une nuée d'oiseaux becqueter le tronc et les branches sans arrêt. Chaque coup de bec produisait une étincelle. Le jeune homme comprit alors immédiatement le procédé de fabrication du feu. Il grimpa sur l'arbre, coupa des branches et les frotta l'une contre l'autre. Des étincelles jaillirent. Puis il tenta l'expérience avec d'autres arbres et, après de longs efforts, obtint le même résultat.

Tout heureux, il rejoignit sans tarder son pays natal. Là, il apprit aux hommes le secret du feu. Quelques temps après, chacun avait bien assimilé la méthode de fabrication du feu. Depuis lors, quand on a besoin de feu, il suffit de l'allumer soi-même, sans attendre les caprices du Dieu de la Foudre.

EPILOGUE

Grâce au Feu, on put désormais cuire les aliments, se réchauffer les jours de grand froid, s'éclairer la nuit, se protéger des bêtes sauvages et fondre des armes et des outils.

La fabrication du Feu par frottement est certes une méthode très primitive. mais l'homme ne la trouva qu'après bien des difficultés et elle eut une influence décisive sur son évolution.

L'histoire a retenu l'inventeur du Feu sous le nom de Suiren Shi:
Le "Génie qui découvrit le Feu".
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:01

La Légende du Gouffre du Dragon Noir

PARTIE I

Le plus grand parc de la ville de Tianjin, le Parc sur l'eau, avait pour ancien nom "Gouffre du Dragon Noir". Pourquoi l'appelait-on ainsi? Je vais vous l'expliquer en détail.

On dit que Tianjin se trouve au bout des neuf rivières où habitent neuf Dragons. Le Roi Dragon de la mer a marié ses neuf filles à ces Dragons, afin que ses gendres agissent toujours exactement comme lui.

Un jour, pour l'anniversaire du Roi Dragon, ses filles et ses gendres devaient tous venir le fêter avec lui. Mais vers midi, la Princesse aux Cent Fleurs, la benjamine la plus chérie du Roi et son gendre le Dragon Noir n'étaient toujours pas arrivés. Impatient, le Roi Dragon ordonna à son premier Ministre, une tortue, et à ses gardes d'aller à leur rencontre.

En fait, la Princesse aux Cent Fleurs et son mari avaient quitté de bonne heure leur rivière Noire, et s'étaient dirigés sur un nuage tout droit vers la mer. Mais en passant par le village de Liqi, près de la Porte sud de Tianjin, un spectacle de sécheresse s'était imposé à leurs yeux: les feuilles des plantes avaient jauni, les champs étaient désséchés, les fleurs fanées et les paysans n'avaient rien à boire.

Le Dragon Noir, d'un caractère impétueux, leva immédiatement la tête et proféra des incantations pour qu'il pleuve à torrents. Sa femme l'arrêta:
- Mon chéri, dit-elle, il ne faut pas agir à la légère. Si l'on fait tomber une pluie d'orage maintenant, ni les êtres humains, ni les plantes, ni les bêtes ne pourront le supporter. Il vaut mieux que nous accumulions doucement des nuages et que nous fassions tomber une pluie fine.

- Tu as raison, lui répondit le Dragon Noir.

PARTIE II

Ce disant, le jeune couple, l'un commandant les nuages, l'autre déchaînant la pluie, arrosèrent la terre sèche en riant et en s'amusant. Sous leurs mains magiques, les plantes reverdirent et les fleurs s'épanouirent.

Les adultes et les enfants du village puisèrent avec des seaux et des pots de cette eau pareille à un élexir, dans les rivières pour l'apporter chez eux.

A ce moment là, le Ministre-Tortue et ses gardes arrivèrent. Après avoir salué la Princesse et le Dragon Noir, il s'empressa de dire:
- Vos excellences, vous allez provoquer de grands malheurs.

- Mais comment? demandèrent-ils d'une seule voix.

- Ah, vous ne savez pas, dit le Ministre-Tortue, les gens d'ici ne sont pas respectueux envers notre Roi Dragon, ils ne pensent jamais à construire un temple, ni à élever une statue d'or à sa Majesté, ni à brûler de l'encens, ni à lui faire des offrandes, et qui pis est, le Roi Dragon a été mal reçu lorsqu'il est passé par ici le printemps dernier. Très indigné, le Roi a décidé de ne plus donner aucune goutte d'eau pendant dix ans, pour les laisser mourir de sécheresse.

Ayant jeté un coup d'oeil sur la Princesse et son mari qui continuaient leur travail, le Ministre continua:
- Cette région n'est pas de votre ressort, à quoi bon vous mêler de cette affaire? Si le Roi se met en colère, attendez-vous à de terribles conséquences.

A ces mots, le Dragon Noir fut agacé:
- Faire tomber la pluie dans le monde est un devoir pour nous, est-il juste de dispenser grâces ou punitions selon les offrandes que l'on nous donne?

A ce moment, la Princesse dit:
- Si le Roi demande qui est responsable, mon mari et moi reconnaîtrons que nous le sommes.

- Bon, d'accord. Mais n'oubliez pas que le Roi attend toujours dans son Palais votre arrivée, il vaut mieux reprendre votre chemin tout de suite, dit le Ministre-Tortue.

- Rentrez le premier, lui ordonna la Princesse aux Cent Fleurs, nous arriverons sitôt que la sécheresse aura pris fin.

PARTIE III

Le Ministre parti, la Princesse et son Mari continuaient leur travail quand ils aperçurent le Roi Dragon tout furieux dans le ciel du nord. Ils se mirent aussitôt à genoux sur des nuages et se prosternèrent devant le Roi.

- Quel audacieux tu es, petit Dragon Noir, cria le Roi, comment as-tu osé désobéir à mon ordre en faisant tomber la pluie ici?

- Je n'ai jamais reçu d'ordre de votre Majesté, répondit le Dragon Noir.

- Ne me réponds pas ainsi! fit le Roi dans un bond furieux. Pourquoi as-tu continué à faire pleuvoir alors que le Ministre t'avait informé de mon ordre?

- Déchaîner les nuages et la pluie est de notre devoir, à nous, les esprits du Ciel, on n'a pas raison de refuser de le faire.

- Chacun a son propre ressort, cria le Roi d'un air menaçant. La région sud de Tianjin est depuis toujours mon domaine, pourquoi te mêles-tu de tout?

Sans se laisser abattre, le Dragon Noir répondit du tac au tac:
- N'est-il pas juste de sauver la vie du monde?

A ces mots, le Roi, de rage sortit son épée et ordonna à ses gardes:
- Attachez-le et coupez-lui la tête.

La Princesse aux Cent Fleurs se précipita vers son père:
- C'est moi qui ai envoyé les nuages et leur ai demandé de faire tomber la pluie. Je suis responsable de tout. Je vous supplie de relâcher mon mari et de me tuer.

Le Roi Dragon repoussa de la main sa fille et hurla en brandissant son épée:
-Emmenez-le au Ciel au-dessus du village de Liqi et coupez-lui la tête. Nous allons voir qui aura encore l'audace de commander la pluie sans mon autorisation!

Quand trois coups de canon eurent retenti, la tête du Dragon Noir tomba par terre. Mais au lieu de sang, il jaillit une fontaine claire qui coula vers le monde, formant peu à peu un grand lac près du village, lac qu'on appela
"Gouffre du Dragon-noir"
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:02

Le Temple de la Mère Dragon

PARTIE I

On raconte qu'un jour l'Empereur Céleste de Jade, las de diriger les affaires d'Etat, se mit à passer son temps à se distraire dans les cours de ses favorites et concubines, causant ainsi au monde beaucoup de misères.

Les digues de la Voie lactée, rompues restaient à l'abandon, pas de pluie au sud du Yangzi, les terres souffraient de la sécheresse, mais aucun esprit du Ciel ne s'occupait de rien.

Les plantes partout étaient fanées, les champs dévastés et l'eau des rivières et des gouffres épuisée, partout on ne voyait que cadavres de gens morts de faim.

Heureusement, un Dragon Noir, plein de sympathie pour les humains, se proposa de restaurer les digues de la Voie lactée durant la journée et déchaîna des pluies bienfaisantes pendant la nuit. Immédiatement, la terre reprit vie, les paysans se remirent à cultiver les champs et dans tout le pays la joie régna.

Mais l'Empereur Céleste de Jade, tyrannique, considéra que le Dragon Noir s'était conduit en "traître" et le fit couper en morceau. Le corps et la têtes sanglants du pauvre Dragon tombèrent sur le sommet du mont Baishui de la chaîne de montagne Kuocang.

Quand ils touchèrent terre, un bruit de tonnerre gronda suivi d'un éclair rouge, et jaillirent de la blessure sanglante du corps du Dragon trois oeufs multicolores, qui roulèrent dans notre monde d'ici-bas. Ils traversèrent des forêts, passèrent des prés, pour finalement arriver devant une perdrix femelle. Ils supplièrent l'oiseau de les couver. Mais ce dernier qui ne voulait même pas couver ses propres oeufs, leur opposa un refus catégorique et s'envola en battant des ailes.

Les oeufs multicolores continèrent leur chemin. On ne sait pas au bout de combien de jours, ni après avoir parcouru combien de chemin, et avoir été combien de fois refusés, ils tombèrent enfin dans un petit ruisseau au pied du mont Baishui. Ce ruisseau clair et limpide se trouvait au fond d'une forêt et d'une vallée profonde.

Emportés par le courant, les trois oeufs de Dragon flottèrent jusqu'à un saule, sous l'ombrage duquel une jeune vache était à se désaltérer. Ravis, les oeufs se pressèrent devant la bouche de l'animal dans l'intention de profiter de son ventre pour se faire couver. Mais la vache but sans jamais desserrer ses mâchoires. Et quand elle eut étanché sa soif, elle s'en alla en agitant la queue.

PARTIE II

Malgré tous ces échecs, les trois oeufs multicolores n'avaient pas perdu espoir, et continuèrent à rouler. Ils flottèrent de l'été à l'automne, de l'hiver au printemps. Un jour, ils furent emportés dans une rivière au bord de laquelle une jeune fille était en train de laver du linge.

Ce fut une joie inattendue pour eux. Ils se mirent à tourner en tous sens devant l'adolescente. Celle-ci qui n'avait jamais vu de si jolis oeufs, les retira de l'eau pour les admirer de plus près. Ce faisant, elle les posa prudemment sur un rocher afin de les emporter plus tard chez elle. Mais chose bizarre, les oeufs ne restèrent pas posés sur le rocher.

Une fois qu'elle les eut déposés sur la pierre, ils se mirent à tourner puis roulèrent de nouveau vers l'eau courante. Elle les mis donc dans un panier de bambou, mais les mailles de celui-ci étaient trop grandes pour retenir ces oeufs tout petits.

Elle les plaça dans sa poche, mais les en retira tout de suite de peur de les casser. En désespoir de cause, elle décida enfin de les placer dans sa bouche; les oeufs roulèrent alors tout droit dans son ventre. Elle sentit tout de suite la tête lui tourner, et une nausée la saisir. En même temps, elle entrevit un Dragon Noir sans tête qui s'avançait vers elle en lui racontant son histoire et la suppliait de couver ses trois fils-Dragons qui seraient capables de mettre fin à la sécheresse du monde et de sauver le peuple de la misère...

Le Dragon disparu, la jeune fille eut l'impression d'avoir vécu un cauchemar. Revenue à elle, elle ne savait plus si elle avait rêvé ou si tout cela était bien arrivé. Quelque chose d'étrange commença à bouger dans son ventre comme un serpent, un feu lui brûla les entrailles.

Ensuite, sa morphologie changea et son ventre se fit de plus en plus gros. Au lieu de manger, elle n'avait envie que de boire de l'eau. Au début, elle n'en but que pots après pots, mais peu à peu elle dut en boire des jarres et des jarres pour étancher sa soif.

Finalement, cela même ne suffisait plus. Quelquefois, ne se tenant plus de soif, elle se rendait au bord du ruisseau durant la nuit et buvait presque la moitié du ruisseau à l'insu des autres.

Le bruit que la jeune fille non mariée était enceinte se répandit très vite dans son village. Le père, incapable de pardonner cela à sa fille, la battit pour la forcer à révéler le nom du coupable de cette affaire; la mère toute honteuse ne faisait que pleurer jour et nuit. La jeune fille eut beau expliquer ce qui s'était passé, personne ne la crut.

PARTIE III

Son ventre se gonflait, et le moment d'accoucher allait, semblait-il, bientôt arriver. Le père enferma sa fille dans un grenier, et attendit l'arrivée du nouveau-né pour le noyer dans l'eau bouillante.

Mais tois ans et demi passèrent et elle n'avait toujours pas accouché. C'était vraiment une chose bizarre. les parents étaient très inquiets. Par malheur, cette année-là l'Empereur Céleste de Jade interdit aux esprits de faire tomber la pluie dans cette région. Les champs étaient dévastés, et les paysans vivaient dans une angoisse constante.

Le bruit courait que la jeune fille était un démon qui avait offensé le Ciel, et que c'était pour cela qu'une telle punition frappait les villageois. Alors, les hobereaux, les sorciers et les sorcières allèrent à plusieurs reprises chez cette famille et ordonnèrent au père de mettre un terme à la vie de sa fille, faute de quoi on allait brûler leur maison et les chasser du village.

Le père affolé, ne sachant plus quoi faire, finit par décider de livrer sa fille au chef du clan familial. Elle allait donc mourir d'un moment à l'autre. La mère, qui éprouvait une affection profonde pour son enfant, monta au grenier en l'absence de son mari et informa sa fille du malheur.

Celle-ci, pour ne pas compromettre ses parents et les voisins du village décida de quitter son pays natal pour bien élever ses fils-Dragons. C'était la seule issue qui lui restait.

La scène de séparation fut déchirante: La mère serra sa fille dans ses bras, elles fondirent toutes deux en larmes. A la fin, la fille s'agenouilla devant sa mère, disant:
- Maman, cette affaire ne présage rien de bon. Et je ne sais pas si nous pourrons nous revoir. Je vous supplie, si c'est possible, de venir me voir un jour; comme ça, je mourrai sans aucun regret.

Sa mère la releva en essuyant ses larmes qui coulaient comme une fontaine intarissable.

"Bang... bang... bang..." Un bruit de gong se fit entendre au loin, mêlé des cris rauques du chef de clan, qui était en train de rassembler les villageois devant le temple. La vie de la fille était menacée, il ne fallait plus perdre de temps.

En titubant, elles descendirent du grenier. La mère se précipita vers le buffet, d'où elle sortit un sachet de graines de colza, qu'elle versa dans un tube de bambou. Elle le donna à sa fille en lui recommandant:
- Mon enfant, va-t'en vivre dans l'est. Ce tube pourra te servir de canne. Là où tu sèmeras ces graines, il poussera des fleurs jaunes l'année suivante, qui pourront me conduire jusqu'à toi.

Il faisait alors très sombre. La lune s'était cachée derrière des nuages et le vent hurlait. A travers les larmes, la mère suivit des yeux sa fille jusqu'à ce qu'elle eût disparu dans l'obscurité.

Les bruits de gong se firent de plus en plus pressants et des lumières s'approchèrent peu à peu. Le chef du clan, les hobereaux du village, les sorciers et les sorcières se ruèrent vers la maison de la "criminelle"...

PARTIE IV

Après avoir quitté son village, la jeune fille se dirigea tout droit vers l'est le long du ruisseau. Elle marcha des jours et des nuits, escalada de nombreuses montagnes et collines, franchit d'innombrables torrents encaissés, connut beaucoup d'aventures.

Appuyée sur la canne que sa mère lui avait donnée, elle arriva d'un pas chancelant devant le rocher Crête de Coq de la montagne fantastique Xiandou. La canne de la jeune fille était trouée à son extrémité, les graines avaient été semées tout au long de sa route.

Ayant longtemps marché au soleil, brûlée par la chaleur du rocher, la jeune fille mourait de soif, elle avait l'impression que ses entrailles étaient déchirées. Mais faute de pluie, les ruisseaux étaient à sec et il était impossible de trouver une goutte d'eau. elle tomba au pied du rocher Crête de Coq, et perdit connaissance.

Ce rocher-là, haut de mille pieds, est un escarpement de falaise. A son sommet, il y a une grotte pittoresque dans laquelle coule toute l'année un ruisseau clair dont l'eau filtre à travers les fentes des rochers, et nourrit ainsi les plantes de la montagne. C'est pourquoi les herbes folles poussent dru au milieu des pierres et les fleurs des champs exhalent un doux parfum...

A ce moment, la jeune fille, qui était tombée au milieu des herbes, la face contre terre, se sentit envahie par une odeur de terre humide. Peu à peu les crevasses de ses lèvres se fermèrent, sa langue raidie retrouva sa souplesse, elle reprit connaissance.

Elle se redressa lentement, leva la tête, et vit des gouttes d'eau tomber le long des fentes des rochers; elle dressa l'oreille, et entendit un ruisseau gazouiller. L'eau, c'était la vie ! Dès lors, les forces lui revinrent. Elle allait faire tous ses efforts pour trouver la source du ruisseau. Mais le rocher Crête de Coq est une falaise escarpée, inaccessible même aux oiseaux et aux singes.

Une fois décidée, la fille ne voulait cependant pas reculer. S'aidant du lierre et des arbres, elle parvint enfin au sommet du rocher et les rocs qu'elle gravissait se changèrent en marches.

Sur la cime, un doux spectacle s'offrit à ses yeux. Au milieu des sapins se trouvait une grotte d'où coulait une eau ruisselante. Elle s'y dirigea et but à pleines gorgées. Son corps en fut tout pénétré de fraîcheur; que c'était agréable !

PARTIE V

Depuis lors, elle vécut dans la grotte, buvant la rosée et l'eau de la fontaine le jour, se laissant vivifier par la nature la nuit.

Le temps fila, déjà un an avait passé. Après le départ de sa fille, la mère ne passa pas un jour sans pleurer, si bien qu'elle tomba malade; ses yeux devinrent aveugles et ses oreilles sourdes. Mais elle n'avait pas oublié les mots que sa fille lui avait dits en partant. Elle fit part de ses pensées à son mari. Celui-ci, le coeur toujours tenaillé par le regret, aurait bien voulu aller retrouver sa fille et lui demander pardon. Mais le monde est si vaste, où pouvait-elle bien se trouver?

Soudain une idée vint à sa femme. elle se rappela le tube qu'elle avait donné à sa fille.
- Oui, tu n'as qu'à suivre les chemins où poussent des fleurs jaunes de colza; comme ça tu pourras certainement la retrouver.

Le lendemain matin, le père, emportant du pain pour se nourrir, se mit en route. comme le lui avait dit sa femme, des fleurs jaunes parsemées sur la route formaient effectivement devant lui un ruban coloré qui serpentait.

Guidé par ce ruban jaune, le vieil homme arriva enfin à l'endroit fantastique du rocher Crête de Coq. Mais le ruban jaune se terminait là, et devant lui, se dressait une falaise.

Tandis qu'il hésitait, quelque chose de couleur jaune attira son regard. Au milieu des roches s'épanouissaient des fleurs de colza, à côté desquelles des marches montaient jusqu'en haut comme une échelle.

Etait-ce un chemin que sa fille avait ouvert pour lui? Il monta péniblement jusqu'au sommet de la montagne. Au fond du rocher, des fleurs de colza s'ouvraient et dansaient au vent.

"Ah! ma fille est sûrement là !" se dit-il. Transporté de joie, il cria à haute voix:
- Ma fille !
- Oui, mon père..., lui répondit une voix enthousiaste, venue d'entre les colzas.

PARTIE VI

"BOUM...", Dans un bruit assourdissant, la terre et la montagne se mirent à trembler, le ciel devint sombre. Soudain, un éclair rouge brilla; il en sortit un jeune Dragon pourpre qui s'envola vers le ciel; puis , un autre Dragon bleu s'élança en l'air dans une lumière bleue, et s'envola dans la direction de la mer Orientale...

La jeune fille assise sur une pierre n'avait pu contenir sa joie en entendant son père. Au moment où elle avait ouvert la bouche, les deux Dragons s'étaient échappés de son corps. Elle se sentit aussitôt le ventre soulagé.

Puis, quand elle appela pour la deuxième fois son père, un Dragon aux écailles d'argent s'élança hors de sa bouche. Très heureuxe, la jeune mère sourit, mais par inadvertance, ses dents se serrèrent, si bien qu'elle coupa une partie de la queue du Dragon. Le petit, triste de quitter sa mère, se retournait sans cesse avant de prendre son essor.

-Va-t'en dans la mer, mon enfant ! N'oublie pas d'apporter des pluies bienfaisantes au peuple chaque année et vient revoir ta mère et ta grand-mère de temps en temps...

Le petit Dragon d'argent fit signe de la tête comme s'il avait compris les paroles de sa mère, puis s'envola vers le ciel.

A ce moment-là, revenu de sa terreur, le père se précipita vers la grotte, et vit que sa fille, les mains jointes, était déjà montée au ciel. Quels vifs regrets il éprouvait ! Il avait enfin compris que c'était dans les intérêts du peuple que sa fille avait enduré toutes ces humiliations et ces souffrances !

Les trois Dragons couvés pendant plusieurs années disposaient de pouvoir illimités. partout où l'Empereur Céleste de Jade interdisait la pluie, ils luttaient, et le bruit du tonnerre, c'étaient leurs cris d'indignations dans le combat. Désormais, l'Empereur Céleste de Jade eut encore plus de peine à interdire la pluie.

Le Dragon d'argent sans queue revenait chaque année le jour de la fête des morts pour voir sa mère et sa grand-mère sans jamais oublier d'appporter au peuple des pluies bienfaisantes.

Désormais, cette région ne cessait de connaître des moissons abondantes. Pour commémorer la jeune Mère-Dragon et exprimer leur reconnaissance envers le Dragon d'argent, les villageois appelaient "Ruisseau des Dragons" le ruisseau où la jeune fille avait trouvé les oeufs et édifièrent un temple en son honneur au pied du rocher Crête de Coq. C'est pourquoi chaque année, le 15 de la première lune, on organise toutes sortes d'activités au sujet du Dragon pour attirer le bonheur.
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:03

Lion-Dragon et Perle de Dragon

PARTIE I

A l'entrée de la Cité Impériale de Kaifeng, Capitale des Song, un couple de lions de pierre bien majestueux se dresse de chaque côté de la porte, à la place de gardes. La lionne, caressant un lionceau, a dans sa bouche une perle qui est, dit-on souvent, un attribut particulier du Dragon.

L'autre, le lion qui piétine un ballon brodé, ne tient pas de perle dans sa gueule ouverte. Il a les yeux fixés à l'horizon et donne l'impression d'être fou de rage.

En effet, ce lion en veut terriblement aux voleurs de sa perle. Il y a très longtemps, ces lions étaient une famille de Dragons qui vivaient sous le Fleuve Jaune. A cause de la fréquence des inondations du fleuve, l'Empereur Céleste de Jade les envoya sur terre comme gardes du Roi terrestre en leur laissant toutefois la possibilité de revenir au Palais céleste après 300 ans de services.

C'est ainsi qu'ils arrivèrent sur terre avec chacun une perle dans la gueule, et celles-ci attirèrent l'attention de tous les habitants par leur éclat brillant dans la nuit.

Beaucoup se mirent à rêver de ces deux perles et lors de leur 299e année de service, une bande de voleurs trouva enfin une ruse pour les leur soutirer.

PARTIE II

A la fête de la mi-janvier lunaire, une troupe de dompteurs de lions donna, devant l'entrée de la cité impériale, une représentation de danse de lions:
Un jeune homme était poursuivi par deux lions gigantesques pour le ballon brodé qu'il avait dans la main, et il s'amusait à leur échapper de justesse. Adroit comme une hirondelle, le jeune dompteur semblait mener les fauves par le bout du nez, ce qui irrita le lion qui gardait la porte.

"Qu'ils sont nuls!" pensa-t-il. Peu à peu, le dompteur s'approcha de lui et s'employa à le taquiner en faisant balancer le ballon devant ses yeux.

Le lion décida:
"C'est à moi, le ballon!" D'un coup de gueule apparemment inattendu il s'empara de la boule, mais, ce faisant, il laissa choir la perle...

Les dompteurs, qui n'attendaient que cela, furent prompts à la voler et à prendre la clé des champs. Le lion, dans l'impossibilité de quitter son poste, ne pouvait qu'enrager et hurler des imprécations contre les voleurs qui s'enfuyaient.

Les 300 ans de service se terminèrent, mais le lion, sans sa perle, était incapable de redevenir Dragon. La lionne bien qu'elle n'ait pas perdu sa perle, se résigna à tenir compagnie à son mari trop négligent.

Encore de nos jours, ce lion, qui regrette toujours son imprudence, ne s'est toujours pas apaisé de sa rage et garde la bouche furieusement ouverte comme pour crier sa haine farouche des voleurs.
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MessageSujet: Re: Légendes de 1 à 10   Légendes de 1 à 10 Icon_minitime2/2/2007, 09:03

L'Oeil du Dragon

PARTIE I

Cui Heizi était célibataire; il vivait seul au pied d'une grande montagne, n'ayant d'autre bien qu'une palanche et deux boîtes d'outils. Il allait ainsi, de village en village, pour rétamer les bols et les cuvettes.

Un jour, il trouva sur son chemin un petit Dragon qu'il recueillit et logea dans une de ses boîtes à outils. Il avait soin de le nourrir. Le Dragon grandissait à vue d'oeil et bientôt la boîte fut trop petite pour le contenir. Alors, il logea le Dragon dans sa chambre.

Quelques années plus tard, la chambre à son tour n'arrivait plus à contenir le Dragon. Cui Heizi réfléchit longuement puis dit à son ami Dragon:
- Tu sais, je n'ai que cette palanche pour vivre. Tu es désormais trop grand pour que je puisse t'élever. je vais te conduire à la grotte, là-haut sur la montagne du nord, je crois que tu t'y plairas.

Le Dragon fit oui de la tête et suivit Cui Heizi.

Un an se passa. Devant la grotte, un ginseng avait poussé. Tout le monde en connaissait la valeur et le convoitait mais personne n'osait le cueillir, car le Dragon le veillait.

Lorsque l'Empereur fut mis au courant il exigea bien sûr qu'on le lui apporta. Le gouverneur du district, informé du fait que Cui Heizi avait élevé l'animal, lui ordonna d'aller cueillir la plante s'il tenait encore à la vie.

Ainsi menacé, Cui Heizi s'enhardit et se mit en route. De loin, il aperçut le Dragon lové devant la grotte; planté à une distance raisonnable, il lui adressa la parole:
- Mon Dragon, dit-il, je t'ai nourri autrefois, aujourd'hui je viens te prier de me sauver la vie. Laisse-moi cueillir ce ginseng, il me faut le ramener à l'Empereur.

Le Dragon répondit d'un signe de tête affirmatif. Cui Heizi prit la plante et alla la porter à l'Empereur.

PARTIE II

Le temps passa. L'impératrice se prit à souffrir d'une maladie des yeux. Les meilleurs médecins se relayaient à son chevet , sans succès. La maladie ne faisait qu'empirer de jour en jour, et l'impératrice perdit la vue. Quelqu'un dit à l'Empereur:
- Il y aurait bien un remède: si l'impératrice frotte ses yeux avec l'oeil du Dragon, elle sera sauvée.

Le Dragon était si grand et si féroce qu'une armée entière n'aurait pu en venir à bout. Comment faire? Le nom de Cui Heizi revint à la mémoire de l'Empereur. Il lui fit porter un décret impérial: s'il obtenait l'oeil du Dragon, le rang de ministre l'attendait; en cas d'échec, toute sa famille serait mise à mort.

Cui Heizi hésita longtemps, partagé entre le désir d'être ministre et la peur de mourir; enfin il décida de tenter sa chance. il se rendait bien compte de la situation. L'autre fois son ami Dragon avait bien voulu qu'il emporte le ginseng. Mais un oeil, ce n'était pas pareil. Comment le Dragon pouvait-il accepter qu'il lui enlève son oeil? Ce fut donc de bien mauvais gré qu'il prit le chemin de la grotte.

- C'est toujours l'Empereur qui m'envoie, dit Cui au Dragon. je t'ai élevé, et nourri autrefois, aie pitié de moi, aujourd'hui encore ma vie est en danger. J'ai besoin de ton oeil, laisse-moi le prendre.

Cette fois encore le Dragon accepta; immobile, il laissa Cui Heizi lui enlever son oeil gauche. Cela fit si mal qu'un larme coula le long de sa joue droite.

Avec l'oeil du Dragon, l'Empereur essuya les yeux de son épouse qui revit la lumière, comme si de rien ne s'était passé. Satisfait du service rendu, l'Empereur éleva Cui Heizi au rang de ministre.

Tous les problèmes de Cui semblaient résolus; son dur passé d'artisan ambulant loin derrière lui, il menait désormais une vie confortable et heureuse. Mais avec le temps, il devint cruel et cupide. Le malheur des autres le laissait indifférent. seule sa soif de richesse semblait ne jamais devoir s'assouvir.

Ce fut ainsi que l'envie lui vint un jour d'avoir pour lui l'oeil magique du Dragon. La cupidité fut plus forte que la peur; il prit son courage à deux mains et alla trouver l'animal.

- Dragon, mon ami, dit-il en lui faisant face, je t'ai élevé autrefois, donne-moi donc ton oeil droit.

Le Dragon fit oui de la tête. Cui Heizi, qui ne s'attendait pas à une victoire si facile, s'élança vers lui, la main tendue, le Dragon le happa au passage et l'avala d'un trait.
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